Lorsque l’on nous a proposé de prendre part à la bataille contre les barbares, c’est avec beaucoup d’entrain que je me suis portée volontaire. La bataille contre les grounders, le temps passé dans la montagne, l’arrivée de l’Arche, la mort de mes parents, tout cela m’a endurcie. Vraiment endurcie. Mais je dois avouer que je commence à tourner un peu en rond au camp jaha. Toujours les mêmes choses : déjeuner, prendre mon tour de garde, faire une pause, reprendre la garde, manger, aller dormir. Parfois, je peux sortir en mission pour faire des rondes ou je ne sais quoi. Mais honnêtement, ce n’est pas spécialement folichon comme vie. Et puis Jasper et Miller sont toujours dans le nord. Ce qui n’aide pas spécialement à ma bonne humeur. Ne pas savoir s’ils vont bien, quand ils vont revenir. Ils me manquent. Enfin, surtout Jasper. J’espère donc que cette bataille va me changer les idées. Par contre, comme je n’imagine pas faire le poids contre des barbares, je me suis juste portée volontaire pour le renforcement d’une ville du clan des prairies : Kalawen. Mais si jamais ils ont besoin d’aide pour la bataille, je sais bien que je ne dirais pas non. C’est pour ça qu’en plus de mon fusil et de ma matraque électrique, je me suis équipée d’une série de couteau de lancer. Je porte aussi mon uniforme, bien sûr.

Cela fait un peu plus de deux jours qu’on est en route. Pour l’occasion je me suis vue offrir un cheval gris pommelé. Heureusement pour moi, il est plutôt gentil pas comme certains autres. Il y a de vraies morues… Des chevaux grounders, rien de bien étonnant. Lorsqu’on arrive à Awathon, les grounders qui nous guident nous annoncent que l’on va faire une pause. J’hésite vraiment à descendre parce que je sais que la douleur sera encore pire après. Mais j’ai soif et j’ai des besoins naturels à assouvir. Alors je commence par aller boire, puis je vais me soulager veillant bien à ne pas être surprise. Puis je reviens plonge mes mains dans l’abreuvoir des chevaux et les frotte l’une contre l’autre avant de les sortir à nouveau. Ce monde est loin de la propreté de l’Arche, mais il faut croire que les radiations solaires nous ont endurcis aussi aux microbes. Je me passe un peu d’eau sur le visage puis je soupire longuement avant de m’essuyer le visage avec la manche. Finalement je regarde la ville et commence à visiter un peu pour me dégourdir les jambes jusqu’à finalement tomber nez à nez avec une enfant qui panique en me voyant. Alors je lève doucement les mains et je lui souris un peu : « Je ne te ferais rien promis… Nous allons à Kalawen pour vous aider… ». Elle me regarde suspicieuse, je ne suis même pas sure qu’elle me comprenne. Je reprends et je lui dis : « Ai laik Harper kom skaikru… ». Lorsqu’elle m’entend parler en trigeda, elle penche un peu la tête avant de s’éloigner en courant. Je souris un peu et repart regardant un peu partout tout en avançant jusqu’à tomber nez à nez avec Marcus Kane. L’ancien chancelier. Enfin, il n’a pas été très longtemps au poste de chancelier d’après ce que j’ai compris. Maintenant c’est maman Griffin… Il faut croire que c’est de famille de vouloir être parfaite… « Oh désolée je ne regardais pas où j’allais… ». Je le détaille un moment avant de finalement lui demander : « Tout va bien ? ».

Dans l’Arche, je le redoutais un peu. Il semblait tellement froid, tellement empli de leurs valeurs, de leurs règles. Prompt à envoyer les jeunes dans la skybox et les adultes par le fond. Comme de nombreux membres du conseil et le chancelier Jaha lui-même. Mais depuis la descente de l’Arche sur Terre, Kane semble différent. C’est peut-être un effet de mon esprit, ou peut-être que les gens sont plus compréhensifs et que les on-dits influencent mes perceptions. Je ne sais pas. Il faut dire que je n’ai pas souvent eu l’occasion de lui parler en personne. Non, pourquoi l’aurais-je fait ? Je n’étais pas à la tête des 100 comme Clarke ou Bellamy. Même Jasper a dû avoir l’occasion de parler aux membres du conseil toujours vivants. Après tout, il a été notre leader dans la montagne. Mais moi, je n’ai pas eu l’occasion de leur parler. Aucune demande, aucune entrevue. Je ne m’en porte pas plus mal je pense. Car malgré le fait que notre mode de vie ait été complètement détruits, des règles et des punitions ont très vites été réinstaurées au camp. Et je n’ai pas spécialement envie de les tester. Quant à la chancelière Griffin, je ne suis pas sure de réellement l'apprécier. Il semble que je n’ai pas spécialement d’affinité avec les femmes de cette famille. Clarke est loin d’être ma meilleure amie. Très loin.

Pourtant, alors que je le regarde et que je m’excuse, je me rends compte que Marcus ne semble pas en colère. Peut-être les rumeurs sont-elles vraies. Peut-être s’adapte-t-il mieux ici que la plupart des autres. Alors j’esquisse un léger sourire, qui s’agrandit quand je l’entends me dire que faire une pause fait du bien. « Oui… D’autant plus que ça nous permet de découvrir ‘autres villages grounders. Le clan des prairies semble très différent du Trikru… ». Outre les paysages, les habitants semblent différents. Un peu plus méfiants à notre encontre que les membres du Trikru qui commencent à nous connaître. Mais leur façon de faire, leur mode de vie semblent différents. Ils cultivent, élèvent du bétail, vivent dans des plaines au grand air. C’est différent de la vie au milieu de la forêt. A sa question j’acquiesce un peu et je lui réponds : « Tout va bien. Je suis plutôt curieuse en fait, je crois que ça repousse la fatigue. Mais je ne serais pas mécontente d’arriver… ». Je regarde autour de nous. Il y a tant à apprendre et à découvrir. Je repense à mon entrevue avec Aden et à la délégation envoyée au camp Jaha il y a quelques jours. Puis je le regarde à nouveau et je lui dis : « Et puis, c’est important de pouvoir participer à cette guerre… De pouvoir les aider comme ils l’ont fait pour nous… ». Je n’oublie pas l’anneau de feu, les morts qu’ils ont fait parmi les 100. Mais nous aussi, nous en avons fait. Et aujourd’hui, nous construisons la paix. Et j’en suis plutôt heureuse. Je n’aime pas les enterrements, le sang. Je préfère de loin apprendre et m’intégrer. Et m’amuser aussi. Même si les grounders ne semblent pas des spécialistes dans le domaine, ça c’est clair. Quoi que j’ai cru entrevoir des tavernes durant notre voyage. Et j’ai hâte de pouvoir aller y essayer les alcools. « Qu’est-ce que vous pensez de tout ça ? De l’aide qu’ils nous apportent pour bâtir le camp, de l’aide de leurs guides et de ceux d’entre nous qui marchent jusqu’à Kalawen ? ». J’aimerais avoir son opinion sur cette paix. Est-ce qu’il est confiant ? Méfiant ? Est-ce qu’il représente un danger pour la paix ou au contraire est-ce qu’il y travaille réellement ?

Depuis mon emprisonnement je nourris une certaine rancœur envers les dirigeants de l’Arche. Même si je sais que je l’ai mérité parce que j’ai délibérément enfreint les règles de l’Arche, il y a toujours cet agacement et cette rancœur. Mes parents ont toujours suivi les règles, mais parmi mes amis, certains ont perdu énormément à cause des règles de l’Arche et des punitions aussi dures envers les adultes. Pourtant, alors que nous discutons au milieu d’un village du clan des prairies, je me rends compte qu’il n’est pas aussi méchant que je ne le pensais. Marcus répond à mes questions et il en pose de nouvelles. Comme moi, il trouve ce village différent et il soulève le fait que c’est important de pouvoir comprendre que chaque clan est probablement différent des autres. Enfin, il ne le dit pas en ces termes mais il me le fait comprendre. Effectivement, chaque clan semble avoir ses coutumes, ses croyances et sa façon de vivre. Ce qui sous-entend que nous devons les découvrir et les apprendre pour nous intégrer pleinement dans la coalition. L’alliance ne s’en portera que mieux.

Alors qu’il me répond qu’il trouve important d’être là pour honorer l’alliance, j’acquiesce un peu. Je suis plutôt d’accord avec lui. Qu’il trouve important et enrichissant de partager nos savoirs et nos connaissances, sur le monde qui nous entoure et sur nos connaissances technologiques. Je suis toujours aussi d’accord. Oui, il n’y a pas de doute, pour que l’alliance dure, nous nous devons de nous y impliquer, de partager autant qu’ils en partagent avec nous et d’accepter que certains d’entre eux puissent encore se méfier. Je suis sûre que parmi les skaikrus certains se méfient encore des grounders. C’est normal, ainsi vont les choses quand on sort d’une guerre. Lorsqu’il me demande ce que j’en pense, je prends quelques instants pour bien choisir les mots que je vais dire, puis je finis par répondre : « C’est vrai, ils nous ont pris beaucoup. Mais nous aussi, sans le vouloir… ». Je reste songeuse un instant. Oui, nous aussi nous leur avons pris beaucoup. Puis je reprends la parole pour compléter : « Ce qui me paraît le plus important aujourd’hui c’est de protéger ceux d’entre nous qui ont survécu et ceux d’entre vous qui nous ont rejoint… ». J’esquisse un sourire. Les membres de l’Arche arrivés sur Terre sont des nôtres, ils sont mon peuple même si jadis j’avais tant de mal à m’intégrer parmi eux. Je finis par dire : « Rien de mieux que la paix pour cela, et l’alliance est donc notre meilleur atout. C’est pour ça que je suis là… ». Tout comme lui, visiblement. Toutes les épreuves que nous avons traversées, les gens que j’ai rencontré, les grounders qui nous ont aidé pour la montagne, tout cela m’a permis de grandir et d’évoluer. De prendre conscience des choses importantes dans la vie.

Je cherche encore ma place dans ce monde. Même si j’ai évolué et que j’ai appris de nouvelles choses sur la vie, sur la façon dont survivre, il me reste encore des choses à découvrir. En particulier sur celle que je veux être et sur ce que je veux faire. Je veux aider à construire la paix, à construire ce nouveau monde dans lequel nous évoluons à présent. Mais je ne sais pas vraiment comment réussir à le faire. En restant garde au camp Jaha ? En rejoignant la montagne pour profiter des enseignements de Rhodàn ? En partant m’intégrer dans un clan comme l’ont fait Octavia et Jimmy ? Je ne sais pas vraiment quoi faire et comment le faire. Je finis d’ailleurs par lui dire : « Même si j’ai encore des doutes sur la place que je vais pouvoir prendre au sein de cette alliance… ».

Marcus me répond. Que c’est à cause d’eux qu’ils ont vécu tout cela. Oui, oui c’est le moins qu’on puisse dire. Mais ce n’est pas le plus horrible pour moi. En fait, ce qui est le plus horrible c’est qu’il était prêt à nous sacrifier. Ça leur été égal que l’on meure à cause des radiations. Et comme ils étaient sûr que l’on mourrait, ils ne nous ont rien laissé qui aurait pu nous aider à survivre. Car oui, nous avons survécu. Et nous nous sommes retrouvé sur Terre, sans rien pour survivre. Allez au mont Weather. Bien sûr oui. 100 délinquants dont certains ayant commis de graves crimes lâchés dans une base militaire. Réellement ? Mais à quoi cela servirait-il de leur en vouloir. Enfin, si je leur en veux un peu. Ils nous ont abandonné et maintenant qu’ils sont là, il faudrait que l’on se plie à nouveau à leurs règles et à leurs volontés. C’est dur pour nous. Pour moi. Heureusement, qu’il y a des choses qui sont plus sympathiques. L’alliance et tout ce qu’elle nous permet de découvrir. Rhodàn qui est d’accord pour m’apprendre ce qu’elle sait. Bref, tout n’est pas pourri. « On ne peut pas changer le passé… ». J’hausse les épaules puis j’acquiesce à ce qu’il ajoute.

La conversation continue. Nous parlons de l’alliance, là, au milieu d’un village grounders. C’est dingue. Si on m’avait dit ça il y quelques semaines, je n’y aurais pas cru. C’est un truc de fou. C’est à la fois génial et terrifiant. Et si les grounders se retournaient contre nous ? Ils sont tellement plus nombreux que nous le pensions. Même avec nos armes, nos gardes et notre technologie, nous ne pourrions pas forcément survivre à une guerre. Pour le moment, ce n’est pas d’actualité mais… tous les grounders ne doivent pas forcément être pour l’alliance. D’ailleurs, il me demande si je connais des gens qui sont contre l’alliance. Des Skaikrus, bien sûr. Je réfléchis un peu puis je dis : « Je ne crois pas connaître d’opposants mais je sais que certains ont peur. De nombreuses rumeurs circulent, il est difficile de savoir le vrai du faux… ». Je grimace un peu. C’est normal que certaines personnes de l’Arche aient peur. Les terriens n’ont pas forcément paru très pacifiques au début. Mais nous non plus au final. Il est temps que tout le monde puisse le comprendre. Il est temps de tirer un trait sur le passé pour construire l’avenir.

Enfin, je lui confie les doutes que je peux avoir sur ma place dans l’alliance. Je retiens mon sourire amusé. Kane fait des progrès. Il semble sincèrement s’inquiéter pour nous, il semble sincèrement pour l’alliance. Je n’en aurais jamais juré. Mais ce n’est pas encore au top. Il apprendra, c'est certain. Il en est capable. Alors je souris un peu et je dis : « J’y travaille… Je partirais pour le Mont Weather en rentrant de Kalawen pour être formée par le Capitaine Andersen… ». Un apprentissage. Les gardes de l’Arche peuvent beaucoup de chose, mais Rhodàn elle en connait plus sur la Terre qu’eux tous réunis. Alors je profiterais plus de ses apprentissages. Mais m’installer dans la montagne m’angoisse, je dois bien le dire. Après tout ce qu’on y a vécu, je me demande si je saurais rester enfermée à nouveau dedans.

J’ai raison. Bien sûr que oui. J’ai souvent raison, mais malheureusement, je ne suis pas souvent écoutée. Tant pis pour les autres et un peu pour moi aussi. Je ne suis pas juste une fille qui rigole tout le temps. Certaines personnes commencent à s’en rendre compte mais faire changer les mentalités sur moi c’est long et difficile. Oui, j’ai fait des choses, oui j’aime toujours autant m’amuser et j’ai le sens de l’humour et de la dérision. Mais oui, je peux faire des choses sérieusement. D’ailleurs, ma présence ici le prouve. Mais bon, je me contente de lui adresser un sourire et un signe de tête en remerciement. Je ne vais pas épiloguer sur le sujet, il ne comprendrait pas vraiment au final. Même s’il fait des efforts pour apprendre à nous connaître, pour nous écouter, il n’est pas forcément au fait de tout de ce qui peut être su et dit sur moi. Enfin, je l’espère. Parce que ce n’est pas toujours très flatteur. Je préfère qu’il garde moi l’image de celle qui a été torturée dans la montagne et qui s’en est sortie. C’est quand même un peu mieux.

Puis, nous en venons à la coalition et à ceux qui pourraient s’y opposer. Je sais que parmi les 100, il y en a certains qui sont un peu craintifs à l’idée de faire affaire avec les grounders. Mais je peux aisément comprendre pourquoi. Ils nous ont quand même traqués, chassés, ils nous ont envoyés une fièvre mortelle. Mais je ne sais pas vraiment si certains s’y opposent totalement. Quant aux adultes je ne leur parle pas vraiment. A part Jude, que je vois de temps en temps et Uhaina. Je sais que Jude n’a pas réellement d’avis sur la question. Mais elle ne semble pas contre. Par contre, Uhaina, je ne sais pas. Je n’ai pas encore vraiment abordé la question avec elle. Il faudrait que je le fasse peut-être. Mais bon, dans tous les cas, ce n’est pas à moi de de m’occuper de ça pour le moment. Si on me demande, je plaiderais la cause de l’alliance bien sûr, à tous ceux qui m’en parlent d’ailleurs. J’esquisse un sourire et je dis : « S’il y en a, j’espère que cette entente aidera à les convaincre que c’est une bonne chose… ». Je le regarde un moment et je dis : « Mais je peux comprendre que certains soient contre… Pardonner peut-être vraiment difficile parfois… ». Moi-même, j’ai encore peur de la montagne. Et des gens qui y vivent. Mais c’est aussi pour surmonter cette peur que j’y vais. Pour faire en sorte que les gens de la montagne se rendent compte que c’est aussi une bonne chose d’avoir bousculé un peu leurs – horribles – habitudes.

Lorsque je lui dis que je vais aller à Mont Weather, il me répond que ça change de ceux qui veulent aller dans les différents clans terriens. Je ne peux m’empêcher de rire un peu. C’est vrai qu’entre Octavia, Jimmy, Jasper et Miller et d’autres encore… Je m’inquiète quand même pour les deux garçons partis dans le nord. J’aurais aimé qu’ils soient là pour la bataille. Je ne dis rien et lorsqu’il me demande ce qu’elle compte m’apprendre je réponds : « J’y vois une bonne occasion pour les habitants de la montagne de comprendre que nous ne sommes pas synonyme de malheur… Et Rhodàn a proposé de me former à tous ses savoirs militaires mais aussi à m’apprendre ce qu’elle sait sur la terre… ». Je souris un peu. En fait, je dire que je lui ai presque imposé serait plus juste. Mais bon, elle a choisi quand même, elle aurait pu me dire non. Et je complète : « Et de m’apprendre à gérer certaines émotions envahissantes… ». Mais ça, c’est une autre histoire. Je passe une main dans mes cheveux, un peu par habitude, un peu par gêne aussi.

Le pardon peut être difficile à accorder. J’en sais quelque chose. Moi-même, il m’arrive d’avoir encore peur de certaines choses et de certaines personnes. De la montagne notamment. Et ça, c’est quelque chose qu’il me faudra du temps pour accepter. Oui, c’est certains. Mais c’est aussi l’occasion d’être à l’initiative de ce pardon. De ne plus voir couler le sang. Nous avons déjà tous tant perdu. Je ne pourrais pas supporter plus. Dire que quand nous avons atterri sur Terre, nous avons pensé que la vie serait plus belle, plus douce. Que loin des adultes, entre nous, nous pourrions construire quelque chose. Nous avions tellement tort… Mais on ne peut pas changer le passé. Et avoir des remords ou des regrets ne sert à rien. Cela ne changera rien. Il suffit juste d’apprendre de tout cela pour ne pas refaire les mêmes erreurs. C’est pour ça aussi que je veux aller sous la montagne. Pour changer les choses. Mais lorsqu’il reprend la parole, je comprends également. Et c’est une très bonne chose d’être à l’écoute, d’être attentif. Alors je me contente d’acquiescer. Oui, je suis rassurée de savoir qu’il est vraiment près à se battre pour la paix. De voir qu’il a changé. Que la Terre l’a changé.

Puis, nous parlons de mes projets. Il ne dit pas non. Bien au contraire, il m’encourage. Cela me conforte dans mes idées et dans mes envies. Même si je ne sais pas s’il a vraiment conscience de tout ce que cela peut signifier pour moi, pour Rhodàn, pour les habitants de la montagne. Je ne sais pas, mais s’il avait pensé que c’était une mauvaise idée, il me l’aurait surement dit. Alors je souris et je lui dis : « Merci… ». Puis, il me dit qu’il ne va pas me déranger plus longtemps et que nous avons tous les deux des choses à faire. En l’occurrence, j’aimerais profiter du reste de la pause pour visiter la ville. Donc j’acquiesce et je lui dis : « Oui. C’était un plaisir de discuter avec vous ! » Je lui souris à nouveau, joyeuse et sincère avant de finalement le saluer avec politesse avant de m’éloigner. C’est étrange. Il y a encore quelques semaines je ne me serais jamais vue discuter de cette façon avec lui. Au contraire. Les choses changent tellement vite que parfois c’est effrayant. Mais au final, ce n’est pas si mal.