Lorsque je suis passé près de lui, Galaad m’a attrapé par le col et m’a jeté. L’idée a plutôt bien marché, mais j’ai quand même senti les flammes mordre ma peau au passage dans celles-ci. Cela ne me semble pas illogique au final.  J’ai percuté un barbare le tuant par la même occasion mais je me suis blessée à la réception. Une blessure s’ajoutant à toutes les autres. Lexa a ensuite ordonné à Curtis de me sortir de là, et dieu merci, la cape que j’ai ramassé sur un mort avant de traversé les flammes nous a bien aidé pour nous protéger. Boitant gravement, nous frayer un chemin parmi les barbares toujours vivants a été difficile. Pas impossible bien sûr, mais difficile. Il nous a fallu nous frayer un chemin et mon fusil a aidé d’une grande aide pour le coup. Eclaircir le chemin lorsque des barbares se dressaient devant nous pour le barrer. Pouvoir avancer plus vite. Et finalement, réussir à atteindre notre objectif.

Une fois en dehors du champ de bataille, Curtis m’a confiée aux grounders chargés d’évacuer les blessés vers Kalawen. Je l’ai remerciée, d’un sourire, d’un mot et d’un regard. Vraiment sincèrement. Je ne serais peut-être pas morte, mais j’aurais surement été encore plus gravement blessée si elle ne m’avait pas aidé. Le trajet jusqu’à Kalawen a été long, même si j’ai été hissée sur un cheval pour le faire plus vite. Et une fois revenue dans la ville, on m’a assez vite laissée au milieu d’une infirmerie de fortune, en pleine effervescence. Du sang, beaucoup de sang, des râles d’agonie et de souffrance. Un vrai carnage. Et moi, à côté de certain, j’ai presque l’air en forme. Bon, je tiens debout sur un pied, j’ai les jambes rongées de brûlures, surement des côtes cassées et une épaule déboîtée, mais globalement, je vais bien. Vraiment. Alors je me mets un peu sur le côté, en m’appuyant sur les lits de fortunes parce que je ne peux pas réellement marcher. Et une fois dans un coin, j’essaie de ne pas gêner les autres. Je ne suis pas vraiment prioritaire, alors j’attends mon tour.

C’est en regardant tout autour de moi que je vois un homme penché sur une femme. Elle a l’air mal en point et lui il a l’air plus que tout seul. Alors j’attrape un grand bâton sur lequel je m’appuie malgré mon épaule blessée pour avancer jusqu’à lui, j’appuie mon bâton près du lit puis je plonge mes mains dans l’alcool pour les rincer avant de lui demander : « Je peux vous aider ? ».

Je regarde l’homme qui se tenait debout devant la blessée. Et lorsqu’il me considère, il n’a pas l’air d’accord avec ma proposition. Quoi, c’est parce que je suis une skaikru ? Il se moque de moi ? Je vais lui montrer moi. Mais assez vite, il me dit que je suis blessée. Ah oui, un peu. Mais franchement… ça va. Je tiens debout, je suis vivante. Un peu sonnée, un peu courbaturée, mais ça va. Demain, j’aurais l’impression avoir été passée à la moulinette. Mais bon, ça va. Y’a pire. Comme prendre une volée par Lincoln par exemple. Ça fait mal. Très très mal. Alors, bon. Je ne m’en sors pas si mal, hein. Avant d’avoir vraiment protester, je me retrouve assise sur un lit. Je le regarde d’en bas. Il a l’air assez jeune. Enfin, plus vieux que moi mais pas trop vieux. Et il n’est pas mal à regarder. Il a un visage assez doux, pour un grounders. Je me demande d’où il vient. Et s’il est aussi sympa qu’il en a l’air. Il me dit qu’il n’est pas guérisseur mais qu’il peut aider. Et il me tend de l’eau. De l’eau. Et en voyant celle-ci je me rends compte que j’ai la gorge sèche. Comme si je n’avais pas bu depuis des semaines. Alors de bonne grâce, je prends l’eau et je bois plusieurs longues rasades qui me font un bien fou. Maintenant que je suis assise, je sens la douleur qui irradie partout. Je suis plus calme. Et plus je me calme, plus l’adrénaline du combat diminue plus j’ai mal. Laissez moi y retourner, j’étais bien mieux là-bas finalement. Je le regarde et je lui dis : « Je commence à le sentir oui… Finalement, j’aurais dû rester là-bas…». Je ris un peu puis je lui rends l’eau : « Merci… ». Je regarde autour de nous. Tous les gens valides sont occupés à soigner des guerriers. Alors je le regarde à nouveau.

Lui, il n’est pas soigneur. Alors de toute façon, il ne peut pas vraiment soigner de blessures graves. Donc, ce n’est pas forcément très grave s’il passe du temps avec moi. Il ne perdra pas vraiment son temps. Si quelqu’un comme Clarke ou Lincoln s’occupaient de moi, là, ça serait vraiment dommage. Je finis donc par lui dire : « Je veux bien, oui. Mais si quelqu’un de plus gravement blessé a besoin d’aide, il faudra y aller, moi je vais survivre ». Je souris à nouveau. Je souris tout le temps de toute façon. Même en plus milieu d’une guerre, couverte de sang. Pas le mien en plus. A travers mon pantalon noir, troué à de nombreux endroits à cause des flammes, on devine de légères blessures. Je ne sais pas s’il peut remettre une épaule en place, je ne sais même pas si elle est déboitée. Ou soigner une entorse. Mais il a peut-être une crème magique contre les brûlures ? ce qui voudra dire qu’il faudra que je retire mon pantalon. Je le regarde à nouveau et je lui dis : « Je suis Harper… Du skaikru… ».

Boire m’a fait du bien. Vraiment, beaucoup de bien. Je ne pensais pas avoir aussi soif. D’où ça vient ? Peut-être de mon agitation. Je me suis battue, débattue, j’ai eu peur de mourir, j’ai été tellement concentrée sur le combat que j’ai oublié tout le reste. Il n’y avait que l’adrénaline et un peu de douleur quand même. Pour le reste, la faim, la soif, les besoins naturels, la fatigue, je n’ai rien senti, je n’étais pas du tout concentré sur mes besoins, sauf celui de vivre. De survivre. Je lui rends l’eau et il pose la gourde à côté du lit. Il me répond ensuite sur les blessés graves et j’acquiesce un peu en entendant ce qu’il me dit. Il n’est pas un soigneur ou un guérisseur. Alors il ne doit pas être très utile dans le cas de blessés graves, j’avoue. Donc au final, c’est peut-être mieux qu’il s’occupe de moi. Au moins, je ne monopoliserais pas un guérisseur pour quelques brûlures. Il me dit d’ailleurs qu’il peut les soigner, mes brûlures. C’est une bonne chose parce que je commence à les sentir vraiment. Puis, il se présente. Il s’appelle vraiment Quatre ? Le pauvre. Je retiens mon commentaire cependant, parce que je ne veux pas créer un incident diplomatique en l’insultant. Et il me dit que c’est un Demodrakhos. Comme ces femmes juchées sur les lézards si je me souviens bien. Comment elles s’appellent déjà ? Je ne me souviens plus bien mais l’une d’elle m’a sauvée de ce barbare qui m’avait attrapée par les cheveux. Alors je lui demande : « Le clan des lézards, c’est ça ? ». Je le regarde puis je complète : « Ils sont vraiment impressionnants… ». C’est le cas de le dire. Puis, il va chercher quelque chose. Lorsqu’il revient, il me dit qu’il va pouvoir me soigner mais qu’il va falloir que je me déshabille. Et en plus il rougit. Il est vraiment trop mignon. Il a l’air timide pour un grounder. Enfin, je n’imaginais pas qu’ils pouvaient l’être. Je les voyais plutôt comme des grosses brutes très sures d’elles. Visiblement, je me trompais.

Je me lève et je lui dis : « Seulement si tu me promets de ne pas t’évanouir ok ? Tu as surement déjà vu beaucoup de paires de jambes… ». Je souris un peu amusée, pour être sure qu’il ne va pas s’évanouir parce que je ne suis pas en état de le porter pour le mettre sur un lit. Je commence par poser mon fusil dans un coin et je déclipse les attaches de la veste de protection que je porte. Celle-ci est composée d’une armure articulée : plusieurs plaques qui sont censées me protéger. Dans l’Arche elle n’était pas vraiment très utile, mais ici sur Terre pendant cette bataille, elle m’a probablement sauvé la vie. J’en profite aussi pour retirer ma veste noire à fermeture éclair. En dessous je porte un débardeur noir également. Puis, je retire mes chaussures et j’ouvre mon pantalon pour le retirer. Et voilà, je me retrouve en débardeur et en culotte devant un parfait inconnu. Heureusement qu’il est pas mal, parce que sinon, ça serait vraiment horrible. « N’en profite pas trop, hein… ». Je souris amusée et je lui adresse un clin d’œil. Je ne sais pas s’il va comprendre mais bon.

Lorsqu’il me répond sur les lézards j’esquisse un sourire. Mais il me dit que la plus impressionnante est encore leur chef de clan. Je me demande laquelle des deux femmes chevauchant des lézards dirige le clan. L’archère qui m’a sauvée ou l’autre. Toutes les deux ont en effet beaucoup de prestance, elles semblent être de redoutables guerrières et des femmes incroyables. Alors je lui demande : « Il y en avait deux… Des femmes chevauchant des lézards je veux dire… Laquelle des deux est la chef de ton clan ? ». Oui, je suis curieuse. Malgré la fatigue, la guerre et la peur que je devrais ressentir. Je me sens un peu chamboulée mais globalement ça va et Quatre n’est pas réellement inquiétant. Bon, je sais qu’il faut se méfier des apparences. Mais il est rassurant en quelques sortes. Et il ne me tuerait pas en plein milieu d’une infirmerie, non ?

Heureusement, il ne se vexe pas de mon franc parlé et de mon humour un peu osé. Je ris même en l’entendant me dire que je ne suis pas la première fille à qui il demande de se déshabiller. C’est quand même rassurant pour lui. Enfin, il n’est pas désagréable à regarder pour un grounder et il doit surement avoir du succès. Mais je ne vais pas vraiment prolonger sur le sujet. Il n’a quand même pas l’air très à l’aise. J’imagine que même les grounders ne doivent pas forcément apprécier de parler de sexe à des inconnus. Et puis, je dois avouer qu’il a l’air d’apprécier la vue. C’est un compliment je ne vais pas m’en offusquer. Et puis, ce n’est pas comme si je n’appréciais pas de me faire regarder. Au contraire. Mais lorsqu’il s’excuse j’esquisse un léger sourire. Au moins, il est poli. Enfin, il est courtois quoi. Il ne matte pas comme ça, juste à profiter du spectacle. Il poursuit son explication et je ris à nouveau puis je lui dis : « Eh bien, je n’ai pas encore eu vraiment l’occasion de me comparer à une fille de la coalition mais d’après ce que nous avons appris sur l’Arche, nous sommes comme nos ancêtres… Pas de bras en plus, pas d’excroissance étrange… ». Je souris amusée et puis je continue : « Mais il y a un peu trop de monde pour te laisser vérifier complètement ! ». Je souris de plus belle, amusée mais presque sérieuse.

Sur ces bonnes paroles, je m’assoie sur le lit. Et n’est pas forcément très confortable mais j’ai tiré un trait sur le confort depuis que je suis ici. C’est tellement mieux que sur l’Arche. Même avec les combats, les dangers et tout ce qui nous a secoué depuis que l’on est là. Au moins ici, nous sommes libres. Et même si j’avais dû mourir, je serais morte libre. Sur Terre. Loin de la prison dans laquelle j’ai grandi. Encore une fois, j’ai l’impression qu’il fait de l’humour en me disant que je vais garder ma jambe. Je souris amusée et soulagée à la fois. Lorsqu’il me dit que s’il me fait mal je dois lui dire, j’acquiesce simplement. Il peut y aller depuis la montagne, je suis plus dure que je ne le pensais. Et d’ailleurs, lorsqu’il me demande si j’ai fait souffrir les barbares je lui réponds : « Oui… Beaucoup plus que je ne suis moi-même abîmée… ». Je le regarde appliquer la crème puis je rajoute : « Plus que je ne m’en pensais capable… S’en est presque effrayant… ». Un instant, je reste plongée dans mes pensées.

Jakob m’explique que leur chef s’appelle Feyn, que c’est la plus jeune des deux femmes. Les deux sont blondes. De loin, il m’a bien semblé en effet que l’un des deux était plus jeune que l’autre. J’acquiesce donc un peu en remettant donc un nom sur un visage sur une fonction. Et plus je me souviens de ce qui s’est passé sur ce champ de bataille plus je me rends compte que l’âge ne compte pas. Parce qu’elle était terrifiante. Vraiment terrifiante. Je le regarde et je lui dis : « Tu as raison… Elle est vraiment impressionnante. » Terrifiante peut-être même. Avec cet animal qu’elle chevauche et son comportement guerrier. Je ne suis pas sûre de vouloir ressembler à ça un jour s’il n’y a pas derrière un peu d’humanité. Bien sûr, je ne dis rien, je ne voudrais pas juger trop vite. Je ne la connais pas du tout au final. Je ne sais que ce que j’ai pu voir et pendant une guerre. Je ne peux pas me contenter de cela.

Il répond à ma provocation et je ris un peu à ce qu’il me dit. Une prochaine fois. J’acquiesce avec l’ombre d’un sourire en coin appuyé d’un clin d’œil. Finalement, il est plutôt sûr de lui. Je n’avais pas pensé qu’il pourrait l’être vu la façon qu’il a eu de rougir. Mais si, et il est même plutôt drôle. Mais je ne rajoute rien, je crois que tout est dit sur la question. Même si je doute que nous nous recroisions dans un moment qui soit suffisamment adapté pour ce genre de choses. S’il rentre dans son clan et que je repars pour la montagne, il pourrait bien se passer des mois avant que nous ne nous revoyions. Peut-être même des années.

Il me répond ensuite que la guerre est toujours effrayante. Je le regarde et je ne peux pas vraiment acquiescer ou aller contre ce qu’il me dit. Je n’ai connu que trois guerres dans ma vie. Celle à la navette qui nous a opposé à l’armée d’Anya mais je n’ai pas vraiment eu l’occasion de comprendre. J’ai tiré sur eux sans réellement réussir à les toucher et se sont les réacteurs qui ont remporté cette victoire.  Puis, la bataille de la montagne que je n’ai vécu que de l’intérieur, alors que les scientifiques voulaient nous arracher notre moelle. Donc on ne peut pas vraiment dire qu’elle compte à mon palmarès. Et enfin, celle-ci durant laquelle j’ai vraiment eu l’occasion de combattre et de prendre des vies. Et c’était impressionnant. C’était terrifiant. Et je suis contente de ne pas avoir vraiment aimé ça. Je lui réponds : « Je n’ai pas vraiment d’éléments de comparaison mais oui, je veux bien te croire… ». Je me demande s’il en a vu beaucoup d’autre. Alors je lui demande : « Tu en as vécues beaucoup ? Tu es guerrier ? ». Je ne sais pas s’il l’est. Il n’en a pas l’air, mais si j’avais croisé Feyn, je n’aurais pas juré qu’elle puisse être si redoutable… Donc, je ne peux pas vraiment savoir…

Il continue à appliquer la crème sur mes brûlures et dès que celle-ci est entrée en contact avec ma peau, la douleur s’est apaisée. La fraicheur a remplacé la sensation de brûlure désagréable et piquante. Il est suffisamment doux pour ne pas me faire mal et j’apprécie vraiment sa façon de faire. Pour quelqu’un qui n’est pas soigneur, je trouve qu’il s’en sort plutôt bien. Et il profite pour me poser une question sur la montagne. Justement, sur ma participation à la guerre et sur mon arrivée sur Terre. Tout ça est tellement étrange. C’était il y a peu de temps mais on a fait tellement de chemin depuis qu’on est là. J’ai l’impression que cela fait des mois. Alors qu’en réalité, ça n’en fait que deux. Quelques semaines seulement. Je réponds : « Je suis l’une des 100 oui, c’est ça. Et je n’ai pas vraiment combattu à la bataille de la montagne, je n’étais pas en état. Avec 48 des miens, nous étions prisonniers des hommes du Mont Weather et certains d’entre nous ont été pas mal secoué avec leurs expériences… ». Je grimace un peu et lui demande : « Et toi, tu étais là-bas ? ».

Je l’écoute me dire que non, il n’est pas guerrier. Que lui est un pacifiste qui a choisi de vivre de la pêche. Ce qui doit être un métier dangereux. Peut-être même plus que celui de guerrier à bien y réfléchir. Je reste un instant là, à l’écoute. Il poursuit en m’expliquant qu’il y en a eu beaucoup, des guerres. Les clans n’ont pas toujours été en paix. Ce qui semble indiquer qu’il y a eu de nombreuses guerres de clans. Et pendant qu’il me dit ça je me demande si certains clans étaient pacifistes où s’ils se sont tous affrontés. Je suis tellement curieuse d’en savoir plus. Maintenant qu’il m’a dit ça, je suis encore plus curieuse. Je pensais qu’ils étaient soudés de longue date. Mais non, en fait. Ce qui me fait admirer encore plus Lexa qui a réussi à amener la paix sur des clans en guerre, des clans qui il y a encore peu de temps étaient rivaux. Je lui dis : « La pêche… Quand nous sommes arrivés nous avons trouvés un serpent géant dans une rivière. Ça doit être aussi dangereux que la guerre s’il existe d’autres animaux comme ça… » Je le regarde simplement. Mais dans le fond je suis un peu admirative. Parce qu’Octavia a failli se faire dévorer par cette chose. Puis je demande : « Ainsi la paix n’a pas toujours été là ? Y’avait-il des clans pacifistes ? Ou tous étaient en guerre ? ».

Puis il me dit qu’il a servi à la montagne. Il me montre d’ailleurs ses cicatrices. Je me penche un peu pour suivre l’une d’elle de mon index avec douceur tout en grimaçant un peu. Quand Clarke nous a parlé des hommes et des femmes qui étaient saignés, pendus comme des animaux, nous avons eu du mal à y croire. Mais la réalité était là. Elle était là, devant nous depuis le début. Jusqu’à ce que Monty soit enfermé dans une cage. Puis moi. Et d’autres. 48 cages. Une pour chacun de nous. Puis il continue en disant qu’ils ont une dette envers nous. Je le regarde un long moment puis, je lui réponds : « A nous… Et aux rebelles de la montagne. Ceux qui nous ont cachés et aidés… ». Je souris avec une légère tendresse en pensant à Rhodàn. Puis, je reprends : « Et puis… L’armée de la coalition nous a aidé à sortir… Chacun a apporté sa contribution. Comme pour cette bataille, nous avons œuvrer ensembles ». Et c’est ce qui me plaît dans la paix. Même si certains d’entre eux m’effraient encore par leurs carrures, leurs qualités guerrières. Ils sont… terrifiants parfois. Mais plus je les découvre, plus je me rends compte qu’ils ne sont pas tous pareils et que certains sont doués de sensibilités. Je relève les yeux sur lui et je lui souris de plus belle.

Des animaux plus dangereux encore ? Je reste un moment en arrêt face à cette nouvelle. Quoi ? Comment ça ? J’ai un peu peur de ce qui peut se cacher sur les terres de leur clan. Quoi que, les lézards sont sacrément impressionnant et surement très dangereux. Est-ce qu’il y a des animaux qui pourraient être encore pire ? J’ai le tournis un instant rien que de penser aux horreurs qui doivent se cacher là-bas. Je le regarde et je lui demande : « Comme les lézards ? Est-ce qu’il y en a d’autres encore plus dangereux ? ». Je pleure un peu là. Enfin non, je ne pleure pas mais j’ai bien envie de le faire. Après avoir été attaqué par des panthères à écailles, après avoir entendu parler du serpent géant. Je me demande un peu ce qui pourrait être pire que ça et les lézards. La Terre est devenue tellement menaçante. Avant il y avait bien des animaux dangereux comme des fauves, des serpents venimeux. Mais là, clairement c’est encore pire. Les radiations ont fait naître des créatures vraiment affreuses. Je fais une légère moue. Puis je l’écoute à nouveau. Il me raconte l’histoire de la coalition, il me parle des guerres des clans et de la paix que Heda a apporté avec elle. Puis, il me dit que certains clans changeaient souvent de chef. J’imagine un peu l’ambiance d’insécurité qu’il devait y avoir. Moi qui râlait sur l’Arche et ses lois idiotes. Mais finalement, ici sur Terre la vie devait vraiment être dure. « Ça devait vraiment être dur… ». Je réfléchis un peu à ce que ça devait être. La peur, le sang, les guerriers assoiffés de sang, les attaques sur les villages. Je pense au clan des prairies qui semble être un clan plutôt pacifique. Peut-être eux ont été plus tranquilles vis-à-vis des guerres des clans. Et puis à ça s’ajoutaient les animaux pour certains dangereux et prédateurs ainsi que les hommes de la montagne ? Depuis quand enlevaient-ils des natifs ? Je ne sais pas vraiment, je demanderais à Rhodàn. Bref, ça ne devait pas être la joie tous les jours quoi. Nous sommes arrivés dans une période beaucoup plus calme finalement.

Je suis distraitement une cicatrice du bout du doigt. Il a l’air d’avoir beaucoup souffert. Je me demande comment on peut survivre à ce genre d’expérience. Enfin, je veux dire, même si moi j’ai aussi subi des atrocités, ça n’a pas duré longtemps. Combien de temps a-t-il été saigné pour soigner les hommes de la montagne ? Je ne sais pas vraiment si je peux lui poser la question. Cela va peut-être lui rappeler de mauvais souvenirs, alors pour le moment, je préfère éviter. Je l’écoute simplement puis finalement je lui dis : « Je suis d’accord. Il ne faut pas seulement profiter de la paix, il faut continuer à faire en sorte qu’elle perdure… ». Ce que j’espère c’est que personne de mon peuple ne sera tenté de faire quelque chose pour rompre l’alliance. Et que personne du leur ne fera la même chose. Je voudrais vraiment pouvoir profiter de notre nouvelle vie. Maintenant que nous sommes libres. Faire connaissance avec les différents clans et leurs coutumes, essayer de faire en sorte que les hommes de la montagne puissent eux aussi trouver une place dans ce monde. Et pourquoi pas fonder une famille ? Qui sait. Les opportunités ne manqueront probablement pas. Je ne sais pas vraiment ce qui se passera demain mais j’espère que cela sera une ère de paix durable. « Certains d’entre nous commencent à s’en rendre compte. Et ils font passer le message. Plus nous apprenons à vous connaître et moins nous avons peur. Il reste toujours des gens difficiles à convaincre mais je crois que cette campagne ne sera pas inutile pour leur ouvrir les yeux… ». Moi aussi au début j’avais peur. Et puis j’ai rencontré certains d’entre eux, j’ai écouté ce que nous racontait Octavia, ce que nous racontait Jimmy. Et petit à petit j’ai commencé à comprendre qu’ils n’étaient pas tous assoiffés de sang comme Tristan. Je souris un peu et à sa question je réponds : « Je vais retourner au Mont Weather et devenir l’apprentie de Rhodàn Andersen. Peut-être alors que les autres verront que cette paix pourra aussi leur apporter des choses à eux aussi. Et toi ? Tu comptes rentrer chez toi ? Quelqu’un t’attend là-bas ? ». Oui, je suis curieuse, j’avoue.

Lorsque je réponds à ses questions sur ce que je compte faire après en lui parlant de Rhodàn, j'attire son attention. Alors j'esquisse un sourire lorsqu'il me dit que c'est elle la jeune femme qu'il a rencontré. C'est vrai qu'elle a été blessée. Je l'avais presque oublié. Je fais une légère moue avant de sourire à nouveau et de répondre : « Oh... Eh bien, que de choses en communs... ». Je souris amusée et lui adresse un clin d'oeil. Chassez le naturel il revient au galop. Je n'arrive plus vraiment à avoir peur ou à le craindre. Il a l'air tellement gentil et puis il faut bien l'avouer il est plutôt agréable à regarder. Plus de 20 ans ça me change un peu. Et c'est largement tentant. Même si là maintenant, il y a un peu trop de monde. Mais je reprends un peu plus sérieusement : « Rhodàn a joué un rôle important sous la montagne, elle et les autres rebelles nous ont beaucoup aidé… ». On ne peut pas le nier. Sans eux, nous aurions déploré de nombreuses pertes. Beaucoup trop. Grâce à eux nous sommes tous là pour pouvoir en parler. Enfin, du côté des 100. Je ne peux malheureusement pas en dire autant pour les grounders.

Alors qu'il recommence à appliquer la crème me tirant un léger frisson, il répond à son tour à mes questions. Rentrer dans son village où il n'y a que sa sœur qui l'attend. Je le regarde un moment, je me demande si je dois le prendre au sens littéral du terme. Parce que si c'est ça, c'est vraiment triste. Alors je lui dis : « Eh bien, cette fois elle aura le plaisir de voir que tu vas bien… ». Sauf incident contraire ce que je n'espère pas. Mais la bataille semblait presque gagnée quand j'ai été évacuée. Alors je pense que nous en voyons le bon bout. Je suis impatiente que tout cela s'achève que la coalition soit à l'abri, que nous soyons à l'abri. Que la paix revienne sur les terres. Puis je lui demande : « Même pas des amis ? Je ne peux pas le croire… ». Je le regarde un peu suspicieuse. Je suis sure du contraire. Il doit être ultra populaire. Ou alors les grounders sont vraiment idiots. Je le regarde simplement, tout en le laissant appliquer le baume. Cela apaise déjà mes blessures.

Lorsqu'il pousse la curiosité, je ne peux pas lui en vouloir, je l'ai fait moi aussi. C'est normal après tout. Et finalement ça ne me dérange pas. Je le regarde un long moment et je dis : « Quand j'y suis retournée après la bataille je... J'ai paniqué. Une terreur comme je n'en avais jamais eu... ». Je fais une pause, un instant, plongée dans mes souvenirs désagréables. Puis je reprends : « J'ai demandé à Rhodàn de m'apprendre à ne plus avoir peur... Enfin à mieux me contrôler. Et puis, dans le fond, je crois que c'est aussi une façon de montrer à ceux de la montagne qui ne croient pas en cette alliance qu'elle peut vraiment aboutir à quelque chose... ». Et que nous ne sommes pas tous des démons horribles qui leur ont voler leur confort où je ne sais trop quoi. C'est difficile à expliquer mais j'aimerais qu'on soit tous en harmonie. Et puis, j'avoue que le chocolat et l'alcool me tentent bien aussi. Un lit et une douche chaude. C'est quand même mieux qu'une paillasse dure et des coups pour survivre.