Nous sommes dehors à présent et sentir l’air frais sur ma peau c’est une bonne chose. Je ne pensais pas que cela pourrait être aussi divin de se sentir bien, de se sentir libre. De sentir le vent sur ma peau. C’est vraiment génial. De pouvoir parler comme ça, dehors, de voir les arbres autour de nous, de sentir la terre sous mes pieds. Oui, il n’y a pas à dire, même si la Terre peut se révéler terrifiante, elle peut aussi se révéler vraiment merveilleuse. Alors je ne changerais les choses pour rien au monde. Lorsqu’elle me demande si maintenant, les familles peuvent avoir plus d’enfants, je réfléchis un peu et je réponds : « Pour le moment, nos lois sont encore un peu spéciale. Vu que nous ne sommes pas encore tout à fait installés. Il nous manque encore beaucoup de choses avant d’être sûr que nous serons en sécurité et que nous ne mourrons pas de froid cet hiver. Je suppose que quand les choses seront stabilisées, oui, les familles le pourront. ». Je l’espère en tout cas. Parce que c’est vrai que cette règle de l’enfant unique peut paraître horrible. Surtout quand on sait ce qui est arrivé à Octavia et qu’on voit comment Bellamy se comporte envers elle : cette façon d’être si protecteur. Ça donne envie d’avoir plusieurs enfants pour les voir se soutenir les uns les autres. Un peu comme Monty et Jasper qui sont aussi proches que de frères.

Puis, nous parlons de notre arrivée, de ce que nous avons fait, de ce qu’ils ont fait. Oui, nous avons tous fait des choses horribles. C’est une façon d’équilibrer dans un sens. Ce n’est pas terrible de penser ça, cela n’excuse rien, rien du tout. Donc voilà, c’est comme ça et il faut vraiment faire avec, il faut réussir à pardonner et à passer outre. Je ne veux pas qu’on recommence à s’affronter et à se battre. Non. Je lui souris un peu et je lui dis : « Oui. L’alliance est vraiment une très bonne chose. Elle nous apportera beaucoup à tous… ». Je crois vraiment ce que je dis. Même si j’ai toujours une légère appréhension à l’idée que les grounders se retournent contre nous ou que quelqu’un de chez nous fasse quelque chose qui pourrait nuire à l’alliance. Je veux vraiment croire que tout ira bien et que nous pourrons construire quelque chose ensemble. Oui, c’est vraiment ce que je veux. Je fais quelques pas en me demandant ce que je vais pouvoir lui montrer ou à quelles questions je vais pouvoir répondre. Et la réponse arrive vite lorsque la garde de Lexa reprend la parole. Je souris un peu et je lui dis : « Oui, j’en ferais partie… Et toi ? Tu y seras aussi ? ». Je la regarde. J’imagine que oui. Mais Lexa a de nombreux gardes et peut-être qu’elle confiera à Eija une autre mission. Je ne sais pas trop. Donc je préfère lui demander. Et d’ailleurs puisque j’en suis à poser des questions, j’en profite pour demander : « Tu es garde de Lexa depuis longtemps ? ».

Tout ça est vraiment compliqué. Nos lois, nos interdits, nos punitions. La mort au moindre faux pas, … Bref, même nous, nous pouvons avoir du mal à accepter et à comprendre alors cela ne m'étonne même pas qu'elle ne comprenne pas. Mais elle ne semble pas vraiment juger au contraire, elle demande des précisions pour comprendre. Mais la conversation suit son cours aussi et nous en arrivons à parler de la bataille contre les barbares. Elle me répond qu'elle y sera parce qu'elle se doit de protéger Heda et j'acquiesce un peu. Après tout c'est son rôle en temps que garde de Heda. Je ne peux qu'imaginer la lourde charge que cela doit représenter. Veiller sur elle, la protéger, être toujours aux aguets, anticiper les mauvaises intentions des gens qui pourraient vouloir lui nuire. Je ne pourrais jamais faire ça. Je souris un peu quand elle continue et reprend la parole pour expliquer qu'elle essaiera de se trouver une place comme archère où elle est meilleure qu'à l'épée. Puis, elle me demande si je combattrais. Alors je réponds : « J'aiderais à défendre la ville oui et je prendrais part au combat. Je ne m'en sors pas trop mal avec un fusil. Alors je pourrais être utile. ». Enfin, je le crois. Je l'espère. Et j'espère ne pas mourir surtout. Je me dis que ça pourrait aller, je ne serais pas toute seule, je trouverais peut-être même quelqu'un avec qui combattre.

Puis, elle répond que cela fait presque cinq ans qu'elle est garde du corps de Heda. Eh bah dis donc... ça en fait une paire d'année. J'esquisse un sourire quand elle se présente et je me rends compte que moi non plus je ne me suis pas présentée... Je ris un peu et je lui dis : « Enchantée Eija ! Je suis Harper McIntyre. Mais tout le monde m'appelle Harper ! ». Je souris de plus belle et je lui dis : « Et comment c'est arrivé ? Enfin je veux dire... C'est quelque chose que tu voulais faire depuis longtemps ou c'est une opportunité qui s'est offerte à toi ? ». Je suis curieuse d'en savoir plus. De comment on peut devenir garde du corps de Lexa. Je me demande comment elle recrute ses gardes, oui j'avoue. « Tu as grandi dans le Trikru ? ». Quitte à être curieuse, autant l'être vraiment, non ? Je l'entraîne pour lui faire faire le tour du camp Jaha puis qu'elle est curieuse de notre peuple et de notre mode de vie.

Alors que Eija répond que je serais utile au combat, notamment grâce aux armes de mon peuple. Bien sûr. Les fusils font des dégâts. Mais j'ai aussi vu les lances des grounders à l’œuvre quand Jasper est revenu avec un trou béant dans le torse. Alors je sais qu'elles peuvent être tout aussi destructrice quand elles sont bien utilisées. Et moi, j'ai le désagréable désavantage de ne pas savoir me battre au corps à corps. Je risque quand même gros dans cette bataille. Mais si c'est l'occasion de trouver ma place alors voilà. Peut-être bien que c'est ça. Peut-être que le fait de me retrouver avec cette arme à la navette des 100, à devoir défendre nos vies, notre nouvelle maison, peut-être que c'était ça ma voie ? Peut-être que c'était comme ça que je devais être, devenir, grandir. Et vouloir apprendre le contrôle, la force, la sagesse ? De vouloir unifier des peuples ? Je ne sais pas. Alors je me contente d'acquiescer en souriant avec beaucoup de respect dans le regard. Ses paroles me touchent. Sa curiosité aussi, sa volonté d'apprendre à nous connaître. Je trouve ça bien. Cela laisse présager tellement de belles choses pour la suite.

Puis, la conversation continue et nous nous présentons, ce que nous n'avions pas fait alors que nous parlons depuis un long moment déjà. Je souris un peu ravie de connaître une nouvelle femme appartement au trikru. Je n'en connais pas beaucoup. Moins que certains de mes camarades. Alors c'est une nouvelle aventure pour moi. Je souris un peu plus lorsqu'elle commence à me répondre. Je l'écoute avec curiosité me dire que c'était une occasion qu'elle a saisie en arrivant à Polis mais qu'elle aime ce poste. Ce que je peux comprendre. Lexa semble sage et droite, juste. Alors travailler pour elle doit être intéressant. Et probablement dangereux aussi. J'aime le danger. Même si j'ai beaucoup flippé depuis que nous sommes là, même si j'ai souffert. A bien y réfléchir je ne me suis jamais sentie aussi vivante qu'en sortant vivante de ce genre d'épreuves. Oui, et grandie aussi. Puis, elle dit qu'elle vient d'Azgeda. Alors je la regarde et je lui demande : « Azgeda, c'est un clan du Nord ? Comment c'est là-bas ? ». Je suis assez curieuse, j'avoue. Je continue à poser des questions. Puis, je réponds à sa question : « Je devais devenir aquacultrice... La culture des algues dans des bassins d'eau pour produire des plantes médicinales et des plantes aquatiques comestibles... Mais, je n'appréciais pas vraiment cette place. J'aurais aimé pouvoir sortir de l'Arche, aller dans l'espace. Finalement, j'ai eu ce que je voulais... ». Je souris un peu amusée. En un sens c'est vrai : j'ai eu ce que je voulais en étant envoyée dans la navette...

La journée a pris un tour plutôt inattendu. Et maintenant que j'ai fini de réparé cette radio, je peux discuter pleinement avec Eija et me consacrer totalement à ce qu'elle veut savoir et à ce qu'elle peut m'apporter. Je suis plutôt contente de pouvoir faire ça, prendre du temps pour discuter, apprendre à la connaître, apprendre à partager. C'est une bonne chose. C'est surprenant mais intéressant. Et cela me permet aussi à discuter avec une femme grounders. Jusqu'à présent, l'une des seules que j'avais pu apercevoir était Indra et elle fait plutôt peur. Les autres – les hommes – eu m'ont vraiment fait peur. Maintenant je suis plutôt rassurée, la délégation arrivée à camp Jaha est plutôt éclectique et cela nous montre qu'il n'y a pas que des armoires à glaces parmi les grounders. C'est rassurant je trouve. Lorsqu'elle répond à ma question sur Azgeda, j'écoute avec attention. Ce qu'elle me dit, je ne peux que le comprendre. J'imagine qu'ils doivent être plutôt mystérieux et effrayant sous leurs fourrures. Et qu'en effet, des actes violents et horribles par le passé ne doit pas les aider à améliorer leur image. Je la regarde et je lui dis : « Heda est vraiment pleine de sagesse. Si tous ne sont pas mauvais, alors il ne faut pas punir ceux qui ne le mérite pas... ». Je reste un instant silencieuse, tout en regardant Eija puis en regardant autour de nous. Parce que nous avons pardonné, nous pouvons discuter toutes les deux. Mais parfois, les souvenirs sont douloureux. Alors je me contente de constater : « Mais il est vrai que le pardon est difficile à accorder et la confiance encore plus  difficile à établir... ». Je la regarde à nouveau, résolue d'un nouveau sourire pour dire : « Il nous appartient d'essayer. Afin de construire un monde meilleur, non ? ». Enfin, bien sûr, ce n'est que mon point de vue. Mais notre arrivée nous a apportée son lot de mort, de guerre et d'horreurs. Et je ne suis pas sure de pouvoir le supporter encore.

J’ai vraiment apprécié ce moment et cette discussion. De voir que les habitants de la terre sont aussi curieux que nous pouvons l’être. Qu’ils veulent autant apprendre de nous, que nous voulons apprendre d’eux. Enfin, certains au moins. Je souris un peu et je fais craquer ma nuque. La conversation continue sur le clan Azgeda et sur la capacité de pardonner de Lexa. Je souris un peu. Qu’il faut du temps. Je ne peux qu’acquiescer. Oui, bien sûr qu’il faut du temps. Je suis d’accord. Je souris toujours paisiblement en marchant. Je regarde les gens qui vont et viennent. Parfois, entre les skaikrus, il y a des grounders. Je souris de voir ça. C’est une bonne chose, je trouve. La paix. La cohabitation. La coopération. Apprendre les uns des autres. Même si certains d’entre eux font peur : les plus grands et les plus costauds… Oui, certains sont inquiétants. Il suffirait d’un coup de poing pour tuer quelqu’un. Mais ils ne sont pas hostiles. Ou du moins, pas ouvertement.

Elle continue sur la guerre de l’ouest et sur le fait que la Terre a bien plus à offrir. Je souris un peu et j’acquiesce. Bien sûr. Alors je lui dis : « J’imagine oui... Nous avons déjà pu nous en rendre compte. La Terre est incroyable… Pleine de richesses… ». Je souris un peu. Puis l’un des gardes me fait signe. Ma pause est finie de toute évidence. Il est temps de reprendre le boulot, les rondes et les gardes. Alors je me tourne vers elle et je lui dis : « Je dois retourner travailler... ». Je lui adresse un nouveau sourire puis je reprends : « J’ai été heureuse de te rencontrer et de parler avec toi Eija kom Trikru. J’espère que nous nous reverrons. ». Je lui laisse le temps de me répondre, pour accepter les politesses d’usage, lui adresser un signe de tête puis finalement, je m’éloigne d’un pas tranquille pour aller relever le garde que je vais remplacer.