In peace we trust ➢ ft. Clarke

Ils étaient sur le départ. Clarke avait quitté définitivement le Camp Jaha, y laissant une mère peu encline de laisser partir sa fille. Mais cela faisait bien longtemps que la blonde n’écoutait plus les plaintes d’Abby et qu’elle faisait ce qu’elle considérait le mieux pour leur peuple. Clarke, certainement, ne se voyait pas diriger au Camp Jaha – et elle doutait qu’on la laisse faire. Tout lui rappelait trop l’Arche et elle était incapable de se plier aux règles de ce système qui l’avait encadré pendant presque dix-huit années. Polis, c’était un peu comme une fuite. Polis, surtout, c’était son avenir. En tant que conseiller, elle parviendrait à maintenant le dialogue entre les deux peuples (bientôt un seul ?). Et si elle n’était pas très rassurée de laisser les siens sans surveillance, il fallait qu’elle leur accorde sa confiance tout de même. Clarke ne serait qu’à un jour de cheval du Camp Jaha. Quelle catastrophe pourrait bien arriver ?

Elle rassemblait ses maigres affaires qu’elle rangeait dans les sacoches destinée à Archéon, qui était visiblement heureux de partir faire une balade – elle le suspectait qu’il serait nettement moins conciliant après quelques heures de trajet. Elle fit quelques allers-retours, Teksas toujours sur les talons, l’aidant à porter ce qu’elle ne pouvait pas avec son bras gauche toujours en écharpe. La douleur n’était presque plus présente et bientôt, elle pourrait retrouver sa liberté de mouvement (pas dans sa totalité, mais elle ne se plaindrait pas pour avoir eu le bras immobilisé pendant 12 jours). Une partie de l’avant-poste commençait à être démantibulée et Clarke parcourait la liste mentale qu’elle s’était faite quand elle cogna légèrement quelqu’un. Qui se mit immédiatement sur ses gardes. Clarke, pour apaiser la nouvelle venue leva sa main droite en signe de paix. Elle n’avait plus l’habitude à ce que les gens soient aussi méfiants autour d’elle – elle était même persuadée que Teksas commençait à l’apprécier. Mais elle savait quoi faire pour calmer les ardeurs des grounders. « Pardon. Je regardais pas. » Et Clarke secoua la tête. « Il n’y a pas de problème. »

Clarke ne connaissait pas celle qui était en face d’elle, ce qui était une occurrence rare pour reconnaitre presque tout le monde de vue. Preuve que les individus se remettaient en mouvement. Quand certains clans installés depuis longtemps repartaient pour leurs terres, comme l’avaient fait le Skjeran et le clan des prairies, d’autres têtes apparaissaient. Un bras se tendit et les esquisses d’un sourire se dessinèrent sur les lèvres de Clarke. « Lux, du clan des Sikru. Je ne crois pas avoir été présentée. » Sans une once d’hésitation, elle attrapa l’avant-bras qui était devant elle. « Clarke kom skaikru. » Elle plissa un peu les yeux, tandis qu’elle retrouvait une conotation familière au nom. « Tu es le second de Neith, c’est ça ? »

Clarke se laissa observée, retenant un mince sourire. Elle y était habituée maintenant et elle s’était même faite à l’idée que ce genre de comportement ne s’arrêterait pas de si tôt. Elle avait compris que ceux qui venaient du ciel était un peu comme une légende, et si elle-même était née sur cette terre, elle n’aurait jamais cru la possibilité qu’un peuple vienne de l’espace. Mais elle était là, en chair et en os, à attendre patiemment que Lux finisse de la détailler sous toutes les coutures. Elle adressa un regard amusé à Teksas qui se tenait à ses côtés, la mine impassible, bien qu’elle reconnaisse sa gestuelle, comprenant que son garde-du-corps était lui aussi amusé. « Es-tu celle qui parle pour les Skaikru ? » Clarke se retint de dire qu’elle était celle qui essayait d’empêcher que les siens n’en fasse à sa tête, mais ça n’aurait pas été très diplomatique de sa part et elle avait bien compris que c’était une grande partie de son rôle, avec Kane. Reconnaitre les torts que son peuple était trop fière pour accepter comme vrai et plier l’échine – ou forcer les autres à plier l’échine – quand c’était nécessaire. « C’est moi, oui. » Et il n’y avait plus aucune honte à reconnaitre ce statut. Elle l’avait accepté et elle savait qu’elle avait prouvé sa valeur. Si ce n’était pas suffisant aux yeux des siens (le serait-ce jamais assez ?), c’était suffisant pour elle. Et Clarke, c’était tout ce dont elle avait besoin. Avoir confiance en elle. Car elle continuerait de se dresser contre les opinions de son peuple et leur montrerait la meilleure solution, ouvrirait de nouveaux chemins.

Elle rendit le plaisir de rencontrer Lux d’un signe de tête, avant de grimacer devant son bras toujours maintenu par l’attelle. « Un vestige de l'attaque contre les hommes de la montagne ? » Elle acquiesça, Clarke, évitant de touche son épaule. La douleur n’était presque plus présente, à l’exception de quelques mouvements trop amples qu’elle faisait par accident, ou quand à dos de cheval, Archéon avançait d’un pas trop busque. Sinon, elle avait hâte de retrouver l’usage de ses deux bras, même si elle ne pouvait nier qu’elle avait gagné en dextérité de sa main droite, nécessité oblige. Teksas, aussi, lui avait dit qu’ils étudieraient un style de combat qui serait plus adapté aux séquelles qu’elle garderait, aussi enthousiaste qu’elle était d’envisager de devoir se battre à nouveau un jour, elle n’y couperait pas. « Oui. Une balle dans l’épaule. » Celui qui avait tiré avait eu moins de chance. Nombreux n’avaient pas eu cette chance, de ne subir qu’une blessure. Clarke savait que le trigeda avait pour coutume de compter ses victimes, mais elle en avait trop sur la conscience pour prendre la moindre once de plaisir à cette notion. A la place, elle choisit de changer légèrement de sujet. « Les tiens se sont bien battus. Neith et les siens étaient aux côtés de Heda. » Et il y avait des mots qui ne seraient pas prononcés, car trop personnels. Le soulagement qu’ils se soient battus sur le même front que Lexa, et que toute la dynamique de l’armée ait assuré le retour vivant de sa niron. C’était un secret qu’elle murmurait, redevable, aux étoiles, aux dieux, à quiconque se soit assuré de la survie du plus grand nombre, et de leur victoire.