Tarjei ► I took my sword again, throwing the past away

Tarjei est né dans le clan Völsunga, petit clan situé au sud-ouest de Baal’th, ce village Azgeda. Petit clan aux ambitions raisonnables, petit clan soudé, presque une grande famille, c'est en tout cas ce que croyais Tarjei avant que tout ne bascule. Si le nom des Völsunga ne vous dit rien c'est qu'aujourd’hui ce clan n'existe plus, voilà maintenant six ans qu'il s'est éteint, absorbé par les Azgeda pour une part, tout simplement détruit pour le reste. Du village où est né Tarjei il ne reste rien aujourd'hui, si ce n'est peut-être quelques ruines, malmenées par les intempéries et le temps qui passe et vers lesquels le guerrier ne souhaite pas retourner.

Mais revenons quelques années en arrière, au temps où tout allait encore bien et où Tarjei grandissait, devenant au fil des ans un redoutable guerrier. Si les Völsunga n'avaient pas pour ambition de conquérir d'immense territoires ils n'en étaient pas moins un clan belliqueux, toujours prêt à entrer en guerre avec ses voisins, pour un bout de territoire, contenant gibiers ou richesses. La vie n'était pas simple dans ces contrées hostiles mais les Völsunga étaient soudés et chacun voyait l'autre comme un frère. C'est dans cette ambiance que Tarjei grandi, dans cette ambiance qu'il devint un homme, dans ces contrées qu'il fit couler le sang de trop nombreux ennemis, pour son clan, pour les siens.

Il avait une femme, qui lui donna un fils, un beau fils qu'il appela Eirik, en l'honneur de son défunt père, et qui comme lui deviendrait un jour un grand guerrier, il n'en doutait pas. Mais même s'il aimait d'un amour sincère son fils et sa femme il les voyaient peu, le chef du village en demandait toujours plus à ses guerriers, plus le temps passait et plus il semblait prendre plaisir à s'étendre finalement, ce qui finit par ne plus être au goût de l'Azgeda voisin. Les combats se firent plus rudes, les escarmouches se changèrent en batailles sanglantes et Tarjei n'eut plus vraiment d'autre préoccupation que la guerre. Les jours se suivaient et se ressemblaient, les morts s'empilaient les uns sur les autres et peu à peu les Völsunga reculaient.

Tarjei ne vit pas ce qu'il était en train de se passer pendant qu'il combattait, il ne vit pas les membres de son clan qui, l'un après l'autre, prêtaient allégeance à l'ennemi en échange de leur vie. Il combattait, protégeant les siens qui lui tournaient le dos. Sa femme emmena bientôt leur fils vers Baal ‘th, sans lui dire au revoir, sans même une note ou un signe et ce n'est que plusieurs jours plus tard qu'il prit finalement conscience de l'absurdité de la situation. Ils étaient en train de mourir pour un clan qui n'existait plus, par la folie d'un chef lui et d'autres valeureux guerriers s'acharnaient à défendre un peuple déjà mort. Il y eu cette dernière bataille pourtant, pour laquelle  Tarjei et les autres prirent une dernière fois les armes, par habitude. Mais se battre sans conviction ne peut rien amener de bon et comme nombre de ses camarades Tarjei tomba, le corps transpercé d'une épée Azgeda et il resta là, allongé la tête contre la neige froide, n'ayant plus la volonté de se relever.

Il vécut pourtant, et lorsqu'il rouvrit les yeux il ne vit que mort et désolation autour de lui. Alors il laissa ses armes, son bouclier, tout ce qui pouvait le rattacher aux Völsunga et il marcha, en direction du sud, en direction de l'est. Il soigna sa blessure sur les terres Trikru et puis il erra, longtemps, sans réel but, jusqu'à un jour rencontrer cette conteuse qui sans vraiment qu'il sache comment parvint à lui redonner un semblant d'espoir, un semblant de but.

Les enfants du silence, c'est ainsi qu'on les connait désormais, Tarjei, Leto et Emhyr, trois âmes esseulées qui se sont trouvées pour le meilleur. Rien ne les destinait sans doute à voyager ensemble et pourtant cela fait maintenant plusieurs années qu'ils ne se quittent plus vraiment, œuvrant pour ce qu'ils croient juste sans se mêler des conflits qui secouent ce monde. Ils ne voulaient pas de la célébrité mais elle leur est tombée dessus le jour où ils vinrent en aide à ces gens, coincés dans une grande en flamme, d'innocentes victimes qu'ils ne pouvaient pas laisser mourir pour une guerre absurde. On les a traité en héros, ou quelque chose comme ça, et même s'ils n'en voulaient pas, de cette gloire et de ce nom, ça leur a finalement collé à la peau et probablement que ça ne leur convient pas trop mal.

Tarjei a retrouvé une raison de vivre, une raison de se battre, pour protéger, pour défendre, et non plus pour attaquer et conquérir. Il est conscient aujourd'hui qu'il s'est battu pour de mauvaises raisons pendant des années, même s'il pensait agir pour le bien des siens à ce moment-là. Son ancien clan, il souhaite le rayer de sa mémoire comme il a été rayé de la carte, absorbé par la puissance de l'Azgeda. Mais il a un fils, toujours quelque part, et si de sa femme il ne souhaite plus entendre parler il ne peut s'empêcher de penser à ce bout de lui, là-bas, quelque part au nord, qui n'a fait que subir bien trop jeune alors pour comprendre. Il n'a jamais cherché à le retrouvé ou à savoir ce qu'il était devenu même s'il y a souvent pensé. Sa famille aujourd'hui, c'est Leto et Emhyr, et sa vie à leur côté le satisfait, il y a trouvé sérénité et équilibre, mais au fond de lui il sait qu'il reste cette inconnue, ce bout de son passé qu'il ne pourra sans doute jamais totalement oublier.

Les skypeople ? Ce sont avant tout des gens, des hommes des femmes et des enfants, un peuple comme il en existe tant d'autres sur cette terre. Et si leurs armes sont différentes, s'ils ne vivent pas exactement de la même façon et selon les mêmes principes ça ne fait pas d'eux des ennemis, pas s'ils ne se définissent pas ainsi par leur acte. Tarjei n'est ni quelqu'un a jugé sans connaître, ni quelqu'un qui condamne un groupe pour les erreurs de quelques uns. Comme les autres enfants du silence il voit l'homme en chaque individu avant de chercher à quel groupe il appartient.