clarke | le fil d'arianne du labyrinthe de lassitude

Elle avait été lassante cette journée, comme bien d’autres encore, comme toutes peut être un peu. Il y’avait toujours ces guerres qui n’en finissaient pas, ou du moins ces guerres qui menaçaient. Il y’avait le Nord, il y’avait Mordh dont Lexa n’arrivait pas à anticiper les mouvements qui faisait peut être peser une terreur qu’elle ne s’expliquait pas sur les épaules du commandeur, il y’avait Ixion, dont lui avait parlé l’aubergiste Skjeran. Il y’avait Torvi qui n’était plus . Il y’avait beaucoup qui se passait en quelques jours à peine, et sortant d’une guerre elle n’était pas déterminée à faire repartir son peuple sur de nouvelles routes, sur de nouveaux combats. Elle était lasse Lexa, lasse de tout ce qui se passait, lasse de tout ce qui arrivait, et si elle avait offert asile à Polis à cette fille du Nord qui lui racontait des choses, qui en avait vu trop, elle savait que bientôt Ixion déclarerait la guerre à la coalition. Ca viendrait. Peut être travaillait il avec les terriens des grottes ?

En tout cas, tout pesait sur les épaules de la fille sauvage, et se massant les tempes, elle poussa un soupir. Cette presque guerre lui avait déjà enlevé deux personnes qu’elle portait en estime. La muette Edène, et la reine Drea. Desormais, à cause d’elle, à cause de ses décisions qui avaient peut être menées à ça, les skaigonas pleuraient leur reine, et les trikru pleuraient leur muette amie. Appuyée contre un des rebords métalliques de la tour de Polis, Lexa fixait la ville à travers l’une des grandes fenetres. Clarke aurait déjà du être la. Et ce n’était pas qu’elle veuille être d’une émotivité énorme, mais elle s’inquietait. Les temps étaient durs. Compliqués. Elle espérait qu’il n’arrive rien ni à sa niron, ni au gros Archéon.

Un temps passa, elle poussa un soupir, et elle prit quelques instants, le temps de se masser les tempes. Elle était songeuse Lexa. Songeuse à l’avenir. Songeuse à tout ce qui pourrait arriver maintenant. Et l’annonce peut être de l’arrivée de la délégation de Camps Jaha lui changerait les idées. Si elle arrivait un jour

Clarke ne se rappelait pas de la dernière fois qu’elle était restée aussi longtemps à Camp Jaha. En réalité, c’était certainement la première fois qu’elle était aux environs des vestiges de l’Arche pendant si longtemps. Elle n’avait pas perdu la tête, contrairement à ses peurs innocentes, quand elle songeait à rester à proximité de ceux qui l’avaient vu grandir (pour finir par l’enfermer et l’envoyer mourir sur terre). Elle s’était majoritairement concentrée sur rester avec les rescapés de la station Agro et les quelques Cent qui résidaient encore à Camp Jaha. Cela lui avait permis de renouer ses liens avec Raven, ainsi que d’avoir quelques échanges houleux avec sa mère. Elle était également passée par le Mont Weather, pour se tenir au courant de la situation dans la montagne, ainsi que d’annoncer la disparition de Maya. Elle avait pallié comme elle le pouvait à la déception du père Vie, et silencieuse, elle s’en était retournée au Camp. Là, c’était un rythme de vie monotone qui l’avait accueilli et rapidement, Polis venait à lui manquer. S’il y avait quelques grounders dans les environs – Teksas n’était jamais bien loin – cela ne valait pas la forte activité que connaissait la capitale du Trigedakru. Elle s’était fait de réels amis là-bas, qui ne la jugeait pas pour ce qu’elle avait fait par le passé.

Il y avait aussi ses nouvelles obligations qui l’attendaient, auprès de Lexa. Les nouvelles des divers groupes d’enquêtes ne tarderaient pas venir et Clarke tenait à être présente pour les diverses rencontres et planifications qu’il y aurait lieu. Après tout, son rôle était de soutenir et conseiller le commandant. Elle était donc partie avec quelques autres membres qui s’en allaient pour la capitale, à un rythme calme, loin de la précipitation qui avait régné lors de la bataille contre la Montagne. La fille du Ciel, emmitouflée dans ses vêtements chauds, observait les changements du paysage, bercé par le vent du Nord qui apportait les quelques flocons. Elle avait ce même émerveillement d’enfant, à chaque fois qu’elle voyait la neige, Clarke. Tout était relativement neuf et jamais n’aurait-elle imaginé que la nature pouvait changer tant, aussi vite.

Le ciel s’était déjà plongé dans ses palettes sombres et silencieuses de l’hiver, quand la flamme de la Tour du Commandant perça au loin. Les cavaliers retrouvèrent un peu d’entrain, poussés par la vision de la capitale qui grossissait à l’horizon. Bientôt, Clarke aperçut quelques guerriers cachés dans les hauts branchages et elle sut qu’ils arriveraient sous peu – en plus de connaitre de mieux en mieux les environs qui encerclaient Polis. Le sentiment la prit, presque brutal, alors qu’elle constata avec une légère surprise que cela devait faire plus d’un mois qu’elle avait quitté le centre de la civilisation. Son corps s’était un peu plus endurci et elle ne ressentait plus la douleur de son épaule. Ses vêtements étaient un peu plus usés, le bout de ses cheveux un peu plus long. Son trigedasleng s’était encore amélioré et elle ne put renier le sentiment d’être rentré chez elle, quand elle reconnut les rues familières.

En bas de la tour, une poignée de Nightblida discutaient de leur dernière leçon et quand ils reconnurent la conseillère, ils se levèrent pour l’accueillir chaleureusement. Clarke leur sourit, récupérant ses affaires, avant que Teksas ne lui adresse un regard réprobateur et ne se charge de la tâche. Elle fut assaillie de questions et elle y répondit à son aise, guidée par les initiés. L’entrain se calma quand ils croisèrent le Fleimkipa, auquel Clarke s’adressa respectueusement, familière des us et coutumes en place, ainsi que des individus dont il fallait caresser dans le sens du poil. L’échange ne dura guère, évitant méticuleusement de parler de Lexa, ou de tout autre sujet sensible. Elle abandonna les enfants et adolescents aux mains de Titus et, finalement, après une série d’autres rencontres, Clarke poussa la porte de ses appartements… anciennement ceux uniquement réservés à Lexa. Elle sut, sans mal, que le commandant s’y trouvait, outre le fait qu’elle eut été prévenue à quelques reprises, les bougies étaient allumées. Elle s’autorisa finalement à se détendre, alors qu’elle déposait ses affaires au pied du lit, avant de trouver sa Niron à l’extérieur. « Est-ce que c’est propre à chaque membre du trigedakru, de sortir avec si peu de vêtements ? » Le sourire était dans sa voix, alors qu’elle se rapprochait de Lexa. Ses mains encore froide du voyage se posèrent sur les joues de sa niron, avant qu’elle ne l’embrasse légèrement. « Ai don mema yu we. » Conclut-elle, une lueur vive dans le regard.

Spoiler:

Le commandeur etait si las et ses épaules pesaient si lourds. Ce n'était pas quelque chose qui était arrivé en une nuit, c'était le poids d'une coalition, c'était le poids de la perte, c'était le poids des skaikrus, et des dissensions que les clans pouvaient amener. C'était le poids de la vie et des responsabilités. C'était ce qu'elle portait sur ses épaules et qui ne partait jamais, qui ne partirait jamais. Costia n'était plus la. Anya n'était plus la. Gutsus n'était plus la. Et peu à peu Lexa perdait les conseillers qui lui étaient chers sans se permetre de les pleurer. Mais le commun des mrotels n'était pas elle. Ils voulaient des vengeances pour leurs frères morts. Ils voulaient vengeances pour leurs tortures. Et elle, elle ne dispensait que justice. Le shiedgedakru - si il s'agissait bien d'agissements du clan des ombres, elle attendait un message encore d'Imladris ou Skoll - devrait se presenter sous l'épée justiciere et assumer ses fautes. Pour l'heure le peuple était insatisfait, et elle devait avouer qu'elle n'était pas spécialement satisfaite elle non plus.

Il neigeait à Polis et Lexa se perdait dans les souvenirs d'un temps passé, tout en ressassant le présent. Les esprits des commandeurs n'étaient pas calmes dans sa tête, et elle ne savait pas encore les contenter. Rien ne la contentait elle non plus. Son ame et son corps ne savaient rester en place et plus tot dans la journée elle avait perdue patience avec la vieille Dunlaïth. Elle ne s'excuserait pas. Elle irait lui parler. Plus tard peut être. Ses yeux voyageaient sur les rues de Polis sur les quelles elle veillait comme un dieu muet en haut de sa citadelle. Mais la, sans peinture de guerre, sans cape, elle n'était que Lexa, qu'une femme trop jeune pour tout ce qu'elle portait. « Est-ce que c’est propre à chaque membre du trigedakru, de sortir avec si peu de vêtements ? » Le sourire prit quelques instants à transformer son visage en une grimace trés legere mais néanmoins présente. « Est ce propre à chaque membre du skaikru que de prendre temps de temps à revenir ? » Le ton était leger néanmoins. Clarke lui avait manqué, c'était quelque chose qu'elle ne nierait pas, et tournant un peu sa tête elle plongea ses yeux presque gris dans ceux de sa compagne, lui rendant son baiser sans frissoner du froid soudain sur son visage éclipsé en un mouvement de lèvres.

« Ai don mema yu we. » Le trigedasleng sonnait à ses levres comme un doux foyer dans le quel il faisait bon de se rechauffer, et une fois de plus Lexa aurait pu sourire un peu trop. « C'est un manque qui s'est fait ressentir ici aussi. » Elle n'aurait pas du. Elle devait faire passer son peuple avant tout. Mais l'alliance aussi était pour le bien du peuple, et la fille du sol esquissa un mouvement trop tendre peut être pour elle, glissant ses mains sur celles de Clarke pour lui offrir leur chaleur. « Comment s'est passé le voyage?» Une question anodine en apparence. Elles ne l'étaient jamais.

Il y avait des pertes qui se remarquaient, qu’une fois qu’elles avaient été retrouvées. La voix de Lexa, tout particulièrement, quand celle-ci se fit entendre, arracha un franc sourire chez Clarke, un rare sourire, oui, alors que ses doigts presque gelés capturaient le visage de sa niron et que deux baisers s’échangèrent. Ca aussi, ça lui avait manqué, la légère différence de taille, la manière dont elle devait se pencher légèrement en avant, pour s’adonner à l’un de ses plus délicieux vices. « C'est un manque qui s'est fait ressentir ici aussi. » C’était la deuxième fois que la brune vocalisait sa pensée, en des mots différents. Clarke sourit tendrement, quoique de manière un peu fatiguée. Ses mains furent capturées et elle ne chercha pas à lutter. Tout ce qu’elle fit, se fut de se reculer légèrement, pour quitter le balcon. Mais toujours ses doigts restaient capturés par ceux de Lexa et elle ne rechigna pas au contact. « Je t’ai effectivement manqué. » Sa réponse fut ponctuée par une lueur tendre dans son regard bleu et elle porta les mains de Lexa jusqu’à ses lèvres, pour les embrasser de la même manière ; tandis qu’elle en profitait pour fermer les portes du balcon, s’assurant aucune perte de chaleur.

« Comment s'est passé le voyage?» Les haussa un peu les épaules, Clarke, signifiant que rien de bien exceptionnel ne s’était passé. Depuis la chute de la Montagne, il n’y avait pas de réel risque entre Polis et le Camp Jaha. « Lentement. Teksas a insisté que ce n’était pas sécuritaire de partir juste à deux. » Elle plissa un peu le front devant la prudence dont faisait preuve son garde-du-corps, mais elle n’avait pas débattu là-dessus. Ils avaient eu à de nombreuses reprises cette dispute et elle avait concédé à lui donner un peu de lest sur ce sujet (et quand elle n’était pas dans ses bons jours, elle se contentait de l’ignorer, tout simplement). Puis, elle en vint au sujet qui devait réellement intéresser Lexa, à n’en pas douter. « Ceux de la station Agro ont bien été pris en charge, il leur faudra un peu de temps pour s’habituer, mais au moins sont-ils entourés de visage connus. » Elle embrassa une dernière fois les mains de Lexa, avant de s’échapper de son emprise, expliquant brièvement qu’elle allait se changer.

Clarke n’avait rien contre l’odeur de cheval et la crasse qui la recouvrait légèrement. Mais le fait d’être dans la tour de Polis offrait quelques avantages dont Clarke ne se plaindrait jamais. Elle enleva son lourd manteau d’hiver et se débarrassa avec aise des vêtements superflus. « Est-ce qu’il y a eu des nouvelles de ceux partis en Shiedgeda ? » Demanda-t-elle finalement, avant de plonger ses mains dans la bassine d’eau, prête à se nettoyer le visage.

A deux reprises ses mots pouvaient sembler vouloir dire quelque chose, la meme chose. Clarke lui avait manqué et c’était une faiblesse peut être que de se l’avouer, mais depuis des jours et des semaines déjà, Le commandeur s’était rendu en face de l’evidence. Clarke était sa faiblesse, et sa force aussi. C’était ainsi. Cette étoile tombée du ciel, skaifaya était une bouée qui la maintenait ici et maintenant, et elle ne la changerait pour rien au monde. L’amour était une force. Il avait fallu du temps. Elle l’avait prit. Elle avait comprit quand Clarke était sous la montagne. Elle l’avait comprit dans leurs étreintes, dans leurs moments plus passionnés, dans leurs echanges plus vifs. Clarke lui apportait beaucoup. Clarke lui apportait beaucoup plus qu’elle ne gagnerait en fuyant ce qu’elle pouvait ressentir. Caresse fut offerte, des mains furent saisies, embrassées, et la commandeur des terriens hocha la tête. « Je t’ai effectivement manqué. » Nul besoin de répliquer, la vérité trônait entre elles dans ce silence d’adhésion.

Il y’eut une question, la réponse ne tarda pas, et Lexa fut rassurée. Quelques mots sur Teksas lui assurèrent qu’elle avait fait le bon choix, et elle fixa quelques instants l’horizon proche et lointain. « Teksas a eu raison. Nous ne savons jamais. » Et puis elle fixa Clarke à nouveau, et son visage s’adoucit. « Je suppose qu’il a eu droit à nombre de remontrances ? » Elle supposait bien, elle en était presque sure, mais les disputes fréquentes entre Clarke et son garde en étaient presque amusantes. Rassurantes. Le sujet finalement prit une tournure plus sérieuse alors que Clarke parlait des membres d’Agro, et les yeux du commandeur alors ne la quittèrent plus. « Les traumatismes qu’ils ont vécus ne s’effaceront pas. Même avec la justice. Mais nous ferons de notre mieux pour qu’ils aient une vie meilleure maintenant. » Ses mots étaient sincères, comme une promesse qu’elle faisait à Clarke, qu’elle faisait à son peuple, ses alliés.

Sa niron bougea, pour aller se changer probablement, et elle hocha la tête, la regardant rentrer vers la chambre, et commençant à la suivre, s’appuyant contre l’encadrure de la porte pour la regarder faire, se débarrasser de ses couches superflues, plonger ses bras dans l’eau. « est ce qu’il y’a eu des nouvelles de ceux partis en Shiedgeda ? « Les épaules du commandeur se raidirent un peu tandis qu’elle poussait un rale de lassitude. « Les derniers messagers nous faisaient état de leur arrivée sans encombre. Le message était bref, sans laisser vraiment d’interpretation. » Et elle était irritée de cette non information Lexa, persuadée que quelque chose se tramait. « Les skaikru echappés ont ils prononcés des noms, décrits des lieux ? » Quelque chose qui pourraient les aider ? Puis doucement elle bougea dans la pièce, pour se rapprocher de Clarke, et attraper le tissus humide. « Laisse moi faire. » Pour avec tendresse le lui appliquer sur le visage, chassant la lassitude du voyage.

Il y eut un mot – ou plusieurs – à propos de Teksas et Clarke se contenta d’opiner de manière joueuse, renarde. Il y avait eu quelques tensions avec son garde-du-corps, après la chute de la montagne. Puis, les éléments s’étaient enchainés les uns après les autres et la rancune avait été oubliée sous l’empressement des évènements. Les vieilles habitudes avaient été retrouvées et même si son Poney se souciait un peu trop de sa sécurité, elle ne pouvait pas lui en vouloir. C’était le travail de Teksas de veiller sur elle, comme c’était son travail de se mettre en danger. « Mais nous ferons de notre mieux pour qu’ils aient une vie meilleure maintenant. » C’était le travail de bourreaux de s’en prendre aux victimes, c’était le travail de Heda de rendre justice. Chacun avait un rôle à jouer, des positions à défendre. C’était un cycle, une loi inéluctable. Clarke aurait tout fait, pour briser ce moule, ces règles qui emprisonnaient le monde. Mais elle les subissait, comme tout le monde. Tous égaux. Ils souffraient, ils saignaient, ils se battaient. Clarke continuerait, toujours, elle ne pourrait s’arrêter. Ca ne faisait pas partie de qui elle était, et avec les alliés qu’elle s’était forgés, peut-être avaient-ils une chance.

La blonde commença à se débarbouiller du long voyage, tandis que Lexa faisait un récapitulatif des évènements. Il y eut une moue sur le visage de Clarke en apprenant qu’aucune avancée n’avait été faite à propos de l’enquête. Mais elle ne pouvait en tenir rigueur à quiconque. Si aux moins ils savaient où chercher, Clarke aurait opté pour la vieille technique d’envoyer des hommes à l’intérieur. Elle se serait même portée volontaire. Mais fallait-il au moins savoir où se trouvaient les ennemis (et elle doutait fortement que certaines personnes se plie à son besoin de faire justice elle-même). « Les skaikru echappés ont ils prononcés des noms, décrits des lieux ? » Elle secoua nerveusement la tête, Clarke, revoyant les réactions paniquées de certains des Agros, quand ils revenaient sur ce qu’il s’était passé dans ces grottes. Tous n’étaient pas doués d’un grand instinct de survie, même s’il fallait reconnaitre le miracle qu’ils aient survécu jusque maintenant. « Non, pour la majorité ils fonctionnaient avec des surnoms. Où qu’ils se soient retrouvés, les ravisseurs avaient de l’expérience dans ce domaine. » Mais de ce qu’elle avait compris Clarke, c’était inné pour ceux du Trigedakru, comme l’était l’art du combat. « Toute information sensible a certainement été dites en ‘slang, ou autre dialecte. »

Il y eut un souffle de frustration qui lui échappa et elle posa ses mains sur les rebords de la bassine d’eau, tentant de faire taire cette colère qu’elle ressentait. L’impuissance était un sentiment auquel Clarke n’était pas habituée, elle l’avait en horreur. L’attente était ce qu’elle détestait le plus, ce malgré les nombreux jours où elle s’était retrouvée dans cette situation. Rien n’y changerait, aucune méditation ou phrase savante. On ne changeait pas fondamentalement une personne, encore moins Clarke. « Laisse moi faire. » Le tissu lui fut pris des mains et elle bougea un peu, pour se positionner en face de Lexa. Elle haussa un sourcil, avant de se laisser faire. C’était agréable, plutôt rare, aussi, puisque généralement Lexa était la dernière à rentrer dans leurs appartements. Mais elle se laissa faire presque sagement. Ses mains se posèrent sur les hanches de sa Fille Sauvage et elle joua distraitement avec les parcelles de peau qui se trouvaient sous les vêtements. Le nettoyage se fit en silence, et finalement, le visage frais, elle se pencha en avant, effleurant les lèvres de sa niron. « Merci. » Toujours frôlant, sans réellement toucher, il y eut une lueur qui passa dans son regard. « Je sais comment te remercier comme il se doit. » Et il y eut un délicieux contact.

Justice serait rendue pour les skaikrus qui s’étaient retrouvées prit dans cette guerre qui peut être ne les concernait même pas, ou qui ne les concernait que trop. Et comme toujours Lexa serait la justice, elle ne serait pas probablement celle qui l’exécuterait, mais celle qui en serait à l’origine. Elle était Heda, et Heda décidait pour le mieux de son peuple, c’était ainsi, toujours cette même chose, toujours le poids de ces responsabilités dont elle ne se détachait finalement jamais – et dont jamais elle ne voudrait se départir malgré la lassitude, la fatigue et les souffrances que celles-ci entrainaient -. C’était ainsi, elle avait été choisie Lexa, et elle ne reculerait jamais devant les responsabilités aussi écrasantes soient elles. Il y’eut d’autres mots qui s’échangèrent, des inquiétudes quant ce que les libérés avaient pu vouloir dire, avaient su dire peut être. Elle voulait savoir, en bon commandeur, parce que ça la rongeait de ne pas savoir, de devoir rester la impuissante dans sa tour aux multiples bougies. « Les ravisseurs avaient de l’expérience dans ce domaine. » Elle poussa un léger soupir Lexa après ça. Ses épaules étaient douloureuses de trop porter. « Nos peuples sortent d’un siècle de guerre, l’expérience des tortures et des emprisonnement fait malheureusement parti de nombre d’apprentissage. » Ca ne leur disait rien sur le clan en question, mais elle était sure d’une chose Lexa, elle pouvait écarter les demodrakhos, il y’aurait eu des morsures, des souvenirs de désert. Il y’aurait eu autre chose oui. Ca n’avait pas été le cas. Mis à part ça, elle ne savait toujours pas, et le simple fait de ne pas sa voir la rendait presque folle. Ils trouveraient. Elle devait y croire.

Il y’eut un mouvement, ce soupir frustré que Clarke partageait avec elle. Elle ne comprenait que trop. Elle bougea alors, se rapprochant de sa niron pour prendre soin d’elle, pour trouver un eden au milieu de cette tourmente. Un havre qui serait leur. Maintenant. Le nettoyage eut lieu, méticuleux et tendre, sous les mains expertes et habiles de la commandeur de tout qui ne commandait rien ce soir. Remerciement vin. Et elle esquissa un très leger sourire a ces lèvres qui se rapprochaient des siennes sans franchir les limites du contact. « Je sais comment te remercier comme il se doit. » Et le contact fut tendre. Elle s’y abandonna quelques instants Lexa, dans la douceur de leur étreinte qui lui avait tant manqué ces quelques derniers jours, sans qu’elle n’ose réellement l’avouer, ni même se l’avouer à elle.

Sa tête posée contre l’épaule de sa niron, elle glissa ses doigts le long de son flanc. « Un jour Clarke, je te montrerais ce que c’est que la Paix sur cette Terre. Et nous visiterons enfin les clans comme il se doit. » C’était une promesse dans le tendre d’après douceur, et ses doigts parcouraient l’etendue de ce corps pale et malgré tout marqué un peu par la terre. « J’aimerais t’emmener a Sérön, je suis sure que nous pourrions voguer sur le Kraken. » Et quoi de mieux qu’offrir la mer à celle qui venait du ciel ? Lui offrir la terre peut être ?

C’était tellement plus compliqué, de catégoriser quelqu’un de bon ou de mauvais. Il y avait des raisons, des contextes, des justifications, des remords, des obligations. Clarke ne pouvait pas jugé, car elle avait commis le pire également. Tout ce qui était reprochés à ces ennemis invisibles, les Cent les avaient commis, d’une manière ou d’une autre. Elle ne les voyait pas comme des monstres, ni des diables. Ces ennemis – pour le moment – sans visages n’étaient que des individus qui tentaient de protéger ce qui était leur, de défendre. Etaient-ils là pour juger le sadisme, le débordement, le non-respect des règles et des trêves ? Quelqu’un avait manqué à la loi imposé par Heda, des répercutions auraient lieux. Et ça serait vif dans la mémoire, jusqu’à ce que ça ne le soit plus et que d’autres se servent de la violence pour arriver à leurs fins. Comme Lexa qui avait mobilisé une armée pour défaire ceux tombés du ciel, Clarke qui avait tué Finn à défaut d’une autre solution, Gustus qui avait été puni pour avoir défendu ce en quoi il croyait. Ils étaient capables du pire, comme du meilleur. Ils étaient capable de tuer des dizaines, puis de retourner à dans leurs familles, chez leur aimés.

Bien sûr, rien de tout ceci ne traversa l’esprit de Clarke dans les échanges de plaisir avec sa niron. C’était un exutoire bienvenu et elle profita de retrouvailles plus intimes, de la chaleur de Lexa sous elle, de feulements et murmures en trigedasleng. La violence dont chacun était capable était oubliée, ne laissant que la délicatesse des gestes, des rêves. « Un jour Clarke, je te montrerais ce que c’est que la Paix sur cette Terre. Et nous visiterons enfin les clans comme il se doit. » Il y eut un mince sourire, et Clarke frissonna encore des doigts aventuriers sur sa peau. Elle jouait avec les longues tresses brunes, les yeux fermés, savourant tout simplement. « Nous visiterons les clans alors, d’une paix à l’autre. » Ou d’une guerre à l’autre. Sa main libre se lia à celle de Lexa, prodiguant des caresses sur le creux de la paume de la Fille Sauvage. « J’aimerais t’emmener à Sérön, je suis sure que nous pourrions voguer sur le Kraken. » Elle huma son approbation légèrement, s’imaginant à tort des navires datant de l’époque de la piraterie, l’embrun marin (bien qu’elle n’eut jamais l’occasion de le sentir), la force du vent. « C’est le navire de Neith, c’est ça ? » Le nom, elle l’avait déjà entendu, bien qu’elle se doutait qu’il n’y avait aucune ressemblance avec la créature mythologique. Il y eut une longue inspiration, ses doigts finalement courant un peu plus librement sur le dos tatoué.

Il y eut une brève accalmie et tout était parfaitement limpide pour Clarke. Qu’importe qu’ils fassent la guerre, qu’ils torturent, qu’ils tuent. Elles étaient semblables, il y avait les mêmes motivations. Et ce point, trois centimètres sous son cœur, s’acharna à nouveau, fier et fort. « Tu sais… » Son index releva le visage de Lexa, détaillant ses yeux de loup. Il y avait un nouveau sourire, rayonnant, de la part de Clarke. Et elle embrasse la brune, là, juste au coin de l’œil. Et elle murmura, secret du monde. « Tu m’as déjà tant montré. » Elle l’embrassa à nouveau, ne résistant pas cette fois-ci à faire glisser un peu ses dents sur cette mâchoire. « J’en envie de continuer à voir avec toi. » Tranquillement, avec une force contrôlée, elle retourna Lexa, se retrouvant au-dessus d’elle. La cascade de cheveux blonds tombait sur son amante, ses doigts voyageant sur les traits du visage de Lexa. Son sourire ne la quittait pas, elle continua de la regarder dans ce silence si précieux. « Ai hod yu in, et tu me donnes tellement de force. » Et elle l’embrassa.

C’était un jeu dangereux auquel elles s’adonnaient toutes les deux. C’était une succession d’etreintes aux quelles elles n’auraient pas du se soumettre mais aux quelles elles s’offraient tout de même. Et elle le savait Lexa, c’était dangereux cet abandon, cet oubli. Parce que c’était ainsi, elle oubliait le monde dans les bras de sa niron, et elle s’oubliait aussi. Elle oubliait les soucis, les traitres, l’espace de quelques minutes qui pesaient dans la cruelle balance de Chronos. Elle oubliait voilà tout, et elle n’aurait pas du. Toujours alerte. Elle devait être toujours alerte. Elle devait être prête à tout. Et le visage de Titus aurait pu se graver derrière ses paupières si elle avait laissée ces pensées la parasiter. Elles ne le firent pas. Il y’eut un exutoire qu’elle accueilli avec plaisir, et la tendresse prit le pas sur l’inquiétude et le plaisir. Il y’eut des promesses, des envies d’un futur, d’une future paix aussi à la quelle Lexa aspirait tant. Il y’eut des tendresses aussi, et les yeux fermés la commandeur de tous se reposait un peu des affres de la guerre. « D’une paix à l’autre. » Sha. Elle acquiessa tout doucement, et poussa un soupir de satisfaction, en glissant ses doigts sur une hanche de sa fille du ciel. Elle parla du Kraken aussi, ce bateau fascinant qui l’avait tant aidé dans les guerres de la coalition. « C’est le navire de Neith , c’est ça ? » Aurait elle était quelqu’un d’autre elle se serait permit la plaisanterie de répondre que c’était Neith également, mais elle n’était pas quelqu’un d’autre, elle était Lexa, un peu coincée, un peu trop engoncée. « Exactement. » Elle eut un très leger sourire. « C’est un vieux navire de la navy, d’avant praimfaya, mais de bien avant encore aussi. Il faut le voir pour le croire je suppose. » Et elle se blottit davantage, laissant ses lèvres déposer un doux baiser sur la clavicule de la blonde. « Les bateaux du sikru sont un avantage indéniable à la vie sur Terre. » Et ils seraient un moyen de séduction peut être. Elle poussa un nouveau petit soupir heureux, quand les doigts se mirent à courir dans son dos.

Il y’eut un moment de silence. Un moment où les yeux gris de loup de la fille sauvage se perdirent dans les yeux plus clairs de Clarke, sa niron, sa compagne. Il y’eut un moment oui, où elle hésita un peu à briser le calme de quelques paroles qui n’étaient pas nécessaires. Puis ce fut Clarke qui accentua le moment de quelques mots. Un doigt sur son visage releva son regard et elle se surprit à sourire presque Lexa. Il y’eut un baiser. Un autre encore. « J’ai envie de continuer à voir avec toi. » Et c’était l’émotion d’une douce chaleur, la révélation d’une tendresse, d’une force qui en resterait une. C’était un pincement dans le cœur de Lexa qui se mit à battre plus vite après ça. C’était un aveu qui n’en était pas vraiment un. Elle se laissa faire, laissa la blonde dominer leur étreinte et ses mains glissèrent vers le creux de ses reins `qu’elle caressa tendrement. Puis brisant le silence vinrent quelques mots de plus. « Ai hod yu in, et tu me donnes tellement de force. » Ses yeux se fermèrent le temps du baiser, tendre, mais plus fougueux, passioné, chargé de ces sentiments qu’elle ne savait pas vraiment évoquer. « Hodness laik yuj. Yu laik ai yuj. » Tu es ma force. Maintenant c’était le cas, elle pouvait le dire sans mentir, et ses lèvres trouvèrent à nouveau celles de la blonde, tandis que ses doigts vagabondaient sur toutes les courbes de son corps, déterminée à lui montrer par ses gestes cette tendresse profonde qu’elle ressentait en elle. « Ai hod yu in. » Elle aussi, elle l’avait dans son cœur. Et rien plus jamais ne changerait ça si ce n’était la mort qui dans ce monde arrivait souvent bien plus tot que prévu.