[Flashback] Un nouveau né | Imladris

C'était il y a 10 ans. C'était lorsque Narwain était encore prêt de toi, t'emmenant avec lui lors de ses voyages diplomatiques, t'entraînant avec patience au maniement de l'épée et de l'arc. Ainsi, il y déjà quelques jours, tu étais parti avec lui à cheval en direction de la capitale du Trikru. La coalition n'avait pas encore été mise en place, et les discussions que ton Chef tentait d'organiser pour faire naître une paix et faire cesser les guerres te semblaient importantes, cruciales à faire perdurer. Alors, vous vous étiez mis en route vers polis, et là-bas, tes yeux bleus ne cessèrent de balayer l'environnement dans lequel tu te trouvais. La tour était immense, et ton regard luisait d'éblouissement face à toute la splendeur de la ville. Tu voulais que ton grand-frère voit ça, mais il était resté à Grima aux côtés de ton père et ne pouvait donc admirer ce que tu observais. Néanmoins, tu étais décidé à tout lui raconter à ton retour, souhaitant que son imagination voyage autant que toi tu avais voyagé. Ainsi, le sourire aux lèvres face à cette merveilleuse ville, tu décida de te balader un jour dans les innombrables ruelles, observant avec curiosité les différents habitats, les marchands et tout ce qui rendait la capitale vivante. Les jours avaient passés, les discussions étaient amenées chaque jour durant quelques instants, et le reste de la journée, vous aviez le champ libre malgré les guerriers qui avaient pour ordre de vous surveiller. Enfin, ça, tu le devinais, car beaucoup de regards étaient posés sur Narwain et toi comme des prédateurs guettant leur proie.


Pourtant, en continuant ta promenade tandis que ton chef était ailleurs, tu regarda avec envie la lisière de la forêt dans laquelle tu étais attiré, décidant finalement d'y rentrer, la brise légère te caressant les cheveux alors que tes pas t'enfonçaient encore un peu plus dans ces bois, aucun garde ne te barrant la route. Ta main était posée sur le pommeau de ton épée au cas où des loups ou autres animaux surgiraient, mais ton cœur battait calmement, comme si la forêt envahissait ton organe vital d'une douceur apaisante. Néanmoins, tout cela ne dura que peu de temps, car des sons paniqués vinrent titiller tes tympans. A cet instant, tu t'arrêta quelques secondes, tentant de chercher dans quelle direction la voix provenait. C'était une voix féminine, qui semblait en très mauvaise posture. Et du haut de tes 18 ans, tu te sentais capable de venir à son secours et de l'aider de quoique ce soit, souhaitant prouver d'une manière ou d'une autre à ton père que tu étais fort, toi aussi, et que tu avais ta place auprès des guerriers et de ton mentor. « J'arrive ! » cria-tu d'une voix forte, avant de te remettre vite en marche, commençant même à trottiner vers le son qui se répétait régulièrement, ton rythme cardiaque s'accélérant au fur et à mesure que tu te rapprochais. Et tes yeux bleus finirent par apercevoir une femme aux longs cheveux de jais, soutenant le bas de son ventre, son visage dévoilant la douleur qui la prenait. Et sans hésitation, tu vins à elle, lâchant le pommeau de ton arme avant de venir la soutenir, passant son bras autour de ta nuque, le tenant d'une main, avant de passer ton autre bras autour de sa taille. « Je suis là ! Je vais vous aider, n'ayez crainte. » dis-tu en la regardant avec assurance, d'une voix qui se voulait calme et rassurante. Puis ton regard s'abaissa vers son ventre imposant, et tu compris tout de suite qu'il était urgent de l'emmener au plus au camp. « Tout va bien se passer. Quel est votre nom ? » demanda-tu, tentant de calmer la jeune femme du mieux que tu pouvais commencer à le faire. Et tu espérais que ni le bébé, ni l'inconnue ne soient en danger.

Tu avais entendu les cris répétitifs d'une femme, et ni une, ni deux, tu avais tenté de la chercher, tes pas te guidant vers les sons que tu percevais de plus en plus fort au fur et à mesure de ton avancée dans la forêt. Et ta voix raisonnant pour lui dire que tu étais là, que tu allais l'aider, tu écouta avec attention les bruits, essayant tant bien que mal de trouver la direction exacte. Puis, tu finis par arriver, tes yeux bleus observant une femme qui semblait mal en point, et tu accourus vite vers elle, la soutenant avant de lui demander son nom, d'une voix qui tentait d'apaiser l'inconnue qui avait totalement raison d'être paniquée, ton regard assuré égaré sur elle avec espoir de l'apaiser d'une certaine manière. Malgré ton jeune âge, tu avais compris qu'elle allait bientôt accoucher et il fallait l'emmener au plus vite à la  capitale. Et lorsqu'elle te remercia, tu secoua la tête de gauche à droite, avant de commencer à marcher à ses côtés, ton attention porté sur le bébé qui logeait dans son ventre ainsi que sur l'état de la femme. « Vous n'avez pas à me remercier, Sarnath. Je fais ce que tout le monde aurait fais en vous voyant dans un tel état. » dis-tu simplement, d'une voix calme malgré le fait que ton cœur battait de façon irrégulière, espérant que ni le bébé, ni la mère ne soit dans un état grave. Le poids de la demoiselle aux cheveux de jais était dupliqué par celui du futur nouveau-né, mais tu ne fléchissais pas. Ton mentor t'avait endurci. Ton mentor avait fais de toi un homme assez fort pour que l'espoir que ton père reconnaisse enfin ta valeur vive encore. Et en aidant cette femme, en la portant vers polis, tu avais hâte de conter tout cela à ton grand-frère, et par la même occasion à ton géniteur, dont tu attendais un retour digne de tout l'amour que tu lui portais malgré tout.


Mais, soit, pour le moment, c'était la santé de cette inconnue et de son enfant qui comptaient le plus, et ta volonté de les sauver tous les deux ne te quittait pas, ton pas essayant de se presser davantage suite aux paroles de la femme du Skjeran, qui t'inquiétèrent un peu plus. Si les eaux tombaient, cela voudrait dire que le bébé qu'elle portait depuis neuf mois déjà sortirait dans les instants d'après, et avant que cela arrive, il fallait impérativement que vous arriviez jusqu'à la capitale pour que les guérisseurs s'occupent d'elle. Ainsi, tu acquiesça à ses paroles, tes beaux yeux fixés devant toi afin de voir le chemin du retour et apercevoir au plus vite la grande ville. Puis elle te demanda ton  nom à ton tour, et doucement, ton visage s'égara sur elle, un léger sourire se dessinant sur tes lèvres, comme pour lui apporter un peu de soutien face à cette épreuve douloureuse et lui montrer que tu ne la lâcherais pas avant que tout ne soit arrangé. Malgré ton jeune âge, tu étais cet homme bienveillant et prêt à aider en cas de danger. C'était une qualité que Narwain avait souvent mentionné à ton égard, mais une chose que jamais ton paternel ne t'avait dis. Mais surtout, c'était une qualité que tu avais toujours porté en toi et que tu ne voudrais jamais retiré. Ainsi, ton attention toujours porté sur Sarnath, tu pris de nouveau la parole d'une voix calme, légèrement coupée par le poids qui te faisait soufflé quelques fois un peu. Tu n'étais pas encore aussi musclé que tu le serais bientôt, et le bébé faisait son poids. « Mon nom est Imladrïs. Je viens du Romadakru. Et vous, d'où venez-vous ? » demanda-tu avant de tourner la tête et d'apercevoir l'entrée de polis. « A l'aide ! Nous avons besoin d'aide ! Cette femme est enceinte et va bientôt mettre son enfant au monde ! » t'écria tu de vive voix, ton regard balayant l'environnement vers lequel tu marchais au fur et à mesure, espérant que Sarnath soit rapidement prise en charge. « Je ne vous lâcherais pas, Sarnath. » lui dis-tu ensuite, en resserrant un peu plus ta main sur son bras comme pour appuyer tes mots. Non, tu ne l'abandonnerais pas dans un moment aussi crucial, et par la suite, tu espérais faire davantage connaissance avec elle. Après tout, tu venais de la rencontrer dans la forêt, seule, avec un bébé pratiquement prêt à sortir.

Tu soutenais désormais Sarnath de tes bras d'adolescent qui n'étaient pas encore des plus musclés, et tes yeux bleus observaient tantôt la dame et son enfant enfermé dans son ventre, tantôt le chemin qui se traçait devant vous. La capitale était heureusement non loin de l'endroit où tu avais découvert la solitaire, et c'est d'un pas qui se voulait pressé que tu marchais aux côtés de la mère dont ses remerciements n'avaient pas lieu d'être étant donné qu'à tes yeux, tout le monde se serait porté volontaire pour aider une femme en mauvais point comme elle. Pourtant, cela ne semblait pas être de l'avis de la prophétesse, dont les paroles firent serrer ta mâchoire. Tu ne comprenais pas et ne comprendrait sans doute jamais comment ce genre de barbares pouvait s'en prendre à des femmes attendant un bébé, tuant leur progéniture en leur ouvrant le ventre. A vrai dire, ces gens là étaient l'exact opposé de ce que tu étais toi. Toi, tu étais bienveillant, prêt à aider les autres comme tu venais de le prouver avec elle. Ainsi, à ces mots, continuant de marcher à ses côtés, ta voix calme tentant de l'apaiser raisonna de nouveau au milieu de ces bois du trikru. « Quelle chance que je sois tombé sur vous, dans ce cas. Je ne croirais jamais quelqu'un capable de telle chose... » dis-tu en la soutenant toujours comme tu le pouvais. Non, tu étais bien trop humain, Imladrïs, pour pouvoir t'imaginer commettre un tel acte.


Puis, quelques instants de marche après, tu lui donna ton identité et le nom du Clan que tu dirigerais à la mort de Narwain, avant de lui demander de quel Clan elle venait à son tour, ton sourire ne quittant pas ton visage égaré sur elle, faisant attention à la moindre alerte venant du bébé que tu avais envie de ramener en sûreté comme sa mère au sein du peuple des bois. Tu ne connaissais le Skjeran que de nom, mais jamais tu n'y avais été avec ton mentor qui considérait ces terres comme dangereuses, et tu acquiesça ainsi d'un hochement de tête, ne trouvant pas de quelconque danger en cette femme enceinte, ta curiosité voulant s'exprimer, car tu avais toujours eu soif de connaissance concernant la culture des autres peuples. Cependant, l'heure n'était pas encore dédiée à la discussion, et ton regard attentif tourné à nouveau devant toi finit par apercevoir l'immense capitale, ta voix portant vers les personnes les plus proches qui s'y trouvaient afin de les alerter de la situation. Mais alors que tu venais de demander de l'aide, ton sourire disparut lorsque tu entendis Sarnath, te stoppant comme elle te le demandait, fronçant les sourcils en voyant la femme grimacer de douleur, te tenant fermement face à elle pour l'aider à surmonter tout ça. Et tes mains posées sur elle glissèrent sur ses hanches. Tu ne savais pas vraiment quoi faire dans cette situation que tu n'avais jamais rencontré, mais avec tes mains posées à cet endroit, tu espérais la soulager un peu. « Ne vous en faites pas, Sarnath. Tout va bien se passer, je ne vous lâcherais pas. » dis-tu en répétant les mots que tu venais de prononcer quelques instants avant. Ta voix, toujours apaisé malgré ton cœur battant à vive allure à l'intérieur de toi, tentait de la calmer, encore et toujours. C'était tout ce que tu pouvais faire pour l'instant, et tu espérais que cette inconnue et son bébé ne soient pas en danger.


Pourtant, tout s'accéléra d'un coup et tu vis la panique prendre le cœur de Sarnath, ta mâchoire se serrant. Il fallait faire vite, avant que la situation ne devienne compliquée. Mais enfin, ton appel fut entendu et deux hommes arrivèrent vers la femme et toi, l'un la prenant en charge, l'autre te tendant une gourde d'eau que tu observa un instant de tes yeux bleus, sans pour autant la boire, ton attention portée vers la femme du Skjeran t'éloignant de l'envie de boire quoique ce soit. « Je reste avec vous, Sarnath. » dis-tu d'une voix assuré, un sourire en coin se dessinant sur tes lèvres comme pour la rassurer. Et tu suivis d'un pas pressé les deux hommes, ton regard luisant d'inquiétude, avant que tu n'entendes le duo te demander d'attendre devant l'entrée d'une hutte, te disant qu'une sage femme et un guérisseur s'y trouvaient. Néanmoins, malgré ces mots, tu n'étais pas vraiment rassuré. N'y avait-il aucun guérisseur dans la capitale qui puisse prendre Sarnath en charge plutôt que de l'emmener dans un endroit éloigné de la grande ville ? Etait-ce un piège ? Tu ne savais pas pourquoi, mais tu étais tout de même méfiant et l'une de tes mains se porta sur le pommeau de ton épée alors que tu patientais devant la hutte, prêt à bondir à l'intérieur si jamais les deux hommes étaient en fait des malfaiteurs, ton sourire fanant. Et tu attendis. Tu attendis jusqu'à espérer entendre les pleurs d'un nouveau né et voir la femme du Nord vivante. Et le travail commença. Tu entendais les gémissements de Sarnath. Tu entendais la douleur qui la prenait, et la pluie commença à tomber alors que le bébé poussa son premier cri, ton sourire reprenant vie sur ton visage où coulait les gouttes d'eau. Il était né, son bébé, et tu étais content pour elle malgré le fait que vous ne vous connaissiez pas, te demandant quelle avait été la réaction de ta mère en te voyant, avant de succomber à l'accouchement. A cet instant, ton cœur se serra. Tu espérais au moins que Sarnath, elle, ait survécu. Parce qu'à tes yeux, maintenant que ton père te haïssait, l'absence d'une mère était une énorme source de chagrin. « puis-je entrer ? » demanda-tu ensuite, t'approchant doucement de l'entrée sans pour autant entrer, ton emprise sur l'épée se libérant un peu. Tu attendais d'avoir l'autorisation.

Tu étais resté un bon moment dehors, entendant les cris de Sarnath qui se trouvait dans la hutte et en plein travail pour accoucher de ce bébé qui avait fini sa gestation. C'était des cris de douleurs, et tu espérais que tout se déroule bien et qu'aucun accident ne survienne comme celui que tu avais vécu lors de ta naissance, ces tristes pensées t'envahissant un instant l'esprit. Tu n'avais jamais eu l'occasion de connaître cette femme qui t'avait mis avec souffrance au monde. Tu n'avais jamais pu observer de tes yeux bleus le visage de ta génitrice, et tu n'avais pas pu entendre sa voix qui avait bercé ton frère lorsqu'il était né. Elle ne continuait à vivre qu'à travers les récits d'Olorïn et les reproches quotidiens de ton père qui aurait peut-être préféré que tu sois mort plutôt que sa femme qui y avait laissé la vie. Mais tu n'y pouvais rien et subissais le couroux du forgeron, toujours blessé un peu plus par ses mots qui poignardaient ton cœur. Tu étais innocent mais coupable aux yeux de Telemnar qui n'en avait rien à faire de la personne que tu étais, toi, la chair de leur chair à lui et à sa bien aimée décédée. Seul Olorïn comptait pour lui, et c'était une réalité qui t'attristait et t'attristerait toujours. Néanmoins, tu secoua légèrement la tête pour évacuer toutes ces sombres pensées, ton visage légèrement froncé s'illuminant un peu plus alors que le soigneur de la hutte sortit de celle-ci et t'annonça que le travail était fini.



Le bébé était né, mais la femme aux cheveux sombres s'était écroulée de fatigue sous tout le travail qu'elle avait fourni. Tu l'avais bien compris et entendu, et la hutte finit par se retrouver uniquement habitée par Sarnath, son fils et toi, qui venais de prendre le bébé dans tes bras. Tu n'avais que 18 ans, et tu n'avais jamais eu à tenir un nouveau né contre ton torse. De tes yeux bleus dévoilant une certaine curiosité et une douceur qui te caractérisait, tu observais le fils en bonne santé, ton cœur apaisé de voir que ce carnage que tu avais engendré avec la mort de ta mère ne serait pas le cas de ce petit être dont les poumons s'imprégnaient d'air pour la première fois. Et c'était une bonne chose, un sourire rassuré se dessinant sur tes lèvres, remerciant intérieurement le soigneur et les autres qui y avaient participé, ta méfiance du début n'étant plus qu'un vaste souvenir. Tu t'assis donc sur un tabouret de bois et observais quelques fois Sarnath, veillant silencieusement sur les deux, avant que ton attention ne reste fixée sur le bébé qui te regardait avec une pureté déstabilisante. Mais bientôt, ce contact visuel fut brisé lorsque tu entendis la voix de cette femme qui avait été quelques instants plus tôt enceinte, ton visage adolescent s'élevant vers elle. « Ne me remerciez pas, Sarnath. » dis-tu d'abord d'une voix calme, ton sourire toujours dessiné sur tes lèvres, ne relevant pas le fait qu'elle avait dis « il » puisque tu comprenais par là qu'elle le nommait comme « le bébé » et non son fils, un garçon. Tes yeux bleus observaient la Skjeran qui souriait faiblement. « Une heure a passé je suppose. Comment vous sentez-vous ? » demanda-tu sur un ton attentionné, tenant toujours le bébé entre tes bras encore peu musclé. Maintenant que le bébé allait bien, c'était désormais au tour de Sarnath de se rétablir.