« Run girl, run. » Bäldr [flashback]

C'était une situation. Une situation, qu'elle avait eu l'audace de penser sous contrôle. Elle ignorait encore, où les choses avaient dérapé. Elle ignorait encore, comment cette simple excursion de reconnaissance, avait pu tourner au cauchemar. La nuit était tombée depuis quelques heures maintenant. La nuit était tombée, mais pourtant, Rose ne pouvait rejoindre le camp. Cette blessure qui lui tiraillait la jambe l'empêchait tout simplement de mettre un pas devant l'autre, n'ayant jamais subi pareille souffrance corporelle. Mais pourtant elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait tout bonnement pas, rester assise ici, à attendre que cet animal vienne finir son travail. Cet animal, que Rose ne saurait même pas décrire, tant la pénombre demeurait ennemie dans cette forêt. Un animal, qui avait pourtant fait son travail, l'ayant eu de la plus vicieuse des manières.
Rose se rendit soudainement compte. Elle se rendit compte, qu'elle avait beaucoup trop idéalisé ce monde. Ce monde, visiblement trop hostile pour elle. Il n'y avait aucune chance, pour que l'un des cents la retrouve ici, beaucoup trop loin, et ne connaissant point la forêt sur le bout des doigts. Que lui avait-il pris, de s'éloigner de la zone à ce point ? C'était la première fois, que la jeune femme regrettait d'avoir été imprudente. La première fois, parce-qu'elle savait qu'à présent, elle ne pourrait tout bonnement pas s'en sortir toute seule. Rose regardait autour d'elle, telle une bête apeurée du moindre mouvement, telle un rat, qui savait qu'il était fait. Rose tenait son arme fermement, prête à s'en servir, bien qu'elle sache pertinemment qu'elle ne saurait point l'utiliser.
Peut-être que dans l'adrénaline, Rose serait moins maladroite. Peut-être. Elle pouvait toujours rêver, tout du moins. Le rêve. La seule chose que personne ne pourra lui enlever. Doux paradoxe, lorsqu'on savait qu'elle avait perdu tout ce en quoi elle avait toujours cru.

Rose finit par prendre son courage à deux mains, et tenta de relever son pantalon, afin de voir l'étendu des dégâts. Cette progression le long de sa jambe fut un véritable enfer, et elle dut serrer les dents à plusieurs reprises pour s'empêcher de hurler. Elle faillit étouffer un cri d'horreur, en apercevant sa blessure. Du sang qui coulait d'une énorme griffure vagabondait le long de sa jambe, en continu. Rose se décida à enlever sa veste, et bien que cela allait probablement lui faire un mal de chien, elle se décida à faire un point de compression sur sa plaie. Lorsqu'elle serra la veste autour de sa jambe, Rose ne put s'empêcher d'échapper une larme, tant la douleur était insurmontable. Insurmontable, mais l’hémorragie avait au moins cessé. Rose posa sa tête contre l'arbre, fatiguée, et se risqua à fermer les yeux un instant, complètement affaiblie. Mais elle n'eut à peine le temps de souffler, de profiter de ce silence, pourtant point reposant. Elle n'en eu point le temps, qu'un bruit sourd vint se faire entendre. Ses yeux se rouvrirent instantanément, pointant son arme dans le vide, prête à appuyer sur la gâchette. « Qui est là ? » Rose essayait. Elle essayait d'adopter un ton assuré, mais son expression demeurait toute autre. Elle avait peur, et chaque tremblement de sa voix la trahissait.
Les pas se rapprochèrent. Ils se rapprochèrent dangereusement, et Rose se sentit perdre courage peu à peu.
Lorsqu'elle aperçut une silhouette, elle espéra un instant à une personne bienveillante, qui allait la ramener jusqu'au camp ; ce n'était pas le cas. Un Terrien. C'était un Terrien. Elle allait mourir. Elle allait mourir, car de toute évidence, elle ne ferait pas le poids face à cette carrure. Rose pointait son fusil sur lui, sachant pertinemment qu'elle n'oserait jamais tirer. Ses mains tremblaient, et n'importe-qui pourrait lire dans son regard, qu'elle était terrorisée. « Je n'ai aucune envie de faire ça. Allez vous-en, c'est ce qu'il vous reste de mieux à faire. » Lâcha-t-elle, miroitant l'assurance. Peut-être allait-il s'en aller, sans demander son reste. Ou peut-être allait-il l'achever, comme il devait l'avoir fait, avec tant d'autres.

Sortir du territoire souterrain pour aller chasser n’etait pas une occupation qui lui plaisait outre mesure, mais aux yeux de presque tous c’était bien pour ça qu’il était la. Dans la gigantesque forêt sa claymore sur le dos et une dague à portée de main. La réalité était toute autre, si il était loin de Luray et de ses occupations de maitre d’arme c’était sur ordre de Gremor qui voyait probablement en lui l’un des derniers hommes à qui il pouvait faire confiance. Il fallait enquêter sur les skaikru qui venaient d’atterir, et contre qui les trigeda s’étaient mit en guerre immédiate. Beaucoup de villages et de clans étaient d’ailleurs concernés depuis que Klin avait explosé sous leurs armes terrifiantes. Les lumières, le feu, les choses étranges qui tombaient du ciel et brulaient tout sur leur passage. Il avait tout vu.  Il avait vu le désespoir dans les yeux de ses amis, et des shiegeda revenir brulés après le passage de la chose. C’était horrible. Il savait que les autres villages détruits venaient des trigedakru et il savait aussi que le commandeur faisait un immense appel aux armes. Mais Gremor voulait tout voir par lui. Gremor voulait qu’il enquete et il enquêterait. Alors il avait laissé Freya à Luray, avait saisi sa plus fidèle arme et s’était mit en route.

Des bruits retentirent, il était aux aguets, et on pouvait voir que même si la chasse n’était pas forcement son fort, il était tout a fait capable de se défendre contre une bête sauvage. Un grognement. Des mouvements. Il suivit une trace et a défaut d’un monstre, il aperçu finalement une fille. Elle avait des vêtements étranges, moins pratiques que les cuirs et tissus qu’il portait, et ses cheveux étaient trop clairs et un peu trop propres pour qu’elle ne vienne d’un clan. Appuyée contre un arbre elle saignait énormément de la jambe, et tremblait presque en le menaçant d’une de ces grosses armes à feu qui faisaient bruit et causaient désespoir.   « Je n'ai aucune envie de faire ça. Allez vous-en, c'est ce qu'il vous reste de mieux à faire. »  Il sourit presque, sortant finalement des broussailles pour se montrer à elle, le visage curieux, l’air … impassible en vrai. Elle devait avoir l’age de sa sœur. Il ne fallait pas qu’il pense à ça.

«  Tu ne tirera pas. » Finalement c’était presque un rictus amusé qui s’étira sur ses lèvres, et l’homme – viril – se rapprocha de la fille. «  Pose ça. Je ne te veux pas de mal. Pas pour le moment du moins. » La curiosité, et aussi peut être le simple fait que ce soit la , la première fille du ciel qu’il rencontre, le rendait un peu moins agressif qu’il n’aurait du l’être. «  Qu’est ce qui t’as attaqué ? Qui es tu ? » Tant de questions qu’il assenait à la jeune fille comme si elle était tenue de lui répondre.  Hmm, en tout cas une chose était sure, elle ne lui faisait pas spécialement peur, mais il savait qu’il fallait se méfier, les skaikru étaient armés de choses étranges et presque magiques comme les gens de la montagne, et ce n’était pas des armes contre les quelles il avait envie de se battre. Des armes de lache.

Peut-être l'avait-il déjà cerné, en un regard. Car il semblait avoir compris. Il semblait avoir compris, qu'elle ne demeurait qu'une pauvre lopette. Bien évidemment, que Rose n'allait pas tirer, elle en serait tout bonnement incapable. Mais peut-être, qu'elle allait y être obligée. Peut-être, qu'il ne lui en laisserait pas le choix. Ces hommes semblaient les mépriser. Les détester, sans qu'elle n'en connaisse la raison. Dans le fond, elle n'avait aucune envie de le savoir, ne voulant point comprendre leur instinct primitif. Ils se sentaient sûrement menacé, et voulaient tout simplement défendre leur territoire. Rose pensa aux guerres d'autrefois. Ces guerres qui avaient décimé cette planète. Les anciens hommes brillaient de stupidité, et visiblement, ceux d'aujourd'hui ne semblaient point échapper à cette règle. Ils étaient sur le point de commettre les mêmes erreurs, toujours la haine dans le sang. « Vous avez raison, sauf si vous m'y contraignez. » Répondit-elle, légèrement vexée par l'assurance qu'il dégageait en ses propos. Non mais quel connard ! Ne put-elle s'empêcher de penser. Ce n'était pas comme si elle s'était attendue à une visite de courtoisie, car elle-même savait pertinemment ce qui allait se passer, si elle relevait. Elle se contentait simplement de le regarder droit dans les yeux, son arme toujours pointer sur lui. Visiblement, il semblait s'amuser de la situation, comme s'il jouissait de l'impact qu'il avait sur elle. Un impact qui n'était nourri que par la peur. Peur, qu'elle essayait tant bien que mal de dissimuler. Ces hommes n'avaient point de loi, et pour dire vrai, Rose ne savait point à quoi s'attendre de celui-ci.

« Pour le moment ? Quel altruisme ! Franchement, merci beaucoup. » Ne put-elle s'empêcher de railler, sachant pertinemment que cela n'était pas l'une de ses plus brillantes idées. D'ailleurs, des idées brillantes, elle n'en n'avait jamais vraiment eu. Il finit par l'assener de questions, et Rose ne put s'empêcher de froncer les sourcils. En quoi cela pourrait-il l'intéresser ? Visiblement, cet homme ne semblait point comprendre quelle demeurait sa mission. Sans réellement s'en rendre compte, probablement dans un élan de résignation, la jeune femme finit par baisser son arme, ne baissant point la garde pour autant. « Je n'en sais rien, j'étais trop occupée à courir. » Lâcha-t-elle, cynique. Elle qui transpirait à l'habitude de joie de vivre, elle semblait avoir été aspirée par le mal de chien que lui provoquait sa jambe. Un mal qui allait se faire de plus en plus oppressant, car elle doutait que cet homme serait de bonne grâce avec elle. Peut-être qu'il aurait pitié, et qu'il ferait que sa mort soit des plus rapides.
Rose soupira, avant de répondre en haussant les épaules. « Je m'appelle Rose-Marley, et je me suis visiblement trop éloignée de mon camp. » Sa voix était neutre, comme si elle se fichait de ce qu'il pouvait lui arriver désormais. Rose eut l'audace de le détailler, pendant quelques instants. Elle eut l'audace de mettre de véritables traits, sur ce visage qui lui était inconnu. Un homme, tout simplement. Un homme, parmi tant d'autre, qui avait rejoint le côté obscur. Un homme qui aurait probablement réussi à se fondre dans la masse, sur l'arche, bien que sa carrure soit des plus imposantes. Ce qui elle devait avouer, la changeait de toutes les crevettes qu'elle avait pu rencontrer.

L'on dit que le regard en disait long sur une personne. L'on dit que le regard, demeure le miroir de notre âme. Pourtant, dans le sien, elle n'y décèle rien. Peut-être qu'avec le temps, il avait réussi à travailler cela, afin que l'ennemi ne comprenne point celles qui demeuraient, ses faiblesses. « Et moi, puis-je avoir l'honneur de connaître le nom de celui qui va me tuer ? » S'enquit-elle, le plus naturellement du monde. Son doigt étaient encore sur le détente, mais elle ne se sentait plus le cœur à tirer ; plus du tout. Plus du tout, car elle avait le sentiment, qu'il ne lui ferait point de mal. S'il avait voulu la tuer, il l'aurait probablement fait depuis longtemps, et sans aucune difficulté. Mais bien qu'elle en soit des plus certaines, Rose voulait s'en assurer. « Pourquoi tournez-vous autour du pot, d'ailleurs ? Faites ce que vous avez faire puis allez-vous... » Mais elle n'eut à peine le temps de terminer sa phrase, qu'une douleur lancinante provenant de sa jambe lui monta jusqu'au cerveau.

Elle ne le tuerait pas. On pouvait dire en un sens qu’il était un plutôt bon juge de caractère et il comprenait qu’elle avait peur, mais qu’elle ne tenterait rien contre lui. Parce qu’elle était faible. De la faiblesse des gens qui ne combattaient pas particulièrement. Ces gens qui remuaient une arme parce qu’ils se sentaient menacés mais qui au final ne savaient pas s’en servir. Non, il n’avait pas peur, et oui il se sentait plus ou moins en confiance. Bien sur, un accident était vite arrivé, il pouvait toujours se prendre une balle de métal mais il pensait qu’il pourrait y survivre. Après tout, il avait survécu à un ours, rien n’était pire qu’un ours non ? Ou un faucheur ? Peut être un faucheur.  En tout cas, il parlait avec assurance, allant même jusqu'à esquisser une sorte de sourire. Ce n’était pas qu’il était fier de lui, et de la peur qu’elle avait l’air d’avoir. Il ne savait juste pas spécialement comment réagir en face d’une fille comme elle. Parce qu’elle venait du ciel. Il haussa des épaules quand elle lui dit qu’lele ne tirerait que si elle était contrainte, masi elle ne baissa pas son arme. Pourquoi pas, elle avait raison de se sentir menacée. Mais elle tremblait, elle perdait du sang.

Et il n’utilisait peut être pas le bon dialecte, ou moins les bons mots, car elle n’avait  pas l’air de comprendre qu’il ne lui ferait pas de mal. A moins qu’elle ne le force. Il fronça les sourcils. Il était la pour enquêter, pas pour tuer de toute façon.  Alors il s’en ficha un peu, et il posa des questions aux quelles elle repondit finalement, baissant ce flingue qu’elle tenait mal. «  Rose-Marley. » Il répéta son nom, comme si c’était la première fois qu’il entendait un nom aussi bizarre et aussi compliqué. En fait, oui  c’était effectivement la première fois qu’il entendait quelque chose comme ça.  Il ne dit rien à ce sujet, si elle savait regarder elle verrait probablement qu’il semblait perturbé par un tel nom. Enfin.  Il continua de la fixer un peu, et puis il fronça les sourcils contrarié. Elle semblait sincèrement convaincue qu’il allait la tuer. Pourquoi ? Est ce que les trikru avaient déjà commencé à mener l’attaque ? Il haussa les épaules, prenant un air un peu las.

«  Si j’avais voulu te tuer, tu serais morte. »  Il parlait froidement, non sans cependant, une lueur de curiosité dans sa voix. «  Tu peux m’appeler Baldr. Assieds toi. Si tu me fais confiance je peux te venir en aide. »   Après tout, il avait dans son sac quelques fioles préparées par Freya, ça avait du bon parfois d’être le frère de la soigneuse.  Cependant, il ne pouvait pas se permettre d’utiliser ceci a mauvais escient. Et si il la soignait et qu’elle devenait plus tard la chute de son clan. Non. Il reflechit un peu. Sa proposition était faite de toute façon, c’était peut être un peu tard. Oh. Il pourrait toujours l’achever plus tard aussi, si le besoin s’en faisait ressentir.

«  Où es ton camps ? Pourquoi penses tu que je vais te tuer ? »  Et puis il fronça les sourcils, tandis qu’un bruit semblait provenir des buissons, comme si la bête voulait revenir finir son travail.

Elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire amusé, face à sa mine contrite, perplexe. Rose avait ce que l'on appelait plus communément, un prénom de merde. Mais au fil du temps, elle s'y était habituée. En règle général, personne ne l'appelait par son prénom en entier, ne voulant guère perdre un quart d'heure. Elle ignorait encore à quoi ses parents avaient pensé, lorsqu'ils l'avaient baptisé. Mais repenser à eux lui provoqua un goût amer dans la gorge, et une sensation désagréable dans la poitrine. Voilà pourquoi elle balaya bien vite cette pensée, beaucoup trop douloureuse. Douleur qui surpassa celle de sa jambe, paradoxalement. Douleur qui se montrait maintenant plus persistante. Elle ignorait ce qui allait advenir d'elle, et à la limite, Rose s'en foutait. Ce n'était pas si terrible, tout compte fait. Ce n'était pas si terrible, de voir la mort approché. Bien que pour le moment, il la regardait plus avec curiosité, qu'avec animosité. Il était différent. Il semblait différent, de ces autres sauvages, et ne semblait même pas au courant de ce conflit qui persistait, depuis déjà quelques jours. Ce n'était qu'une supposition. Peut-être attendait-il le moment propice, pour se débarrasser d'elle. Peut-être voulait-il simplement lui soutirer des informations, qu'elle ne lui dirait jamais, de toute évidence. Rose aussi, aurait aimé en connaître davantage sur son peuple, sur leurs motivations. Ils ne devaient pas être si différents qu'eux. Ils voulaient tout simplement survivre dans ce monde hostile, et semblait visiblement prêts à tout. Dans le fond, qui pourrait les en blâmer ? Personne. Personne, bien que leurs méthodes demeuraient des plus merdiques.

Ses sourcils se froncèrent, à l'entente de ses paroles. En effet, s'il avait voulu la tuer, elle se doutait bien qu'il l'aurait fait depuis longtemps. Mais Rose était dans l'impossibilité de comprendre ce qu'il pouvait lui passer par la tête, en cet instant. À vrai dire, elle n'avait aucune envie de le savoir. Mais la seule chose qui était certaine, était que elle, elle ne lui ferait aucun mal, malgré ses menaces. Rose resta silencieuse face à ses paroles, se contentant d'écouter la suite de ses dires. « Je pense que je n'ai pas réellement le choix. » Même si cela ne l'enchantait pas, elle devait avouer qu'il était sa seule option en ce moment. De toute évidence, personne ne la trouverait ici, et s'il décidait de l'aider, elle lui en serait reconnaissante. Bien que de sa reconnaissance, il devait sûrement s'en foutre comme de sa dernière peau d'ours. Il se présenta sous le prénom de Bäldr. Prénom qu'elle n'osa pas prononcé, de peur de s'étouffer. Lui aussi, avait un prénom bizarre. Mais elle se doutait que cela devait être commun, là où il vivait. Rose ne comprenait pas pourquoi il voulait l'aider, mais à vrai dire, elle ne se sentit point le cœur à le repousser. Elle était faite comme un rat, dans tous les cas, alors autant exploiter toutes les options possibles. Lorsque Bäldr eut l'audace de lui demander où se trouvait son camp, Rose eut un hoquet de surprise. Était-il sérieux ? « Vous savez, je ne suis pas aussi stupide que j'en ai l'air. » Lâcha-t-elle, plus froidement qu'elle ne l'aurait souhaité. « Parce-que vos semblables veulent nos têtes au bout d'une pique, tout simplement. Donc je présume, que vous avez tous le même chef, ainsi que les mêmes ordres. Et puis, si ce n'est pas le cas, pourquoi ne passez-vous pas tout simplement votre chemin ? » Ajouta-t-elle plus calmement, face à sa seconde question. Un certain mystère le drapait. Un mystère, qu'elle allait essayé tant bien que mal de résoudre.

Rose s'attendait à ce qu'il réplique. Elle s'attendait à des représailles, face au ton qu'elle venait d'employer. Mais il n'eut visiblement point le temps d'y réfléchir, qu'un bruit étrange et inquiétant vint se faire entendre derrière les buissons. Rose la reconnaissait. Elle aurait pu déceler son grognement parmi des milliers, tant celui-ci l'avait marquée, terrorisée. Il ne fallut que quelques secondes, avant que la bête surgisse de derrière les feuillages, prête à achever ce qu'elle avait entrepris. Rose n'arriva à peine à comprendre de quelle espèce était cet animal, celui-ci ayant probablement muté, à cause des radiations. Quoi-qu'il en soit, ce ne fut point vers elle, que la bête se retourna, mais belle et bien vers Bäldr. Rose aurait pu s'en aller. Elle aurait pu se traîner ailleurs, le laissant à son triste sort. Mais un coup de feu était parti. Il était parti, comme s'il avait été naturel. Rose ne savait même pas si elle avait réussi à la toucher, mais le silence qui s'en suivi réussit à l'assourdir. Lorsqu'elle eut recouvert ses esprits, Rose l'aperçut, étendue sur le sol. Rose jeta son arme loin d'elle, reculant à son tour, comme si ce fusil demeurait un engin diabolique ; c'était ce qu'il était.

C’était décidé, le vieux guerrier allait finalement l’aider. Il avait de la chance d’avoir une petite sœur qui fournissait des remèdes, dont il avait rempli sa bourse avant de partir a l’aventure. Bien qu’il se doute que si il disait un jour à Freya qu’il avait utilisé ses onguents pour soigner une fille du ciel au prénom de merde, ça ne passe pas. Bon, après, pour elle, leurs prénoms aussi devaient sonner bizarres. Soit, il n’était pas spécialement la pour ça. Non, il était juste la pour voir, pour enquêter, il n’aurait jamais du rentrer en contact avec un hostile, mais elle était la, blessée, et elle n’avait pas spécialement l’air hostile, non, au contraire elle avait l’air plutôt … Perdue. Bon. Il s’était presenté. Premiere erreur. Ce n’était pas bien grave. Et voilà qu’il se rapprochait d’elle en lui posant la question sur son clan. OH. Bon, il avait été stupide sur ce point la, et il haussa les épaules. Elle pouvait bien lui parler avec agressivité, il avait l’habitude des femmes et de leurs caprices, ce n’était pas une petite fille de plus qui le pertuberait outre mesure. « C’est plus complexe que ça. » Il ne rajouta rien, elle ne méritait probablement pas qu’il se tue à lui expliquer qu’ils obéissaient peut être tous au commandeur mais qu’ils avaient tous des clans différents. Et que ce n’étaient pas les shiedgedakru qui les avaient attaqués. Pas encore. Oh, ça ne saurait peut être pas tarder. Mais ça. « Tiens toi tranquille maintenant. »

Il n’eut pas le temps de rajouter autre chose, qu’un grognement se fit entendre. La bête était de retour, et attraper sa claymore aurait été trop compliqué dans la position dans la quelle il était alors il se retourna avec sa dague, et commença à repousser la bête du mieux qu’il le pouvait. Oh ce n’était pas la première fois qu’il se battait contre une panthère géante, bien qu’elles ne viennent pas trop dans les grottes. Mais celle ci était mutée. Et immonde. Il resta cependant très calme en commençant à se battre contre elle. Jusqu'à ce qu’un coup de feu n’eclate et que la bête ne finisse par tomber. Presque morte. Il l’acheva, et se retourna vers la fille du ciel, qui venait de l’aider à achever cette chose. « Tu aurais pu en profiter pour me tirer dans le dos ou t’enfuir. » Il ne la jugeait pas, il disait ça naturellement, sur un ton qui allait tout seul. Elle ne l’avait pas fait. Tant mieux ? Il devait être soulagé de ça ? Oh une balle ça n’aurait été qu’un trou de plus, mais ça ne lui aurait pas spécialement fait plaisir non plus.

« Ne force pas sur ta jambe, si tu saigne trop, ils ne pourront plus te soigner au campement, et survivre dans la forêt avec une jambe de moins n’est probablement pas dans tes perspectives. » Il essayait juste de l’aider. Elle s’était tout de même montrée digne d’être une guerrière, meme si cette arme à feu, c’était l’engin du démon. Il secoua la tête. « Si tu ne me fais pas confiance prend ça, et applique le sur ta plaie. Je ne m’approche pas. » D’un geste habile il lui lança la fiole d’onguent. Maintenant, c’était entre ses mains de décider si elle voulait se soigner ou pas. Ce n’étaient pas ses affaires à lui. Il allait juste rester la, et essayer peut être de lui parler un peu.

« Sais tu au moins pourquoi les gens de mon peuple vous attaquent ? »

Elle venait de se changer en tout ce qu'elle détestait. Elle venait de se changer en monstre, et ne valait peut-être pas mieux que cette bête qui gisait au sol. Rose aurait pu s'en aller, et choisir la facilité. Mais son geste avait été naturel, comme s'il demeurait évident. Elle lui avait en quelque sorte sauvé la mise, mais à quel prix. Rose n'était personne, pour décidé de la vie ou la mort d'autrui, et elle détestait le fait d'avoir pu tuer une bête, bien que celle-ci l'aurait fait sans cérémoniale. Elle avait jeté son arme plus loin, comme si elle demeurait le fruit du pêcher, et qu'elle signait la fin de son innocence, sa perdition dans les flammes de l'enfer. Ses mains devant ses yeux, Rose ne put se résoudre à regarder l'homme achever l'animal, n'ayant visiblement pas le cœur assez bien accroché. Rose ne rouvrit les yeux, que lorsque Bäldr reprit la parole. « J'y ai pensé, mais à croire que j'ai un bon fond. La conscience est ce qui nous différencie de ces bêtes. Bien que la conscience, demeure l'invention des faibles, paraît-il. » Lâcha-t-elle, d'une traite. C'était de la folie. De la pure folie. Et si cet homme se retournait à présent contre elle, l'on pourrait dire qu'elle aurait fait une immense connerie. Mais comme à son habitude, Rose avait fait ce qui lui avait semblé le plus juste, et dans le fond, elle ne regrettait aucunement de l'avoir fait. Et puis s'il se décidait à abuser de sa confiance, Rose ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même. Elle laissa le silence s'installer, et elle n'essaya même pas de le briser, ce qui était inhabituel la connaissant. Mais elle reposa son regard sur lui, quand celui-ci prit de nouveau la parole. Ayant pour but de ne l'écouter qu'à moitié, la jeune femme fut cependant surprise par ses mots. À quoi jouait-il ? Pourquoi se préoccupait-il de son sort ? Rose n'allait pas s'en plaindre, mais elle resta tout de même dubitative. Peut-être l'avait-elle juger trop vite. Peut-être l'avait-elle condamné trop tôt. Tout se mélangeait dans sa tête, et ce mal lancinant qui la torturait, semblait l'empêcher de raisonner de manière cohérente.

Mais Bäldr sembla comprendre. Il sembla comprendre cette méfiance qui émanait en elle, malgré qu'il n'ait rien fait pour cela. Il lui lança une fiole, et lui demanda d'appliquer son contenu sur sa jambe blessée. Cet égard qu'il lui montrait à présent, la toucha, dans un certain sens. Mais c'était peut-être un piège. Peut-être demeurait-il le genre d'animal qui se complaisait à jouer avec sa proie, avant de la supprimer, de l'anéantir de la plus vicieuse des manières. Rose se surprit, à ne pas envisager cette option, souhaitant croire bien malgré-elle, que ces êtres n'avaient guère perdu leur humanité. « Merci. » Sa voix n'était qu'un son inaudible, troublée par son élan de bonté. Elle ouvrit la fiole, pour y regarder son contenu. La couleur ne lui inspirait pas confiance, et l'odeur encore moins, mais il fallait ce qu'il fallait. Rose grimaça lorsque sa main alla au contact de sa plaie, mais elle finit par en venir à bout, et étala la pommade sur sa jambe, en espérant qu'elle allait être efficace. Bien qu'elle sache retenir le meilleur de toutes les situations, être amputée d'une jambe était une perspective qui ne la séduisait que moyennement.

Son regard capta de nouveau son compagnon d'infortune, face à sa question. « Parce-que ça vous excite ? » Elle regretta ses paroles bien assez vite, tant elles avaient été irréfléchies. C'était dans ce genre de moment, qu'elle se maudissait pour ne pas avoir de philtre. Il fallait à tout prix qu'elle se rattrape, ne voulant point relancer les hostilités. « Vous nous considérez probablement comme une menace, et craignez tout simplement ce que vous ne connaissez pas, ce qui est compréhensible. Peut-être que notre technologie vous effraie, mais il est primordiale d'avoir de quoi nous défendre, ou bien chasser. Nos méthodes ne sont peut-être pas plus louables que les vôtres, mais je dois avouer que je n'arrive pas à comprendre pourquoi nous devons en venir à de telles violences. Sachez que nous sommes comme vous. Nous essayons de survivre, malgré le merdique de la situation » L'on croirait entendre l'un de ces éternels pacifistes qui prônaient la paix, bien que ce soit complètement débile. L'Homme était décidément fait pour se battre, et il était ridicule de vouloir essayé de changer les choses. Mais pourtant, Rose y croyait, du moins elle espérait qu'ils ne commettraient pas les mêmes erreurs qu'avant.

« Peut-être que je me trompe complètement, et dans ce cas, j'ignore complètement ce que votre peuple a contre le notre. Mais permettez moi de dire, que les méthodes établies sont à chier. » Elle finit sa phrase sur ce qui ressemblait à un sourire semi-amusé, bien que la situation ne s'y prête pas. « Ce qui m’interpelle cependant, est que nous sommes en train de faire les mêmes bêtises que les hommes de l’ancien temps. Voyez où ça nous a mené. » Elle haussa les épaules, ne le quittant pas des yeux. Rose pouvait se montrer bavarde, quand on la décoinçait trop, et le pauvre allait en faire les frais. Peut-être aurait-il dû lui couper la langue, dans un premier temps.

Il savait qu’il ne serait pas mort quand bien même elle l’aurait abandonné ici. Mais il savait aussi que sans ça il aurait pu souffrir sans raison, en se faisant mordre par la bête, ou tirer dessus par cette femme. Alors il soupira, et il prit sur lui pour ne pas la tuer tout de suite. Il ne le ferait pas de toute façon, il était bien trop curieux et il n’avait pas d’ordres à ce propos. Elle survivrait. Sauf si elle faisait quelque chose de stupide. Et il devait avouer qu’elle avait l’air de la jeune femme prête à en faire des choses stupides, mais ça c’était une autre histoire. La bête fut achevée. Ils reprirent la parole l’un et l’autre. Et si il se fichait un peu de ce qu’elle disait au sujet de la conscience, il préférait enchainer sur les soins et les attentions qu’elle devait avoir pour elle même. Pour ne pas être blessée d’avantage. Ce n’était pas tant qu’il voulait être gentil avec elle, mais il n’avait pas non plus de raison d’être méchant. Pour ce qu’il en savait, il pouvait y’avoir des dissensions chez les Etoiles tombées, et peut être qu’elle n’était pas de ceux qui avaient lancés les missiles. Peut être.

Il lui donna du soin, elle le remercia. Et il se contenta d’une simple question mue par la curiosité. Savait elle réellement le pourquoi de la guerre ? Tandis qu’elle se soignait, lui, il restait bien droit, comme un guerrier qui avait l’habitude de la position debout. Il n’était pas fatiguée, il ne ressentait de la lassitude ni dans sa tête ni dans ses membres.

Enfin, elle repondit, et sa première réponse, fit briller une lueur mauvaise dans les yeux du héros de guerre des shiedgedakru, qui se tut cependant, tandis qu’elle continuait d’expliquer son point de vue, d’une manière plus ou moins posée. Elle semblait pacifiste, mais elle avait une arme, elle avait tué un animal (pour les protéger certes mais tout de même) et elle continuait son laïus sur un ton qui ne lui déplaisait pas, mais qui ne le convainquait pas non plus.

« Tu te trompes. » C’était catégorique, mais son ton restait un peu doux. « Pas entièrement certes. Il se crispa un peu, puis reprit, sans quitter sa position initiale. Vous nous avez attaqués. Les trois engins lumineux et brillants que vous avez lancés ont détruits des villages, l’un d’eux appartenait à notre clan. Les trikru ont consideré que c’était une déclaration de guerre. Vous etes les envahisseurs sur une terre qui pansait a peine ses plaies après les guerres du passés. » Il hésita. Il avait l’impression d’en dire trop, mais il n’était pas désireux de combattre pour des raisons injustes, alors il trouvait intéressant de lui expliquer. « Vous agissez comme des victimes quand vous etes les coupables. » Surtout qu’a la base les shiedgeda, son peuple à lui, n’avaient rien fait du tout. Mais ça, il n’était pas spécialement prêt à tout lui expliquer.

Puis il reprit, tout aussi posément. « L’homme est fait pour combattre pour la terre qui lui appartient. Si il se la laisse voler que lui reste t’il ? » C’était une vrai question. Il pouvait être un peu bavard lui aussi, mais de manière plus modérée que la jeune femme. « Toi qui critique les hommes de l’ancien temps, realise tu que toi et tes amis vous leurs ressemblez plus que ce que nous pourrons jamais leur ressembler ? »