Aujourd'hui il faisait plutôt beau à TonDC, avec ma mère et ma sœur cadette, on tannait dehors pour que tout le monde nous voit faire et peut-être vendre quelques pièces. Je faisais les mêmes gestes tous les jours, inlassablement, je m'ennuyais profondément. J'avais juste hâte que la journée se termine pour aller m'entraîner au combat. Je voulais être une guerrière, je ne voulais plus être impuissante face à la menace de la montagne. Ma mère me demanda de mettre plus de cœur à l'ouvrage, mais je n'aimais pas plus que ça la tannerie. Alors je fis semblant d'aimer ça, pensant aux enchaînements que j'avais appris, qui fallait que je retienne, comme protéger certaines parties de mon corps. Plus le temps passait et moins j'avais de bleus sur le corps, je commençais à mieux m'en sortir, après avoir prit un nombre incalculable de coups, depuis très jeune, j'avais appris à ne plus me laisser faire et à rendre les coups. Je ne savais pas si j'étais prête pour les faucheurs, mais je n'étais plus complètement sans défense.

Je me reconcentrais sur ma tâche, je tannais encore, le temps ne voulait pas passer vite. C'est là que je remarquais qu'il y avait plus d'agitation que d'habitude dans le village. Je tentais d'écouter les gens parler autour de moi, je cru entendre que des inconnus étaient entrés dans le village et tout le monde se méfiait. Dès qu'il se passe quelque chose d'inhabituel, les gens pensaient tout de suite que ça n'augurait rien de bon. Les deux jeunes voyageurs passèrent devant l'atelier, ils me regardèrent tous les deux et en croisant le regard de l'un d'eux, je me mis à rougir, baissant la tête pour continuer de travailler la peau que j'avais entre les mains. Ma mère me lança un regard réprobateur, quand ils s'éloignèrent, je les regardais à nouveau, je voulais en savoir plus sur eux.

Je voulais terminer rapidement mon travail pour pouvoir en savoir plus sur eux, ma mère voulait que je mette plus de cœur à l'ouvrage, c'est ce que je fis. Il me fallut à peine une heure de plus pour terminer la peau que je faisais, je demandais alors à ma mère si je pouvais partir, elle me répondit par la positive, mais me demandant de ne pas aller voir les garçons qui venait d'arriver, disant que leurs intentions étaient mauvaises. Je préférais faire un simple signe de tête, mais il était évident que j'allais y aller et ma mère était loin d'être dupe.

Le problème était que je devais aussi aller à mon entraînement et clairement je ne pouvais pas ne pas y aller pour des garçons, bonjour la crédibilité de la guerrière... Je cherchais une excuse mais aucune ne paraissait bien crédible. Je vis alors Lincoln, c'était lui qui avait trouvé le parfait guerrier pour m'entraîner, je lui expliquais mon dilemme et lui demanda d'expliquer au guerrier que j'étais au top de ma forme. Il ne pouvait pas vérifier vu qu'il était dans le secret pour que ma mère ne sache rien. Et au pire demain je prendrais plus cher, c'est comme ça qu'on se forge. Je le remerciais de jouer le jeu et partis à la rencontre des voyageurs.

TonDC n'était pas très grand, mais il me fallut un petit temps pour les trouver, quand je les aperçus finalement, je ne savais plus trop si c'était une bonne idée ou pas, je ne savais même pas quoi leur dire. Je décidais alors de rester assez éloignée pour ne pas être vue afin de me laisser le temps de la réflexion. Mon attitude me fit penser à ma sœur aînée quand elle commençait à chercher un futur mari, cette pensée me fit à la fois sourire et me rendit triste, cela faisait tellement longtemps que je ne l'avait pas vu, était-elle seulement encore en vie ? Je secouais alors la tête pour ne pas y penser, cela risquait de m'énerver et de me décider finalement d'aller à mon entraînement.

Je n'avais rien trouvé de concluant mais tant pis, je m'approchais finalement, je vis le regard réjouit de celui qui draguait ma sœur.

« Bonjour, on ne vous a jamais vu dans le coin, vous venez d'où ? »

Ce n'était pas très original mais au moins ça engageait la conversation, je n'osais pas regarder le deuxième voyageur de peur de devenir aussi rouge que le sang.

Je voyais bien Ivan me faire des sourires charmeurs, du moins, il essayait de me charmer. Je n'avais aucune idée si cela fonctionnait avec d'autres femmes, mais avec moi ça ne prenait pas. J'écoutais Jakob me répondre.

Demodrakhos, ça me semblait tellement loin et tellement irréel. A quoi pouvait bien ressembler les paysage ? Quelle nourriture ont-ils ? A quel sorte de danger sont-ils exposer ? J'aimerais tellement savoir tout ça, prendre un sac et partir, comme ça sans regarder derrière moi.

« Enchantée de vous connaître, moi c'est Alma. »

Chaque fois mes yeux entraient en contact avec ceux de Jakob, je ne pouvais les empêcher de se détourner. Je n'avais pas du tout ce problème avec Ivan, sans doute car il ne m'intéressait pas outre mesure.

« Non je n'ai jamais quitté le territoire Trikru, parce que j'aime ma terre, ma famille et mon peuple, parce que j'ai aussi un peu peur de l'extérieur et de ses dangers. »

Je passais tellement pour une fille fragile, alors qu'en fait je m'entraînais tous les jours ou presque depuis que j'ai 10 ans. Cependant je n'étais pas encore prête à affronter l'extérieur, il me fallait encore plus d'entraînement et je ne mettais pas vraiment de bonne volonté en loupant l'entraînement d'aujourd'hui.

« Vous voyagez depuis longtemps ? Vous avez vu beaucoup de tribu ? »

J'avais envie de rêver encore plus, je voulais voyager moi aussi mais au travers leurs aventures, imaginer les paysages, imaginer les odeurs et les saveurs, frissonner de peur en cas de danger. Je voulais me sentir vivante pour de vrai.

Je me demandais si je serais capable un jour de prendre ce courage de partir et de laisser ma famille derrière moi. En attendant je continuais de tanner des peaux alors que je n'en avais rien à faire et à apprendre à me battre au moins pour être sûre que je ne craignais rien face aux faucheurs, mais ce n'était pas encore gagné.

J'écoutais Jakob me dire que ça valait de coup de voyager, qu'il avait vu plein de jolies choses, ça me faisait rêver. Je n'arrivais pas à me représenter ce qu'il avait pu voir, quels genres d'animaux se trouvent hors de nos frontières, les traditions des autres tribus.

Ivan décida de me laisser avec Jakob, je le sentais un peu déçu de ne pas attirer mes faveurs, mais sur le moment même si j'étais très contente de rester avec Jakob que je trouvais plus discret et donc moins intéressé, même s'il l'était peut-être finalement, j'étais embarrassée qu'il parte, avec lui je n'étais pas intimidée. Mais a défaut de me séduire, Jakob me dit qu'il partait voir ma sœur.



Je lâchais un petit rire, le pauvre, il n'avait pas jeté son dévolu sur les bonnes filles... Je regardais Jakob, légèrement rougissante, aucun homme auparavant n'avait autant faire ressortir ma timidité. Je partais alors dans mes pensées, pensant à ma mère qui voulait à tout prix que je trouve un mari, et quand je rencontre enfin quelqu'un susceptible de me plaire, même si je savais si c'était réciproque ou non, il n'est pas de notre clan et de toute façon il allait repartir peu après, il n'y avait donc aucune chance pour que ce soit lui mon futur mari. Je revins finalement à moi.



Je m'asseyais, prête à l'écouter.

J'écoutais attentivement tout ce qu'il me racontait, je ne loupais pas un mot, je laissais mon esprit voguer à travers son récit. Je plongeais mon regard dans le sien, je le voyais s'illuminer au fur et à mesure de ses souvenirs. Je remettais toute ma vie en question, je voulais moi aussi voyager, après tout qu'est-ce qui me retenait ?

Quand il me raconta avoir passer du temps avec une cheffe de clan, mon sourire baissa, était-il a la recherche de conquête comme son ami ? Après tout, il était moins rentre dedans qu'Ivan mais ce n'était pas pour autant qu'il pouvait vouloir des conquêtes. Deux caractères différents pour plaire à plus de femmes. Je décidais de ne plus y penser pour me reconcentrer sur ce qu'il me racontait.

Mes yeux brillaient plus que de raison quand il me raconta l'union chez les Skaigona, le lâché d'oiseaux, j'imaginais y être, le vivre. Un frisson me parcourus le dos, il racontais bien je m'y voyais.

J'avais soudainement une idée, je devais lui montrer un endroit de la forêt bien particulier, il fallait attendre que la nuit tombe. Je gardais cette idée pour moi, je voulais qu'il garde un souvenir mémorable de TonDC et du territoire Trikru..

Est-ce que mes yeux brillaient pour ce qu'il me racontait ou parce que je le trouvais particulièrement à mon goût ? Sans doute un peu les deux. J'aurais pu me perdre dans ses yeux pendant de très longues heures.

Je me mis à rire en l'entendant me parler des grands froid d'Azgeda, j'en avais déjà entendu parler et même si je n'aimais beaucoup le froid, j'adorerais voir ces paysages tout blanc. Mais en effet, il valait mieux bien se couvrir avant.

Jakob me demanda ce qu'il y avait dans le coin, je ne savais si je devais loi répondre de suite, il y avait bien une chose à voir, mais je ne savais même si c'était typique du coin, et en plus je voulais lui faire la surprise...



Après avoir dit cela, je me maudissais pour le ton que j'avais emprunté. Il allait croire que je l'invitais dans mon lit, alors que pas du tout. Mais qu'est-ce qui m'avait prit de dire ça comme ça. Je ne perdais pas mon sang froid, après tout je n'avais pas dit ça à son ami, lui l'aurait tout de suite interprété de cette façon, Jakob m'avait tout l'air d'être un peu plus sensé. Au pire s'il tentait quelque chose, je le mettrais à terre avant qu'il ait le temps de comprendre et là il comprendra bien que ce n'était pas mes intentions.



Je me mis à culpabiliser encore, sacrifier un entraînement pour discuter avec un garçon, quelle futilité, à ce rythme, je n'aurais jamais l'étoffe d'une vraie guerrière.

Je me mis à rougir quand il me répondit qu'il était toujours sage. Je me demandais encore qu'est-ce qui m'avait prit de lui dire ça comme ça, sur ce ton là. Mais il ne semblait pas le prendre comme j'aurais pu le croire et tant mieux.

Je le regardais m'écouter parler, ça avait l'air de l'intéresser, pourtant ma vie n'avait rien de bien passionnant. Il me demanda si mon père souhaitait que je devienne guerrière. Avec le recul, je me dis qu'il aurait sûrement bien voulu et ma mère n'aurait rien pu dire, mais on ne le saurait sans doute jamais. Je lui souris, un peu tristement.



Je laissais un petit moment de silence, je ne voulais pas pleurer devant Jakob, j'aurais tellement aimé que ce soir mon père qui m'entraîne. Il proposa de venir avec moi à mon entraînement, je laissais échapper un petit rire.



Je lui souris puis je me levais d'un coup, je pris sa main et me mis à courir pour nous éloigner de là où nous étions.

Je me mis à rire quand je remarquais Jakob ranger son arc, avait-il cru me défendre contre l'horrible monstre que j'appelais maman ?



Mon cœur rata un battement quand il s'approcha et prit une de mes mèches, me disant qu'il pourrait me kidnapper pour voyager avec lui. Je devais bien admettre que l'idée était bien séduisante, mais il fallait que j'y réfléchisse. A cet instant, je n'avais pas la tête à y réfléchir et je devais très probablement être très rouge à en juger la chaleur que je ressentais au niveau de mes joues.  



Je savais que je devais rentrer chez moi, sans doute pour préparer le dîner, ce n'était pas pour rien que ma mère avait l'air de me chercher.



Je lui déposais un léger bisou sur la joue puis partis sans me retourner. Je rentrais chez moi prête à prendre les instructions de ma mère.

Pendant que je m'occupais de mes tâches ménagères, je ne pouvais m'empêcher de penser à mon beau brun, j'avais hâte de le retrouver plus tard dans la soirée. J'aurais pu me dépêcher de finir ce que j'avais à faire, mais ça n'aurait pas fait tomber la nuit plus vite.

J'allais parler à ma sœur, j'étais curieuse de savoir comment elle s'en était sortit avec Ivan, cette dernière avait l'air agacé, je lui demandais ce qu'elle avait.



Je ris un peu.





J'explosais de rire, la pauvre, mais il ne lui était rien arrivé, c'était le principal.











Il ne restait plus qu'à attendre que la nuit tombe pour que je retrouve mon voyageur. J'avais hâte.