FIN DE LA ROUTE

Elle a toujours préféré les terres Azgeda que les terres Skjeran, et elle se rappelle clairement pourquoi maintenant. Il y’a trois coyotes qui lui courent après, elle a perdu la trace de Drea et elle ne sait pas du tout ce qu’elle fait la ni où elle est. Autant dire que ça ne la rassure pas. Et elle espère clairement qu’elle pourra rentrer en vie, parce qu’elle n’a pas envie de mourir si jeune, et qu’elle sait aussi que Drea sera triste et qu’elle refuse de lui infliger cette tristesse, cette même tristesse qu’elle a ressenti elle quand Hector est mort il y’a tant d’années. Perdre une frère ou quelqu’un que l’on considère comme tel c’est terrible, elle le sait, cette douleur reste marquée à l’intérieur de son cœur, et n’en disparaît pas, malgré les bons moments qu’elle passe avec la caravane. Ce n’est pas le moment de penser à ça de toute façon, elle se fait pourchasser. Elle n’est pas vraiment douée, et pas vraiment habile. C’est de sa faute en plus si elle est dans cette stupide situation, elle a refusé de tuer un coyote, et maintenant ils sont trois à vouloir dévorer sa chair. En plus elle saigne, de la cuisse que l’un d’eux à mordu, et si elle n’avait pas foutu un coup de sac sur la tête de celui qui essayait de le manger, elle serait déjà morte, un bon repas pour ces animaux sauvages.

Alors voilà, pour le moment elle court Kestrel, perdue dans les terres glacées, et elle panique un peu, même si elle essaye de ne pas le montrer. Drea doit être inquiète. Enfin, elles se sont séparées un peu pour visiter les environs de Skjer, et elle est sortie de la ville en suivant la trace d’une fleur qu’elle voulait cueillir, elle est tombée sur le coyote, et .. Enfin les évènements se sont enchainés et dans sa maladresse, elle se retrouve loin de la ville sans savoir comment y retourner, dans une grande plaine enneigée où les coyotes vont finir par faire un festin peut être. Et puis soudain, tandis qu’elle regarde en arrière, sans plus vraiment regarder où elle va, elle fonce dans quelque chose, et rebondit un peu, tombant le cul sur le sol, et laissant une trainée de sang à cause de sa cuisse sur la neige blanche. Journée de merde. En effet.

Ixion & Kestrel

sept ans auparavant ▬ extérieur de Skjer

La guerre, les batailles, le sang… tout cela plait à Ixion. Mais il arrive parfois que les batailles s’espacent et qu’il soit obligé de rentrer chez lui, à Skjer, auprès de son épouse et de leur fils, comme en ce moment. Et comme à chaque fois qu’il se retrouve dans leur maison, Ixion tourne un peu en rond et ne demande qu’à sortir à l’extérieur, qu’à apprendre à son fils à tenir une hache ou une épée. Mais il est encore bien trop jeune pour tenir debout dans la neige avec une arme dans les mains. Mais Ixion sait être patient et sait qu’il finira par lui apprendre à se battre, à lui et à l’enfant qu’attend Signy depuis quelques mois. Et même si c’est une fille, Ixion lui apprendra tout de même à se battre et à trouver sa place dans le clan qu’il chéri tant.

Alors à défaut d’apprendre quoi que ce soit à son fils, Ixion est sorti de la ville pour aller relever les pièges qu’il a posé le matin même. Parce que chasser est aussi exaltant que se battre, même s’il ne s’agit ici que de relever des pièges. Mais les proies finissent de la même façon que les ennemis : mortes. Et quelque chose indique au skjeran qu’une proie bien plus grosse est en train de se faire chasser par des coyotes car il a trouvé des traces dans la neige et la présence d’un humain. Petit l’humain, vu la profondeur des traces. Il hésite quelques instants parce qu’il est censé relever ses pièges mais que sa conscience lui dit que la proie risque de se faire bouffer. Alors il râle un peu et retire la hache qu’il porte à sa ceinture avant de prendre la route. Tant pis pour les pièges mais il ne peut décemment pas laisser quelqu’un – aussi bête soit-il de sortir comme ça – se faire dévorer par les bêtes sauvages des terres du nord.

Et tandis qu’il est accroupi dans l’épaisse neige skjeran pour voir s’il trouve d’autres traces, quelque chose le percute et le fait se relever, hache à la main. Mais la jeune femme qui vient de le cogner – et qui se trouve maintenant les fesses dans la neige – n’a pas l’air très hostile. Elle est même une proie selon Ixion qui vient d’apercevoir le sang dans la neige. «  Laisse-moi deviner, tu chassais et ça s’est retourné contre toi ? » Il esquisse un léger sourire puis s’agenouille près d’elle, posant sa hache au sol. « N'as-tu pas appris que les terres skjeran sont dangereuses ? »

FIN DE LA ROUTE

Elle est stupide. Elle est stupide et Drea va tellement la haïr pour cette maladresse et cette stupidité. Et en plus maintenant elle vient de percuter un homme, plus grand et recouvert de fourrure. Il ne semble pas vraiment méchant, mais elle n’aime pas vraiment les hommes Kestrel, pas comme ça, ils lui font peur, et elle regrette d’être ici à ce moment précis. Pourtant, tous les hommes ne sont pas celui qui a voulu lui faire du mal, tous les hommes ne sont pas ainsi, et Kestrel essaye de reprendre son souffle, elle essaye de respirer un peu. Et elle reste assise sur le sol, un peu prostrée. Mais il lui sourit, et il lui parle, même si il a l’air un peu moqueur. Alors elle regarde la hache qu’il pose au sol, et elle pousse un soupir, avant de relever les yeux vers lui. « Pas vraiment non. » Et elle se sent encore plus ridicule. Parce qu’elle ne se voit pas vraiment dire qu’elle est partie par ici parce qu’elle voulait une jolie fleur, et qu’en plus elle a refusé de tuer le coyote qui la traque maintenant avec ses compagnons. « Je n’aime pas la chasse. » Au moins, elle est sincère pour ça.

Et elle hausse les épaules après ça, en lui offrant un leger sourire, parce qu’elle est toujours très douce Kestrel. Même si elle n’a pas encre vraiment confiance en lui. « Toutes les terres le sont. Je me suis juste égarée et ces coyotes… ne m’apprécient pas vraiment je crois. » D’ailleurs, n’est ce pas eux qu’elle entend approcher ?

Ixion & Kestrel

sept ans auparavant ▬ extérieur de Skjer

Pourtant, chaque enfant du clan sait que les terres skjerans sont dangereuses, qu’elles sont hostiles et qu’on peut y perdre la vie à la moindre bêtise. Alors Ixion regarde ce petit bout de femme - qui ne semble pas l’être depuis bien longtemps cependant – et se demande ce qu’elle fait ici, dans la neige, aussi loin de la ville et poursuivie par quelque chose qui semble vouloir la croquer pour en faire son dîner. Et quand elle lui dit ne pas aimer la chasse, Ixion ne peut s’empêcher de rire, d’un rire franc et sincère. C’est bien la première fois qu’il entend une telle chose par ici. « Je vois. Mais sans aimer la chasse, tu dois parfois tuer pour te défendre. Sinon c’est toi qui devient la proie. » Et il montre sa jambe et le sang dans la neige. Le sang qui va attirer l’animal qui l’a blessée et sans doute d’autres, qui saliveront bien vite à la vue d’une trainée de sang frais et qui s’empresseront de suivre les traces. Alors il retire le sac de son épaule, ce sac qui est censé se remplir des proies qu’il devait récupérer dans ses pièges, et il en sort du tissu avant d’en déchirer un morceau. « Les coyotes n’apprécient pas grand monde. » Ils croquent tout ce qu’ils trouvent, que ce soit des hommes ou d’autres bêtes et quelque part elle a de la chance de n’avoir été que blessée à la jambe.

Et sans lui demander son avis – mais parce qu’il ne tient pas vraiment à finir dans l’estomac d’un coyote, il faut bien le dire – il s’approche d’elle et plaque le tissu sur sa plaie avant d’attraper sa main pour la forcer à tenir le pansement de fortune. « Appuie, même si ça fait mal. » C'est un ordre, clairement. Il est un peu brusque et il la soigne comme il soignerait une guerrière sur un champ de bataille, car il ne connait que ce genre de soin, mais ce sera toujours plus efficace que de ne rien faire. Et les coyotes se rapprochent, il peut les entendre et Ixion ne tient pas à ce que son sang en ramène d’autres. Alors il se redresse et attrape sa hache qu’il a posé dans la neige, prêt à taper dans les coyotes s’ils s’approchent. « Je suppose que tu n’as pas d’arme pour te défendre ? » Et il demande quand même, parce que cela lui semble un peu fou de se trouver sur ces terres sans même avoir quelque chose pour se défendre.

FIN DE LA ROUTE

L’homme parle, un peu durement, mais il n’a pas l’air féroce ou trop méchant. Il a l’air juste d’un homme qui a connu la guerre et la chasse toute sa vie, ce n’est pas ce genre de personne avec qui Kestrel préfère passer du temps, mais ils ont toujours un bon fond, et elle le regarde rire d’elle, ou de ce qu’elle dit, sans penser qu’il puisse se moquer d’elle. Si il le fait, tant pis. Et puis elle réalise elle aussi que cette situation est un peu ridicule, que Drea va rire elle aussi, quand elle aura finit de s’inquiétera et de l’engueuler peut être. Parce qu’elle n’aurait pas du s’éloigner Kestrel, mais elle la voulait vraiment cette fleur. Elle est encore jeune après tout, elle n’a que 20 ans, même pas, elle peut essayer de vivre encore, et de voir du beau dans la vie. « Je sais. » Néanmoins elle ne nie pas qu’elle a fait une erreur, parce qu’elle sait ce qui est bien et ce qui ne l’est pas, et elle sait qu’elle aurait du réagir autrement. La, elle ennuie quelqu’un qui ne le mérite pas, et qui finalement prend sur lui de s’occuper d’elle. Alors elle l’ecoute parler, et elle hausse les épaules un peu tout de même. « Les humains non plus, ce n’est pas pour ça qu’il n’existe pas d’exception. Je n’aime pas tuer quand ce n’est pas nécessaire. » Et peut être qu’elle aurait du devenir autre chose, forgée dans l’amour puis dans le sang, elle aurait pu devenir vengeresse. Ce n’est pas le cas, Kestrel est un havre de douceur. Voila tout. Et tant pis si ça lui joue des tours.

Il ne lui demande rien de plus, et brusquement il la soigne. Elle ne s’en formalise pas trop en fait. Alors elle obéït parce qu’elle à quand même l’habitude de le faire. « Merci. » Mais voila, elle n’a pas le temps pour d’avantage, les coyotes arrivent, et elle secoue la tête quand il lui parle, avant de sortir une dague et de la lui montrer. « Je devrais me debrouiller avec ça. » Et clairement elle se débrouille, c’est juste qu’elle n’aime pas ça. Mais la elle n’est pas toute seule, alors il est hors de question que l’on prenne encore des risques pour elle. Elle se defendra comme elle peut. Drea lui a apprit des choses.

Déjà alors elle se met en garde prête à se defendre contre les coyotes qui arrivent. Ils sont trois. Elle reconnait le premier, c’est celui qu’elle a assomé, et elle fronce les sourcils. Elle n’a pas le temps d’en dire plus qu’ils se jettent sur eux de toute façon, et à nouveau elle le repousse d’un coup de sac. Elle ne doute pas que les deux autres ne sont que du menu fretin face au gros guerrier à ses cotés.

Ixion & Kestrel

sept ans auparavant ▬ extérieur de Skjer

Ixion n’avait pas vraiment prévu de devoir se frotter à quelques coyotes en passant les portes de la ville, mais il faut dire qu’il n’avait pas non plus prévu de tomber sur une jeune femme blessée en allant vérifier ses pièges. Au moins, cela va le changer de cette petite routine qui s’est installée dans sa vie depuis plusieurs semaines, et ce n’est pas pour lui déplaire. Peut-être qu’il avait besoin de ça, de se frotter à quelques animaux un peu dangereux, lui qui n’a pas été sur un champ de bataille depuis quelques temps. Alors il s’assure que la jeune femme a de quoi se défendre et hoche la tête lorsqu’elle lui montre une dague. C’est peu mais c’est toujours ça pour se défendre un minimum et éviter de se faire dévorer par l’un des trois coyotes qui s’approchent d’eux, montrant les crocs. Alors Ixion lève sa hache au moment où ils se jettent sur eux et en repousse un avec le manche de son arme, tandis que le second plante ses crocs dans sa botte. Le guerrier grogne en sentant la force de la mâchoire de l’animal et envoie son pied dans le flanc de celui-ci pour l’envoyer valser un peu plus loin, tandis qu’il plante sa hache dans la nuque de son camarade, faisant gicler le sang sur la neige si blanche. Et il reprend sa hache en main avant de faire face à celui qui a tenté de lui croquer la jambe, observant l’animal dans les yeux avant de lui asséner un coup, mortel lui aussi.

Puis il se tourne vers la jeune femme qui s’occupe de son coyote qu’elle semble avoir un peu assommé, avec un sac. Et ça le fait sourire parce qu’il se demande un peu ce qu’elle promène dans son sac pour pouvoir assommer un coyote avec son contenu. « Tu caches des pierres dans ce sac ? » Et il sourit, un peu moqueur.

FIN DE LA ROUTE

Le coyote assomé elle se refuse clairement à le tuer. Ce n’est pas dans ses habitudes, alors si l’homme pense que c’est dangereux, qu’il risque de se relever, il n’aura qu’a le faire lui. Et bien sur elle devrait tuer cette créature qui a essayé de la tuer elle même, mais quel intérêt, elle est en sureté maintenant, alors autant éviter de faire une mort inutile. Elle n’est pas comme la majorité des humains au fond. Et peut être que ça la fera passer pour quelqu’un de très niais, elle s’en fiche, elle a ses opinions c’est tout. Le coyote n’a pas l’air de vouloir bouger de toute façon, et ses deux amis sont morts.  Alors elle raccroche un peu son sac sur son épaule, et elle range sa dague la où elle était à la base, avant d’offrir un sourire à Ixion. «  Merci. »  Il l’a sauvé après tout, elle ne doute pas que Drea lui sera probablement reconnaissante si elle l’apprend.  Et puis il fait une petite plaisanterie, il la taquine, ou bien il se moque d’elle, elle ne s’en formalise pas, et elle hausse les épaules. «  Peut être ? »  Son sourire revient bien vite sur ses lèvres. «  Il est assez lourd, j’ai tendance à récupérer des trucs que je trouve utile un peu. »   Mais elle n’a pas besoin de se justifier, et elle garde le silence quelques instants de plus.

«  Kestrel »  Jusqu'à ce qu’elle le brise en se présentant et en lui tendant la main droite. «  Je suis une voyageuse. »  

Ixion & Kestrel

sept ans auparavant ▬ extérieur de Skjer

Il hoche la tête lorsqu’elle le remercie, parce que ça lui semble normal sur le moment d’aider quelqu’un à ne pas se faire dévorer par trois coyotes. Ça l’aurait embêté de découvrir son corps déchiqueté en revenant de sa chasse, parce qu’elle est quand même bien mignonne et que ça aurait été dommage qu’un si joli visage – et un si joli corps – se fasse lacérer de cette façon pour finir dans l’estomac d’un coyote. Il hausse doucement les sourcils quand elle lui répond qu’elle transporte peut-être des pierres, avant de comprendre qu’elle se moque un peu de lui. Et ça le fait sourire, encore plus quand elle lui avoue avoir tendance à récupérer des trucs qu’elle trouve utiles. Des trucs lourds en l’occurrence, parce que le coyote a été assommé avec juste un coup. « Si tu peux t’en servir comme d’une arme, en effet ce sont des choses utiles. » Même si de son point de vue, tuer le coyote aurait été plus utile que de l’assommer mais elle lui a dit ne pas aimer la chasse alors Ixion comprend par là qu’elle ne veut pas mettre fin à la vie de cet animal qui a pourtant essayé de la croquer - par deux fois d’ailleurs. Mais lui ne tient pas tellement à se faire attaquer à nouveau par ce coyote qui est juste assommé pour l’instant et qui se relèvera sans doute un peu plus tard pour les poursuivre. Mais tandis qu’il tourne la tête pour regarder l’animal, la jeune femme brise le silence qui s’est installé pour se présenter et tendre la main. Kestrel, une voyageuse. Et Ixion comprend un peu mieux ce qu’elle fait sur ces terres gelées, seule et sans armes. « Ixion. » Et il serre cette main qu’elle lui tend. « Guerrier skjeran. » Et fier de l’être, parce qu’il aime les batailles et les guerres. Et qu’il aime le sang aussi. Alors il ne peut décemment pas laisser ce coyote s’en sortir en vie et rester assommé en attendant de se relever et de leur croquer les fesses, voir un peu plus. Il regarde avec la jeune femme et reprend sa hache dans sa main droite. « Tu devrais sans doute tourner la tête. » Et il jette un œil au coyote, faisant comprendre à la jeune femme qu’il va lui trancher la gorge.