juda | echange de bons procédés, quelque chose comme ça

Il la faisait chier. Clairement, l’homme en face d’elle, avec sa chemise mal taillée mais presque neuve quand même, et ses cheveux poivres et sels, la faisait chier. Tu dois rentrer. Tu dois venir voir ta mère. C’était toujours pareil, et la jeune femme n’en pouvait plus de lui. Il était toujours pareil, ils se ressemblaient tous, il ne changerait jamais. «  Dis lui d’aller crever ça sera sa façon de me rendre plus heureuse qu’elle ne l’a jamais fait. »  Et c’était dur peut être, et aussi un peu étrange entre les lèvres de la jeune femme a peine nommée professeur de civilisation. Mais son père était le pire des messagers du diable, et elle ne voulait pas lui parler, elle ne voulait pas qu’il lui repete la meme chose qu’il faisait depuis qu’il l’avait retrouvé, depuis qu’il comprit qu’il pouvait venir lui parler. Il n’avait pas comprit qu’elle était adulte pourtant, et si elle ne vivait plus avec eux depuis près de 9 ans, elle n’avait clairement pas envie de reccomencer. Elle vivait avec Alice. C’était une bonne chose, c’était un bon endroit, et depuis qu’elle était majeure ce n’était plus vraiment un problème non plus. Elle était libre en fait. Ce n’était pas si mal. «  Non. »  Son père insistait, et fronçait les sourcils, et elle chercha du regard autour d’elle quelqu’un qui serait son sauveur.  Personne ? Il n’y’avait personne qui n’allait oser se dresser contre un crétin qui appartenait au conseil n’est ce pas ? Elle devait essayer d’endurer encore de longs moments la conversation stupide de ce type infâme.

Roh, mais il était chiant le vieux Vargenson. C’était pas parce qu’il était membre du conseil, qu’il pouvait se permettre de la harceler comme ça. Elle se demanda d’ailleurs si elle pouvait porter plainte contre lui, parce qu’il la harcelait la. Vraiment. Et c’était dérangeant. Elle se sentait gênée, et elle voulait partir éventuellement pour passer cette frustration dans des bras accueillants. Mais ils ne venaient pas, et elle ne savait pas spécialement comment elle allait faire pour s’en sortir. Et la chance vint soudain, en la personne d’un jeune garçon, dont le visage lui était familier. Elle ne comprenait pas spécialement pourquoi il arrivait pour la tâter, et elle si réticente aux contacts se crispa un peu mais finalement il se mit à parler à Eckhart qui fronçait les sourcils et écarquillait les yeux un peu comme un poisson mort. Alors elle comprit qu’il voulait l’aider, un gentleman peut être. Alors elle se laissa faire, et elle plastiqua une espèce de sourire convaincu, qui ne convaincrait personne qui la connaissait. Par chance, son père ne la connaissait pas vraiment, alors il ne comprit pas, et elle se laissa entrainer par le garçon au détour d’un couloir.

- Il a raison. A un de ces jours Eckhart.

Et c’était dit, c’était fini, et voilà qu’elle faisait quelques pas avec lui dans le couloir du coup jusqu'à ce qu’ils prennent un tournant et qu’ils ne soient plus en vue du vieillard poivre et sel qui lui gâchait la vie par sa simple existence.

- Merci. Et elle était un peu gênée Luka, d’avoir eu besoin d’aide comme ça, surtout que le garçon lui était familier mais qu’elle ne remettait pas sa tête. Tu n’es pas un de mes élèves hein ?

Une chance. Il n’avait pas tardé à la lâcher, alors elle le regarda un peu le gamin qui n’était pas tant un gamin que ça, et elle lui adressa un sourire. C’était plutôt rare de la voir sourire, mais c’était plutôt rare aussi qu’elle accepte qu’on la touche, alors… il devait probablement s’estimer heureux. Bah a moins qu’il ne la connaisse pas et... Enfin, elle se demandait quand même ce qu’il faisait la, et pourquoi il l’avait attrapé pour l’entrainer au loin. Pour la sauver ? La sauver de son père. La sauver de ce qu’il aurait pu lui dire ? Une bonne intention n’était jamais gratuite n’est ce pas ?

- Je suis heureuse que tu sois passée par la je suppose.

Et elle était satisfaite et un peu soulagée qu’il lui dise qu’il n’était pas un de ses élèves, alors elle se demanda d’où elle le connaissait. La mémoire commençait elle a lui faire défaut ? Nan. Elle avait encore de belles années devant elle avant de commencer à perdre la tête non ? de très longues années, malheureusement. Elle se renfrogna un peu du coup. Et elle haussa les épaules, avant de lui serrer la main. Juda Snow. Le nom lui disait vaguement quelque chose, mais elle ne savait pas pourquoi. Peut être qu’elle avait déjà entendu son nom. Les noms se ressemblaient tous quand on vivait sur l’Arche aussi longtemps. Alors elle n’y reflechit pas trop.

- Luka Vargenson. Et elle supposait qu’il connaissait son père, en meme temps ce stupide crétin… Pfff. Et malheureusement oui, avant que tu ne le demande j’ai un lien de parenté avec cette ordure. Au moins c’était dit, et ça montrait un peu ce qu’elle en pensait. Je suis désolée, j’ai l’impression de te connaître, mais je n’arrive pas à me rappeler d’où je t’ai vu. C’était ça d’avoir la tête trop pleine.

Appercu un soir. Elle avait beau réfléchir, et puis soudain, elle le vit de profil et quelque chose brilla derrière ses yeux, tandis qu’elle se rappelait de cette soirée quelques années plus tot où elle avait surprit un gamin en train de tenter de voler des médicaments, et avait attiré un garde beaucoup plus loin, pour qu’il puisse s’enfuir. Elle s’en rappelait bien oui, et elle equissa un sourire, - léger mais un sourire tout de même –

- Tu es le garçon de l’infirmerie.

Elle n’en dirait pas plus non, parce que les murs avaient des oreilles, parce que les gardes étaient partout, et que l’on ne pouvait pas faire confiance au conseil. Alors elle fronça un peu plus les sourcils, et elle hocha la tête en sa direction.

- Je suis heureuse que tu m’ais reconnu, mon père peut être … assez ingérable parfois. Comme si faire partie du conseil avait tendance à rendre les gens plus cons. Ou peut être qu’il l’a toujours été, je ne crois pas qu’ils soient tous comme lui.  même si dans l’ensemble… Oui, bon. Bah, en meme temps pour accepter d’être les coupables de tout si quelque chose arrivait, il ne fallait pas qu’ils soient très sain dans leurs têtes.

- Je peux t’offrir un verre, enfin… Quelque chose qui y ressemble, pour te remercier. Et puis pour discuter un peu. Si tu veux. Je veux dire, après m’avoir molesté tu me dois bien un peu de conversation non ?  

Le garçon de l’infirmerie. Pendant des mois, c’était ce qu’il était resté, un garçon dont elle ne connaissait que le visage et pas vraiment l’histoire, mais qu’elle avait aidé quand même. Parce que c’était ainsi, parce qu’elle était comme ça. Et maintenant il venait de l’aider un peu, en tenant tête à Eckhart, et franchement, c’était une chose tellement merveilleuse, qu’elle aurait pu l’embrasser la, en plein milieu. SI elle n’avait pas été réticente aux contacts physiques, et aux hommes. Autre histoire. Du coup, bon, elle n’allait pas épiloguer trop longtemps sur le sujet de l’infirmerie, mieux valait ne pas en parler, et … Ouais non, parler du conseil ce n’était pas forcement mieux, mais elle ne put s’empecher de sourire quand Juda lui dit être ingérable. Il était drôle, elle devait le reconnaître. Exactement le type de garçon qu’elle aurait aimé avoir en ami… Quelqu’un qui lui remonterait le moral parfois, et qui… Enfin. Qui pourrait lui donner envie de rire, quand même tout n’allait pas forcement bien.

- C’est vrai. C’était un vol de grand talent. On en entendra peut être parler encore longtemps.

A vrai dire, elle espérait un peu que ça soit le cas, son père serait tellement mal à l’aise… Ça la poussait à vouloir passer plus de temps avec le jeune garçon, et du coup elle l’invita un peu. Et se fit taquiner aussi. Ah ! Elle aurait presque pu rougir, mais au lieu de ça, elle se fendit d’un sourire un peu plus grand.

- Comme quoi, peut être qu’il faut un début à tout. Elle arqua un sourcil amusé, et puis elle tenta de reprendre son sérieux. La encore heureusement que tu n’es pas mon élève, ça aurait pu amener quelques questions de morale. Un clin d’œil plus tard, elle tournait les talons, en commençant à marcher. Allez. Viens.

- Elles sont toujours les même. On ne peut même pas vraiment étudier les constellations. Tu sais que c’était toute une science sur Terre avant la guerre, avant que le monde ne devienne une poignée de survivants dans une station spatiale ?

Et elle se demandait parfois si sur Terre c’était pareil, si sur la Terre, ils voyaient les étoiles comme elles avaient pu être visibles avant. Et elle aurait tout donné pour les voir ces putains d’étoiles la. Et peut être qu’un jour elle les verrait, si elle venait à mourir ? C’était un rêve qui n’avait pas de fin n’est ce pas ? M’enfin, elle réalisa qu’elle avait un peu trop divaguée, et que Juda en aurait peut être un peu marre. Bah, tant pis. Il l’avait cherché, c’était lui qui était venu jouer les héros hein ? Alors maintenant il fallait assumer. Et assumer la proposition qu’elle venait de lui faire. Même si il était encore assez jeune il n’était plus un élève, et c’était suffisant pour que les gens ne se fassent pas trop d’idées. Suffisant aussi pour faire des jaloux ?

- Quelques années ? T’es pas si vieux que ça pourtant non ? T’as quoi ? 20 Ans ? Et elle arrivait a avoir une conversation presque normale, alors c’était pas si mal non ? C’était quelque chose qui lui manquait, quelqu’un avec qui parler un peu, comme si c’était… naturel. Amical ?

- Les civilisations. T’sais, toutes ces vieilles choses qui se sont perdus quand des crétins ont décidés de lancer des bombes nucléaires partout sur le monde. Et toi, tu fais quoi ?

Elle était sure qu’elle l’avait perdu en parlant des étoiles, en même temps… Tant pis pour lui, il n’avait qu’a pas les avoir évoqué. D’autant plus que si il avait voulu changer de sujet, et bien il avait réussi non ? Bah, elle se reprit un peu en lui parlant des cours, et elle arqua un sourcil quand il lui parla de l’école qu’il avait séché. Ah. Ah… Chacun son truc après tout, elle avait ce problème avec un jeune en ce moment, il était indiscipliné et un peu sauvage, c’était chiant pour elle, mais elle n’abandonnait pas. Soit, elle se concentrait sur Juda plutôt, parce que c’était lui qui était en face d’elle. Petite explication, elle enseignait la civilisation, et lui, il était biologiste, ou du moins il le devenait.

- C’est peut être un point commun alors.

Elle commença à marcher, vérifiant si il la suivait. C’était vrai que la biologie en un sens, c’était un peu cette étude de ce qui n’était plus.

- Tu te spécialise dans les plantes ou les animaux ? Tu vas en faire ta vie je suppose. T’as un tuteur ?

Et elle s’intéressait vraiment à lui, parce qu’il lui plaisait ce petit gars. Pas dans le sens pervers du terme, elle n’aimait pas spécialement les hommes, elle n’aimait pas spécialement les gens. Mais elle les appréciait, et puis c’était un bon moyen de se prouver qu’il n’y’avait pas qu’Alice dans sa vie et… Ouais bon. Allez ! Ils étaient bientôt à sa cabine, au moins ils pourraient boire, manger et parler tranquillement. D’ailleurs en parlant de ça…

- Tu veux qu’on s’arrete récupérer nos rations ? Je t’invite à passer le repas avec moi sans sous entendus aucun.

Il aimait les animaux hein ? Oui, elle pouvait le comprendre. Le regne animalier était aussi fascinant que l’histoire humaine, du moins, c’était quelque chose qu’elle avait apprit dans les livres, dans les documentaires. Et elle hoche la tête alors quand il lui parla, esquissant un sourire quand il lui parla de Falkenrath.

- Jude. Elle esquissa presque un rire léger. Presque. Au moins avec elle tu ne dois pas t’ennuyer. Et venant de la même station elle connaissait assez la généticienne qui s’était lancée dans l’idée de créer la vie animale et qui passait son temps aussi à boire et à organiser des petites soirées un peu étranges. Oui, bien sur qu’elle connaissait Jude, qui ne la connaissait pas, elle avait entendu quelques fois Eckhart s’en plaindre, ça avait suffit à ce qu’elle soit curieuse d’en savoir plus. Et puis les grands esprits, quelque chose comme ça. Elle sourit un peu plus.

Puis elle lui proposa de passer prendre des rations, et cru se retrouver face a un enfant un jour de noël, il aimait vraiment la nourriture ? Pourtant, la nourriture de l’arche n’avait clairement rien d’interessant, c’était des rations deguelasses et souvent seches que l’on mangeait parce qu’il fallait le faire. Heureusement parfois ils avaient des légumes modifiés par la génétique et… Bon, on faisait ce qu’on pouvait n’est ce pas ?

- Parfait.

Et ça lui ferait du bien un peu de compagnie oui.