A song of fire and blood. - Feat. Neith.

Les cornes de brume sonnaient au loin sur le champ de bataille. C'était un bruit sourd, le bruit sourd de la victoire mais Altaïr l'entendit à peine. Le sang battait contre ses tempes, il avait le souffle court et le colosse qui lui faisait face quelques minutes avant était enfin à terre. La tunique dorée de Altaïr était à présent teintée de tâche rouge, le sang de son adversaire. Même le visage du Requin était tâché de rouge lui donnant ainsi des airs de monstre sanguinaire. Il tenait toujours fermement les deux glaives qu'il avait volé sur un cadavre. Ils avaient gagné, oui mais pour Altaïr la bataille n'était pas réellement terminée. Il restait des survivants, des barbares avaient pris la fuite.. Il devait les rattraper. Il devait les tuer. Tous les tuer jusqu'au dernier. L'homme serra un peu plus les manches des glaives.

Il se tourna alors vers le reste du champ de bataille et commença à marcher. Il ne marchait pas vers Kalawen, non. Il marchait vers les plaines qui s'étendaient sur des kilomètres à l'horizon. Altaïr accéléra le pas, il devait rattraper les fuyards et les blessés pour les achever. Sur son passage, il plantait son glaive dans le corps de quelques barbares agonisants au sol. C'était un service qu'il leur rendait là, il leur évitait des heures d'agonie, seul sur le champ de bataille. Jamais, ô grand jamais, il ne pouvait les laisser s'en tirer si facilement. Ils avaient détruit à de nombreuses reprises sa cité, tués un nombre incalculable de Sikru. Aujourd'hui était le jour où le peuple Sikru prenait sa vengeance. Aujourd'hui était le jour où Altaïr allait venger toutes ses âmes qui avaient perdues la vie lorsque les barbares avaient attaqués Sérön. Il avait le souffle court, saccadé, on aurait dit un animal, un prédateur. Altaïr était le requin qui poursuit sa proie jusqu'à la déchiqueter en petits morceaux et ainsi n'en faire qu'une bouchée.

Altaïr avait toujours le souffle court. Il n'y avait plus un barbare à l'horizon. Ils avaient tous courut aussi vite qu'une bande de biches devenues la proie des chasseurs. Il voulait les poursuivre, si il l'avait fallut, il les aurait poursuivit jusque dans le grand Ouest, sur leurs terres. C'était d'ailleurs ce qu'il comptait faire avant d'entendre son prénom crié par une voix féminine. Altaïr se stoppa net en reconnaissant la voix de sa reine. Il n'y en avait plus ? Déjà ? Il resta planté en plein milieu du champ de bataille, fixant l'horizon et tournant ainsi le dos à Neith. Le Requin serra un peu plus le pommeau des glaives qu'il avait toujours dans les mains.

Il resta là, sans bouger durant un certain moment. Il ne voulait pas bouger. Il voulait voir si les barbares allaient revenir. Même si Neith disait qu'il n'y en avait plus, Altaïr ne voulait pas qu'ils reviennent. Il y avait forcément des survivants dans les rangs des barbares. Ils ne devaient jamais revenir, il ne voulait plus jamais les revoir sur les terres de la coalition. Si le fallait, il resterait ici à tout jamais. Le Requin fronça les sourcils un peu plus, il avait l'esprit embrouillé par la bataille et le sang qui lui recouvrait le visage. Sa blessure à la gorge lui faisait terriblement mal mais il ne voulait pas lâcher l'horizon du regard. Il n'avait même pas remarqué que Neith était gravement blessée. Lorsque Altaïr avait quelque chose en tête, il était difficile de le faire changer d'avis.

Altaïr était encore bloqué sur l'horizon, sourcils froncés et la respiration saccadée. Il entendit à peine Neith lorsqu'elle l'appela une seconde fois mais ce fut lorsque la Keryonsi posa sa main sur le bras de Altaïr que le Requin revint à dans la réalité. Il cligna des yeux plusieurs fois avant de se tourner vers Neith.

- Ils risque de revenir Neith.. Il faut les rattraper. On ne peut pas en laisser un seul survivre.

L'homme reposa son regard quelques instants sur l'horizon avant de le poser définitivement sur Neith. Il fronça alors les sourcils en voyant que la tunique de la jeune femme collait étrangement à son flanc. Altaïr s'approcha un peu plus de Neith et posa doucement sa main contre le flanc de la jeune femme. La tunique était imbibée de sang et, en seulement quelques secondes, oublia les barbares qui s'étaient échappés. Il y avait plus important : La vie de Neith. La reine des mers semblait grièvement blessée. Elle avait beau dire à Altaïr que sa blessure méritait des soins mais le Requin était bien décidé à forcer la brune à recevoir des soins avant lui.

- Neith.. C'est surtout toi qui est blessée. Tu dois voir un guérisseur et vite.

Le Requin laissa son regard vagabonder autour de lui. Il n'y avait plus l'ombre d'un guerrier autour d'eux. Il savait que son initiative ne plairait peut-être pas à Neith mais il ne put s'en empêcher. Altaïr s'approcha alors doucement de la reine des mers et il déposa un baiser sur sa joue. Il était content qu'elle n'ait pas été blessée beaucoup plus gravement. Ils étaient tout les deux vivants et c'était l'essentiel. La colère qui habitait le coeur de Requin quelques instants auparavant avait été chassé comme le vent chasse les feuilles par la présence de Neith.

Neith avait raison, comme souvent. L'armée des barbares avait été écrasée par la coalition, leur chef était mort et les quelques survivants ne survivraient probablement pas jusqu'à ce qu'ils rentrent sur leur terres. De toute manière, des cavaliers seront sûrement envoyés par Heda pour achever les fuyards, du moins Altaïr l'espérait. Il espérait grandement que la commander ne ferait preuve d'aucune merci concernant les fuyards.
Le regard du Requin resta fixé sur la Keryonsi qui refusa catégoriquement d'aller voir un guérisseur. De plus, elle lui ordonna de rentrer et Altaïr fronça les sourcils avant d'hocher doucement la tête. Jamais il ne serait allé à l'encontre d'un ordre direct de la reine des mers.

- Bien.. Rentrons. Mais tu verras tout de même un guérisseur Neith. Tu saignes encore.

La blessure qu'avait Neith semblait encore fraiche alors que Altaïr lui avait été blessé en plein milieu de la bataille. Il grimaça d'ailleurs en portant deux doigts à sa gorge pour voir si ça saignait toujours. Le sang commençait à sécher, heureusement mais la plaie était encore un peu visqueuse de sang. Altaïr commença alors à marcher doucement, il boitait, vers les murailles de Kalawen.

- Ce barbare avait les dents pointues bon sang..

Le Requin espérait que cette vilaine blessure n'allait pas s'infecter d'ici à ce qu'il réembarque sur le Requin. Ce genre de blessure était loin d'être bonnes en pleine mer et Altaïr n'avait pas vraiment envie de retarder un peu plus son embarquement sur son navire. Voilà beaucoup trop de temps qu'il n'avait pas pu sentir le remoue des vagues et les embruns marins.

- J'espère que Heda nous permettra de poursuivre les fuyards..

Certes, sa colère était passée mais Altaïr ne perdait pas de vue son objectif principal.

Altaïr savait pertinamment que Neith n'aimait recevoir et ne recevait des ordres de personne. Et, même si sa phrase avait été prononcé sur un ton plutôt autoritaire, jamais il n'avait voulut lui donner un ordre. Le Requin s'inquiétait tout simplement pour son amie. Il voyait d'ailleurs la tâche de sang grandir à vue d'oeil sur la tunique de la reine des mers. Inutile de faire durer la discussion plus longtemps. Tenant Neith par les épaules tandis que cette dernière le soutenait par la taille, le duo d'éclopés se mit en marche vers l'enceinte de Kalawen qui se trouvait au moins à un kilomètre. Le trajet promettait d'être long et douloureux mais Altaïr ne préférait pas y penser. A la place, il préféra rebondir sur la réflexion que venait de lui faire Neith.

- Je porterai mal mon surnom si je n'avais pas la peau dure. Mais nous avons tout les deux la peau dure, je compte bien sur le fait qu'on réussisse à rentrer par nos propres moyens jusqu'à Kalawen.

Ses jambes lui faisaient un mal de chien, il avait du mal à marcher et sa gorge le brûlait terriblement. Il avait comme l'impression que sa plaie commençait à s'infecter. Ca ne l'étonnait pas grandement, il n'y avait rien de plus toxique qu'une morsure d'humain alors une morsure de barbare.. Le Requin prit une grande inspiration, comme pour se donner du courage, et il soutint un peu plus Neith par les épaules. Il sentait qu'elle avait du mal à marcher.

- Est-ce que tu as vu Sekhmet ?

Le sort de la jeune seconde venait de lui revenir en pleine figure. Altaïr ne l'avait pas vu de toute la bataille et il s'inquiétait grandement pour elle. Il savait que Sekhmet n'était pas du genre à se laisser faire mais.. Tout de même. C'était sa première bataille.

Le vent commençait à se lever sur le champ de bataille et le froid commençait à mordre la chair humidifiée par le sang de Altaïr. Il frissonna légèrement tout en poursuivant sa marche vers Kalawen. Ils n'avançaient pas vite avec Neith. Ni l'un, ni l'autre était en état de marcher d'un pas plus décidé et plus.. Énergique. En soit, la scène était plutôt comique. Voir le Requin et la Keryonsi marcher comme ça, en boitant et étant plus que mal en point, c'était plutôt étrange. Heureusement pour eux, le champ de bataille était désert et seul des corps étaient présent sur le champ de bataille. Tout ceci donnait une ambiance glauque aux lieux.
Altaïr, trop sensible ? Il leva les yeux au ciel d'un air amusé. Il n'était pas sensible. Il était tout simplement inquiet pour Sekhmet. Elle était si petite mais il savait qu'elle pouvait se débrouiller sur le champ de bataille et, au plus profond de lui, il savait que Sekhmet avait survécut. Aller savoir pourquoi mais il le sentait. Est-ce que c'était ce qu'un père pouvait ressentir pour sa fille ? Est-ce qu'un père le savait si sa fille était en danger ou pas ? Pourtant, le Requin avait l'impression que Sekhmet allait bien ou du moins, qu'elle s'en sortirait.

- Tu as raison. Sekhmet va forcément bien. J'ai hâte de la voir.

Altaïr avait eut vent d'une dispute entre la reine des mers et sa seconde. Il fronça légèrement les sourcils d'ailleurs. Il savait que jamais Neith ne renierait Sekhmet mais tout de même. Il ne pouvait s'empêcher de savoir si les choses allaient bien entre la Keryonsi et la jeune guerrière Sikru.

- J'ai entendu dire que.. Sekhmet et toi aviez eut une dispute. J'espère que tout va bien entre vous Neith.

Le Requin savait que Sekhmet était du genre sensible et il espérait que la seconde avait réussit à ce sortir cette dispute au cours de la bataille pour resté concentrée sur l'essentiel : Survivre face aux barbares.

L'assurance de Neith concernant l'état de santé de Sekhmet rassura un peu Altaïr mais tout de même.. Il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour la jeune femme. Le Requin savait cependant que s'inquiéter pour la guerrière Sikru ne l'aiderait pas à avancer plus vite pour rentrer à Kalawen. Il arrêta alors de partager ses inquiétudes avec la reine des mers de manière à pouvoir avancer d'une manière plus efficace vers Kalawen. Le vent leur faisait face et Altaïr dût un peu baisser la tête pour ne pas tout se prendre en pleine figure. Le vent était glacial et en baissant la tête vers le sol, le Requin se rendit compte du nombre impressionnant de corps qui étaient toujours sur le champ de bataille. Même la terre était devenue rouge à cause de la quantité impressionnante de sang qui avait coulé sur les terres du clan des prairies.
Le ton de Neith se durcit lorsque Altaïr osa évoquer la dispute qu'il y avait eut entre la seconde et la Keryonsi. Avant même de poser sa question, Altaïr avait sus que sa question ne plairait pas mais il avait quand même osé la poser. Il n'aimait pas rester dans le doute. Les sourcils de Altaïr se froncèrent et il écouta attentivement les paroles de Neith.

- Sekhmet apprendra avec le temps et avec ses erreurs Neith. Elle est encore jeune justement. Tout le monde n'a pas ta sagesse dès le plus jeune âge.

La dernière phrase d'Altaïr avait pour but d'un peu détendre l'atmosphère. Il se risqua même un lancer un regard en coin à Neith accompagné d'un sourire espiègle. La reine des mers avait raison sur de nombreux points concernant Sekhmet. La petite guerrière était encore jeune et sensible mais le Requin espérait bien que cette première bataille n'ait pas tout retiré à la jeune femme. Parce que même si sa sensibilité et sa tendresse pouvait être une faiblesse, c'était aussi une force parfois. Neith ne voulait pas le reconnaître mais un guerrier sans coeur peut être un danger pour lui et pour les autres.

- Elle a encore le temps de grandir Neith, ne soit pas trop dure avec elle.

Altaïr se renfrogna lorsque Neith n'eut pas l'air de comprendre la petite blague qu'il venait de faire. Bon.. La Keryonsi n'était clairement pas d'humeur à plaisanter sur le sujet. Certes.. Sekhmet n'était plus une enfant mais tout de même. Est-ce que Neith avait raison ? Est-ce que Altaïr faisait le papa poule ? C'était possible mais bon.. Le Requin continuait d'avancer vers Kalawen qui se rapprochait lentement ou alors c'était le duo qui se rapprochait lentement ?

- Je suis peut-être trop tendre avec Sekhmet, oui mais.. Elle saura se montrer digne de toi, ne t'en fais pas Neith.

Oui, Altaïr en était certain. Peut-être qu'à l'âge de 20 ans Neith et lui s'étaient déjà illustré lors de batailles et qu'ils étaient à la tête de l'empire Sikru mais tout de même.. Altaïr était persuadé qu'un jour ou l'autre, Sekhmet allait montrer sa véritable valeur au monde entier. Peut-être qu'elle s'illustrerait sur le champ de bataille ou bien en politique, qui sait ? Personne ne pouvait savoir ce genre de chose à l'avance mais le Requin espérait tout de même avoir raison à ce sujet.
Il ne leur restait que quelques centaines de mètres à parcourir pour enfin rejoindre Kalawen. Le pas d'Altaïr se faisait un peu plus traînant qu'au début de leur marche, il peinait vraiment à poser un pied devant l'autre et il avait la gorge sèche. Est-ce que c'était sa blessure à la gorge qui lui donnait cette impression de sécheresse dans sa bouche ?

- Aller.. Un dernier effort.

Il avait presque murmuré. Altaïr s'était dit ceci plus pour lui même que pour Neith mais il ne l'avait pas dit très fort pour ne pas que la Keryonsi sente que son général faiblissait. Il détestait que Neith le voit faible.