J’y penserais, ça voulait dire beaucoup de choses, et Luka analysait trop les paroles des autres, alors forcement, j’y penserais ça voulait dire beaucoup, mais ça voulait aussi dire des choses comme « ça n’arrivera pas » , « il n’y’aura pas de terre, il n’y’aura pas de choix. Enfin, c’était comme ça, et heureusement qu’il y’avait autre chose pour lui occuper l’esprit. Sa bétise à propos des plantes, les sourires de Lily. Décidement, elle la faisait beaucoup sourire, c’était quelque chose de bien non ? Pendant ce temps ni l’une ni l’autre ne pensait aux décisions foireuses de l’arche. Et Luka sourit elle aussi. « J’pense que ça risque de s’imposer alors. Et puis si t’es sur Terre avec moi, j’suis sure que ça sera encore plus agréable. » et c’était sincère encore. Elle aimait sa compagnie, vraiment. Et elle s’y raccrochait un peu peut être, comme a une bouée de survie, meme si elle ne le dirait jamais.

« Même si c’est ton travail, tu mérites des remerciements quand tu aides quelqu’un. » Elle arqua un sourcil. « Surtout si la personne c’est cette stupide Vargenson qui se blesse continuellement. » Bon, c’était presque pas vrai, ça faisait des mois la, qu’elle ne s’était plus blessée, mais on était jamais à l’abri d’un accident ou d’une maladresse, ou d’un miroir visiblement. Et elle lâcha presque un petit rire à l’évocation de techniques pour les quelles elle était trop vieille. « Ah tu sais c’qu’on dit des gens qui ont pas eu d’enfance, ils sont jamais trop vieux pour grand chose. » Et elle parlait d’elle et de ses problèmes avec tellement d’auto dérision et de nonchalance, qu’on pouvait se demander parfois comment elle faisait. C’était ainsi. Apprendre à vivre avec ce que la vie lui avait donné. Elle n’avait pas le choix de toute façon.

Et toujours assise, elle regarda la blonde revenir avec un bandage, neutre, blanc. Soulagée. Passant sa main non blessée dans ses cheveux elle sourit un peu plus. « Je ne sais pas, je n’ai pas bien réfléchi, une aventure épique contre un objet du décor qui m’aurait offensé. Ou peut être contre un gredin qui aurait voulu s’en prendre à ce que j’ai de plus précieux peut être ! Ils ne sont pas censés savoir qu’un miroir à gagné dans un combat contre ma colère non ? » Des bétises. Elle disait des bétises, légères. Et ça faisait du bien finalement, de ne pas se prendre trop au sérieux. Elle prenait au sérieux en revanche la dernière replique du docteur, et elle hocha la tête. « Si on avait vécu quelques années plus tot, avant que le monde explose, je suppose que j’aurais pu t’inviter à boire un café dans un endroit sympa. Mais je peux me contenter de t’inviter à boire un café chimique à la cafet, ou dans mes appartements. J’ai une belle collection de vieux livres. » Et par tous les dieux, elle en était fière. Elle avait du échanger la moitié des possessions qu’elle avait recuperé de ses parents, et des cours, pour réussir à capter les quelques livres sur le marché noir. Elle rajouta cependant, pour alléger la proposition. « Promis, j’ai pas prévu de kidnapper une membre du conseil, c’est une proposition sincère. » Qu’elle était con parfois.

Un peu distraite ? Ouais, elle voulait bien le croire Luka. Être dans la lune, enfin, elle détestait cette expression, mais ne pas avoir toujours la tête sur les épaules avait été un bon moyen de fuir la réalité. Quand elle ne voulait pas l’accepter. Ouais. Elle était un peu distraite, mais c’était juste pour se défendre contre le monde, et pas spécialement une qualité attachante. Peut être. Quoi qu’il en soit, elle passa la main dans ses cheveux, un peu gênée, avant de baisser les yeux quand Lily lui parla comme un médecin parlerait à un patient, ou peut être une mère à sa gosse. Elle était trop vieille pour être la gosse de Lily, et elle n’avait jamais vraiment eu une mère qui lui ai fait un discours du style. Mais elle s’imaginait que c’était un peu ça. Gentil et attentionné ? Elle ne pouvait qu’apprécier ça. Ça lui faisait tout drôle à l’intérieur. C’était toujours un peu bizarre quand on s’occupait d’elle. « Peut être. Mais je me dis que si je frappe des gens, je risque d’aller faire coucou au soleil d’un peu trop près. » Hmm, c’était peut être particulier de prendre les choses à la légère en ce qui concernait les sanctions de l’Arche. Bah c’était comme ça un peu. Et Lily essayait de la rassurer en faisant une analogie entre elle et le miroir. Leger moment de nostalgie dans les yeux de Luka. « Le suis-je vraiment ? » Et elle secoua la tête. Elle savait bien, elle, qu’a l’interieur elle était comme le Mirroir, brisée. Mais ça n’était pas une raison pour le dire. Pas comme ça. Elle n’était pas faible, elle n’avait pas besoin de pitié ou de compassion, ou de quelque chose comme ça. « Comme neuve oui. Grace à vos talents doc’ Prior. » Et elle pensait qu’avec un sourire la conversation sur elle même allait passer sur autre chose. Ça allait marcher hein ?

Elle était déjà passée à autre chose de toute façon, et venait de faire une proposition un peu bizarre et maladroite à la doctoresse. Aller boire un café hein ? C’était juste… C’était pas ce qu’elle avait voulu dire. Si, elle avait un peu voulu le dire. Mais c’était juste, c’était juste que Lily lui avait sous entendu vouloir la voir hors du cadre de l’infirmerie, et ses lèvres avaient fonctionnées plus vite que son cerveau. plus vite que ses filtres en tout cas. « Tu n’as pas tort. Mais à force de regarder les constellations à travers des grandes baies vitrés, je suppose qu’on se lasse. Peut être que c’est different vu d’en bas. » Ca la rendait mélancolique. Au fond, elle était juste fragile Luka, le monde était trop dur, être coincé était trop dur, étouffant. Elle n’était pas née à la bonne période au bon endroit. Mais qui l’était vraiment ? Par chance Lily répondait à sa plaisanterie et elle sourit un peu plus. « Tant mieux, je ne sais pas quelle est la punition pour le kidnapping d’un membre du conseil, mais je n’ai pas assez d’amis dans la Garde pour m’en préserver. » C’était une plaisanterie bien sur ! Un peu ? En tout cas sa proposition était acceptée, et chose peu commune, Luka rougit un peu jusqu’au bout de ses oreilles cachées. « Parfait ! … Attend c’est vrai ? » Et elle n’aurait jamais pensé que ça serait aussi facile. Si elle avait su, elle ne se serait pas fait aussi mal à l’époque. Bah, elle était peut être trop jeune aussi. « Maintenant ? Enfin je veux dire. Ce soir ? Quand ça t’arrange. J’ai un cours à donner je crois mais on peut se voir après. » A nouveau elle passa la main à l’arriere de sa nuque. « Je veux dire, dés que tu es libre et que tu en as envie je serais ravie. » Elle allait pas se faire virer du bureau à coup de pieds aux fesses hein ? Ou a coup de piqures.
Autant pour la contenance d'une prof respectée de presque la trentaine d'années. On aurait dit une ado. Elle l'était peut être restée un peu en ce qui concernait certaines choses.

« Peut être que je devrais apprendre à aimer ce que j’ai plutôt que tendre vers l’inaccessible. C’est un travail que j’ai pas eu le temps de faire avec la psy à l’époque. » En vrai, elle s’en était vite dépatouillée de la psy. C’était pas si dur, quand on savait quoi dire, quand le dire. C’était pas si dur quand on réfléchissait. Et qu’est ce qu’ils auraient pu y faire de toute façon. Elle voulait mourir, et quitter cette putain de prison. Elle voulait juste vivre mais trouver des buts à son existence. C’était pareil. Elle comprenait en tout cas, la manière de faire de Lily, qui aimait les choses stables, et elle avait peur un peu pour elle, car les choses étaient en changement constant. Et peut être qu’elle voulait l’aider, mais ce n’était pas son rôle, et quand on était pas fichu de s’aider soi même c’était un peu hypocrite de vouloir aider les autres non ?

Clairement. Elle se contenterait d’un café et d’une conversation. Pas maintenant non. Clairement pas maintenant, elle ne pouvait pas fuir ses responsabilités. Même si ça rendrait des gosses heureux – et ils avaient besoin d’un peu de bonheur dans leur vie non ? Et Lily ne pouvait pas fuir les siennes. Alors elle sourit, et tenta d’agir en adulte plutôt que comme l’ado avec un crush qu’elle avait cru être plus tot. Elle sourit et elle hocha la tête. « Bien entendu. Les responsabilités avant tout. Je m’en voudrais d’offrir quelques heures de libre à toutes ces têtes blondes qui ne souhaitent qu’apprendre les civilisations du passé. » C’était dit. avec un peu d’humour, et elle ne pouvait cacher le fin tressaillement de ses yeux et de ses lèvres, qui illuminait son visage parce qu’elle était heureuse. Et elle rit un peu, quand la doc’ parla d’une visite à domicile, elle ne put pas vraiment s’empecher de réagir alors. « Je pensais que je n’avais pas besoin d’être blessée pour te voir. » Et c’était sa manière de jouer un peu, de rebondir sur les phrases qui avaient été dites précédemment. Elle ne crachait pas sur l’occasion qu’elle avait cependant, elle appréciait vraiment.

Mais peut être qu’il était l’heure de partir. Elle avait des patients qui attendaient, et elle n‘avait plus besoin d’un docteur Luka. Alors elle se leva, et se tint droite quelques instants et regarda le médecin, qui était bien plus grande qu’elle. Oh, ça ne l’empechait pas d’avoir de l’assurance du haut de son metre soixante-trois. « J’ai déjà hate. Le Café chimique, c’est bien ce qu’il y’a de meilleur. » Elle ne bougea pas encore cela dit. « Je vais devoir te laisser menacer d’autres patients avec des aiguilles je suppose maintenant ? » Elle aimait bien l’infirmerie, c’était un havre en fait. Et elle aimait ses débats et ses conversations. Ca lui faisait du bien.

« Si tout le monde pouvait penser comme toi. » Et c’était quelque chose qu’elle aurait apprécié Luka, que les gens aient cet avis, cette conviction qui leur faisait aimer l’histoire du passé. « L’histoire n’est qu’une répétition de tout, si ils voulaient bien s’y ouvrir ils ne répèteraient probablement pas les mêmes erreurs. » Et diable, qu’elle aurait aimé que les gens puissent voir ça comme elle elle le voyait. Ca n’était pas le cas non. Et les gens considéraient pour la plupart son cours comme une grosse farce, une connerie peut être. Comme ceux qui se moquaient du cours de Charles. C’était comme ça. ils étaient un peu bête. Voir plu qu’un peu à vrai dire. « Heureusement certains sont quand même interessés. Je me serais sentie un peu bizarre sinon. » Et bon, oui, peut être qu’elle l’était un peu, mais soit. C’était une autre histoire non ?

Et elle devait avoir l’air bizarre la, à parler un peu trop vite comme une ado. Mais c’était pas grave, parce que le doc’ avait pas l’air de lui en vouloir vraiment, et qu’elle essayait quand meme de garder une certaine contenance. Enfin, dans les limites du possible. La question la fit sourire en tout cas. « Tu peux venir me voir quand tu veux. » C’était plutôt soft comme réponse, elle avait réussi à ne pas faire de sale sous entendu, ou lancer une pique une peu stupide. C’était bien. Elle était fière d’elle. Elle s’offrirait un verre si elle avait l’occasion. Et en parlant de verre. ;. « Peut être bien oui. Et peut être qu’il y’aura de la vrai nourriture. De la viande, des frites, comme dans les livres et les films. » Ça la rendait curieuse. Elle aurait voulu pouvoir imaginer le gout de ces aliments et peut être qu’elle appartenait à la génération qui pourrait y gouter ? Peut être oui. En tout cas, elle se faisait la promesse que si un jour ils arrivaient sur Terre prêts à gouter au café, la première personne avec qui elle essayait d’en partager un serait Lily, sauf si celle ci avait quelqu’un avec qui partager un café, ou mieux à faire. Avec quelqu’un d’autre. Pas une prof de la trentaine paumée avec ses grands yeux clairs et son air perdu.

Pour l’heure, en tout cas, elle avait une espèce de rendez vous prévu, et elle ne pouvait pas faire tirer plus longtemps son temps ici. « Je n’aimerais pas être à leur place alors. » Il y’avait cette hésitation à partir, mais il y’avait la promesse du plus tard alors… « Je suppose que c’est le moment où je te dis à bientôt du coup. Bon courage pour le travail. Pas que tu en ais forcement besoin, mais enfin. Voilà. A plus tard doc’ Prior ! Travaillez bien. » Le plus tard n’arriverait pas assez vite. Mais il finirait par arriver, alors c’etait l’essentiel non ?