FT. JAKOB - 18-11 -  MT. WEATHER

Les jours passaient et se ressemblaient, et l’ancien soldat trépignait d’impatience dans ce lit où on la clouait de force. Il y’avait des moments où les infirmiers la regardaient avec des étoiles plein les yeux, des moments où les jeunes du ciel venaient peut être parfois s’intéresser au héros qu’ils pensaient qu’elle était. Et puis il y’avait les moments où les gens de Mount Weather la haïssaient, parce qu’elle était la traitre, elle était celle qui les avait condamnés à une vie de liberté loin de l’hideux Cage et de sa manière de faire. Elle souffrait leurs critiques, les encaissait comme elle devait le faire, et ne dormait parfois que d’un œil quand ils étaient ceux en charges de l’infirmerie.  Pas qu’elle ne craigne de mourir. C’était juste ainsi.

Le temps passait. Elle ne le remarquait pas vraiment, et même ses visites n’étaient pas suffisantes, elle voulait se lever. Elle voulait mourir. Elle voulait… Elle ne savait pas. Ses yeux se refermèrent, encore une fois. Elle n’était pas assez forte pour lutter finalement. Morphée la prit à nouveau. Combien d’heures ? De jours ? De minutes ? S’était elle à nouveau endormi ?  

A son réveil il y’avait quelqu’un, il portait les cheveux longs, et ne ressemble à personne qu’elle ait vu d’ici la. Elle le regarda à peine, jusqu'à ce que finalement il ne vienne se rapprocher d’elle.  Ses yeux clairs se posèrent sur toute la silouhette et elle attendit qu’il ait finit de parler. Des mots qui ne blessaient pas s’echapperent des lèvres de l’homme. Elle les encaissa. Comment aurait elle pu ne pas les encaisser alors qu’elle considérait elle même qu’ils méritaient pire encore que ce qu’ils avaient fait. Il y’eut une question, et finalement elle tenta de prendre une position presqu’assise, grimaçant à la douleur encore presente en son sein, tentant de garder l’air neutre quant aux mots.

«  Non. »   Mais elle était satisfaite en un sens, que quelqu’un soit la, sans savoir ce qu’elle avait fait. Que ça ne soit pas un homme venu la remercier une nouvelle fois d’avoir tué Cage. C’était quelqu’un qui avait probablement souffert de la montagne, et qui venait chercher rétribution. Elle reprit la parole. «  Viens tu chercher vengeance ? »  Si il voulait la faire souffrir, elle s’offrirait. Elle avait accepté bien des années plus tot, de porter toutes les croix sur ses épaules, pour que la Montagne ne subisse enfin ses erreurs.

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L’homme qui portait des vêtements hideux – elle devait bien l’avouer, et qui n’allaient pas spécialement avec ses cheveux, avec les traits de son visage, et l’air sauvage qui se dégageait de lui, semblait different peut être de certains terriens qui auraient pu la regarder avec haine.  Il semblait curieux, vif, et Rhodan comprit avant même qu’il ne prononce le Non qu’il prononça bien, qu’il n’était pas la pour être son bourreau. Ca ne serait pas non plus par sa main qu’elle trouverait la libération, qu’elle trouverait la rédemption qu’elle semblait incapable de trouver.  Elle ne s’offrirait pas alors à sa vengeance, pas parce qu’elle ne le voulait pas, mais parce qu’il ne la cherchait pas, et elle ferma les yeux quelques instants, presque déçue. Ce n’était pas tant qu’elle cherche à souffrir encore, mais c’était un peu ça tout de même, et la blessure dans son torse n’était pas suffisante. Elle aurait du mourir. Elle aurait voulu mourir.  Ça n’arriverait pas maintenant.

Et l’homme tentait de comprendre peut être, tandis qu’il parlait avec une sagesse qu’elle ne pouvait qu’admirer. Elle le fixa quelques instants, avant de hocher la tête. «  Mais peut être que je merite tout simplement de souffrir. »  Et elle était défaitiste, et peut être qu’elle était encore plus défaitiste maintenant qu’elle était blessée, incapable de boger, incapable de faire quelque chose de bien ? Bah, comme si elle avait déjà fait des choses bien… Tsssk. Elle se haïssait encore. Il parlait à nouveau, et elle le fixa longuement avant de lui répondre. «  Vous avoir aidé sur les derniers moments n’amende cependant pas ce que mon peuple vous a fait pendant des décennies, durant les quelles nous n’avons eu d’autres choix que de subir. Tout comme avoir tué le fou qui tirait les ficelles n’amende en rien ce que j’ai du faire pour gagner sa confiance afin d’en arriver ici. »  Et jamais elle ne se serait vantée d’avoir tuée Cage, mais il y’avait quelque chose dans ce terrien – elle refusait de le traiter de sauvage, il ne l’était pas, il avait les traits plus fougueux qu’un montagnard, mais il n’était pas sauvage, il était civilisé, bien plus que les pales pantins qui vivaient sous la montagne. «  Rhodan. »  Elle essaya de tendre la main, même si ça tirait dans l’épaule, dans le torse. Parce qu’elle voulait se présenter, et parce qu’aussi elle voulait savoir son nom.

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Ça lui faisait bizarre, que ça soit un terrien qui la remercie, une de ces personnes en cage qu’elle avait certes voulu aider mais voilà et … Et pourtant il était la, et elle essayait de s’arranger sur le lit inconfortable, en le regardant, pendant qu’il lui parle. Pendant qu’il lui dit qu’il est peut être ici grâce à elle, et malgré tout ce qu’elle pense, malgré tout, elle sait que c’est vrai. Que sans elle ils seraient encore peut être dans les cages, que… Elle n’a pas été inutile dans cette guerre, et elle sait qu’elle a joué un rôle important, mais c’était ainsi. Elle n’arrivait pas spécialement à avoir une bonne estime d’elle même, parce qu’elle faisait parti de ces monstres, parce qu’elle… Ah fuck. Voilà. « Peut être oui. Mais si les gens de mon peuple n’existaient pas, tu ne te serais pas trouvé dans ces cages à la base. » Et franchement elle merite d’avoir mal de toute façon, elle aurait merité bien pire.

Quoi qu’il en soit, elle serra la main de Jakob. Quatre. « Pourquoi ? » Et elle sourit parce qu’il sourit un peu, meme si c’est douloureux. Elle lui serra la main oui, regrettant une fois de plus d’être de ce peuple de fou. Il ne méritait pas ça, il avait l’air poli, sage, gentil aussi. En d’autres lieux, en une autre vie, ils auraient pu faire connaissance, mais maintenant, ici, elle n’était qu’un monstre. Elle eut une lueur de tristesse dans ses grands yeux, et elle tourna la tête quelques instants.

Il allait partir peut être ? Ou peut être qu’il n’avait pas l’air d’en avoir envie. Parce qu’il voulait parler maintenant, et il lui posa une question qui la fit fixer longuement les barres métalliques dans le fond de l’infirmerie, un autre corps blessé, dont le visage était empli de haine à son égard, elle pouvait le voir. Elle haussa les épaules et ce fut douloureux. « Je ne sais pas. » Qu’allait elle faire maintenant ? C’était la question que tous étaient en droit de se poser et à la quelle elle ne savait pas répondre. « Je n’avais pas prévu d’être encore vivante après la rébellion. » Au moins c’était clair. « Et toi, que vas tu faire ? »

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Il avait un petit coté étrange le charmant terrien à qui elle parlait. Oui, ce n’était pas parce qu’elle n’avait jamais essayé de s’interesser à qui que ce soit, qu’elle n’appréciait pas la beauté des gens, et elle devait reconnaître que malgré ces vêtements trop laids pour lui, et son visage encore un peu trop maigre, il avait de très jolis yeux. Soit donc. Quatre, parce qu’il était le quatrième. C’était une façon comme une autre d’appeler ses enfants, et elle n’imaginait pas une famille aussi nombreuse, elle qui avait été enfant unique. Mais elle se doutait bien qu’a l’exterieur c’était bien different. Qu’a l’exterieur les choses n’étaient pas les même. Et elle se doutait aussi que meme si ils semblaient plus sauvages qu’eux, parce qu’ils ne vivaient pas dans des maisons en pierre ou des choses comme ça, parce qu’ils n’avaient pas toujours d’electricité, bah finalement, c’était eux, les montagnards les sauvages. C’était quelque chose dont elle était persuadée, et peut etre qu’un jour elle sortirait et elle irait les voir les terriens. Ceux qui voudraient bien accepter la traite en tout cas. Elle n’y était pas encore.

Et pourtant, la conversation parlait de futur, et elle était assez mal a l’aise. Elle aurait voulu mourir. C’était ce qu’elle avait prévu et ce qui aurait du arriver. Non, ses grands plans avaient touché à leur fin, et elle ne savait plus ce qu’elle devait faire. Alors elle s’interessa à ce que lui allait faire. Elle comprit, qu’il était chef de village, et qu’il avait une sœur. Qu’il allait tenter de vivre. Il était un exemple peut être. Elle devrait faire comme lui. Tenter de vivre. Mais c’était trop dur encore. C’était trop douloureux, de respirer, d’exister. Tout l’attacher ici, sans vraiment qu’elle n’y soit encore attaché. Il posa une question, et elle baissa les yeux quelques instants, regardant ses mains fatiguées. « Je ne sais pas. » Mais autant être honnête jusqu’au bout. « J’ai vu quelques extraits du dehors. » Il fallait lui expliquer peut être. « Je fais parti des rares, ceux qui ont eu les dons de moelle pour pouvoir sortir. » Puis elle tourna la tête. « Mais je ne merite pas de sortir, et de profiter de ce que l’exterieur peut être. » Et cette montagne serait peut être un peu son tombeau. C’était tout.

« Tu as peur de rentrer chez toi ? » Il avait pas l’air vraiment motivé en tout cas. Par chance, elle avait d’autres questions aussi. « Tu es chef de village alors ? Tu peux me parler de vos hiérarchies ? » Ca l’interessait vraiment.

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Ça lui faisait bizarre de parler avec un terrien comme ça, mais quand elle y réfléchissait c’était un peu tout ce qu’elle avait souhaité pendant ces longues années où elle avait su qu’ils étaient enfermés. Pourtant, elle avait évité de franchir le pas trop souvent. Elle savait que ce n’était pas le moment, elle savait que ce n’était pas la meilleure chose à faire. Elle savait que ça serait mal pris, par ces mêmes personnes qui l’intéressaient, c’était ainsi. Mais maintenant le terrien était la, en face d’elle, et c’était lui même qui lui parlait, qui lui posait des questions. Et ça ne la dérangeait pas. Déjà ça lui permettait un peu de passer son temps. Et au moins il y’avait quelqu’un de sympathique envers elle à son chevet et finalement… même si il la gênait parce qu’elle se sentait coupable, ça l’apaisait d’avantage que les gens qui la haïssaient qui la regardaient avec des yeux emplis de mépris ou de haine ouais. Alors ouais, ça la dérangeait pas tant que ça quand elle y réfléchissait, de répondre à ses questions et de partager un peu avec lui. «  Je peux sortir oui, je ne le ferais plus maintenant. »   Parce qu’elle ne le méritait plus. C’était un fait. Elle l’avait peut être merité 13 ans auparavant quand les choses étaient encore belles quand elle rêvait des étoiles avec Andrea. Mais désormais, seule, sans Andrea et acteur de sa vengeance, elle ne méritait plus de respirer l’air libre, de voir ces constellations qui avaient hantées le plafond d’Andrea Heath pendant bien des années.  

C’était ainsi voilà tout. Et elle était curieuse sur lui, comme il avait été curieux sur elle. Elle voulait savoir, de cette soif de culture un peu, de cette envie de découvrir ce peuple qui avait été l’ennemi, et qu’elle n’avait jamais considèré comme tel. «  Parfois la vie nous met sur un chemin que l’on imaginait pas. Au fond la force c’est de s’adapter. »  Elle fronça les sourcils après ça. «  Je suis navrée pour ton père et ton frère. Je suppose que ce sont les miens qui t’ont causé ces pertes. »  Et elle maudissait le simple fait de les nommer les siens.  Mais elle assumait. Elle assumait parce qu’il le fallait. Parce qu’ils étaient des sacrés connards peut être, mais qu’elle était née ici, et qu’elle ne valait pas mieux qu’eux.

La proposition la surprit après ça. Et peut être qu’elle en avait envie au fond d’elle. Mais non, elle ne le méritait pas. Il ne savait pas ce qu’il faisait. Elle secoua la tête un peu. «  Non. »  Et c’était triste, de devoir dire non. Mais c’était ce qu’elle devait faire. Elle ne pouvait pas accepter. «  Je ne veux pas sortir. »  Parce qu’elle ne voulait pas abandonner Lizz, malgré tout. Parce qu’elle ne méritait pas de vivre une seconde chance, une seconde vie. «  Et puis, tu viens  à peine d’être chef, je ne pense pas que cela soit un bon choix pour toi, d’y rentrer avec une ennemie. »

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Peut être que d’ici quelques temps, elle se remettrait sur pieds, et elle sortirait. Alors déjà, elle irait voir Whisky, comment il faisait, ce qu’il devenait. Et puis, elle tacherait de chercher un endroit tranquille, où elle pourrait voir les étoiles et rendre son dernier hommage à celle à cause de qui elle avait fait tout ce qu’elle avait fait. Celle à cause de qui elle en était arrivée la. Plus tard oui, peut être. Mais pour l’heure il y’avait tellement de choses à faire encore dans la montagne. Elle devait rester la, et peut être veiller sur Lizz, parce que plus personne n’était la pour le faire, que la jeune femme le veuille ou non. Et puis, méritait elle vraiment elle, la traitre ? La rebelle ? Meritait elle de respirer l’air pur, alors qu’ils s’étaient condamnés eux même dans cette Terre viciée ? Elle ne le savait pas. Elle ne le pensait pas. Ce qu’elle savait, c’était uqe ça lui plaisait de parler à ce terrien, réalisant quelque chose qu’elle avait toujours voulu faire. Echanger, loin d’un rapport de force quelconque. Il était la, elle était la, et les deux étaient plus ou moins libres de s’enfuir si ils le voulaient. Bien qu’une fuite de sa part, aurait probablement resulté à une hémorragie. – Ça ne l’aurait pas dérangée –

Et maintenant, ce chef de village nouvellement appointé, était à ses cotés lui proposant de l’emmener avec lui. En un sens, c’était trop beau pour être vrai, et une gamine rêveuse, se disait qu’elle aurait pu accepter. Elle ne le ferait pas bien sur. Elle devait encore vivre avec ses culpabilités, et lui, avait probablement beaucoup plus important à faire. Lui ne semblait pas le penser, et elle fronça les sourcils. « Pourquoi ? » Et si elle n’était pas spécialement apte à remonter le moral des gens, elle pouvait essayer de comprendre. « Ils ne te désirent pas comme chef ? » Et elle essayait encore de comprendre les façons de procéder des terriens, parce que c’était étrange pour elle. Ils avaient élus un président et… Enfin, elle fronça les sourcils, avec cette lueur de curiosité, qui se changea en un sourire.

« Tu pourrais essayer oui. Mais tu sais, j’ai été soldat quand même. Il se peut que j’emmete un peu de résistance. » Chose étrange cela dit, elle rit d’un léger éclat, causant quelques regards outrés qui se tournèrent vers elle. « J’ai encore beaucoup de choses à régler dans la montagne. » Et elle reprenait un air totalement sérieux. « Mais si tu désires revenir un jour, je serais ravie de te recevoir à nouveau, et de te faire visiter ces facettes que tu n’a pas vu. Bien que… Je ne pense pas que ce soit un endroit où l’on ait envie de revenir. »

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C’était triste un peu, d’entendre le terrien lui dire qu’il n’allait probablement pas être très apprécié une fois qu’il rentrerait chez lui, et elle  eut presque envie de l’enlacer pour le réconforter. Hors, ce n’était pas vraiment sa manière de faire, et qui plus est, elle ne pouvait pas bouger dans cette position. Pas vraiment. Alors elle lui offrit un léger sourire. «  Je te souhaite bonne chance alors »  Et il avait probablement vu le pire de l’humanité entre ces murs, alors il serait prêt pur son village et ses responsabilités, elle voulait y croire. Parce qu’elle avait peut être besoin de croire que les gens, gentils, avaient de l’espoir dans ce monde.

Et il était gentil, vraiment, ça se voyait dans sa façon de lui parler, de vouloir lui montrer le monde, la sortant d’ici, et elle ne put s’empêcher de sourire quand il proposa de l’assommer, gardant le sourire quand il lui annonça qu’il reviendrait, pour elle, parce qu’il voulait qu’elle sorte de la. Et ça la touchait en un sens, parce que pour le moment elle n’avait aucun but dans sa vie, et qu’elle se morfondait sur son compte. «  Je dois attirer la pitié je suppose. »  Et elle perdit un peu son sourire, parce qu’elle avait toujours été si forte à l’exterieur, si fière. «  Mais je suppose que je le merite. La pitié.  Voir l’exterieur je ne suis pas encore sure. »  Et puis pourtant, le sourire revint un peu. «  Mais je pense que j’aurais besoin d’oxygene, selon comment se passent les choses ici. »  Parce qu’elle ne pensait pas que la vie serait facile, avec ces gens qui la traitaient de traitre. Alors elle verrait. A moins qu’elle ne se résigne  à souffrir continuellement. C’était possible aussi.

« C’est assez drôle quand on se dit que tu es plus apte au pardon, que les gens de mon peuple, alors qu’ils appelaient les tiens des sauvages, des barbares. Tu n’as rien d’un barbares. Ce sont eux. »  Et peut être qu’elle s’en fichait qu’on l’entende. Parce que les détestait tous eux, ces stupides individus qui préféraient voler du sang et des morceaux d’os a des innocents… Plutot que de laisser le cours du temps faire son effet !