maybe not dreaming only about you ▬ Lexa

Clarke ne put retenir un mince sourire attendri, de flotter sur ses lèvres,  en lisant l’inquiétude, dans les traits de Lexa. Elle aurait voulu la rassurer, mais elle revit l’inquiétude de sa mère, quelque part, et son amusement disparu. Clarke avait échappé à la mort, tant de fois, depuis qu’elle avait atterri ici. Elle n’avait pas gardé le compte, mais il aurait été trop grand pour elle. Elle ne s’était jamais imaginée vivre une vie d’aventures. Avant, avant que tout ne commences, que les problèmes d’oxygène n’existent, et que son père soit tué, Clarke aurait songé prendre les rênes de l’infirmerie, après sa mère, et elle aurait fait son bout de vie, trouver un mari convenable – maintenant qu’elle y songeait, Bellamy aurait fait un mari convenable – et aurait perpétré la race humaine. Elle plissa un peu le nez. Maintenant qu’elle y songeait, sa vie sur Terre était beaucoup plus palpitante, et cette mise en perspective l’aidait à se dire qu’elle choisirait de retomber sur Terre. «  Je suis heureuse qu’ils t’aient loupés. » Clarke aurait haussé les épaules, si deux lèvres volatiles ne s’étaient pas égarées sur les siennes. Son cœur battit sensiblement plus vite et elle fit un effort, pour embrasser une nouvelle fois Lexa, avant qu’elle ne soit hors d’atteinte – tout était bon à prendre. « Les gens font des erreurs quand ils ont peur. » Elle hocha la tête, attentive aux mots de Lexa. Il était dommage, quand la peur amenait à ce genre de comportement. Clarke s’interdisait d’y succomber, et de se laisser écraser par celle-ci. Elle était son leitmotiv le plus puissant. Pour autant, elle ne s’excuserait pas de faire des erreurs, sur le coup de la peur. Cela devait avoir un rôle à jouer avec sa position, ce qui l’avait amené jusqu’ici.

« Ils n’ont pas peur, ils ont Envie. » Une lueur sombre passa dans le regard de Clarke, en se souvenant des horreurs qui se terraient dans la Montagne. Ils étaient prêts à tout. Ce n’était pas de la science, c’était de la folie. Ils étaient allé jusqu’à forer dans les os de ses semblables, de son peuple, pour obtenir de la moelle épinière. « Ils ont Envie, et ils sont impatients. Ils ont vécu trop longtemps sous terre. » Ils ont vécu trop longtemps. Ça n’aurait pris qu’un an, pour donner l’accès à la surface, à tous. Une paix aurait pu être construite, mais dès le début, ils étaient partis perdant. Le président le savait, c’était pour ça, qu’il n’avait pas voulu laisser partir Clarke. Car elle n’aurait jamais reconnu les pratiques barbares des hommes de la Montagne. Elle se demandait où le point de non-retour avait été franchi, pour eux. Quand est-ce qu’ils avaient décidé de se servir des autres, pour survivre. Clarke, peut-être, n’aurait jamais de réponse. Elle pourrait demander à Maya, mais elle n’était pas sûre de le recroiser vivante…

« Est ce que je peux la voir, ta blessure ? » Clarke papillonna des yeux, reprenant pied avec la réalité, retrouvant le confort d’être lovée dans les bras de Lexa, dans un lit terriblement confortable, à l’abri des soucis, et de l’idée de la guerre. Elle n’eut le temps de rien dire, que l’expression du commandant se fissura, et Clarke fit un effort, pour ne pas montrer son amusement. Elle n’avait pas besoin de raison, mais Lexa semblait vouloir en donner une. La fille du Ciel fut sur le point de le faire elle-même, quand «  Tek ai dula dei op. » Le rouge lui monta aux joues. Bon, elle avait très certainement mal compris les intentions de Lexa en trigedasleng, mais il était trop tard, et elle sentait le feu lui mordre la peau. Le geste qu’elle était en train de faire – tenter de se relever – fut suspendu et elle resta sur ses coudes, dévisageant Lexa, la bouche légèrement entrouverte. « Est-ce que… » Elle se racla la gorge, jugeant bon de reprendre un peu de contenance, avant de parler. « Est-ce que tu veux me déshabiller ? » Clarke n’était pas très sûre, et elle n’avait pas envie de savoir si c’était bien ça. Sa voix monta d’une octave ou deux.

Théoriquement, Clarke n’aurait pas dû s’inquiéter pour si peu, mais elle fut prise de court et finalement, elle reprit ses esprits, se redressant, le visage un peu fuyant. Elle tenta de prendre une inspiration calme, et de se concentrer sur autre chose. Lexa voulait voir ses blessures, oui, ses blessures. Oh seigneur, est-ce que les grounders avaient des pratiques SM ? Octavia ne lui en avait jamais parlé, mais il y avait un risque. Alors, elle lui tendit son bras, la laissant lui enlever sa veste, puisque tel était son souhait… La peau fut découverte, Clarke en t-shirt, dans le lit du commandant. Elle passa une main dans ses cheveux, se concentrant sur ses bras, survolant les bleus qui disparaissaient, parfois pour des raisons qu’elle avait oubliées. Elle ausculta son biceps droit, trouvant les deux orifices, où la peau était encore rose, les tissus cicatriciels virant au blanc dans quelques jours. « Là. » Elle bougea son bras, pour montrer à Lexa. Puis ses doigts glissèrent, sur la longue ligne qui couvrait son avant-bas. Elle était un peu plus ancienne, mais ici, la couleur était encore un peu plus vive. Clarke avait retiré les fils, il y avait quelques jours, sous l’œil dégouté de Poney, qu’elle avait réquisitionné pour l’aide. « J’ai fait ça pour m’échapper du Mont Weather. » Ah, les joies d’un plan de fuite improvisé. Clarke n’aurait fait aucun sacrifice, pour pouvoir s’échapper de chez eux. Une coupure dans le bras ne représentait rien. Elle passa à l’autre bras, retrouvant une croute fine, qui passait non loin du creux du coude. En y songeant deux fois, elle avait été chanceuse de ne pas avoir eu les ligaments tranchés, incapable de dire si elle aurait vaincu Anya, avec un bras en moins. « Et ça, c’est Anya. » Prononça-t-elle en un murmure.

L’ambiance avait définitivement changé, Lexa avait éventuellement réussi à pousser la guerre loin de l’esprit de Clarke, alors qu’elle laissait les doigts du commandant courir sur sa peau, découvrant les traces que cette Terre avait laissées sur elle. Ses doigts chatouillaient sa peau sensible, et envoyait des frissons à certains moments, là où les cicatrices étaient restées éveillées. Sur l’Arche, il n’y avait pas une telle fascination dédiée aux cicatrices, mais pour Clarke, il n’y avait rien d’étonnant à ce que les grounders s’y intéresse. Il paraissait que c’était une preuve de force, et que certains collectionnaient les marques en fonction du nombre d’hommes qu’ils avaient tués. Clarke, ce n’était qu’un traité de toutes les fois où elle avait survécu. « Les armes à feu font des blessures terribles. » Elle hocha sensiblement la tête. Les balles perforaient et déchiraient tout sur leur passage. Ce n’était pas la pire souffrance qu’elle avait ressentie, mais il était vrai que les fusils restaient un moyen d’abattre un homme rapidement. La preuve de ce que la technologie humaine arrivait à apporter. Le pire étant quand la balle restait à l’intérieur… Elle avait été chanceuse sur le coup. Aussi ironique que cela puisse-t-être. « Ton courage est sans faille. » Ses doigts se posèrent sur la main de Lexa, un mince sourire sur les lèvres. Ce n’était pas du courage, c’était de la survie, pure et simple. « Ce n’est que des tissus et du sang, rien qui ne pouvait être soigné. » Le fait qu’elle soit coutumière avec les sciences du corps et de la médecine l’aidait à dédramatiser tout ce par quoi elle était passée. Clarke arrivait à se convaincre que ce n’était que quelques cellules, avec un peu de douleur. Cela lui permettait une large manœuvre dans ce qu’elle était capable de faire, avec son propre corps. De ce qu’elle était prête à sacrifier, sans le regretter.

Ça avait été le cas avec Lincoln, où elle n’avait pas hésité une seule seconde, à tirer dans sa clavicule. Car elle savait que la balle allait ressortir. Ca avait, probablement été le cas, avec Anya, quand elle lui avait tailladé le bras et la jambe. Blesser pour immobiliser, jamais pour tuer. « Comment est-ce arrivé ? » Clarke s’étira, tombant en arrière, replaçant sa tête sur l’oreiller de Lexa, l’invitant à reprendre la position qu’elles avaient quitté, quelques minutes auparavant. «  Est ce que tu as sommeil ? » Elle n’y avait plus songé, occupée à parler de la chasse, d’Anya, des erreurs et des doutes. Mais oui, elle sentait la fatigue, latente, dans ses muscles, dans la manière dont ses yeux se fermaient de temps à autre. « Un peu, oui. » Avoua-t-elle. Elle s’empara du bras de Lexa, la tira vers elle, lui présentant son dos. Clarke soupira, installée ainsi en cuillère. Elle ferma les yeux, profitant du calme qu’il régnait, de la présence de Lexa dans son dos, ses doigts jouant avec la main de la Fille Sauvage qu’elle avait emprisonnée. « Nous nous sommes battues. Anya voulait me ramener à son village, ou à toi, je ne sais plus. » Elle bougea un peu, se lovant du mieux possible contre Lexa, mêlant à nouveau ses pieds avec ceux du commandant. « Pour sauver son honneur et amener la femme qui avait brûlé ses guerriers. » Maintenant qu’elle y pensait, si elle avait réussi, Clarke aurait sûrement connu le supplice de 300 morts. Soudain, elle ressentit le soulagement, de ne pas avoir abandonné. « On était pas loin du vaisseau, justement, et elle a trouvé un couteau. » Plus exactement, c’était Clarke qui l’avait trouvé, puis que ce l’était misérablement fait prendre par Anya. Il n’y avait pas à dire, entre les deux, Anya était une combattante redoutable. Si elle n’avait pas encore sous l’effet du sédatif, il n’aurait fait aucun doute qu’elles seraient arrivées à TonDC, et non au Camp Jaha. « J’imagine que tu es mieux placée que moi, pour savoir comme Anya se bat… se battait. » Elle était curieuse, de savoir comment Lexa se battait, réellement. Peut-être devrait-elle lui demandé, pour assister à un entrainement, ou à un duel. Ca devait être fascinant, quand on était pas de l’autre côté de son épée.