EIJA + HEDA

can ai speak kom yu ?

Eija veut savoir ce que la jeune femme face à elle ressent pour les enfants qu’elle a tué lors de son conclave. Après tout, elle a passé des années à s’entrainer avec ces mêmes enfants, elle était même peut-être amie avec certains d’entre eux. Mais cela ne l’a pas empêchée de les tuer ce jour-là, de tous les tuer, de sang-froid. Eija veut savoir tant de choses depuis qu’elle a appris que son petit frère avait été tué lors du conclave. Elle veut savoir pourquoi, comment et à quel moment, si Axom s’est montré digne de l’enseignement qu’il a reçu de sa part mais aussi de celui des instructeurs de Polis et s’il a bien combattu pour sa vie. Mais ces questions-là, elle ne peut les poser au commandeur sans dévoiler certains aspects de sa vie. Quant au reste, c’est plutôt de la curiosité malsaine, savoir ce que la femme face à elle ressent après tous ces meurtres. Savoir si elle se souvient de leurs visages, de leurs noms, de la façon dont elle a pris leurs vies… Mais pour l’instant, elle veut juste savoir si elle se pense aux enfants de son conclave. C’est tout.

Eija observe son visage après sa question et remarque son regard un peu fuyant. Quand elle lui répond qu’elle pense parfois à eux, Eija est un peu surprise. Elle ne s’attendait pas à ce que le commandeur lui réponde cela, elle était presque persuadée qu’elle ne s’en rappelait pas. Ou plutôt qu’elle cherchait à ne pas s’en rappeler. Eija acquiesce quand le commandeur lui indique que c’est une loi à respecter et que c’est ainsi, mais elle n’est pas d’accord. Eija a toujours respecté les coutumes et les lois de son clan de naissance, même les plus idiotes selon elle. Elle a aussi toujours respecté celles du Trikru qui l’a accueillie il y a quelques années. Mais s’il y a bien une chose qu’elle ne comprend pas, c’est cette obligation de tuer de pauvres enfants innocents lors d’un conclave. Elle comprend l’idée d’avoir un chef, que l’esprit du précédent commandeur choisisse Heda, choisisse celui qui prendra place sur le trône et dirigera tous les clans, mais elle ne comprend pas cette obligation de tuer tous les autres. La sagesse de tous les Nightblood devrait être utilisée pour épauler le nouveau commandeur, et non pas être versée sous forme de sang noir dans une arène. Néanmoins, Eija ne dit rien et ne laisse rien paraître. Ce n’est pas à elle de refaire les lois ni de les dénigrer, surtout pas devant Heda.

Elle relève la tête lorsque la jeune femme lui signale qu’elle les porte dans son dos, chacun des sept enfants morts lors du conclave. Eija a déjà aperçu le haut du tatouage de Heda mais ne connaissait pas sa signification jusqu’à aujourd’hui. « Je l’ignorais. » Lorsqu’elle explique se souvenir de chaque nom et de chaque visage, Eija a l’impression de percevoir une légère pointe de regret dans sa voix mais ce n’est sans doute que son imagination qui lui joue des tours. Se pourrait-il que Lexa regrette ses actes ? Eija l’observe en silence, essayant de trouver la moindre trace de remord sur son visage, mais le commandeur laisse rarement entrevoir ses émotions. Lorsqu’elle s’excuse de l’embêter avec tout ça, Eija secoue légèrement la tête. « Je n’ai pas connu ces enfants et je n’ai pas assisté à votre conclave, mais je comprends qu’ils aient une place dans vos pensées. » Non, elle ne le comprend pas vraiment parce qu’elle n’aurait pas tué ces enfants si elle avait été à sa place. Mais Eija sait qu’elle n’a pas reçu la même éducation, qu’elle n’est pas natblida et qu’elle n’aura jamais le poids d’un tel destin sur les épaules. Peut-être que si elle avait été obligée de rejoindre Polis étant enfant, de suivre les cours de Titus et toute la formation, elle aurait elle aussi fini par tuer ces enfants… Non, elle ne l’aurait pas fait, elle en est sûre. « Je ne souhaitais pas faire remonter de mauvais souvenirs en posant cette question Heda, je suis désolée. » Elle baisse légèrement la tête, parce que même si elle souhaite en savoir plus sur le ressenti de la jeune femme, elle ne souhaite pas non plus peiner Heda.

EIJA + HEDA

can ai speak kom yu ?

Parler du conclave, des enfants natblida et, par extension, de son petit frère fait remonter énormément de souvenirs à Eija. De douloureux souvenirs qu’elle préférerait oublier, cacher au plus profond d’elle-même et ne plus avoir à les ressentir à nouveau. « Nous n’avons pas le choix. Les mauvais souvenirs font partie de notre passé, mais ils nous permettent d’avancer. » Eija est un peu perdue dans ses pensées et ne se rend pas compte qu’elle parle à voix basse. Ses souvenirs douloureux font partie d’elle et se remémorer Axom lorsqu’il était enfant en Azgeda à ses côtés lui a permis de tenir debout et de rechercher sa vengeance. Parfois lorsqu’elle pense à son petit frère – ce qu’elle essaye d’éviter le plus souvent puisque cela ne lui apporte que tristesse et haine – elle se dit que si elle était partie de chez Ansgar quelques semaines plus tôt, ou qu’elle ne s’était pas éloignée de sa route à plusieurs reprises, elle aurait sans doute pu rallier Polis avant la mort du précédent commandeur et surtout, avant le conclave. Eija était à l’ouest des terres du Trikru lorsqu’elle a appris que le conclave avait été remporté par Lexa et elle a de suite compris ce que cela signifiait pour son petit frère. Et lorsqu’elle l’a vue dans les rues de Polis, Eija a souhaité sa vengeance de tout son être, elle a souhaité trancher la gorge de cette fille avec l’une des dagues offertes par Ansgar, lui tomber dessus au détour d’une rue pour la voir saigner de ce précieux liquide noir qui a été le début de la fin pour Axom.

Mais aujourd’hui, avec presque cinq ans de service auprès d’Heda, Eija se sent parfois bien plus faible qu’à son entrée dans la garde. Elle a l’impression qu’elle s’est ramollie au contact du commandeur et que son besoin de vengeance n’est plus aussi grand qu’avant. Pourtant, elle veut toujours venger Axom en tuant elle-même sa meurtrière… en tuant Lexa. En l’observant dans les rues de Polis il y a cinq ans, Eija pensait que ce serait simple de la tuer, de prendre sa vie d’un simple geste sans éprouver le moindre remords après ça. Mais aujourd’hui elle est parfois tiraillée entre son envie de vengeance envers Lexa et son devoir de protection envers Heda. Pourtant elle sait qu’il s’agit de la même personne, elle en est consciente. Mais parfois en la regardant, elle perçoit cette toute petite différence entre les deux. Cette petite différence qui fait que Eija continue à vouloir sa vengeance malgré tout, malgré les diverses actions du commandeur qu’elle approuve et le fait que celle-ci lui ai sauvé la vie quelques jours auparavant. Pour l’instant, son envie de vengeance reste plus forte que son allégeance en tant que garde du corps. Un jour, cela changera peut-être mais pour le moment, parler du conclave et des enfants natblida rappelle à Eija pourquoi elle est venue sur les terres du Trikru, pourquoi elle est restée à Polis et pourquoi elle est entrée dans la garde.

Lorsque le commandeur mentionne Aden et les autres, Eija sort de ses pensées orientées vers son petit frère et pose à nouveau son regard sur la jeune femme. « Je ne m’en fais pas pour eux Heda, je sais que l’enseignement de Titus ainsi que le vôtre les prépare au mieux. » Elle le sait, mais elle n’approuve pas cependant. « Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il ne s’agit que d’enfants qui attendent de tuer… ou d’être tués. » Eija se balance d’un pied à l’autre, essayant de retenir des paroles qu’elle sait déplaisantes. Mais parler du conclave qu’elle n’approuve pas du tout ne l’aide pas tellement à garder son calme. « N’êtes-vous pas pour la paix Heda ? » C’est une question à laquelle elle connait déjà la réponse, elle a bien vu tout ce qu’il s’est passé avec la mort de Costia, la coalition puis l’arrivée des Skaikru et l’alliance. « La nomination du prochain commandeur doit-elle forcément se faire dans un bain de sang ? N’y-a-t-il pas un autre moyen pour que l’esprit du précédent commandeur choisisse son successeur ? » Eija s’arrête d’un coup, elle sait qu’elle va trop loin en exprimant ainsi son point de vue. Parce qu’elle a beau détester Lexa, elle respecte néanmoins Heda et sait ce qu’elle risque à lui parler de cette façon.

EIJA + HEDA

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Depuis toute petite, Eija est obéissante et respectueuse. La seule fois où elle a osé dire non à ses parents et hausser la voix a été lorsque sa mère a voulu faire d’elle une guérisseuse. Ce n’était pas son truc, elle voulait manier les armes et suivre son père dans ses aventures, peut-être pour tenter de lui extorquer un peu d’amour. Elle a sans doute fait de la peine à sa mère ce jour-là mais elle a cru voir une toute petite lueur de fierté dans les yeux de son père. Adolescente, elle s’est souvent dressée entre son père et Axom, notamment pour prendre les baffes à la place de son petit frère. Mais elle a toujours respecté ses ainés, malgré ça. Elle aurait sans doute dû se rebeller, prendre Axom par la main et disparaitre dans les terres d’Azgeda bien avant que son père ne fasse saigner le nez du petit garçon et ne cause sa perte. Eija a appris la patience depuis ce jour, Ansgar a tenu à la lui enseigner. A serrer les dents et encaisser les décisions qui ne lui plaisent pas, à accepter les ordres sans rien dire, comme un bon guerrier. Globalement Eija n’a jamais été une tête brulée, à contester chaque décision des divers chefs qu’elle a pu avoir et encore moins à remettre en question les choix d’Heda. Elle la respecte bien trop pour ça. Et elle sait aussi ce qu’elle risque.

L’insubordination ne s’est jamais vue chez Eija et il ne faudrait pas que cela commence maintenant, alors au geste d’Heda, la jeune femme se tait et baisse les yeux. Et quand le commandeur se lève de son trône, Eija se raidit. Terrifiée ? Non. Mais inquiète. Elle est à son service depuis plusieurs années et sait de quoi Heda est capable, même si ce n’est pas non plus une guerrière sanguinaire qui tranche toutes les gorges qui passent devant elle. Mais Eija sait que Teksas a été marqué pour avoir laissé l’enfant blonde du Skaikru se faire attraper par les hommes de la montagne, elle a aussi vu ce qui est arrivé à Gustus et elle préfèrerait éviter un quelconque châtiment pour avoir osé donner son avis sur le conclave. C’est un sujet sensible pour Eija et elle sait qu’elle devra veiller à ne pas se laisser emporter si un jour la conversation dévie à nouveau sur ce sujet. Les yeux baissés, Eija écoute ce que dit Heda sur la rudesse de leur peuple, sur les enfants qui n’en sont pas vraiment, sur les autres enfants de son conclave.

Elle relève néanmoins les yeux en entendant la partie sur la fuite. Elle a entendu des rumeurs en arrivant à Polis, comme quoi un natblida n’aurait pas participé au conclave, mais ce n’étaient que des rumeurs. A présent, Eija se demande si elles n’étaient que cela finalement. Axom aurait-il pu partir librement ? Eija aurait-elle pu venir réclamer son petit frère sans rien en contrepartie ? Elle ignore ce qu’a fait l’enfant durant ses nombreux mois à Polis, elle ignore s’il était déterminé à passer le conclave en espérant le gagner ou s’il était prêt à fuir. Elle ne le saura probablement jamais, à moins de le demander directement à Lexa un jour. Le jour où elle arrivera à la tuer, sans doute. Mais pas maintenant, pas ici, pas aujourd’hui. Elle tient trop à sa vie pour ça. « Je m’excuse Heda, je ne souhaitais pas être irrespectueuse et contester les lois du peuple. Cela n’arrivera plus. » Eija baisse légèrement la tête, obéissante. Elle sait qu’elle doit garder ce qu’elle pense du conclave pour elle. « Puis-je me retirer ? Il reste beaucoup de choses à faire dans le camp. » Son tour de garde est terminé depuis qu’elle a passé l’entrée de la tente de Heda mais Eija pourra sans doute se rendre utile autrement après ça.