a hunted man sometimes wearies of distrust and longs for friendship | edène

   

Les pensées d'Edène se trouvaient maintenant chez les Demodrakhos. Elle se voyait un jour. Un jour de paix, comme ce jour-ci. Un jour, où son regard croiserait à nouveau celui de Sethen. Un jour, où cette femme au passé douloureux lui ferait visiter son Clan, lui montrerait son peuple, les lézards géants et l'environnement dans lequel elle vivait chaque jour aux côtés de ses frères et sœurs. C'était agréable à s'imaginer. Parce que cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas quitté ses terres. Bien qu'elle avait sympathisé avec Echo quelques jours avant sa rencontre avec Sethen et que les deux femmes se reverraient peut-être dans les terres de la Nation des Glaces un jour. Un autre jour. Mais aujourd'hui, c'était Sethen qui lui souhaitait la bienvenue chez elle. Dans le Sud où résidait sa famille. Une famille qui n'était pas liée par le sang, mais par le cœur et les aventures vécues ensemble. Et la Grounder du Trikru trouvait cela remarquable. Elle aussi, avait trouvé sa deuxième famille après le décès de son frère. Et pour répondre à Sethen lorsque celle-ci la remercia et lui dit que ces jours seraient les bienvenus, l'ancienne mère abaissa légèrement la tête pour acquiescer et prit la parole en silence. « Je suis déjà impatiente que nos chemins se croisent à nouveau. » dit-elle avec la plus grande sincérité. Elle appréciait la présence de la jeune femme, assurément, et ne dirait pas non pour la revoir.



Et plus les minutes s'écoulaient, plus elles s'enfonçaient dans les bois. Et au fur et à mesure que les pieds bottés de la muette se posaient au sol, elle entendait le bruit d'un cours d'eau. Un cours d'eau qu'elle trouvait beau et agréable, et qu'elle pourrait montrer à Sethen, qui, selon ses mots, n'avait pas beaucoup profité de la forêt et de ses richesses, ajoutant à cela le fait que le territoire des Demodrakhos n'était pas riche en lieux boiseux. Alors, doucement, la main de la Guerrière anciennement guérisseuse agrippa le poignet de la seconde de Feyn et l'embarqua dans les profondeurs de la forêt. Depuis toutes ces années où elle foulait le sol de ces terres qui appartenaient à son Clan, Edène la connaissait par cœur. Chaque cours d'eau. Chaque cachette. Comme tous les Trikru, elle s'était appropriée ses terres. Elle avait appris à la connaître. Ainsi, ce n'était pas un soucis pour la jeune femme de montrer un beau coin à la Demodrakhos.



Quelques instants s'écoulèrent, et les deux femmes arrivèrent à l'endroit voulu. Se stoppant durant quelques secondes, Edène tourna sa tête vers la seconde de Feyn et indiqua d'un coup de tête le cours d'eau. Et elle se remit en marche, se rapprochant de la rivière qui était active, l'eau venant s'abattre sur des rochers, le reste caressant les innombrables galets gisant au fond de celle-ci. Le liquide était clair, transparent. Quelques poissons qui ne se cachaient pas sous les rochers étaient même visibles, leurs écailles luisant à la lumière du soleil. « C'est beau, n'est-ce pas ? Je pourrais passer des heures à regarder cette rivière. Pour moi, c'est l'une des plus belles que le Trikru possède. » dit-elle silencieusement, ses gestes parlant pour elle.

(c) badwolf.

   

Cela ne faisait que quelques heures que les jeunes femmes se parlaient, et déjà Edène se sentait apaisée à ses côtés. Elle se sentait comme si Indra ou Aden se tenait là, ou bien quelqu'un d'autre qu'elle appréciait véritablement -comme Echo, mais elle ne la connaissait pas encore très bien-. C'était un sentiment spécial. Une sensation rare. Une douceur chaleureuse. C'était rare que la Trikru s'attache à des personnes des peuples voisins. Mais elle était humaine, et le serait toujours, et ne pourrait jamais renier une personne aussi adorable que Sethen. Cette femme avait subie de grandes souffrances durant sa période de faucheur. Elle s'était repliée sur elle-même, la peur du regard des autres ayant pris le dessus. Et son passé qui l'avait endurcie était comme Edène et son handicap. Elle aussi, avait toujours eut peur du regard des autres. En vérité, la femme du Demodrakhos et celle du Trikru se ressemblaient, malgré leur route différente. Et c'est lorsque Sethen approuva sa parole en disant qu'elle aussi, était impatiente de la revoir, les yeux sombres de l'ancienne mère l'observèrent et elle lui rendit son sourire.




Puis, lorsqu'elle l'emmena à la rivière vivant au milieu d'un environnement verdoyant, Edène garda ses yeux sur la source avant de les poser à nouveau sur la Demodrakhos, qui avait l'air aussi éblouie qu'elle par ce lieu. Et elle l'écouta parler à nouveau. Dans ses oreilles raisonnait la voix claire de Sethen qui lui expliquait que chez elle, il y avait des rivières aussi, mais  pas de verdure autour. Que ce n'était pas comme ici. A ces mots, le regard presque fier de l'ancienne mère se tourna à nouveau vers cet endroit particulier, où le calme régnait à chaque fois. Rien ne venait perturber la beauté du lieu. Et la Trikru s'empressa alors de répondre silencieusement à la seconde de Feyn. « Non, pas vraiment. Elle est froide. Certainement plus froide que sur tes terres, Sethen. » dit-elle, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres lorsqu'elle arrêta d'agiter ses doigts. Les déserts, les lézards géants. La chaleur étouffante. Les nuages de sables se déplaçant au gré du vent. C'était comme ça qu'Edène voyait le territoire des Demodrakhos. Une terre peu fertile, mais où tout ses habitants vivaient tout de même heureux et fiers. Cependant, la jeune femme voulait s'imaginer réellement le camp de la femme aux cheveux blonds qui se tenait à ses côtés. Elle voulait voir si c'était comme elle le voyait. « Dis moi... Avant que je ne te revois dans ton camp, si cela m'est permis... A quoi dois-je m'attendre, lorsque j'avancerais vers les Demodrakhos ? » demanda t-elle sans pour autant que ses lèvres ne bougent.



Elle aussi, était curieuse. Bien que d'habitude elle ne se montrait pas aussi ouverte, la présence de Sethen à ses côtés lui faisait du bien. Elle n'en connaissait pas la cause. Cela ne faisait que quelques heures qu'elles discutaient, et bizarrement, à toute hâte, ce sentiment qu'elle ne ressentait qu'avec les amis proches et chers qu'elle avait se manifestait avec la Seconde de Feyn. C'était peut-être leur passé, à toutes les deux. Un passé, qui, malgré les différences, avait été aussi douloureux. Une femme transformée. L'autre handicapée. Une femme agressive. L'autre renfermée. Toutes deux avaient subies une souffrance identique mais de manière différente. Ou du moins, c'était ce que pensait la Grounder du Trikru. Et c'était sûrement pour cela, qu'elle se sentait apaisée à côté de, qui sait, une future amie...

Hrp:

(c) badwolf.

   

Les yeux rivés sur le cours d'eau qui vivait nuit et jours sans jamais cesser de couler, Edène semblait s'en aller dans ses pensées, la voix de Sethen expliquant à quoi ressemblait son Clan. Elle tentait de s'imaginer, arrivant à cheval dans ce territoire aux milieux environnementaux différents. Ca avait l'air beau. Cela semblait plaisant d'y vivre, et la jeune femme du Trikru acquiesça lorsque la femme aux cheveux blonds lui fit remarquer qu'elle avait déjà dû voir les lézards géants de Feyn. Oui, elle avait déjà eu l'occasion de les voir. Et ils étaient véritablement impressionnants. Effrayants, même. Mais ils étaient majestueux, et représentaient certainement le Clan auquel ils appartenaient. « Oui, j'ai déjà pu voir leur magnifique couleur. Ils sont beaux, et semblent être traités comme des rois. » dit-elle de façon gestuelle. Ce n'était pas une remarque méprisante, bien au contraire. C'était une bonne chose, selon elle, de prendre soin des bêtes qui symbolisait le Clan. Et la voix de la Demodrakhos retentit de plus belle, faisant voyager la femme aux yeux sombres à travers son imagination.


« J'ai hâte de te faire visiter. » ajouta Sethen, extirpant la membre du Trikru de ses pensées. A ces mots, un sourire un peu plus remarqué et doux se dessina sur le beau visage de la Guerrière. Elle était contente de faire la connaissance de la seconde de Feyn. Elle semblait gentille, et remarquable aussi. Elle lui donnait envie de s'ouvrir un peu plus aux gens, tout comme Echo l'avait fait. Ces deux femmes semblaient décidées, inconsciemment, à la faire redevenir un peu la jeune fille protégée de son frère qu'elle fut jadis. Et ça n'allait pas être une tâche facile. Cependant, ce n'était pas peine perdue non plus. Edène portait dans son cœur Indra, Lexa, Aden, et bien d'autres de son Clan, et peut-être par la suite Echo, qui avait déjà pris une petite place, ou encore cette jeune femme qu'elle avait souhaité accompagnée pour une scéance de chasse au début.



Puis, Sethen lui annonça que ce serait à son tour de chasser pour elle, ajoutant qu'elle était certaine qu'Edène n'ait jamais vu de crocodile géant. Secouant la tête de gauche à droite, l'ancienne mère affirma les dires de la jeune femme face à elle, qu'elle observait silencieusement de ses yeux sombres, qui dévoilaient une facette moins triste de la femme du Clan des Bois. « Je serais honorée de pouvoir en voir un, un jour. » dit-elle sans pour autant que sa voix ne raisonne, avant de baisser la tête vers le sol, puis vers la rivière ou poissons et autres organismes vivants cohabitaient. C'était bizarre, cette sensation que ressentait la sœur d'Aiden. Elle se sentait comme si c'était Indra à ses côtés. Elle se sentait bien. Alors, agitant lentement ses doigts avant de se tourner à nouveau vers son interlocutrice pour la regarder, Edène reprit la « parole » silencieuse. « Tu sembles éveiller en moi une sensation... Une sensation que je n'ai qu'avec mes plus proches amis. J'ai souris quelques fois avec toi. Et pourtant, depuis ce qui s'est déroulé dans ma vie, ce n'est devenu qu'exceptionnel. » avoua t-elle, son regard se durcissant un peu, sans tout de même être agressif.

(c) badwolf.

   

Edène appréciait cet instant. C'était calme, et elle en apprenait un peu plus sur Sethen, la seconde de Feyn. Toutes deux étaient devant une rivière pure, qui faisait un bruit agréable à entendre, tout comme la voix de la Demodrakhos qui vint titiller les tympans de l'ancienne mère en lui disant que son peuple les considéraient presque comme une divinité. Puis elle ajouta que lorsqu'elles se croiseraient à nouveau à la capitale du Clan du Sud, la femme aux cheveux blonds lui raconterait l'histoire de cette ville, celle-ci étant liée à ces fameux lézards. Et doucement, Edène hocha la tête avant de reprendre la parole gestuellement. « Je suis déjà impatiente d'être dans ta capitale, Sethen. » dit-elle, ses pensées à nouveau tournées vers ce Clan symbolisé par ces reptiles. Puis elle vit le visage de Feyn, aux côtés de trois lézards géants. Eux considéraient cette femme remarquable comme leur mère. A cet instant, la jeune femme du Trikru comprit la grande fierté qui se lisait dans les yeux de son interlocutrice.


Et la discussion vira à nouveau sur les crocodiles. Animaux féroces, que Edène n'avait encore jamais vu. Elle n'avait encore jamais mis les pieds sur les terres des Demodrakhos et adressa un léger sourire satisfait à Sethen lorsque celle-ci lui dit qu'elle en chasserait un pour elle et que seuls les chasseurs doués à cette pratique pouvaient réussir à en capturer un. A ces mots, les yeux marrons de l'ancienne mère regardèrent la carrure de la jeune femme qu'elle appréçiait déjà un peu. Elle semblait élancée, agile et assez rapide et forte pour être apte à s'occuper d'un tel animal. Et la femme du Trikru ne doutait pas de ses capacités. « Je suis sûre que tu n'auras aucun mal à m'en présenter un, dans ce cas. » dit-elle en agitant doucement ses doigts. Elle serait ravie de la voir à l'oeuvre, mais c'était peut-être trop dangereux, et Edène n'était pas une chasseuse redoutable. Certes, c'était une de ses compétences, mais ce n'était pas son domaine de prédilection. Anciennement guérisseuse, elle était désormais guerrière. Les armes, c'était ce qu'elle savait le mieux manier. La chasse n'était pas son point fort.



Puis, la jeune femme à la cape en fourrure de loup observa ce sourire lumineux de Sethen, qui s'était dessiné suite aux mots qu'Edène avait prononcé en son honneur. Et ces mots étaient sincères. La femme dénuée de parole espérait compter la Seconde des Demodrakhos comme une amie. Et quelques secondes après, ce fut au tour d'Edène d'esquisser un sourire touché, ses joues rougissant légèrement. C'était gênant pour elle de dévoiler une facette pourtant durement accessible habituellement à une femme qu'elle ne connaissait que depuis peu. C'était bizarre, aussi. Mais elle semblait avoir une bonne connexion avec la chasseuse aux cheveux blonds, et la remercia gestuellement une nouvelle fois lorsque Sethen lui dit qu'elle serait également contente d'être amie avec elle et que sa présence lui avait fait oublié durant quelques instants ce qu'elle fut en tant que Faucheur. Elle était reconnaissante envers elle, et Edène était flattée de cela. Elle était satisfaite d'avoir pu apporter son aide, même inconsciemment, à quelqu'un, et s'inclina légèrement avant de se redresser. « Je te remercie, Sethen, et je suis contente d'avoir pu t'aider. » dit-elle, avant que son regard ne se perde vers le Ciel.


Il commençait à se faire tard. Et Indra lui avait demandé d'aider les chasseurs à approvisionner le Clan. Il était temps pour elle de remplir sa tâche, qui serait moins évidente en compagnie de la blonde avec qui elle serait sans aucun doute plus concentrée sur elle que sur sa mission. Alors, malgré lui avoir dit quelques heures avant qu'une chasse accompagnée serait plus sûre, toutes deux devaient se quitter. En plus, Edène savait désormais que Sethen était une chasseuse. Elle n'aurait pas de mal à s'en sortir et à vaincre les prédateurs rôdant dans ces bois. Alors, doucemnt, la femme aux cheveux sombres porta une de ses mains sur l'épaule de la seconde de Feyn avant de prendre à nouveau la « parole ». « Il se fait tard. Je dois aller chasser, et ta présence va malheureusement me déconcentrer. Mais j'espère que nos chemins se croiseront à nouveau. Tu es une bonne personne, Sethen... puissions-nous nous revoir. » dit-elle, enlevant sa légère emprise sur Sethen avant de serrer fermement ses doigts sur sa lance et de lui lancer un dernier regard. Puis elle se retourna et observa l'environnement autour d'elle avant de s'enfoncer dans les bois, comme un loup parti à la chasse.


(c) badwolf.