tes souvenirs contre son absence ▬ Lexa

Nyko lui jeta un regard connaisseur et Clarke le soutint, tout en mélangeant son liquide verdâtre. « Tu as bien profité de la paix hier soir. » Elle haussa un sourcil, répliquant pas un élégant « shop of » qui provoqua un rire chez le guérisseur barbu. La veille, après la débâcle de Torvi et de sa tentative de kidnapping la fête avait vraiment pris une tournure plus joviale, accompagnée de Lexa et d’autres boissons. Clarke ne savait pas à quel moment précisément elle avait franchi le cap du verre de trop, mais à présent, elle le sentait en train de marteler à l’intérieur de son crâne. Raison pour laquelle elle se préparait un remède ‘miracle’ contre la gueule de bois. Même si elle n’avait pas encore eu l’occasion de l’essayer pour elle-même, elle espérait que ce dernier fonctionne. C’est ainsi qu’avec un arrière-goût de terre et une légère sensibilité à la lumière qu’elle s’était rendue jusque la tente des faucheurs, pour voir comme les derniers cas se comportaient. Eventuellement, entre la conversation en trigedasleng et sa concentration, elle oublia tous les effets néfastes de la veille.

Puis elle vaqua, comme elle le faisait si bien, à l’avant-poste. Elle passa même un petit temps au village de TonDC qui commençait à se reconstruire. Il y avait quelque chose de léger dans l’air. Elle le remarqua définitivement quand elle discuta un peu avec Poney, pendant qu’ils prêtaient main forte à des charpentiers (ou que Clarke donnait ses indications pendant que son garde du corps portait les grosses charges). Il y avait une tension qui était absente et ce fut seulement à ce moment-là que Clarke le remarqua. Il n’y avait pas cet empressement constant qu’elle connaissait depuis qu’elle était arrivée. Elle ne sentait plus cette furieuse anxiété logée entre ses omoplates. Et elle resta ainsi, longtemps, à se demander si c’était ça, en effet, la paix ?

Bien entendu, puisqu’il était question de Clarke, rien ne restait paisible très longtemps et quand elle apprit que Poney s’était fait marqué au fer à la suite de son deuxième enlèvement par la montagne, son sang ne fut qu’un tour. Dire qu’elle attendit de se calmer pour agir aurait été mentir, puisque Clarke fonctionnait comme ça, immédiatement, entrevoyant les faits et les conséquences. Même si elle n’espérait ne rien obtenir de l’échange qu’elle prévoyait avoir avec Lexa : elle était déjà assez heureuse de voir que Poney n’avait pas été tué. Et lui aussi tentait de la ramener à la raison alors qu’il la poursuivait en de grandes enjambées pour la rattraper. Il l’arrêta en l’attrapant par les épaules, s’excusa quand il remarqua qu’il avait attrapé Clarke du mauvais côté, réveillant sa blessure qui n’était pas encore totalement soignée. J’ai échoué, ce fut justifié. Heda a été clémente. C’est la manière dont nous fonctionnons, Clarke. Son anglais s’était considérablement amélioré, ça elle ne pouvait pas lui enlever. Mais elle refusait qu’il soit blâmé pour un acte qu’il n’avait pas pu empêcher.

Au final, elle se retrouvait quand même à marcher en direction de la tente du commandant, adressant tout juste un coup d’œil à Curtis, qui voulut la rattraper, pour une raison qu’elle ignorait. Mais c’était trop tard et elle pénétrait déjà à l’intérieur. C’était connu, c’était familier, c’était ce qui la rapprochait le plus à un chez elle. C’était le seul endroit où elle arrivait à dormir sans qu’aucun cauchemar ne vienne la poursuivre. Son regard bleu, comme attiré vers son homologue gris, trouva immédiatement Lexa. « Pourquoi avoir marqué Pon… Teksas eu fer ? » Sa bouche se referma et elle pinça les lèvres, constatant que sa colère n’était plus aussi flamboyante que lorsque Poney l’avait rattrapé. Il y avait toujours ce besoin de savoir, oui, mais elle était calme et rationnelle. Ce fut peut-être ça, qui lui permit de voir ce qui se trouvait dans le fond des yeux de Lexa. Elle expira brièvement, sa main droite serrant les doigts de la gauche, ceux qui n’avaient presque plus de sensation. Elle se rapprocha de la Fille Sauvage, sentant l’animosité l’abandonné à chaque centimètre où elle était plus proche de sa niron. Elle effleura la joue de Lexa avec douceur et délicatesse. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Et déjà elle ne parlait plus de son Poney.

Elle avait besoin de solitude Lexa. Besoin de calme. Elle ne savait pas pourquoi elle n’avait pas fait trancher la tête d’Echo pour la renvoyer à la tribu des glaces. Elle ne savait pas pourquoi, elle se tenait la, encore debout dans sa tente, alors que tout était si vide dans son cœur. Quelques jours plus tot, tout allait bien. L’alliance était cimentée dans la mort de la montagne ou de ceux qui la perturbaient. Clarke et elle… avaient franchies une étape dans leur vie, cimentant elles deux également leur … relation ? Et elle était perplexe. Perturbée par tout cela. Elle ne savait pas, elle ne savait plus. Tout ce qu’elle savait c’était qu’hier, Torvi avait voulu prendre Jasper, et que de nouvelles complications arrivaient. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’il y’avait quelques instants, la mémoire de Costia était venue bruler son cœur d’une flamme inextinguible.

Alors elle était la, Heda des 12 clans, formeuse d’alliances, fixant le vide de sa tente, jouant avec son poignard, assise sur la table de guerre, tournant le dos à l’entrée, tournant le dos au monde. Elle ne voulait pas être dérangée. Galaad l’avait comprit, et il tiendrait la porte d’une hache maitresse. Et pourtant, des pas se firent entendre, suivis d’une voix qui n’était que trop familière, et se relevant, Lexa se tourna vers Clarke, le poignard enfoncé dans la table où quelques jours plus tot des actes étaient décidés. Le regard de la fille terrienne était vide de tout, comme si l’envie même de réagir l’avait quittée.

Pourtant Clarke parlait. C’était quelque chose qu’elle entendait, qu’elle comprenait. Elle… essayait de se concentrer sur les paroles. Ca parlait de Teksas, et Clarke était probablement venue l’engueuler, après avoir réalisée que son garde du corps avait été puni pour la perte qu’il avait causé. Mais voilà, Lexa n’était plus sure de vouloir combattre par la parole ? Elle ne savait plus trop. Autant dire ur l’heure qu’elle était perdue. Et ce n’était pas un visage qu’elle devait montrer. Alors en elle, faisait rage une lutte violente, entre son envie de se perdre, et l’honneur, la fierté, tout ce qui faisait d’elle Lexa, le commandeur.

Alors c’était la porte ouverte à la tristesse dans son regard, et quand Clarke caressa sa joue d’un effleurement doux, elle planta enfin son regard dans le sien. « Qu’est ce que ‘il s’est passé ? » Devait elle répondre ? Hodnes laik kwelnes c’était plus vrai que jamais peut être, et la voix d’Anya résonnait dans sa tête. Elle aurait voulu, Lexa, sur l’heure n’être qu’une enfant allant se blottir dans les jambes de son mentor. Mais elle n’était plus un enfant, et Anya, non plus n’était plus. Elle était la, seule en face de cette femme qui la troublait plus que de raison, et elle ne savait plus la conduite à tenir. Devait elle effrayer Clarke, la persuader de partir ? De ne plus être sienne, tant les gens qui l’étaient finissaient par mourir ? Ou devait elle s’ouvrir à celle qui avait fait tomber les cloisons de son cœur.

« Je… » Elle essaya. Mais le vide sortait de ses lèvres, et elle laissa passer un moment. « Que désires tu de moi ? » La question était presque aussi vide qu’elle même sur le moment. Elle ne savait même pas ce qu’elle demandait. Mais elle savait ce qu’elle ne pouvait pas dire. Car elle ne savait pas le formuler. Clarke était ici pour une raison. Elles traiteraient de ça, avant de passer à autre chose.

Il y avait cette impétuosité des sentiments jeunes, qui faisait peu le poids face à ce que des années de relation aurait été ( Clarke doutait que Lexa et elle arrivent à aligner des mois de vie en commun, avec la mort et le danger qui les guettait potentiellement, et Clarke donnerait tout pour passer tout le temps qu’il lui restait en compagnie de la Fille Sauvage). Il y avait ces habitudes, que la blonde ne reconnaissait pas, car elle les connaissait à peine. Elle restait une fille intelligente, observatrice. Et quand elle jetait son dévolu sur un sujet, elle s’en empreignait le plus possible. C’était Lexa, et parfois, à des kilomètres de distance, elle sentait encore les caresses de sa niron sur sa peau, l’enflammant plus que de raison. Et il y avait ces réflexes qu’elle comprenait, parce qu’ils étaient importants et d’autant plus évidents aux yeux de Clarke. Ses yeux s’attardèrent sur le poignard planté dans la table et son cœur se serra en perspective. C’était l’instinct, quelque chose qui transpirait dans l’air et qu’elle capta dans le fond du regard de Lexa… elle était perdu et Clarke ne comprenait pas, chercha donc à comprendre.

Elle suivit l’hésitation de Lexa et déjà sa colère par rapport à un Poney marqué s’oubliait un peu. Clarke connaissait son amante. Elle la connaissait furieuse, enragée, victorieuse, défenseuse, délicate, amoureuse. Elle la connaissait sous de nombreuses facettes et Clarke les aimait toutes, car elles construisaient la personnalité de Lexa. L’égarement, il était rare et la décision se prenait déjà, dans les tréfonds de sa conscience qu’elle ne laisserait pas sa partenaire ainsi. « Que désires-tu de moi ? » Aussi séduisant l’idée était-elle qu’elle pourrait obtenir ce qu’elle voulait de Lexa, Clarke n’en fut pas charmé. Ca aurait été un combat sans honneur et s’il y avait bien une chose qu’elle appréciait faire avec la Fille Sauvage, c’était de se confronter à elle (même si elle ne l’affronterait probablement jamais à voix haute). « Je ne veux rien de toi, Lexa. » C’était doux, posé, connaisseur. Elle s’approcha, les frôla à peine, et tout ce qu’elle toucha, se fut les lèvres du commandant, y déposant un baiser fugace. Lentement, à l’aide de son corps, elle repoussa Lexa jusque la table de guerre, l’encerclant de ses mains. « Pas quand tu es comme ça. » Et il y eut cette fureur dangereuse qui dansa dans ses prunelles bleutées, lisant ce qu’il y avait derrière le masque que la brune portait si souvent. C’était une énigme que Clakre ne pouvait s’empêcher de résoudre.

Surtout, elle sentait que Lexa n’allait pas bien et c’était ce qui l’inquiétait le plus. Il y avait un décalage, une fêlure dans l’air. Et même si elle avait dit, un jour, qu’elle ne savait pas si elle voulait être médecin à nouveau, Clarke ferait tout pour soigner Lexa, ça oui. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » C’était la même question et elle la répèterait jusqu’à ce qu’elle obtienne une réponse satisfaisante de la part de celle qui comptait le plus pour elle, alors que ça n’aurait jamais dû être le cas.

Il y’avait cette douleur latente sous la peau de la fille terrestre, cette brulure qui se prenait d’elle comme un poison, remontant vers son cœur pour le transpercer de souffrance, et venant causer dans sa tête le trouble des « et si » . Il y’avait cette carapace que l’acide brulait peu à peu, et il y’avait cette douleur encore, qui la faisait regretter. Qui la faisait se demander si elle avait fait le bon choix. Si le bon choix existait. Si elle avait eu raison d’être la ainsi, aussi faible face à Clarke. Ce qu’Echo lui avait dit avait malheureusement fait remonter bien trop de sentiments, trop de craintes, trop de choses. Tant et si bien, que le farouche Leader des terriens, l’héroïne de la coalition, ne savait plus ce qu’elle devait faire. Ou plutôt, son esprit lui conseillait quelque chose qu’elle ne voulait pas faire cette fois. L’amour est une faiblesse. La voix d’Anya résonnait dans sa tête. Faites en une force. C’était plus ou moins ce qu’Indra lui avait conseillé. Je suis tienne. Ce qu’elle avait dit à Clarke. Elle ne savait plus. Elle ne savait pas.

Et pourtant, Clarke était la, en face d’elle. Plus belle que jamais. Aussi belle que toujours. Perturbante et prenante. Troublante. Et pourtant oui, Lexa se retrouvait face à son pire démon. A cette fille-femme qui avait déchiré ses barrières à main nue pour rentrer dans son cœur. C’était douloureux à regarder, à accepter, et elle ne pouvait se résoudre à mettre un terme à tout ça.

Alors elle essayait, de faire passer les besoins de Clarke sur le présent, avant le reste. Avant le trouble dans son ame. Mais ça ne marchait pas. Clarke la connaissait bien. (Trop bien) et Lexa se retint de baisser les yeux alors que celle ci approchait. « Je ne veux rien de toi, Lexa. » C’était trop doux. Et pourtant Lexa le croyait. Ils voulaient tous quelque chose d’elle, même Clarke au début, avait voulu une alliance, et maintenant, elle ne savait pas si Clarke voulait toujours quelque chose ou si… « Pas quand tu es comme ça. » C’était vrai. Elle voulait la croire, et elle se délecta quelques instants du fugace baiser, se laissant manipuler physiquement comme une poupée de chiffon qui ne savait pas quoi faire. Elle croyait Clarke. Dans ses yeux elle ne voyait que l’honneteté. L’inquietude peut être. Et elle se sentit revivre. Comme si elle retrouvait en Clarke, le chemin de la salvation. Quelque chose comme ça.

Doucement, elle tendit une main pour caresser la joue de la femme devant elle, pour jouer distraitement avec ses longs cheveux blonds. Au fond, peut être qu’elle fuyait juste la conversation qu’elle ne voulait pas avoir. Mais elle était bornée Lexa, et même si elle s’effritait sous le regard de Clarke, elle ne savait pas si elle avait la force de parler de tout ça. « Qu’est ce qu’il se passe ? » Ses lèvres se muèrent en un amer sourire, et son regard se perdit quelques instants. Et puis elle redevint Lexa, du moins une façade, et elle tenta de remettre l’armure métaphorique qu’elle avait laissée tomber. « Que voulais tu, en entrant dans cette tente ? » … Au fond, elles étaient aussi bornées l’une que l’autre. Et Lexa tentait juste de gagner du temps, parce que malgré tout, elle savait qu’elle finirait par céder aux questions de Clarke. Et peut être, qu’elle en avait juste besoin. Lui raconter ses peurs. Ses souvenirs. Ses doutes.

C’était intriguant, cette fuite. Fuite du regard, fuite de la question. Clarke n’était pas habituée à ça, de la part de Lexa. Non. Elles étaient faites pour se rencontrer, opposer leurs idées, élever la voix, élever la raison, élever l’autre. C’était terriblement différent, terriblement faux dans l’air. Et Clarke n’offrirait pas la possibilité au commandant de s’éloigner de ses problèmes, qu’importe la raison. La brune lui avait enseigné à assurer son rôle, sa position, ses pensées. A rester forte. La blonde, elle, lui avait enseigné à ressentir, regretter, vivre. A rester forte malgré tout. Clarke ne lui laisserait pas le temps de respirer, ni ne la laisserait en paix sous prétexte que la Fille Sauvage comptait trop pour qu’elle s’en sorte sauve. Et si dans sa chute, elle devait entrainer Lexa avec elle, alors il en serait ainsi.

La douceur était encore là, dans les gestes, dans ce qui attendait en suspens entre les deux femmes. Clarke accepta la caresse sur sa joue, pencha même la tête sur le côté pour profiter un peu plus de l’affection. & dans le bleu de son regard, il n’y avait aucune perdition, aucun oubli. Car elle ne pourrait jamais oublier et elle se doutait qu’il en allait de même pour Lexa. Qu’importe ce qu’elle cherchait à éviter. Clarke remarque le sourire et tout ce que celui-ci peignait dans la réalité. Il y eut ce point qui se tordit, deux centimètres sous son cœur. Ce point qui continua de lui faire violence, quand tout disparut des traits de Lexa, masque de chef inébranlable. Ce que Lexa n’était pas. Clarke le savait, mieux que quiconque peut-être. « Que voulais tu, en entrant dans cette tente ? » La blonde serra la mâchoire. « Tu veux jouer au commandant ? Bien. » Clarke suivrait la tendance. Elle se redressa, abaissant les épaules,  leva légèrement le menton. Ses muscles se tendirent légèrement et ses os retombaient dans cette rigidité qu’elle n’avait pas quittée pendant tant de jours. La position que le rôle obligeait. La tenue qui rassura presque Clarke, à cet instant.

« Je ne sais pas ce qui te trouble, Lexa. » Le nom roula, tendre, à l’opposé de cette rigueur que son ton avait pris. « Il n’y a pas de mal à ressentir ce que tu ressens» Sa main valide attrapa celle de Lexa et elle serra les doigts de cette dernière. Ce fut doux et fort à la fois. « Mais refuser d’en parler n’est pas le fruit d’un esprit fort. » Il n’y eut aucun sourire sur ses lèvres, alors que Clarke reprenait sensiblement l’expression que Lexa lui avait un jour adressée. « Tu n’es pas seule. Et je n’aime pas te voir ainsi. » Il n’était pas question de fragilité. C’était cet abattement chez Lexa qui lui soulevait le cœur et qui lui donnait envie de se retourner contre le monde, de prendre la brune dans ses bras et de la serrer si fort qu’elle en exorciserait l’origine de cette blessure que, comme un animal trop fier, Lexa refusait de divulguer. « Je ne partirai pas d’ici et je ne changerai pas de sujet. Parle-moi. » Elles ne s’étaient jamais rien caché, il n’y avait eu que de la franchise entre elles. Clarke refusait de laisser ça passer, de perdre ce qui existait entre elles, sous prétexte que le commandant était trop têtu.

« C’est a propos de Costia. Je suis celle qui menait l’escouade de sa capture. » Les mots d’Echo revenaient à Lexa continuellement. Et d’autres scènes passaient à l’arrière de ses yeux, dans sa tête. Le visage d’Anya lui demandant de regarder sans faillir, la tête brune tressée disposée sur sa table de guerre, des mots, encore et toujours, et cette sempiternelle phrase qu’Anya lui répétait lors des entrainements. « L’amour est une faiblesse. » ça revenait, encore et toujours, et les choix qu’elle avait fait récemment, lui brulaient l’esprit et le cœur, instillant l’amer poison du doute. Avait elle raison ? Elle s’était offerte à Clarke, dans son entièreté de femme et de commandeur, elle s’était offerte et en faisant ainsi elle avait ouvert au monde un passage vers la faiblesse de son cœur. Elle avait tracé pour le monde une cible sur le corps de Clarke. Elle ne le supporterait pas. Elle avait eu tort. Elle savait ce qu’elle devait faire. Le commandeur devait dresser de nouvelles barrières entre elle même et la fille du ciel. Elle devait se montrer froide, et reprendre le dessus sur la faible Lexa. Elle devait….

Elle ne ferait rien de tout ça. La raison perdait le pas sur le reste, ou peut être qu’au contraire la raison prenait le pas sur la peur ? La logique. Les gens savaient déjà qu’elle tenait à Clarke, se détacher d’elle ne serait que laisser ses ennemis pouvoir s’en approcher. Et puis c’était trop tard. Et elle…. Elle ne voulait pas. Au fond d’elle, elle ne voulait pas. Parce que l’amour n’était pas qu’une faiblesse, parce qu’elle… Mais voilà. Clarke était la, et si elle s’en servait d’ancre elle était tout de même perdue. Alors elle tentait derrière les tendresses qu’elle ne pouvait s’empecher d’offrir et de désirer, de remettre son masque de commandeur, qui ne tenait pas si longtemps quand elles n’étaient que deux.

Sa main se serra, Lexa devint le commandeur et tenta d’insister. Mais Clarke n’était pas dupe et une part de Lexa savait que c’était pour ça qu’elle se sentait si attirée par elle, peut être. Et Clarke revêtait elle aussi la cape de la fermeté. Son ton était dur, rigoureux, mais le prénom de Lexa était prononcé avec tellement de tendresse que le commandeur se sentait encore une fois affaiblie. Et pourtant, elle restait stoïque, comme une statue de marbre, dont les yeux se perdaient dans le vide, avant de se fixer sur la forme en face d’elle, avant de se plonger dans ceux de Clarke, évoquant tant de souffrance et de doute à l’interieur de ces deux simples iris. « Il n’y’a pas de mal à resserntir ce que tu ressens, mais refuser d’en parler n’est pas le fruit d’un esprit fort. » Sa main serra la sienne, et sans qu’elle ne puisse y réfléchir ses doigts se serrèrent avec ceux de Clarke. Son corps répondait à la fille des étoiles, et elle ne pouvait pas l’en empêcher. « Tu n’es pas seule. Et je n’aime pas te voir ainsi. » Et peut être que c’était le problème. Mais Lexa était bornée, et perdue, Lexa était… désœuvrée. Pourtant Clarke était la, Clarke insistait, et au terme d’un long moment de silence, durant le quel elle prit en compte tous les mots et les gestes de la fille à ses cotés… De la femme à ses cotés, au terme d’une errance dans son esprit fatigué, elle reprit enfin la parole. « … » Elle essaya du moins.

Quelques secondes encore, durant les quelles elle chercha ses mots, tenta de durcir à nouveau son visage, en vain cette fosi ci, et ses épaules s’affaiserent, laissant place sur ses traits à la douceur de Lexa loin de l’impassibilité du commandeur. « Te lier à moi trace une cible sur ton dos. » C’était dit. Avec tout le sérieux du monde, et les yeux de Lexa ne quittaient désormais plus ceux de Clarke. Elle ne lui ferait pas l’offense de prendre la décision pour elle, Clarke saurait décider ce qui était le mieux, et Lexa accepterait. Beaucoup de gens en voulaient au commandeur, et … Non, pour elle c’était tout a fait sérieux. Elle ,e mettrait plus jamais personne en danger à cause de son égoïste cœur.

Clarke attendait. La patience n’avait jamais été un problème. Elle avait attendu presque 18 ans pour arriver sur terre (aurait attendu toute sa vie, si elle en avait eu besoin). Elle avait attendu une année en cellule d’isolement pour être jugée. Elle avait attendu des jours à l’intérieur de la montagne avant de s’échapper. Elle avait attendu des jours, encore, pour abattre cette même montagne. Le temps n’était pas une notion qui l’effrayait. Car elle arrivait toujours à ses fins, dépassait le problème. Avec Lexa, ça serait pareil. Clarke lui laisserait le temps dont elle avait besoin pour vocaliser ce qu’elle tentait de dissimuler. Car non, elle ne laisserait pas le commandant en paix, malgré le mutisme et le détournement d’attention. Clarke était plus intelligente que ça. Plus déterminée aussi.

Les doigts se serrèrent sur les siens et elle retint un mince sourire d’apparaitre sur ses lèvres. A la place, elle pencha un peu la tête vers Lexa, posant son front contre celui de la brune, tentant de faire barrière de son corps de tout ce que le monde extérieur pouvait inspirer de mal chez sa niron. Clarke sentit l’hésitation céder et elle ne lâcha pas Lexa (elle ne la lâcherait jamais, elle se ferait couper la main, si ça devait en être ainsi). « Te lier à moi trace une cible sur ton dos. » Un soupir s’échappa des poumons de la blonde, qui secoua sa tête contre celle de son amante. « J’ai une cible dans mon dos depuis que je suis arrivée ici. » La rigueur était partie, mais il n’y avait aucune trace de faiblesse dans sa voix. Son ton était confiant, véridique. Les marques sur son corps étaient la preuve des fois où ses assaillants avaient presque réussi à viser juste. Et elle ne savait pas si c’était dû à la chance ou à la survie qui s’instillait, mais elle était toujours bel et bien vivante. « Me lier à toi ne changera rien à ça. » Son nez frôla celui de son ainée, retrouvant le contact familier de la peau de Lexa contre la sienne, retrouvant l’odeur familière de la Fille Sauvage, retrouvant ce frisson qui n’avait de cesse de la secouer, comme si le monde la prenait par les côtes et insufflait sa force et sa fureur dans ses os, dans son sang, dans son cœur et deux centimètres en dessous de celui-ci. « Et puis, il est trop tard pour ça. » Là, ce ne fut qu’un souffle, que Clarke s’empressa d’écraser sur les lèvres de Lexa, pour qu’il ne s’échappe nulle part ailleurs.

Elle se recula du baiser fébrile et terriblement féroce à la fois, retrouvant la luminosité de ses iris grises qui l’observaient. « Que me vaut cette inquiétude, Lexa ? » Elle savait mieux, elle savait, Clarke, qu’il y avait plus, que cette peur ne venait pas de nulle part. Elle avait besoin de comprendre, parce que, jalousement, elle voulait tout de la Fille Sauvage, disséquer son être pour apprendre à l’aimer encore plus, pouvoir saisir toute la palette de l’être de Lexa et la garder que pour elle.

Les mots étaient sortis maintenant, et Lexa réalisait une fois de plus qu’elle ne gagnerait jamais contre Clarke. Jamais elle ne pourrait s’echapper derrière la façade du commandeur comme elle le faisait pourtant si bien de manière générale. Clarke voyait au travers de tout, et elle avait l’impression que la blonde sondait son ame à chaque mouvement, à chaque mot. Les non dits étaient décryptés tout de même, et elle ne pouvait plus fuir. Alors oui, tout était dit. L’Essentiel du moins. Le reste n’était que suggeré. Et désormais Lexa s’attendait à ce que Clarke la rejette pour sa propre sécurité. Ou du moins peut être qu’elle l’esperait ? Peut être qu’elle le craignait. Elle ne savait plus trop, tout ce qu’elle savait c’était que finalement, la réponse de la blonde ne la surprit pas vraiment, et que ses yeux s’illuminerent d’une presque passion, d’une presque joie à vrai dire. « J’ai une cible dans mon dos depuis que je suis arrivée ici. » Les mots étaient la, ils étaient vrai et tranchants, et Lexa cependant n’eut pas une once de regret. Les temps de guerre étaient des temps de guerre, et oui, si elle n’avait pas ordonné l’attaque sur les intrus beaucoup de pertes auraient été évitées, beaucoup de choses auraient été différentes. Cependant, ce qui était était, le passé ne se changeait jamais, Lexa était plus que quiconque bien placée pour le savoir. Elle garda le silence. Les mots de Clarke voulaient dire plus que ça, et la fille du ciel par son caractère confiant, juste, savait trouver les termes pour convaincre Lexa.

Elle était sa faiblesse oui. Et elle était sa force aussi. « Il est trop tard pour ça. » Le cœur de Lexa manqua quelques battements, et son souffle se coupa, comme si il se passait quelque chose de trop important pour que sa simple respiration ou les simples battements de son cœur ne brisent le moment. Les lèvres entrèrent alors en collision dans la passion silencieuse qui les animait toutes les deux, et Lexa attrapa le tissu au niveau du flanc de Clarke, le serrant dans son poing comme si elle avait peur de le laisser partir. Et en un sens c’était vrai, elle avait peur. Elle était terrorisée de se lever un jour, avec une nouvelle guerre, et le corps de Clarke absent de ses cotés. Elle était terrorisée de revivre les attaques, de revivre la perte. Elle avait peur que Clarke ne lui soit arrachée, et elle ne savait pas très bien comment elle pourrait le gérer.

Oui, elle était perdue, et Clarke n’était pas dupe au grand dam du commandeur qui se sentait comme une petite fille prise la main dans le sac. « Que me vaut cette inquiétude, Lexa ? » Le regard était inquisiteur, le poing de Lexa restait serré sur le vêtement, et elle prit une grande inspiration. Elle pourrait mentir oui, mais Lexa n’était que sincérité quand les choses concernaient Clarke et elle même, quand les choses ne concernaient pas le bien –être de son clan. « Costia. » Ce n’était rien qu’un mot et il portait beaucoup trop de choses en lui même. Elle ne savait pas si elle devait épiloguer d’avantage, mieux s’expliquer, alors elle attendit un peu, reprenant doucement, d’une voix un peu distante. « Echo kom Azgeda est venue me parler d’elle. »

Il y avait cette poigne qui l’agrippait et qui avait plus de force qu’une main attachée à son vêtement. C’était une ancre qui la gardait au sol, une ancre qui la gardait attachée à Lexa. Clarke, par instinct, s’était rapprochée un peu plus, son bras en écharpe entre elle, qui en réponse à la démonstration affective, avait saisie Lexa au-dessus de la poitrine, saisissant le tissu un peu en dessous du col, réciproquant cette attraction vivace qui les animait. Ce n’était pas une question de celle qui aurait le dessus, c’était un besoin de rester connecter, de montrer, plus que par les mots, ce que l’autre signifiait. Et Clarke avait cette impression que si elle gardait Lexa proche d’elle, elle empêcherait à la Fille Sauvage de s’effondrer face à ce qui causait ce remous chez la guerrière. Guerrière qui aurait retourné le monde pour Clarke, se c’était possible. Clarke en était parfaitement consciente, tout comme était parfaitement consciente qu’elle ne pourrait jamais tirer avantage de ce fait. Elle ne le pourrait pas.

La perdition passagère sur les traits du commandant, Clarke ne le manqua pas et elle pinça les lèvres, attendant, pondérant les secondes qui passaient en une habitude apaisante qu’elle avait prise. Ca lui évitait de perdre le fils, de baisser les yeux sur une bouche qui l’appelait plus que de raison et d’écouter cette voix égoïste qui lui soufflait dans l’oreille qu’elle aurait pu arrêter tout ça. Mais Clarke n’était pas faite de ce genre de faiblesse et son besoin de comprendre était plus fort que tout. Plus que la chair et les plaisirs que cela pouvait procurer. Le nom tomba et Clarke inhala, persuadée que ses pupilles se dilatèrent sur l’effet du souvenir. Costia. Elle y ait pensé, à plusieurs reprises. C’était une facette de Lexa qu’elle ignorait, à l’exception des brèves explications qu’elle avait reçue… au-dessus des cendres de Finn. C’était la raison pour laquelle ce que ce prénom évoquait restait douloureux. La mémoire et elle arrivait à s’imaginer sans mal la souffrance que cela avait été pour Lexa. Parce que Clarke connaissait le commandant, intimement et que à présent qu’elle était aimée par la brune, elle savait combien cela n’était pas simple, de gagner une place dans le cœur de Lexa. Costia était la souffrance de Lexa, et plus encore était à venir (avait déjà eu lieu). « Echo kom Azgeda est venue me parler d’elle. » La légère incompréhension qui avait tournoyé dans le bleu de Clarke se durcit, alors qu’elle repassait les visages en mémoire, se rappelant le nom, oui. Bellamy lui en avait vaguement parlé.

Azgeda. Costia. Clarke ne put que peindre un rapport très bref et chaotique de ce qui avait dû être. Mais elle ne pouvait se permettre de tirer des conclusions hâtives. « Que t’a-t-elle dit ? » Quelque chose en elle cria qu’elle ne voulait pas savoir. Car elle n’aurait jamais voulu reparler de Finn, elle aurait voulu le laisser parmi les morts qu’il était. Et elle savait que Lexa aurait beaucoup de mal à parler de cette fille qui n’était qu’un fantôme tant chéri par la brune. Mais elle voulait tout savoir, et elle ne voulait rien savoir. Et il était trop tard. Les mots avaient déjà quitté sa gorge et elle attendit, la stabilité dans son regard, tandis que deux centimètres sous son cœur, en un crochet de chair, tout tournoyait.

Costia. Comment un seul nom pouvait il apporter autant de choses à l’intérieur d’un être. Costia avait été sa vie entière, dés son plus jeune age. Costia avait été tout ce qui était bon en elle,  la lueur d’une fille à la peau de miel et aux yeux tendres, les promesses d’un avenir et la tendresse d’une étreinte. Costia. Etait une figure de son passé qui avait cimenté son cœur dans le présent, et dont elle ne voulait plus jamais entendre parler. Costia, était ce qui avait fait que Lexa devienne le commandeur tout le temps et oublie qu’il y’avait eu un jour Lexa au dessous des peintures. Mais dans tout ça, il y’avait Clarke, qui était arrivée avec son insolence, sa détermination, il y’avait Clarke qui avait posé dans sa main la tresse de cheveux d’Anya, et qui lui avait proposé une trêve, Clarke qui au terme de conversations, par le biais de regards avait brisé la plus intense des protections de son cœur et fait sortir Lexa de derrière les barrières. Il y’avait Clarke. Et a cause de Clarke, elle ne pouvait pas oublier Costia. Elle ne pouvait pas oublier qu’un jour, bien avant cette guerre, elle avait été une fille amoureuse qui avait tout perdu.   Alors oui, ça faisait mal à l’intérieur, et Lexa ne savait plus le chemin qu’elle devait prendre. Elle ne voulait pas en parler, mais elle ne pouvait pas, peut être, laisser Clarke dans l’ignorance. Certains fantômes du passé devaient parfois être déterrés pour que le futur puisse être tracé.

Lexa reprit son souffle. Le nom était tombé, et au terme d’un silence nouveau, Lexa avait laché le plus gros de son problème présent. Echo. Les Azgeda. La lueur dans les yeux de Clarke devint plus dure, comme si celle ci pouvait deviner où tout cela menait, et les yeux de Lexa se teintèrent de la tristesse la plus profonde. Ses yeux si expressifs étaient un océan de peine qu’elle tenta de dompter. Il fallait qu’elle soit plus dure, plus déterminée, et elle regretta quelques instants, de n’être que Lexa dans cette tente, sous le regard de Clarke.

«  Que t’a-t’elle dit ? »  C’était innocent sans l’être cette question. C’était comme un couteau rouge feu sur une plaie latente. Mais Clarke ne pensait pas à mal, et Lexa le savait. Lexa savait qu’elle devait à la fille des étoiles la vérité, sinon elle ne comprendrait jamais, une part de ce qui faisait Lexa. Et Lexa, plus que tout voulait s’offrir entière. «  Je sais désormais comment les choses se sont passées, lors de l’enlevement. Echo a avouée son crime de guerre. »  Et elle l’avait laissée partir sans chercher la vengeance qu’elle avait tant voulu. Parce que Lexa ne pouvait pas venger ce qui était passé. Parce qu’elle ne pouvait plus se permettre d’haïr quand elle était l’unité. «  Je ne sais plus Clarke, si je fais les bons choix. »  Sa voix se brisa. «  Je ne discerne plus la force de la faiblesse. »  Et elle était faible, sur le moment d’avouer ça.

Elle était témoin et à cet instant, Clarke ne pouvait qu’être ça. Voir, sans pouvoir toucher, prendre, arracher, ce fléau qui assaillait  l’âme de Lexa, qui presque, se jouait de la blonde, car se sachant inaccessible. Elle secoua la tête, ses mèches blondes suivant le mouvement, alors qu’elle se rapprochait plus, si c’était possible (elle fit en sorte que ce soit possible) de Lexa. Sa main abandonna celle de la brune et bientôt son bras s’enserra autour des épaules de la Fille Sauvage. L’étreinte fut gauche, car avec un bras en moins, Clarke n’avait pas toute la force qu’elle voulait pour garder Lexa contre elle. Mais le cœur y était et elle déposa sa tête sur l’épaule du commandant. Elle resta là, incapable de dire les minutes. « Tu es forte Lexa, ça va aller. » Elle l’avait déjà prouvé, non, Lexa ? Qu’elle pouvait se relever. Que si la vie sans un être aimé était une véritable torture, elle n’était pas impossible. Juste grise, terne, asphyxiante comme une masse noir qui appuyait sur les entrailles espérant tirer vers le bas le corps, suivre là où l’esprit se perdait. Clarke connaissait cette apnée de la réalité. Ce que produisait l’absence de l’autre. Finn, elle ne l’avait pas assez connu pour ça. Mais elle avait perdu quelqu’un qu’elle aimait encore plus que ce jeune garçon et c’était bien parce que l’Arche tournait avec la Terre, que Clarke avait été capable de réaliser que le monde ne s’était pas arrêté de tourner.

« Echo a avouée son crime de guerre. » Sa respiration resta coincée dans sa gorge, Clarke, et elle ferma les yeux, imaginant un cri, une agitation. Elle imagina la découverte de Lexa et son bras se ferma un peu plus sur le corps du guerrier. « Je ne sais plus Clarke, si je fais les bons choix. » Et il y avait cette fêlure dans la voix de Lexa, cette fêlure quand sa voix était trop basse, trop sincère et résonnait avec les fragments brisés de la fille qu’elle était. Ce point dans la poitrine de la blonde, deux centimètre en dessous, écorcha tout le reste et elle sentit cette douloureuse compassion rayonner dans son abdomen, serrer la moindre fibre de son être, libérant un frison engourdissant. « Je ne discerne plus la force de la faiblesse. » Ses doigts se perdirent dans les longues tresses brunes, où Clarke délivra caresse sur caresse. Plus aucun mot ne vint, alors elle ouvrit la bouche, s’humecta ses lèvres, souffla ses propos sur la base du cou de Lexa, là où elle s’était logée. « Tu as fait ce qui est juste, Lexa. » Elle s’emplit du silence et de la sagesse que celui-ci apportait. « Tu as réussi à te sortir de cette spirale de guerres incessante. » Car oui, même si elle boudait régulièrement les explications de Poney, elle écoutait les quelques notions d’histoire qu’il tentait de lui inculquer. « Tu as dépassé sa perte. »

Clarke bougea un peu, elle se recula, après avoir déposé un baiser sous la peau qui était à portée de lèvres. Sa main se posa sur son épaule, tandis que ses doigts gauches relâchèrent leur emprise sur les vêtements de Lexa, pour se poser là, sur la poitrine. Diffus, discrets, étaient les battements de cœur de la brune. « De cet acte horrible, tu en as tiré du bien. Je comprends combien il t’en a couté. » La vie leur coutait à tous et Clarke avait bien assimilé le sacrifice de l’aimé pour la fondation d’une alliance, ou d’une coalition. « Yu laik yuj. Ai sin in non kwelnes. » Et elle appuya un peu plus fort de sa main. Dans ce qu’elle renvoyait à travers son regard, il n’y avait aucune hésitation. Il y avait la compassion et la douceur, oui. Et ce n’était nullement une faiblesse, car il n’y avait que force dans ce moment. « Get klin ? »

tritri:

Plus tard, elle regretterait son attiude Lexa, et elle s’excuserait auprès de Clarke d’avoir été si faible. Ou mieux, plus tard, elle n’en parlerait plus jamais, elle ferait comme si ce jour n’avait jamais existé. Pour continuer à vivre après tout, elle avait été douée pour faire abstraction de ce à quoi il ne fallait pas penser. Costia par exemple. Mais sur l’heure, il y’avait Clarke a ses cotés, qui l’encourageait à parler, et elle ne pouvait plus se retenir. Parce qu’il y’avait ce besoin d’offrir à Clarke les clés complètes de son ame, et ce savoir aussi que Clarke comprendrait. Parce qu’elle avait perdu, et qu’elle s’était redressée. Parce qu’elle avait perdu et qu’elle avait tout de même continuée le combat. Parce que son ame trouvait la compagnie dans celle de Clarke, et qu’elle aurait pensé ne jamais plus trouver ça.

Alors oui, elle parla, et elle se brisa avec sincérité. C’était cruel, c’était fugace, mais c’était la, et elle espérait au fond d’elle que Clarke ait les outils pour la reconstruire. Oh, elle savait qu’elle sortirait de la tente avec le même air de d’habitude, qu’elle renfermerait tout ça dans un coin de son esprit, et que le commandeur n’avait pas souffert de ça. Son image ne souffrirait jamais, et la Coalition continuerait de reposer sur ses épaules de leader. Non, dans cette tente aujourd’hui c’était Lexa qui s’effritait. La jeune femme, l’enfant perdue que l’on avait forcé… que le destin avait fait grandir trop vite. C’était Lexa oui, qui offrait à Clarke les douleurs qui la prenaient. Et elle prenait en retour le confort que lui offrait son étoile. Cette chaleur apportée par ses gestes et son simple regard, elle s’accrochait, consciente que même si Clarke ne pouvait pas être plus prêt, un seul centimètre plus loin ça serait beaucoup trop. Elle voulait s’asphyxier d’elle, ne sentir que sa présence. C’était égoïste. Elle se haïssait de cette faiblesse, et de la faiblesse dans la quelle elle mettait la blonde, mais aujourd’hui, elle n’avait plus la force de lutter.

« Tu as fais ce qui est juste, Lexa. » Et les mots de Clarke sonnaient partout dans son esprit en écho à ce que sa raison lui disait. Les doigts dans ses cheveux étaient la plus douce des caresses et son corps tendait à en désirer plus encore. Elle était fébrile sous les caresses, silencieuse sous les mots de réconfort. « Tu as réussi à te sortir de cette spirale de guerres incessante. » Et Clarke parlait comme un Terrien l’aurait fait. Clarke parlait comme auraient parlé ses conseillers, et remettait Lexa sur les rails – une façon de parler, une expression de l’ancien temps avait elle cru comprendre - d’une manière dont personne d’autre n’aurait pu le faire. « Tu as dépassé sa perte. » Et malgré son état d’esprit du moment, Lexa savait que Clarke avait raison. Elle était forte. Elle s’était levée, ignorant les envies de vengeance, pour être meilleure, pour être …. L’unificatrice. Alors oui, elle laissa les mots se glisser dans son esprit, et enrouler ses mauvaises pensées dans des sortes de couvertures, et plus que tout elle ferma les yeux au doux baiser. Elle n’avait jamais été très bavarde, et Clarke comprenait ses silences, alors elle ne se força pas. Son poing sur le tissus, relâcha la pression, et elle glissa sa main vers la peau pour la caresser, la toucher. Savoir que Clarke était a bout de doigts. Tout comme Clarke semblait avoir besoin de sentir son cœur battre.

Le silence resta de la part du commandeur mais ses epaules se relâchèrent un peu, et ses mouvements se firent plus doux, moins perdus, de même que ses yeux reflétaient surement tout ce qu’elle pensait. Soulagement ? Confiance. Espoir peut être aussi. Et cette sensation d’être une fois comprise. Et puis Clarke parla a nouveau faisant l’effort d’utiliser la langue de Lexa, causant dans le cœur de la brune des remous qu’elle ne refreinait plus. Et cette fois, elle ne pensa pas que Clarke était sa faiblesse. Tout au contraire, alors c‘est naturellement qu’elle répondit de sa voix redevenue normale. « Yu laik ai uf, Clarke.» Tombée des etoiles, il avait fallu que ce soit cette fille qui lui fasse réaliser que l’amour non, n’était pas toujours une faible. Et oui, ça la perdait encore bien sur. Mais ça la rendait… différente. Ca lui donnait la force de poser la question qui lui brulait les lèvres.

« Je sais que j’ai fais ce qu’il fallait » Un moment d’hésitation, et puis elle prit sa force dans la tendresse de l’autre. « Penses tu qu’elle puisse m’en vouloir de ne pas l’avoir vengée ? » Et Clarke lui en voudrait elle de ne pas la venger si quelque chose lui arrivait ?

Cette fébrilité n’aurait jamais fait fuir Clarke. Ce n’était pas la force de Lexa qui l’avait attiré inexorablement. Non. Ce qu’elle retenait du commandant et de cette fille fragile qui se cachait sous les peintures de guerre, c’était le souci des autres, le devoir du sacrifice, l’attention des autres. C’était ces fissures qui se dessinaient dans les rayons de son regard cendré, l’ardeur dans l’argent qui tournoyait dans ses pupilles, cette douceur dans le moindre de ses gestes. Ce n’était pas le guerrier que Clarke désirait. C’était cette femme trop sensible pour le monde et qui prétendait que ce n’était pas le cas, car il y avait ce besoin constant d’y survivre, de ne pas se laisser abattre. Et c’était normal de trébucher. Et Clarke avait décidé qu’elle serait là pour ramasser les parts de Lexa qui s’effritaient. Parce que Lexa avait été la seule à être à ses côtés quand elle avait perdu le soutient des siens. Elle était la seule qui avait apaisé ses tourments et plus qu’un simple retour de faveur, Clarke voulait le faire. C’était un acte dédié, aimé.

Il y eut des doigts chauds sur son flanc et cette fois-ci, Clarke dut réprimé un sourire, ne cillant pas sous le regard de Lexa. Son bleu s’agita vaguement mais elle resta droite et forte, attendant que la Fille Sauvage s’en inspire elle aussi. Sous la paume de sa main, elle sentit les battements de cœur de la brune s’agiter en utilisant la langue commune du trigeda et l’affection fut la seule émotion présente, qui l’irradia et la galvanisa un peu plus. « Yu laik ai uf, Clarke.» Le feu se rependit et brula sur ses joue. « Sha. » Glissa le murmure, alors qu’elle s’approchait et délicatement, embrassa la femme qui était devant elle, celle qui se faufilait dans sa peau et dans ses pensées. L’échange ne fut que fugace, presque symbolique. « Dison laik Yu uf, den nou get Yu daun gon Ai. » Ils ne faisaient que ça, tous, s’inquiéter pour elle. Elle était forte, Clarke. Elle n’avait pas besoin de cette considération, de cette inquiétude constante. Elle n’était pas Costia, elle ne finirait pas torturée par le Azgeda. Elle ne se laisserait pas faire. Clarke n’était pas qu’une survivante. Elle était une combattante et elle mettrait à ses pieds tous les obstacles qui se dressaient contre elle.

« Je sais que j’ai fais ce qu’il fallait. » Clarke fut rassurée de retrouver la Lexa qu’elle connaissait, sûre, confiante, avenante pour les autres. « Penses-tu qu’elle puisse m’en vouloir de ne pas l’avoir vengée ? » Elle déposa sa main sur la joue de Lexa, caressant délicatement le visage avec son pouce. Ses doigts coururent sur la pommette, les lignes de sa mâchoire, la pointe de son menton, la chute de sa gorge. Et son regard suivait ses doigts, pensif, inquisiteur. « Stedaunon don gon we. » Clarke se l’était si souvent répétée, cette phrase. Car oui, les morts étaient définitivement dans un lieu éloignés et ils ne reviendraient plus. Les guerriers morts ne reviendraient pas, ses camarades qui avaient tant comptés n’étaient plus. Ils resteraient sous terre, et dans les cendres qui recouvraient le monde. « Je ne connais pas Costia, et je n’ai pas envie de me tromper en parlant d’elle. » Elle grimaça, se souvenant d’une chevauchée où elle avait parlé à tort d’Anya. C’était différent, encore, car elle avait connu l’ancien mentor. Costia n’était qu’un nom, qu’une idée qui, d’une certaine manière, l’effrayait. « Mais les tiens ne cherchent pas la vengeance. Ils cherchent la justice. » Sa main glissa jusque la clavicule de Lexa et son regard resta fixé là, sur cette parcelle de corps. « Tu leur as apporté bien plus que ça. Tu leur as apporté la paix. »

Spoiler:

« Dison laik Yu uf, den nou get Yu daun gon Ai. » Le baiser fut ajouté aux mots qu’elles échangeaient suffisant pour que Lexa redevienne elle même, pour que la force reprenne le pas sur sa faiblesse éphémère, pour que ses yeux reprennent leur assurance. Et elle laissa ses lèvres se muer en un maigre sourire, qu’elle n’aurait jamais laissé voir à quelqu’un d’autre. « Sha. » Elle ne lutterait pas bien sur. Mais l’une et l’autre savaient très bien qu’elle passerait sa vie à s’inquieter. Son passé ne lui permettait pas de penser une seule fois que Clarke serait en sécurité, et de manière générale, quand bien même Clarke n’était que son alliée, elle s’était inquiétée. Parce que Clarke représentait l’autre partie de leur alliance. Pour leurs peuples, il fallait qu’elles restent toutes les deux en vie. Pour elle même, il fallait que Clarke soit en bonne santé. Et bien sur, elle refusait de se rappeler ce qu’elle avait ressenti au moment où Indra était venu lui annoncer sa disparition. Mais… Enfin. Soit. L’inquietude ne serait jamais loin. Elle ne savait pas lutter contre ça, et elle supposait que quelque part, Clarke le savait.

Mais Clarke lui donnait la force de continuer, et Lexa était soulagée. Elle se sentait libre aussi. Libre de parler, de poser des questions qui hantaient ses épaules. Et une fois de plus Clarke trouvait les mots, la ramenant sur le droit chemin de ses pensées. « Stedaunon don gon we. » Elle hocha la tête, se rappelant la première fois où elle avait prononcés ces mots pour Clarke. Cette phrase était une partie importante des façons de penser des terriens, et Lexa hocha la tête satisfaite. « Tu apprends les leçons de mon peuple à la perfection. » Elle était satisfaite vraiment, et dans ses mots se ressentait probablement le bonheur que lui procurait Clarke à assimiler les méthodes terriennes.

Doucement elle pencha la tête pour profiter de la main de Clarke sur sa joue, elle se laissa faire. Ecoutant les sages paroles de la fille du ciel. Et elle n’était pas surprise. Elle savait qu’elle n’avait pas besoin que quelqu’un qui ne connaissait pas Costia lui accorde le pardon. Elle ne savait meme pas vraiment ce qu’elle cherchait à vrai dire. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’une fois de plus, Clarke trouvait les mots dont elle avait besoin. « Tu leur as apporté bien plus que ça. Tu leur as apporté la paix. » Et elle hocha la tête, légèrement, caressant la peau de Clarke du bout de ses doigts, relevant son autre main pour effleurer ses cheveux, chasser une meche qui assaillait son visage. « Et toi et moi, nous leur avons apporté la victoire, et la fin d’une ère de crainte. » Elle était de nouveau elle même finalement. Ca faisait du bien. Doucement elle posa ses lèvres sur celles de Clarke, pour un fugace baiser. « Je te remercie Clarke. J’avais besoin de ça. » et maintenant, elle laissait le silence les prendre quelques instants, pour qu’il porte l’ampleur des mots qu’elle venait de dire.

Attendant quelques instants, elle reprit ensuite, se rappelant malgré tout de la manière dont leur entrevue s’était initiée, fronçant les sourcils par concentration. « Tu voulais parler de Teksas ? » Elle n’arriverait peut être jamais à offrir à Clarke tout ce que la fille des etoiles lui offrait. Mais elle pouvait lui offrir des réponses aux questions qu’elle se posait. C’était un bon début. Enfin, elle s’était offert également, mais ça, c’était autre chose. Bien entendu. Cette pensée lui redonna du baume au cœur, prête a affronter la conversation.

C’était un privilège, d’être le témoin discret de l’ascension de Lexa. De l’observer au plus bas et lutter contre la peine, le doute, la souffrance. La transition entre la femme fragile et le commandant respecté. Lexa reprenait son aplomb. Ce n’était pas pour autant que Clarke oublierait ce qu’il venait de se passer. Elle serait plus prudente, encore, envers Lexa et surveillerait son état d’âme, s’inquiéterait pour sa niron. Il y avait des blessures qui ne se refermaient jamais et qui, parfois, se rappelaient au bon souvenir de son porteur. Aux yeux de Clarke, ce n’était pas une faiblesse, loin de là. C’était humain et sous la carapace indestructible de la guerrière en face d’elle, il y avait un être humain dont elle ne pourrait se détacher. « Et toi et moi, nous leur avons apporté la victoire, et la fin d’une ère de crainte. » Il n’y eut aucun sourire sur les lèvres de Clarke, car elle ne pourrait jamais se résoudre à en faire autant quand il était question de morts, de guerre, de sang. A la place, il y eut cet écho indicible qui brilla dans le fond de son regard et l’assurance que prirent les traits de Clarke au rappel. Il y avait une victoire, oui, et elle arrivait seulement à s’en persuader ainsi. Le monde ne s’était pas effondré et peut-être était-il plus fort qu’avant. Peut-être, seulement. Clarke attendrait toujours sa chut, d’une manière ou d’une autre.

Un baiser lui fut offert et Clarke ne laissa pas l’occasion à Lexa de se reculer pleinement, répondant l’espace de quelques secondes, retrouvant cette déchirure lascive dans ses entrailles, qui grondèrent silencieusement. « Je te remercie Clarke. J’avais besoin de ça. » Cette fois-ci, il y eut un mince sourire sur les lèvres de Clarke. « Toujours. » Clarke serait toujours là pour Lexa. Jusqu’au jour où elle ne pourrait plus l’être. En attendant, elle préférait se persuader, se bercer de ce doux mensonge qu’elle pourrait toujours rafistoler le cœur brisé de la brune. C’était une promesse sur le temps présent, et si celui-ci avait eu la clémence de s’arrêter, oui, Clarke aurait toujours été présente pour Lexa.

Bien entendu, le temps ne s’arrêtait pas et bientôt, un nouveau sujet revint. « Tu voulais parler de Teksas ? » Automatique, un sourcil inquisiteur se souleva et toute la délicatesse qu’il y avait dans les prunelles bleues se transformèrent en un regard dur. C’était presque un jeu, une routine, tomber dans les habitudes de s’en prendre à Lexa et sa manière de diriger qui différait tellement de celles du Skaikru. Elle se recula de deux pas, laissant filer Lexa de ses doigts, ignorant la désagréable absence de contact. La colère n’était plus là, mais il y avait ce besoin moral de le faire. « Tu as marqué Teksas. » Et tout était dit, avec cette fureur dans ses propos, qui portant, restaient posés et calculé. Tout était dit, avec ce ton appuyé, cette main relevée dirigée vers Lexa, attendant que celle-ci lui explique.

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