I'm here, and now what ? -Syndeï

I'm here, and now what? ₪ Le temps avait défilé plus vite qu'elle ne l'aurais voulu. Elle avait passé la moitié de l'après-midi avec le jeune élu et voilà maintenant que la réalité de son travail la rappelait à l'ordre. Elle pressa le pas, jusqu'à sa tannerie où elle vit partir quelques clients contents ou mécontents du fait de son absence. Elle serra les dents, crispant sa mâchoire une fois qu'elle passa le bas de la porte d'entrée. Irma était au comptoir et elle écrivait tout ce qu'elle avait surement vendu et les commandes à faire pour les jours avenirs. Elle serra la bouteille d'huile dans ses mains et s'approcha du comptoir. Elle était un brin nerveuse de la réaction qu'aurait Irma en l'apercevant avec rien qu'une bouteille en main. Fatiguée de sa course, elle expira toute la pression qu'elle avait emmagasiné durant la journée. D'ailleurs ça se ressentait dans ses mouvements qui se voulaient lourds et moins précis qu'à son habitude.
« Je n'ai pas pu ramené autre chose. J'ai été... distraite. »
Irma avait à peine levé les yeux à sa remarque; La tanneuse émérite déposa la bouteille sur le bois creusé par les années. Elle toussa une fois et alla en direction de l'arrière boutique où elle prit les quelques peaux de bête qui étaient prête pour la découpe.
« T'en fais pas je m'occuperais du reste demain, Syn. »
Syn sourit à l'entente de ces paroles. Ça la réconfortait et la rassurait pour les prochains jours. Elle ne pouvait le nier, Irma lui était volontairement dévouée et c'est aussi pour cela qu'elle s'en était fait une amie aussi chère. Elle pouvait lui faire confiance et ce à n'importe quel moment, elle ne la décevrait pas. Elle passa alors la tête dans l'arc de la porte arrière, une main sur le rebord pour ne pas tomber et répliqua.
« Qu'est-ce que je ferais sans toi...? » gloussa-t-elle.
Irma leva les yeux au ciel et Syn reprit se qu'elle s'apprêtait à faire, le sourire gainé aux lèvres. Elle se dit qu'elle passerait enfin une fin de journée tranquille à la tannerie.

Quelques minutes, qui paraissaient comme des heures pour la tanneuse, s'étaient écoulées durant le laps de temps où elle travaillait la peau. Elle ne prêta pas attention à tout ce qui se passait autour et laissa même le bruit du carillon, qui se trouver à l'entrée, résonner dans la pièce sans pour autant en être déconcentrée. Elle brossait, traçait les patrons des découpes sur les peaux tannées, et calculait en même temps le temps qui lui faudrait pour finir cette série. Un travail minutieux qui ne déplaisait pas à la jeune femme. Du moins pas lorsqu'on la sortit brutalement de sa bulle de confort. Elle ne calcula même pas la personne qui s'était glissée juste derrière elle. Irma ne l'avait pas non plus alerté, pensant qu'il n'en serait pas nécessaire et Syn se fit surprendre comme une débutante. Son tracé était parti de travers lorsqu'elle sentit une main se poser sur son épaule et un murmure lui réchauffer l'oreille.
« M'aurais tu oubliée ? »
Elle serra la mâchoire sous l'agacement, inspira à plein poumon sentant ce parfum qu'elle reconnaissait bien. Syndeï jura en silence et déposa tout ce qu'elle détenait en main pour finalement faire volte-face. Teklia. La messagère de la forêt. Syndeï fronça les sourcils et étira ses lèvres dans une grimace.
« Tu viens de me faire rater mon traçage... comment t'oublier après ça ? » plaisanta la fille au dague.
Elle était encline à la taquiner, mais c'était subjectif. Elle n'était pas spécialement satisfaite de son arrivée. Mais elle se le garda pour elle.
« Qu'est-ce que tu fais ici ? » questionna la brunette, tout en jetant un bref regard à Irma, qui les dévisageait comme si elle suspecte quelque chose entre les deux jeunes femmes.
La fille aux dagues avait s'en doute oublié qu'elles devaient se retrouver pour parler affaire.

I'm here, and now what? ₪ Syndeï avait eu un petit trou de mémoire, une fois encore, elle se demandait pourquoi elle avait oublié pareil rendez-vous. Elle fronça les sourcils alors que la messagère rétorqua à sa taquinerie qui n'en était pas vraiment une, pour le coup, elle lui avait bien fait rater son traçage et ça avait eu le don de mettre la brunette sur les nerfs. Mais elle resta impassible devant la Demodrakhos, pour éviter de lui donner une autre raison de la taquiner. Elle leva les yeux au ciel.
« J'étais concentrée c'est différent. C'est ce que font les personnes qui travaillent avec minutie. » dit-elle pour s'obliger  à avoir le dernier mot, accompagnée d'une grimace.
Ses traits était plus tendue, elle se posta devant la messagère qui avait pris le soin de se reculer et lança un bref regard à Irma qui était toujours là à les observer comme un vieux couple qui se cherchait. Irma, ne fit rien et ne dit rien. Ses yeux parlait pour elle et Syndeï soupira lorsque la messagère sorti un bout de papier de sa sacoche pour constater du rendez-vous donné. Syndeï s'autorisa par curiosité à lire le parchemin. Elle s'était hissée sur la pointe de ses pieds, étant plus petite que la Demodrakhos et pu apercevoir quelques mots. A la vue du mot "voleuse", elle remit plante à terre et soupira à nouveau, serrant les dents alors que Teklia pensait qu'elle était une voleuse. Il est vrai qu'elle se débrouille toujours pour s'attirer des ennuis mais de la à la qualifier de voleuse, Syn n'avait pas apprécié. D'ailleurs son regard noir posé sur la silhouette de la messagère en disait long. Elle croisa les bras sur sa poitrine et attendit que la messagère ait fini de contempler son bout de papier.

Elle hocha les sourcils tout en regardant Irma qui les observer depuis son comptoir et fit un geste négatif, plutôt discret de la tête comme pour lui dire "T'en occupe pas". Elles se lancèrent à nouveau un long regard entendu avant que Teklia ne coupe court à tout ça en prenant la fuite vers la porte d'entrée.
« Mais si tu ne souhaite plus de moi, je peux très bien m'en aller. » s'empressa-t-elle de dire.
« Quoi... ? » commença Syndeï.
Elle regarda Irma, qui l’appuya d'un geste de tête pour la rattraper, comme pour lui dire de ne pas la laisser partir, ça serait une erreur. Et malgré son air renfrogné, Syn la rattrapa en saisissant son bras.
« Attends. » l'interrompit la tanneuse.
Elle ravala avec difficulté et jeta un dernier regard vers Irma. Celle-ci lui souriait. Elle hocha la tête et se dirigea vers l'arrière.
« Bon. Je vais vous laisser un peu seule. Du travail m'attend à l'arrière. »
Elle venait d'inventer ce prétexte et Syn l'avait de suite remarqué. C'est pourquoi elle fronça les sourcils, tout en la suivant du regard, comme pour l'inciter à ne pas la laisser seule avec la Demodrakhos. Mais elle finit par quitter son champs de vision et sentit le regard de la messagère posé sur elle.
« Je... Je n'avais pas oublié, seulement, je ne pensais pas qu'on se reverrait aussi tôt. Et puis... » Elle déglutie en repensant à ce qu'avait écrit la messagère à propos d'elle et son visage se referma aussitôt. « Voleuse, hein ? Pourquoi es-tu revenue m'aider si pour toi je suis une voleuse ? » demanda Syndeï d'un air blessé.
Elle voulait être certaine d'avoir pleinement confiance en elle et qu'elle n'essayera pas de lui faire à l'envers.

I'm here, and now what? ₪ Les secondes, les minutes défilaient et les deux jeunes femmes se retrouvèrent seules au milieu de la tannerie. Il devait être temps pour la fille aux dagues de fermer boutique car elle passerait tout son temps avec la messagère et dieu sait que ça prendrait un certain temps. Elle ne pourrait pas s'occuper des nouveaux arrivants si jamais. Irma avait assez à faire de son côté. Syndeï était vexée par les notes, qu'elle entraperçue sur le bout de parchemin de Teklia et sans dire quoi que se soit de plus, elle lui tourna le dos pour aller fermer sa tannerie. Évitant tout regard de la part de la Demodrakhos. Le clip significatif de la serrure se fit entendre et Syndeï ferma un instant les yeux en entendant les paroles de la messagère qui laissait place à des excuses.
« Ce n'est pas ce que tu crois. » tenta-t-elle.
Syndeï leva les yeux au ciel tout en se retournant et retint le regard nerveux de Teklia. La tanneuse voyait sa sincérité, du moins elle voulait croire à cette sincérité que la jeune femme dégageait à ce moment. Elle fronça un peu les sourcils et se rapprocha d'elle. Puis elle continua dans ses justifications et Syndeï arrêta de l'écouter un instant. Elle voulait s'arrêtait au simples excuses qu'elle laissait filer comme le courant d'une rivière qui n'aurait jamais de fin.
« Je suis désolée si ça t'as blessée. »
« Ça va. dit-elle tout en balayant l'air d'une main, devant elles. C'est déjà oublié, après tout, j'ai l'habitude qu'on m'imagine tel que je ne suis pas. Mais trêve de bavardage, on est pas là pour parler de ça. » lança-t-elle plus sérieusement pour couper court à cette discussion, tout en faisant signe à la messagère de la rejoindre près du comptoir.

Aussi étrange que cela puisse paraître, cette jeune messagère éveillait quelque chose chez la tanneuse que cette dernière redoutait ne jamais ressentir, surtout pour une personne aussi ordinaire qu'était Teklia. Du moins c'est se qu'aurait pu pensé Syn la première fois qu'elle l'avait croisé dans les bois. Mais c'était différent, elle ne l'était pas vraiment pour elle. Ce qui perturbait quelque peu la brunette dans ses pensées. Elles étaient réunies aujourd'hui pour parler affaire et surtout, une affaire qui tenait beaucoup à cœur à l'orpheline qu'était Syndeï. Elle se disait l'être car depuis la mort de son géniteur, elle n'avait plus de famille. Sa mère l'avait abandonné et ne voulait plus rien savoir d'elle, alors elle le prit comme si elle venait de perdre également sa mère -qui ne l'avait jamais aimé comme sa fille d'ailleurs- Jordyn était la préférée. Syndeï n'était qu'une erreur qu'elle aurait jamais voulu. Mais ses pensées là ne touchaient plus la tanneuse. Elle s'y était fait. Elle en avait pas eu le choix après tout, laissée à elle-même, elle devait se forger un avenir, sans pour autant en oublier le meurtrier de son père. C'est d'ailleurs ce qui la hantait le plus souvent les nuits. Des cauchemars répétés voyant son père se faire égorger par cet homme encapuchonné arborant une cicatrice sur le visage. Cette vision, elle restera gravée dans sa mémoire à jamais et Syn avait besoin de cette messagère pour le retrouver. Elle saurait surement de quel clans il pourrait venir, puis elle pourrait l'avoir croisé peut-être dans l'un de ses voyages. Syn n'avait aucune réponse à cela et c'est pourquoi elle avait besoin d'elle.
« Approche-toi, je ne mords pas. initia Syndeï avec un petit sourire. Voilà pourquoi nous sommes ici. » ajouta la tanneuse en présentant devant la messagère un bout de parchemin avec dessiné en son centre une personne représentant son père.
Igritte sa soeur, la deuxième, avait un don pour le dessin et elle avait fait un portrait de leur père, un jour. Elle l'avait gardé précieusement comme seul souvenir de cette dernière qui lui avait était arrachée par la montagne. Ses yeux commencèrent à s'humecter à la vue de ce croquis, son sourire retomba en une moue de tristesse et elle ravala difficilement tout en déviant son regard pour le reposer sur Teklia.
« C'est mon père. dit-elle, émue. J'ai besoin que tu m'aides à retrouver son meurtrier. »
Elle posa ses mains sur le comptoir et inspira une bouffée d'air, celle-ci étant difficile à passer. Elle avait une boule dans la gorge, elle ne parlait quasiment jamais de son père, à personne, même pas à Irma qui ne s'empêchait pas de tendre une oreille depuis l'arrière de la tannerie. Syn avait toujours du mal à dévoiler ses émotions. Elle resta impassible au possible devant la messagère mais à l'intérieur d'elle, le mal continuait de se propager comme la peste. Elle avait mal mais ne le montra pas. Elle ne voulait pas donner une raison de la prendre en pitié. Elle avait horreur de ça.

I'm here, and now what? ₪ La messagère s'était rapproché de Syn. Elle avait émis une remarque quand à ses accusations. Syndeï n'était pas une voleuse et Teklia le savait. Elle certifia ne pas être comme tout le monde et à ses mots, Syn haussa les sourcils accompagné d'un rictus moqueur. C'était au final sa manière de la réconforter que Teklia ne la jugeait pas et Syn n'y répondit rien. A dire vrai, elle n'afficha rien du tout. C'était insignifiant pour elle, du moins en apparence. Elle l'ignora tout simplement mais intérieurement, une partie d'elle lui était reconnaissante de l'admettre. Toutefois, elle pourra se faire pardonner une fois qu'elles auront retrouvé le meurtrier du père de Syndeï. La fille aux dagues ne perdait pas le Nord et s'attela déjà à présenter son père à la messagère. Présentation plutôt prématurée mais c'était nécessaire. Le portait le rendait presque vivant pour Syn et le fait de se remémorer ce passé douloureux l'obligea à serrer les dents. A rester impassible en face de la brune.

Cependant, Teklia avait bien remarqué que ça affectait la jeune terrienne. Elle ne tarda pas à nouer le contact avec elle pour tenter de panser du mieux qu'elle pouvait cette blessure ouverte. Ce geste avait d'ailleurs percuté la tanneuse de plein fouet, puisqu'elle releva aussitôt ses prunelles vers Teklia.
─ Nous le trouveront. Tu as ma parole. prononça la messagère.
Syndeï fut d'abord surprise. Elle ne comprenait pas pourquoi la Demodrakhos, qui ignorait tout d'elle, avait cette compassion envers elle. Ce geste paraissait irréel. Elle ne disait rien. Elle ne pensait plus à rien. Il n'y avait qu'elle et Teklia à l'instant. Elle soutenait ce regard amande de ses prunelles braisées. Elle ressentait cette chaleur apaisante émanant de cette caresse et de la pression que venait d'exerçait la messagère sur sa main et d'un côté ça la rassurait. D'un autre, elle ne voulait pas être prise en pitié. Alors après un instant interminable où les deux mains étaient reliées, Syn déglutit et fit glisser la sienne hors de l'emprise de celle de Teklia. Elle était de plus en plus perturbée, beaucoup trop même. Voulait-elle vraiment rompre ce lien ? Elle ne savait pas quoi dire ou faire qui pourrait lui faire oublier ce moment de faiblesse. Devait-elle la remercier pour ce geste ? Devait-elle l'ignorait à nouveau ? Se fourvoyer ? Syndeï était encore plus perdue que d'habitude la concernant mais n'en oublia pas pour autant le sujet principal de leur "rendez-vous".
─ As tu des informations qui pourraient m'aider ? questionna Teklia.
Syndeï se mordit la lèvre inférieure et repensa à cet image plutôt nette qu'elle avait gardé en mémoire. Elle soupira.
─ Tout ce que j'ai pu voir c'était... cette balafre qu'il avait sur sa joue gauche et ces vêtements en cuir plutôt usés. répondit la tanneuse en dévoilant ainsi qu'elle fut spectatrice de ce massacre. Il était encapuchonné, je n'ai pas vu entièrement son visage. Elle marqua une pause et posa sa main sur le portrait de son père tout en fermant les yeux. Nostalgique. Syndeï avait été traumatisée par cette vision d'horreur qui lui a été donnée de voir. Elle n'était qu'une gamine impuissante à cette époque. Même après dix années écoulées, Syndeï avait encore cet image nette qui la hantait. Elle ne savait pas si ce détail allait pouvoir l'aider, ou bien ne serait-ce que l’aiguillait sur une piste à suivre, mais elle l'espérait.
─ Tu m'accompagnera si je dois chercher en dehors de Polis ? demanda simplement la messagère.
─ Bien sûr. Je compte pas rester là les bras croisés à attendre. C'était une évidence pour elle. Elle ne devait pas en douter. Quoi que la messagère ferait, Syndeï serait à ses côtés. Et puis je ne voudrais pas que tu te fasses tuer pour m'avoir aider. Ça serait dommage, tu ne crois pas ? taquina la fille aux dagues avant de replier le parchemin du dessin et de le ranger dans une boîte en fer de l'ancien temps qu'elle avait sous le comptoir.

Elle frappa ensuite une première fois dans ses mains, comme pour se motiver, impatiente de commencer les recherches.
─ Alors ? Par où on commence ?

I'm here, and now what? ₪ La journée continuée d'avancer et les deux jeunes femmes étaient toujours dans la tannerie, fermée, à déterminer l'identité du meurtrier du père de la tanneuse. Cependant, Syn n'avait que de minces informations, elle était jeune à l'époque et malgré le fait que cette scène la hantait depuis tout ce temps, elle n'avait pas beaucoup d'informations pour en conclure l'identité du ravisseur. Syndeï échappa d'ailleurs un soupir d'exaspération lorsque la messagère demanda d'avantage d'informations sur le concerné.
─ Une idée de quel clan il appartient ? Est-il possible que ce soit un barbare ? questionna Teklia.
Syndeï haussa les épaules, elle ignorait bien de quel clan il pouvait être, ses vêtements pourraient appartenir à différents clans, la vétusté de ces derniers pourrait aussi faire référence aux nomades ou bien à des barbares. Peu importe son appartenance, Syndeï est bien décidé à le retrouver. Mais elle avait gardé cet air attristé qu'elle ne voulait justement pas montrer. Elle ne regardait plus Teklia à ce moment là, son regard été rivé sur le dessin de son géniteur. Les larmes commençaient à monter, mais elle réussit à les contenir.
─ Ça remonte à longtemps ? s'enquiert la Demodrakhos.
─ Neuf années. finit par avouer la brunette tout en reniflant et relevant les prunelles vers son vis à vis. Elle déglutit et ajouta. Bien trop longtemps. J'ai tenté plusieurs fois d'obtenir des réponses mais tout ce que j'y gagnais ce compte maintenant en nombre de cicatrices... Elle marqua une courte pause, tout en massant l'avant de son bras gauche qui avait été légèrement brûlé une fois. Peu importe ce que ça m'en coûtera, il payera pour ce qu'il a fait.
La jeune trikru était déterminée, c'était le cas de le dire et à peine la petite taquinerie passée, qu'elle était déjà prête à partir à l'aventure avec la messagère pour commencer les recherches. Elle savait que les informations qu'elle détenait étaient insuffisantes, mais ça valait toujours plus qu'aucune. Elle laissa de côté sa tristesse et sa nostalgie pour laisser la place à cette étincelle de vengeance qui l'animait lors des moments les plus sombres. Depuis toutes ces fois, où elle avait tenté de retrouver sa trace et qu'elle se heurtait à la malveillance de certains terriens, elle s'était forgée cette carapace de guerrière et avait appris sur le tas à bien se battre. Un aspect caché de sa personnalité qu'elle n'ose pas dévoiler mais que Heda avait très bien remarqué. Un atout important selon elle et gâché par cet envie de vengeance. Mais Syndeï était ainsi.
─ Alors ? Par où on commence ? lança la fille aux dagues.
─ Par sortir de ta tannerie ? plaisanta la messagère.
Syndeï lui sourit et rangea ses dagues dans les deux étuis qui étaient à ses cuisses. Elle serra le poing et sortit de derrière le comptoir pour rejoindre Teklia dans l'entrée. Mais elle sentit que quelqu'un les observait. Elle se retourna et trouva Irma appuyée sur l'arc de la porte arrière, les bras croisés sur sa poitrine. Elle avait du entendre toute leur conversation puisqu'elle avait soudain une moue de tristesse sur le visage.
─ Tu allais partir sans rien me dire ?
Syndeï s'approcha alors d'elle et la pris dans ses bras. L'étreinte fut aussitôt acceptée et rendue par la jeune assistante.
─ Ne t'en fais pas, je ne pars pas pour toujours. Je compte sur toi pour la tannerie, ok ?
─ As-tu vraiment besoin de poser la question ?
─ Non. sourit Syn.
Elles s'écartèrent un moment et Irma se tourna vers la messagère en retrait.
─ Qu'elle ne s'attire pas d'ennuis, ok ? Je peux compter sur vous ?
Irma était un peu comme la grande sœur perdu de Syn. Elle s'inquièterait toujours pour elle, même si elle savait ce qu'elle allait devoir traverser pour obtenir des réponses. C'était seulement pour se rassurer elle-même. Syndeï avait les yeux rivés sur Teklia et elle savait qu'elle risquerait gros en partant à la recherche du meurtrier de son père. Elle attendait de voir sa réaction face à la question de son amie. Syn se rapprocha d'ailleurs doucement de la messagère pour la rejoindre et ainsi mettre la distance avec sa sœur de cœur.
─ Elle s'en fait trop pour moi. murmura la tanneuse pour que seule la messagère l'entende. Tout ira bien Irma, tu as confiance en moi non ? dit Syn tout en se retournant  vers son amie.
─ Oui c'est bien ce qui m'inquiète. Veillez juste à ce qu'elle ne fasse pas de bêtises qu'elle pourrait regretter.
Syndeï leva les yeux au ciel et posa sa main sur le bras de Teklia pour l'inciter à la suivre.
─ On doit y aller Irma. Je serais revenue avant même que tu ne t'en rendes compte. Aller.

Puis Syndeï quitta sa tannerie et attendit que Teklia la rejoint dehors pour commencer les recherches.

HRP: