RAVEN — Tu vas où ?

Je suis dans le camp Jaha, assise sur un bout de métal à dessiner et à relire ce que j'avais écris durant l'exploration de la plage avec Alicia la veille. Des fruits délicieux oranges, des pierres plates et luisante, j'en avais apporté une d'ailleurs. Je ferme mon livre puis sort le galet devenu presque aussi transparent que du cristal face aux radiations. Je plonge mon regard à l'intérieur puis j'entends un petit son métallique.

Je relève mon regard et aperçoit la mécanicienne. Raven, si je me souviens bien. Le bruit vient de son atèle. Elle boîte et porte un sac à dos. Je range le galet dans mon sac puis prend mon châle rouge sang et entoure mon cou avec. Où vas t-elle ?

— Raven ?

Je n'étais pas certaine de son prénom, mais cela semblait être bien celui là. Je m'approche et lui sourit gentiment comme à mon habitude.

— Tu vas où ?

Je la regarde.

— Je sais, ce n'est pas mes affaires... Mais tu comptes pas sortir en exploration ainsi ?

Je ne pensais pas forcément à sa jambe mais surtout au fait que je ne me souvenais pas l'avoir vu mettre le nez dehors depuis un bout de temps.

HRP:

Alors que je me terrais dans mon silence, ignorant si elle allait me répondre ou non. "Tu veux me suivre, ok. Mais j'ai pas besoin d'une baby-sitter." Son ton est sec, presque dur. J'hausse les épaules. Si elle voulait souffrir après tout, ce n'était pas mon problème. Du moins, j'essayais de faire en sorte que cela ne soit pas le mien. Nodey, le shiedgedakru m'avait convaincu dans ses paroles lorsqu'il m'avait dit que je devais quitter mon clan et ne plus m'en préoccuper. Cela viendrait un jour.

— Si tu veux arriver à ta destination en rampant, à ta guise.

Son ego ne lui servait à rien en dehors du camp Jaha, encore moins avec moi. Je me demandais bien où est ce qu'elle allait comme ça. Je ne mens jamais, c'est un défaut. Les gens peuvent se vexer vite lorsque je déballe mes constatations. Elle avait peut-être atterrit sur Terre avant les Archéens, la jeune femme ne semblait pas très attentive aux alentours et donc à sa propre survie. Peut-être était-ce moi qui était devenue accroc aux explorations dangereuses ?

— Tu sais où tu vas au moins ?

Je demande ça sans avoir réellement l'espoir d'une réponse. Je sors de mon sac ma petite carte et ma boussole puis regarde vers où nous nous dirigeons. La navette sûrement, à moins qu'elle veuille aller jusque chez les Azgeda mais cela m'étonnerais grandement. Au moins je pourrais voir ce lieu qui m'était inconnu. La navette n'était pas placée sur ma carte.

La jeune femme s'arrête net et me lance un regard assassin. Je recule d'un pas peu assuré. Je ne voulais pas la blesser. Je mets mes mains devant mon visage en signe que je ne voulais pas attirer ses foudres.

— Hey, calme toi. Je ne voulais pas être impolie.

Je n'étais pas le genre de fille à juger les gens. Je disais simplement ce que je pensais. Si je pouvais lui être utile ? Peut-être si on tombais sur des grounders ? Il était de notoriété que Raven ne les aimait pas trop. Pourquoi, j'en savais rien et je m'en foutais royalement. Mais vu son comportement, même avec la trêve, elle pourrait s'attirer des ennuis.

— Ce n'est pas parce que tu a foulé cette Terre avant moi que tes connaissances en sont bien plus accrus. Et si je te suis pas utile, tans pis. Toi tu m'es utile. J'ai besoin de savoir où se trouve la navette pour ma carte.

Je soupire, puis passe ma main dans mes cheveux pour les attacher en chignon. Je prends une voix un peu plus dur mais pas pour autant assurée.

— Très bien Hercules ! Je me tais !

La jeune femme resserre ses sangles puis se remet à marcher. Je la suis tout en lui laissant son espace vital. La coller ne serait pas une bonne idée. Tout en marchant, je tenais mon carnet à la verticale avec la boussole au dessus et un crayon à la main afin d'évaluer notre chemin. J'étais plongée dans le silence pour ne pas embêter Raven. Elle semblait assez sur les nerfs. Peut-être à cause de moi, peut-être à cause de sa douleur ou autre chose... "Pourquoi tu veux aller à la navette toi ?" Je relève le regard, surprise qu'elle me pose la question.

— J'aimerais voir dans quoi les adultes ont envoyés leurs enfants pour mourir sur Terre...

Je me surprenais à déclarer mon point de vue aussi tranchant qu'une épée. J'avais dit ça naturellement. Je finis par me reprendre.

— Oh, pardon ! Je ne voulais pas paraître aussi cru. J'ai un avis assez tranché sur la question, mais peut importe, c'est du passé.

Oui, pour moi les dirigeants Archéens étaient des monstres. J'avais la rancune tenace envers le chancelier Jaha ou la mère de Clarke. Même le conseiller me sortait par les yeux.

— Je trouve important de savoir où notre peuple à fait ses pas après de longues années dans l'espace.