There is an outsider beside you ▬ Lexa

Lexa admirait les skaikru. C’était quelque chose qui s’était ancré en elle et qui n’avait pas forcément à voir avec Clarke. Bien sur Clarke était une skaikru, bien sur Clarke eétait fascinante, mais il n’y’avait pas que ça. Ils venaient du ciel. Ils avaient une autre culture, ils pouvaient tellement amener à son peuple. Elle voulait les connaitre mieux . Parce qu’ils seraient une aide. Parce qu’ils étaient la nouveauté qui aiguisé sa curiosité. Elle voulait en savoir plus, parce qu’elle aimait savoir, tout simplement. Et parce qu’elle aimait comprendre ses ennemis, ses alliés. C’était peut être cette soif de savoir, cette sagesse, qui l’avait poussée à être l’unificatrice, le commandeur de la coalition. Elle était l’âme même de cette coalition et… elle était l’une des deux âmes de cette alliance.

Alors non elle ne considérait pas qu’il fallait les craindre. Juste qu’il fallait les apprendre. Aden l’écoutait parler avec attention, et elle était concentrée. Oh bien sur pour une fois elle ne s’était pas lancée dans une tirade. Non, elle n’avait pas envie d’épiloguer encore et encore sur les skaikru au détour d’un couloir, où ils étaient arretés. Et même si Aden écoutait elle se doutait qu’il devait y’avoir quelque chose qu’il n’appréciait pas. Tous ses conseillers ou presque refusaient les skaikru, étaient genés par eux. Elle ne dit rien. Elle choisit au lieu de ça une autre tactique. Une tactique qui avait marché avec elle finalement, quand elle en avait apprit d’avantage sur Camps Jaha, et les skaikru qui y vivaient. Quand elle avait découvert leurs techniques, qu’elle avait croisé Wick et cette petite fille, qu’elle avait recuperé Xeren.  

«  J’apprécierais, oui. Le voir m’éclairerait beaucoup plus que toutes les lectures qui sont arrivées jusqu’ici. » Elle hocha la tête, a nouveau il faisait preuve de sagesse, et elle serait ravie de le ramener avec elle quand elle retournerait au camps. Ca serait une longue chevauchée de quelques heures, mais ça pourrait être quelque chose à envisager. «  Bien. »  Elle acquiessa, une lueur presque satisfaite mais quasiment indiscernable dans le regard.   «  A quoi cela ressemble-t’il ? »  Cette fois le sourire fit frémir le coin de ses lèvres, c’était léger, mais néanmoins existant. «  C’est différent. »  Elle ferma les yeux pour visualiser à nouveau leur campement. «  C’est fait de métal principalement, ils ont récuperés des morceaux de leur vaisseau échoué. Il y’a des salles avec des portes qui se ferment automatiquement sans qu’on ne les bouge, et des appareils qui clignotent. Il y’a aussi de la lumière que les bougies ne causent pas. Et des appareils qui transmettent des données. »  Et elle avait été surprise et un peu fascinée quand elle avait vu tout ça. «  C’est probablement une évolution de nos ancêtres, mais la technologie est partout la bas. C’est assez… dépaysant. »  Totalement. Et ça ressemblait beaucoup à la montagne, maintenant qu’elle le savait, maintenant qu’elle y était rentrée. «  Les skaikru, ils sont différents aussi. Tu n’as pas eu l’occasion d’en approcher n’est ce pas ? »  Après tout, a part Clarke très peu étaient venus à Polis pour le moment. Elle ne doutait pas bientôt que d’autres viendraient. Visiter. Parlementer. Elle verrait.

Aden connaissait Heda. Il la connaissait depuis plusieurs années et il l’avait observé encore plus particulièrement depuis qu’elle avait été reconnue par l’esprit du commandant. Il la lisait avec l’avidité qu’avait un enfant de savoir, de marcher dans les pas de son modèle tout en restant dans son ombre. Il connaissait ses mimiques, l’intensité que chacune d’entre elles indiquaient. Alors oui, ça ne lui échappait pas, cette joie présente chez son mentor, une joie qu’il ne s’exprimait pas, mais il se doutait que lors de cette guerre, Lexa avait trouvé plus qu’une simple victoire. Malheureusement, il n’y avait aucune position au monde qui lui permettrait de poser ouvertement la question – ni de manière dissimulée. Elle était différente, ça oui, mais l’adaptation avait toujours été le fort de Heda. Celle de se changer et de changer les autres par la suite. C’est ainsi qu’elle avait uni les douze clans, et qu’elle n’avait pas rayé le treizième. Ce skaikru qui intriguait tout le monde. Ce skaikru dont Aden savait si peu. La venue des représentant était une occasion, une belle occasion et dès qu’il aurait le temps, il tenterait de faire la connaissance de l’un d’entre eux. Pour savoir. Il avait besoin de savoir, Aden.

Et il écoutait avec application les propos de Heda sur les installations du peuple du ciel, tentant de s’imaginer ce qu’il en était, persuadé que ses approximations étaient fausses. Ce n’était pas grave, il ne pouvait guère empêcher son imagination de travailler et c’était toujours mieux que rien. « La technologie est partout la bas. C’est assez… dépaysant. » La technologie. Le fantôme du passé. Il y en avait partout, des reliques qu’ils étaient incapable de faire fonctionner. Ils avaient pu survivre sans. Et il aurait voulu dire qu’ils n’en avaient pas besoin – il restait toujours sceptique sur son usage. Mais ils ne pouvaient plus l’ignorer, définitivement pas. « Les skaikru, ils sont différents aussi. Tu n’as pas eu l’occasion d’en approcher n’est ce pas ? » Il voulut demander, Aden, en quoi étaient-ils différents, mais il le savait, qu’ils n’étaient en rien comme eux. Les clans avaient leurs différences, des coutumes, des manières de pensées qui s’opposaient. En tant que Nightblood, surtout, il était demandé à Aden, et à ses frères et sœurs, d’avoir une pensée qui s’élevait au-dessus de la pensée commune. Il fallait être leader, il fallait être prophète. Il fallait communier avec l’esprit du commandant. Etre ouvert à plus, que la simple vision vénale de l’humanité.

Aden invita Heda à reprendre la marche, tendant un bras dans la direction où ils s’étaient brièvement détournés, profitant de ces quelques secondes, pour agencer ses mots, comme il le faisait toujours avec tant de prudence. « Non. » Et il y avait cette mince déception, que ça ne soit pas encore le cas. « Il me tarde de discuter avec eux. J’ai du mal à saisir leur fonctionnement. Clarke est leur leader, mais a accepté de quitter son statut pour devenir votre conseiller ? » Pour lui, ça ne faisait pas de sens. Ne valait-il mieux pas diriger son peuple, que de conseiller le chef d’un autre clan ? Soit, ce n’était pas la seule logique qui lui échappait, quand il était question des skaikrus.

C’était different les skaikru. Et c’était ce qu’elle essayait d’expliquer à Aden. Ils étaient différents. Et Clarke était différente elle aussi. Mais elle ne parlerait pas de Clarke car cette pente était glissante, et elle espérait qu’Aden ne l’emprunte pas non plus – oh qu’elle avait tort, elle le verrait plus tard – Non, au lieu de ça, elle parlait de quelques généralités, de la technologie, de ces rémanences du passé qui étaient également le futur. Qui leur avait servi pour vaincre la montagne, qui les savait aidé à vaincre cette guerre. Elle parla d’eux aussi, en généralisant sur le peuple entier, et la différence qu’ils pouvaient avoir. Elle n’expliquait pas trop peut être. Il n’y’avait pas grand chose à expliquer. Ils avaient d’autres croyances, d’autres manières de penser, d’autres coutumes. C’était étrange pour Lexa, mais c’était quelque chose qu’elle pouvait accepter. Elle était ouverte au monde, elle avait accepté dans sa coalition des différences de chaque clan, les calmes habitants des prairies, les reclus demodrakhos, les belliqueux skjeran.. Et même les Azgeda. Et même les Azgeda. Alors elle dépassait les différences, pour le bien de l’unité. C’était ce qui la faisait Heda, et qui la rendait supérieure. Par sa pensée. Par ses visions du monde.

La marche reprit, et ils continuèrent dans un quasi silence tandis qu’Aden semblait chercher des mots pour formuler sa pensée. Toujours posé dans ce qu’il disait. Toujours réfléchi. «  Il me tarde de discuter avec eux. J’ai du mal à saisir leur fonctionnement. Clarke est leur leader, mais a accepté de quitter son statut pour devenir votre conseiller. » Et c’était Aden cette fois qui parlait de Clarke. Elle ne l’avait pas cherché. Et pourtant la fille du ciel semblait s’insérer dans toutes les pensées, venir la hanter même pendant ses moments d’absences. C’était plaisant et peut être un peu gênant. Elle garda la face neutre. «  C’est un sujet je pense qu’il faudra aborder avec elle. »   Elle eut une lueur qui se glissa dans ses yeux, presque de l’affection, alors qu’elle pensait à sa niron. Et Aden avait raison, c’était une juste question, quelque chose qui n’était pas si logique. Bien que Lexa, puisse faire des hypothèses, et Lexa d’ailleurs regretta peut être de ne jamais s’être vraiment posée la question. Elle avait été heureuse, égoïstement heureuse que Clarke accepte ce rôle, et n’avait pas réalisé qu’en proposant cela, elle ôtait à Clarke son titre de leader. C’était.. Presque dérangeant. Sa mâchoire se crispa. Pour une fois peut être elle n’avait pas pensé à tout. Ses yeux reprirent leur neutralité. Aden attendait une réponse. Et dire concrètement, qu’elle ne l’avait pas, était un peu gênant. Mais elle ne voulait pas mentir Lexa. «  Peut être est elle la preuve que les skaikru sont vraiment différents de nous. »  A vrai dire, quand elle y réfléchissait, elle pouvait supposer que c’était probablement parce qu’elle ne se considérait pas  Clarke, comme le leader des adultes skaikru, ou peut être que le poids des responsabilités ne lui pesait que trop. Ce soir, quand elle la rejoindrait dans leur chambre, elle lui poserait la question.

Soit. Un jour elle amènerait Aden à Camps Jaha, où elle avait encore des affaires à régler, et à ce moment la il se ferait une idée de lui même. Ou bien peut être qu’il pourrait croiser un des skaikru qui était venu avec Clarke. Ou Clarke, tout simplement peut être. La rencontre avec les deux serait intéressante, et après tout Lexa avait promis à sa compagne de lui montrer les Nightblida.  Le silence en tout cas s’inserait dans leur marche. Elle le brisa. «  As tu appris des choses en mon absence ? »  Des nouvelles formes de combat, des choses qui la rendraient fière ?

Aden n’aurait pas commis l’erreur d’être détendu en présence de Heda, mais il reconnaissait cet état paisible qui le guettait quand il était en présence de son mentor. Sa vie était ainsi faite, entre les discussions et les tests dissimulés. Il n’y avait aucun stress, aucune crainte de mal faire ; sinon l’enfant aurait été recalé il y a bien longtemps au titre de potentiel successeur. Aden affectionnait ça, ces déambulations tranquilles alors qu’ils discutaient des dernières actualités, de la compréhension des autres ainsi que de leur acceptation. C’était ce qu’il y avait de vivace, de puissant, avec Heda. Elle ne se contentait pas d’éliminer la menace comme il avait été le cas avec leurs prédécesseurs. Elle acceptait, prenait, renforçait le trigedakru, avec une détermination sans faille. Malgré les pertes de nombre de guerriers et de villages. Aden le voyait, Aden l’admirait. Cette force de la coalition de se révéler toujours plus forte que le lendemain. C’était une tendance dangereuse, car les alliés d’aujourd’hui seraient les chacals de demain quand ils n’obtiendraient plus un tel luxe, plus une telle prospérité. Ce jour arriverait. Ce jour, peut-être, les attendait à l’ouest. Aden n’avait pas peur. Il avait juré sa fidélité, sa loyauté, sa vie à Polis. Il se tiendrait à ses côtés, qu’importe les obstacles.

Surtout que maintenant, ils possédaient un clan qui n’avait pas son pareil et qui avait eu le don de faire basculer les forces en présence. Ce skaikru tellement intriguant et qui se comportait de manière tellement étonnante, ce qui, indéniablement, intriguait Aden. Qui tentait de décortiquer les modes de réflexions de ces leaders, sans y parvenir clairement (tout aurait été mieux s’il pouvait leur parler de vis-à-vis et il attendait l’occasion avec une certaine hâte). Heda eut quelques mots sur Clarke, et Aden inclina la tête. « Si j’ai votre autorisation, j’aimerais lui parler, oui. » Ca avait été dit, calmement. Car s’il attendait cette opportunité, Aden ne serait jamais pressé. Le temps viendrait. Il y eut une remarque sur la différence et s’il n’y eut aucun sourire sur le visage du Nightblood, l’éclat dans les yeux verts était là, cet intérêt, pour ce clan, mais aussi pour Heda. « Vous avez vu ce qu’ils avaient à apporter, ce que personne ici n’aurait pris le temps de regarder. » C’était ce qui faisait la force de leur leader. Lexa avait la patience de trouver ce que personne d’autre ne trouverait. Elle était une inspiration pour Aden et il espérait avoir la même grandeur d’âme qu’elle (l’esprit du commandant serait là pour le guider, ça oui).

« As-tu appris des choses en mon absence ? » La voix d’Heda brisait le calme qui s’était instauré et Aden serra un peu le livre qu’il avait entre ses doigts, toujours droit, imperturbable. Il pesa ses mots, tranquille. « Titus et les autres instructeurs ont profités de l’absence de l’armée pour nous enseigner un peu plus la diplomatie et les forces en puissance entre les clans. » Il n’y eut aucune trace d’ennui, juste la satisfaction calculée, alors qu’il repassait en mémoire ce qu’il avait appris. « Nous avons aussi eu l’occasion de gérer quelque conflits propres à Polis. » Il y eut un semblant de sourire. « Ce fut enrichissant. » Autant que pouvait être la transigeance entre les mauvaises ententes de commerçants. Mais c’était ainsi, apprendre à petite échelle pour mieux appliquer dans le futur.

« Si j’ai votre autorisation, j’aimerais lui parler, oui. » Elle hocha la tête Lexa. « Sha. Si Clarke est d’accord, je l’autorise bien entendu. » Si Clarke était d’accord, car comme à chaque fois, comme à chaque décision, à chaque demandes, Lexa n’imposerait rien à la fille du ciel. Elle était celle qui aurait le dernier mot sur ses propre agissements ici, et c’était ainsi. Lexa n’ordonnerait pas. Jamais. Et elle ne pensait pas de toutes les manieres que Clarke refuserait de recevoir Aden. Il était un Nightblood, mais il était beaucoup plus que ça, malgré son jeune age il était brillant, un peu comme Lexa à cet age la d’ailleurs. « Vous auriez beaucoup à apprendre l’un de l’autre. » Et il y’eut un léger sourire de Lexa. Qui parla ensuite des différences du skaikru, des différences de Clarke. Car comme toujours elle était admirative de ce qu’était la fille du ciel, cette femme qui avait forcé Lexa a reconsidérer ses choix, qui la rendait faible en un sens, mais tellement plus forte aussi. « Vous avez vu ce qu’ils avaient à apporter, ce que personne ici n’aurait pris le temps de regarder. » La fierté était la, dans les paroles de son initié, et dans son regard à elle même, qui luit de cette détermination qu’elle avait si souvent. « Je n’ai fais que ce que le commandeur doit faire, Aden. J’ai regardé plus loin. Tu apprendras aussi, vous apprendrez tous, à discerner le facile et le nécessaire. » Ce n’était que le début d’une leçon qu’elle donnerait probablement aux Nightblood prochainement, elle n’insisterait pas tout de suite la dessus, elle continua néanmoins. « Parfois il faut accepter de faire des erreurs, et ne pas considérer que l’on a la solution à tout. » Elle avait failli le faire, elle avait failli rayer les skaikru de leur carte, mais finalement Clarke était venue, avait insistée, et Lexa avait accepté de voir autre chose que le peuple d’envahisseurs. Ils pouvaient être des aides, des espèces de sauveurs, et eux aussi – trigeda – l’avaient été. Les alliances n’étaient pas des choses négatives. Elle aimait unifier, elle avait cette impression qu’elle était née pour ça.

Le calme resta quelques instants, leur route continuait et bientôt elle devrait se scinder. Elle retournerait dans sa chambre, où elle ferait venir Clarke, qui devait continuer sa visite pour le moment, et Aden retournerait à ses quartiers pour étudier le livre qu’il tenait entre ses mains. Elle s’interessait néanmoins à ce qui avait animé Polis en son absence, et si elle était au courant des affaires importantes de la ville, grâce au resumé que Titus lui avait fait longuement avant de se fendre d’un « Etes vous sure de lui faire confiance Heda ? » qu’elle avait ignoré d’un mouvement de tête, elle s’interessait la, à ce qu’Aden lui même avait fait. L’Ecoutant lui dire combien il avait apprit la diplomatie et les clans, et comment il avait geré des conflits propres à la ville elle même. « Ce fut enrichissant. » Elle hocha la tête, satisfaite. « C’est une bonne chose. Je sais que quand je pars Polis est entre de bonnes mains. » C’était un compliment qui n’était pas dissimulé. « Je dispenserais une leçon aux nightbloods demain aux premières heures de l’après-midi. Je compte sur toi pour prévenir les autres. » Elle se fendit d’un sourire un peu joueur. « Et je vous parlerais du skaikru. »

Il y avait cette pression, cette crainte qui parfois le prenait, Aden. Celle qu’un jour, il aurait à reprendre le rôle de Lexa, s’asseoir dans ce trône qu’il avait tant observer et poser des actes que ceux qui étaient ses précepteurs (qui deviendraient ses serviteurs un jour) attendraient d’être parfaits. Car il n’y aurait rien qui serait attendue d’autres, surtout en étant le successeur d’un commandant comme Heda, qui avait réussi à faire ce que nul autre n’avait réussi. Et il suffirait d’une mauvaise décision de la part de Aden pour, éventuellement, détruire l’héritage de son mentor. Alors oui, il ne pouvait nier cette pression qu’il sentait parfois peser sur le haut de sa nuque. Il ne se laissait, pour autant, pas écraser par celle-ci. Il voyait ça comme une interdiction de regarder derrière lui, et de projeter son regard vers l’avenir. Pour ce qui était meilleur pour leur peuple. « Tu apprendras aussi, vous apprendrez tous, à discerner le facile et le nécessaire. » Les leçons ne s’arrêteraient jamais et Aden continuerait d’apprendre, même après que l’esprit du commandeur ait choisi son nouvel hôte. Il se redressa, le Nightblood, comme à chaque fois qu’il recevait un savoir important – ça l’était, et ses mains se serrèrent un peu plus sur le livre qu’il avait choisi, avant de hocher minutieusement la tête. « Sha. Nous ne vivons pas pour la simplicité. Nous sommes à l’image des choix qui sont attendus de notre part : intransigeants. » Durs, solides, confiants, forts. Tant d’adjectifs que Aden, en plus de les comprendre, devait incarner, avec ses frères et ses sœurs.

Il y eut une remarque sur les erreurs et s’il retint un froncement de sourcil, il y eut cette tension caractéristique dans sa mâchoire. Aden l’avait déjà vu, chez Titus, la désapprobation qu’il pouvait y avoir, quand Heda posait une décision qui allait à l’encontre de tout sens commun. C’était pour ça qu’ils avaient leur commandant : pour aller à l’encontre du commun. Ils avaient besoin de la grandeur pour s’élever de la situation misérable dans laquelle la terre pouvait les mettre à certaines occasions – dures occasions. « Nous devons rester humble et modeste en tout temps. Sha. » Le trigedsalengs s’il perturba à peine son anglais, sûre et constant sur sa langue ; il dénotait de l’importance qu’Aden attribuait à ses propos qu’il offrit, après son petit temps habituel de réflexion. « Spécialement quand les autres ne peuvent l’être. » Et cela arrivait beaucoup trop souvent, aux yeux d’Aden, qui prenait un temps certain à observer les ambassadeurs, les chefs de clans, ces figures importantes qui n’avaient pas reçu la même éducation que celle dispensées aux initiés. Ils étaient vénaux, avares, affamés. Des qualités nécessaires pour diriger un clan. Un fléau quand il était question de toute une coalition.

Cela faisait partie de ses leçons et il en reçut tellement d’autres alors que Lexa, elle, était partie avec l’armée des 12 clans combattre la montagne. « Je sais que quand je pars Polis est entre de bonnes mains. » Aden inspira un peu plus profondément, laissant le compliment s’insinuer dans sa conscience et réchauffer ce point timide, ce point vivace, dans les tréfonds de son cœur. Ce besoin de reconnaissance qu’avaient tout enfant (même s’il n’était plus un enfant depuis bien longtemps). Quand il rejoindrait ses frères et ses sœurs, Aden leur rapporterait les mots de Heda. Ils devaient tous savoir. Ils le méritaient tous. D’ailleurs, les retrouvailles ne tarderaient pas, car déjà, Lexa énonçait à nouveau le programme de la journée et Aden comprit cela comme une indication pour prendre congé. Il acquiesça très légèrement, avant de s’arrêter à un croisement. Les bras le long du corps, à présent, il marqua un pas en arrière, avant de s’incliner dans une gestuelle calculée, travaillée depuis bien des années maintenant, offrant ainsi sa déférence à son mentor. « Je tiendrai les autres nightblood informés, oui. Nous avons tous hâtes. » Puis, il se redressa, sembla hésitant une seconde, alors que son regard se posait sur ce point, légèrement sous la pommette de Heda. « Je vous souhaite une bonne soirée, Heda. » Car le reposez-vous bien aurait été trop personnel et si le jeune garçon qu’il avait un jour été n’aurait pas retenu ses mots face à son amie, ces rôles n’étaient plus acceptables aujourd’hui.