andrew | tout n'est jamais noir ou blanc, parfois il faut du chocolat

Il se rendez à la salle à manger Andrew, seul, comme trop souvent depuis trop longtemps. Roxanne lui avait dit qu'elle n'avait pas faim, puis qu'elle avait déjà mangé quand il avait un peu insisté. Soit, elle ne voulait pas de lui, ça lui semblait assez clair, aussi clair que douloureux, mais sans doute le méritait-il, même s'il n'avait jamais voulu ça. Il soupira alors qu'il se déplaçait entre les tables, regardant la nourriture sans vraiment la voir jusqu'à ce qu'il manque rentrer dans une femme qui venait de se figer devant le saladier de frites. « Des frites oui, vous en voulez ou... » Ce n'était pas qu'il tenait particulièrement à en prendre avant, mais voilà, il s'était arrêté là maintenant, et de toute façon elle bloquait plus qu'à moitié le passage, alors voilà, il avait laissé parler sa mauvaise humeur peut-être un peu.

Et du coup il prit le temps de la dévisager un peu, son visage lui disait quelque chose, ces yeux qui semblaient voir des choses qu'elle seule pouvait voir. Elle faisait partie de ces gosses venus du ciel, il en aurait mit sa main à couper. Il ne l'avait pas vu tant que ça d'ailleurs, il ne lui avait jamais parlé, il s'en souviendrait, ou rien de sérieux en tout cas, mais il l'avait observé, de loin, plusieurs fois, elle lui avait semblait différente et ça lui faisait bizarre un peu de la revoir ici. « Tu es l'une des 100 n'est-ce pas ? » Autant lever le doute non ? Et puis ensuite il prendrait ses frittes et il irait manger, l'observant peut-être du coin de l’œil si elle ne s'installait pas trop loin. Il avait toujours eu l'impression qu'elle parlait toute seule et le médecin en lui y voyait un sujet d'étude intéressant.

Elle suppose... Qu'est-ce que c'est sensé vouloir dire ça ? Elle ne bouge pas pour se servir en tout cas, pas plus qu'elle ne bouge pour libérer le passage et Andrew n'a pas forcément un regard très sympathique non lorsqu'il la détaille un peu. Ce n'est pas qu'il lui en veut à elle spécialement, il s'en veut plutôt à lui-même, à Roxanne, à beaucoup de monde et beaucoup de choses, mais pour le moment c'est elle qui est là devant lui, alors c'est à elle de subir son regard. Et puis il la reconnaît, ou en tout cas il lui semble qu'elle est l'une de ces jeunes qu'ils ont... emprisonné ? Oui, c'est probablement ça, même s'il aimerait le dire autrement, et son regard s'adoucit un petit peu lorsqu'il lui demande confirmation.

Ça ne dure pas, la jeune a le sens de la répartie, ce don de toucher dans le mille et de blesser par des mots aussi surement qu'avec une lame bien affûtée. Elle ne semble pas penser à mal pourtant, il ne lit pas de jubilation dans son regard lorsque ses yeux à lui se rétrécissent un peu, que ses muscles se tendent en un frissonnement imperceptible et qu'il recule un peu le buste. « Oui. » Elle à l'air d'énoncer un fait, sans le lui reprocher, et même s'il a sans doute des regrets, surtout face aux choses présentaient de cette manière il ne peut que reconnaître la véracité de ses paroles. « Andrew, je m'appelle Andrew. » Pas de nom, pas de docteur Levingston, face à ces jeunes il n'est plus tellement fier de son titre même s'il est convaincu d'avoir fait ce qu'il devait faire pour sauver les siens.

Le brusque retour au moment présent le surprend, cette fille le surprend et il ne peut pas vraiment refuser son invitation même si peut-être ce ne sera pas si facile ? Même s'il va peut-être devoir répondre à des questions qui risquent de lui couper l’appétit ? « D'accord pourquoi pas. » Il prend des frites aussi du coup, et de la viande parce qu'il faut se nourrir correctement et que seulement des frites ce n'est pas vraiment un repas sain, et puis une coupelle de salade de fruit un peu plus loin, et finalement il se dirige vers une table libre aux côtés de la fille du ciel. « Vous n'êtes pas nombreux à revenir ici. » Venait-elle les surveiller elle aussi ? Allait-elle raconter la moindre des paroles du médecin à l'un de ses supérieur ? Il n'avait rien à cacher, plus rien à cacher en tout cas, il ne prévoyait pas de se rebeller, aussi désagréable que soit la situation.

Ils sont à table maintenant, installés, près à partager un repas en discutant comme deux amis peut-être. Oui, sauf que ce n'est pas vraiment ça en fait, mais peu importe, ils partageront quand même ce repas, en essayant qu'il ne soit pas trop désagréable peut-être ? Au moins Andrew pourra-t-il sans doute penser à autre chose qu'à Roxanne et à la difficulté qu'il a à communiquer avec elle.

Elle n'est pas comme les autres non, et il se fend d'un sourire amusé l'espace d'un bref moment en hochant la tête. « Sans doute pas non ! Même si quelque part on est tous différents. » C'était d'une platitude... Lui il était peut-être un peu trop dans le moule, un peu trop pareil à suivre les ordres. Il ne savait pas trop, il ne savait plus grand chose et il enfourna quelques frittes dans sa bouche, avec les doigts, parce que les frittes se mangeaient ainsi n'est-ce pas, même pour le grand Dr Levingston. Et il faillit s'étouffer oui quand elle parla de victimes et de torture. Impossible vraiment de cacher sa gêne, il toussa, un fritte sembla vouloir être recrachée avant qu'il ne parvienne finalement à l'avaler dans un effort de volonté. « Je suppose que c'est juste oui. » Il était désabusé Andrew, il avait agi par conviction, pour le bien des siens, mais quand il voyait que ces gens revenaient maintenant volontairement oui, malgré ce qu'ils leur avait fait, il se disait que peut-être ils auraient pu juste demander dès le départ ?

Et puis une question à laquelle il ne s'était pas attendu, mais cette fille était tout sauf attendue alors sans doute aurait-il pu s'y attendre ? Non, il fronça les sourcils en tout cas. « Non, je ne crois pas... il haussa les épaules peut-être. Les tiens nous retiennent prisonnier ici, je suppose que ce n'est que justice mais parfois ça me rend parano. » Pourquoi est-ce qu'il lui racontait tout ça ? C'était elle le sujet d'étude, c'est à elle qu'il voulait initialement poser des questions, mais elle le déstabilisait. « Enchanté Jimmy. Et toi ? Tu n'as pas peur de revenir là ? » De revoir ces couloirs où elle avait eu peur peut-être d'être la prochaine sur la liste ? La prochaine qu'ils emmènerait pour lui prendre de force de quoi se sauver ?

Jimmy est divertissante, dérangeante parfois aussi à parler sans filtres, juste à dire ce qu'elle pense sans se soucier visiblement de pouvoir blesser, mais divertissante. Elle est elle-même, ne semble pas chercher à rentrer dans un moule, surtout pas peut-être, et Andrew apprécie de déjeuner avec elle, son sourire en est témoin. C'est un sourire amusé oui et il hoche la tête alors qu'ils parlent de différence et de stupidité. « Tu as l'air bien sure de toi. Ce n'est pas courant les gens avec un telle confiance en eux. » Ou plutôt les gens avec une telle confiance en eux qui ne le montraient pas ouvertement en se prenant pour le centre du monde, toujours prêts à écraser les autres au passage. Elle n'avait pas l'air d'être de ceux-là Jimmy, elle avait juste l'air... elle.

Elle avec son franc parlé, ses paroles blessantes qui n'en étaient pas moins vraies. « Tu dois avoir raison, d'une certaine façon. Ce n'est quand même pas tout à fait la même chose d'être dirigé par quelqu'un qui agi pour notre bien ou surveillé par d'anciens ennemis près à nous abattre au moindre faux pas. » D'anciens ennemis... c'était la version officielle, et puisque Jimmy était libre de se promener dans la montagne sans doute était-ce vrai. Les terriens avaient tué Katheryn néanmoins, alors qu'elle essayait de les aider, de les protéger. Non, ce n'était plus pareil, ils n'étaient plus libres même si désormais certains pouvaient effectivement sortir, parce qu'on leur donnait de la moelle. « Sans doute aurions-nous pu chercher à vous expliquer les choses. Vous acceptez de nous donner de la moelle aujourd'hui, est-ce que vous l'auriez fait dès le départ ? On le saura jamais, les grounders nous ont habitués à la guerre, alors on s'est servis sans vous demander votre avis. » Il regrettait oui que les choses se soient passées comme ça, une partie de lui en tout cas quand il voyait la situation aujourd'hui. Mais ils n'auraient pas pu savoir, et le temps pressé pour les siens, pour les malades, ils avaient fait ce qu'ils avaient cru juste. « Tu es étonnante Jimmy... » C'était plus une remarque pour lui que pour elle d'ailleurs, et déjà il y avait une nouvelle question à laquelle il répondit d'un hochement de tête. « Non, et je n'en aurais pas avant longtemps. » Il n'en voulait pas, pas pour lui. « J'aimerais en trouver pour ma fille, Roxanne. Elle a subit les radiations il y a quelques années de ça et elle reste sur un fragile équilibre depuis... » Un soupir encore, il parlait trop sans doute, mais qu'importe. « Mais je ne sais même pas ce qu'elle en pense elle alors... »