Fear of fire ? - Aiden

C’était un jour à faire des choses horribles. Le genre de journée qu’il fallait remplir. Après avoir résolu plusieurs querelles sans même avoir de gens à punir, Hati avait besoin de faire quelque chose de vraiment cool. Enfin, de son point de vue. Parce qu’à priori, vu du point de vue des autres c’était plutôt horrible. En rentrant dans les grottes, enroulée dans une fourrure noire et dissimulée derrière son masque d’ossement marqué du sang des skaikru. Et cette fois, elle porte une torche allumée à la main. Le feu. Si elle a déjà utilisé divers poisons et divers outils pour les tortures, elle n’a jamais utilisé le feu. Et là, clairement, elle semble sur le point de le faire ce qui ne rassure pas les skaikrus qui la regardent méfiants. Elle sourit en coin sous son masque et avance fièrement. Elle ne sait pas vraiment de qui elle va s’occuper aujourd’hui. Mais clairement, elle a vraiment besoin de quelque chose d’horrible. Alors elle va jusqu’à un crochet fermement ancré dans la pierre de la grotte pour y glisser la torche. D’un signe de tête, elle convoque l’un de ses guerriers qui s’approche et elle lui montre un homme. Il n’a pas l’air en bonne forme et d’après ce qu’elle a entendu, il a essayé de s’en prendre à Luka. Au point d’essayer de la tuer. Alors elle va leur montrer ce qu’il en coûte de s’entre-tuer. Le guerrier va le chercher et va jusqu’à la torche, le tenant fermement par l’arrière de la nuque attendant que sa chef revienne.

De son côté, elle fait le tour de la foule. Parmi les skaikrus, il y en a plusieurs qu’elle n’a pas encore torturé. Elle aimerait bien s’occuper de l’homme noir, mais finalement, elle jette son dévolu sur un homme de plus petite carrure, il a les cheveux qui semblent un peu bouclés et de ce qu’elle a pu en voir, il a quelques soucis. Enfin, lequel d’entre eux n’a pas de souci ? Elle l’attrape et le relève sans vraiment lui laisser le choix. Puis elle l’amène et le place devant l’autre homme. Ensuite, elle sort sa dague et s’approche de l’homme qui a voulu tuer la skaikru. Elle lui fait une entaille profonde au bas ventre, avant de prendre le crochet – attaché à de la ficelle – que le guerrier lui tend. Elle plonge ses doigts dans le ventre de l’homme pour guider le crochet et le placer comme il faut. Une fois le crochet en place, elle ressort ses doigts et le guerrier lui attrape la main pour venir goûter le sang frais qui recouvre sa peau. Elle récupère sa main d’un geste impatient avant d’aller chercher sa torche.

Pendant qu’elle prépare la victime et que le guerrier nettoie ses doigts à sa façon, l’autre homme a vomi sur la paroi de la grotte. Qu’est-ce qu’ils sont fragiles ces skaikrus. Un peu de sang et ils s’évanouissent ou vomissent. Les guerriers shiedgeda tranchent des têtes, ils coupent des membres, ils font la guerre et aucun d’entre eux ne faiblit jamais. Sauf à mourir. Elle roule des yeux agacée et exaspérée. Mais elle attend qu’il ait fini. Une fois fait, son guerrier tient la torche le temps que la guerrière s’approche de l’homme qui vient de vomir et lui tend la corde qu’elle tient toujours. Elle n’est pas encore tendue, oh ça non. Elle le regarde simplement et attend qu’il se saisisse de la corde. Son intention est claire, suffisamment pour qu’il comprenne, elle en est sûre. De toute façon, sa main tendue ne laisse aucune place à l’imagination. Elle veut qu’il prenne cette corde. Lorsqu’il le fait, elle sourit satisfaite sous son masque et retourne chercher la torche. Le guerrier attrape l’homme qui s’est retrouvé avec un crochet dans le ventre pour le maintenir, quant à elle, elle s’approche de l’homme qui n’a pas su affronter l’horreur qui vient de commencer. Vu comment il a réagi, Hati se dit qu’il ne survivra peut-être pas non plus. Peut-être bien que son cœur va lâcher ou qu’il va s’évanouir. Hati se place de façon à ce que les deux hommes du ciel puissent se voir. Puis, elle penche un peu la torche pour lui dire : « Bak op… » (Recule). Elle regarde l’homme, attendant qu’il recule. S’il refuse alors elle brûlera sa peau.

Hati lui ordonne de reculer. Elle veut qu'il éviscère son compagnon d'infortune oui. Elle veut lire la souffrance dans le regard de l'homme dont les tripes tomberont sur le sol mais aussi dans le regard de l'homme qui va reculer, pas après pas. D'ailleurs, un sourire cruel se dessine sur le visage de la guerrière au masque d'ossements alors que l'homme comprend ce qu'elle veut, ce qu'elle attend. Alors qu'il comprend ce qu'elle va lui faire faire. Et il se tape la tempe comme si ça pouvait changer quelque chose. Mais en réalité, ça ne changera rien. Absolument rien. Non, la shiedgeda est décidée et rien ne pourra lui faire changer d'avis. Elle a envie de jouer, de se détendre. Elle a envie d'entendre hurler, elle a envie de lire la douleur. Elle a envie de les terrifier, d'en faire des armes, des bombes à retardements, de déclencher une guerre. Oui. Une guerre, une vraie, qui embrasera la terre et fera couler le sang. Une guerre dans laquelle elle brillera par ses exploits guerriers et tombera avec honneur.

La jeune femme lui laisse encore quelques secondes puis finalement elle incline la torche. Les flammes viennent mordre sa peau. Et s'il ne recule pas, alors la brûlure sera profonde. Il a le choix : encaisser la douleur ou reculer. Et ils finissent tous par reculer tant la douleur devient insupportable. Pour la forme, elle réitère son ordre de sa voix rauque « Bak op… » (Recule) en laissant la flamme grésiller et l'odeur de cochon griller s'élever autour d'eux. Cette odeur, elle l'apprécie grandement.

La morsure des flammes sur l'épaule du skaikru émet un léger sifflement et une odeur de porc grillé. L'odeur de la douleur. De la souffrance. Alors forcément, Hati ne peut qu'être satisfaite. Elle observe le désarroi de celui qui a reculé sous la douleur de la brûlure et la souffrance de celui dont l'intestin est attaché au crochet. Et la corde qui s'est tendue, commence à sortir un peu l'organe grisâtre du ventre du malheureux. Lui mourra. Il en faut. Parfois, pour rappeler ce qui peut arriver. Pour rappeler l'horreur. Mais qu'ils s'estiment heureux. La plupart survivront. Alors pourquoi pleurent-ils ? La guerrière ne sait pas quand, mais ils finiront par soigner leurs blessures. Peut-être pourront-ils même être à nouveau heureux avant que la guerre n'embrase à nouveau les terres de la coalition et qu'ils soient rasés de la surface de la Terre. Alors oui, Hati s'en délecte tant qu'elle le peut parce qu'elle sait que cela ne durera pas indéfiniment.

Elle regarde celui qui pleure et qui s'excuse de faire ça à son ami. Elle regarde les autres, ceux autour, qui assistent au spectacle avec horreur. Ceux qui bientôt auront le déplaisir de sentir l'odeur des entrailles fraîchement arrachées d'un corps. Et Hati le sait, cette odeur n'a rien d'agréable. D'autant plus lorsqu'elle est mêlée aux odeurs d'urine et de matières fécales qui sont souvent relâchés à cause de la peur. Et la peur, il y en a. Beaucoup. Elle la sent, elle pourrait presque la toucher. Alors elle s'approche à nouveau de l'homme qui vient de retirer, son sourire s'élargit, prédateur, carnassier, cruel et elle penche à nouveau la torche pour menacer de le brûler à nouveau :
« Nodotaim… » (Encore). Elle lui fait encore signe de reculer. Elle n'hésitera pas à le brûler à nouveau s'il le faut.

La guerrière ne peut s’empêcher de jubiler. Oui, elle a envie de rire à gorge déployée. Elle doit avouer que parmi toutes ses horribles tortures, tous ses plans tordus et monstrueux, celui-là est probablement l’un des pires. Elle apprécie grandement Ce qu’elle voit. Et à dire vrai, elle ne sait pas vraiment lequel des deux souffre le plus. Celui dont les tripes commencent à sortir dangereusement au point de menacer de tomber sur le sol ou celui qui doit reculer et entraîne l’inexorable perte de son camarade. Et elle ne peut pas s’empêcher de regarder, de profiter du spectacle. Elle adore ça.

Un long frisson parcourt sa colonne vertébrale alors que les cris que pousse le futur éventré le pousse à tousser et à s’étrangler. Et il a mal, il a si mal. Mais Hati s’en fiche, au contraire, elle aimerait que ça continue, que cela soit pire. Alors elle s’avance vers l’homme qui a fermé les yeux et qui s’excuse de faire ça. Il ne veut pas. Mais il doit le faire. Mais il ne veut pas. Et elle rit à gorge déployée de son malheur. Parce qu’elle s’en nourrit. Tout ça, toute cette souffrance, toute cette horreur la renforcent. Elle adore. Alors elle penche à nouveau sa torche et lui dit à nouveau : « Bak op… » (Recule). Et elle utilise à nouveau sa torche pour le pousser à le faire. Parce qu’il n’est pas question qu’il s’arrête. C’est lui qui doit l’éventrer.

Alors que les intestins commençaient déjà à sortir, le nouveau pas en arrière trop brutal de l’homme à la ficelle les sort d’une façon plus conséquente. Et la gravité fait le reste. Le poids des entrailles et leurs aspects gluants et glissants faisant le reste. La chute de la chair de l’homme se termine dans un bruit mat et étrange, à mi-chemin entre le « splash » et le « plotch ». Elle sourit un peu, charmée par le bruit. La guerrière observe la scène. Elle observe celui qui est éventré se rendre compte de l’horreur qu’il vit, être parcouru d’une douleur horrible, avoir la bile qui lui remonte jusqu’au coin des lèvres qui se teintent bientôt de sang. Sentir la vie qui le quitte petit à petit, essayant de la rattraper entre ses doigts sans pour autant y arriver.

Elle regarde l’homme qui tirait la ficelle s’écrouler à genou, se prenant la tête entre les mains et suppliant qu’on le laisse sortir d’ici. Suppliant qu’on le laisse tranquille. Elle le regarde. Il souffre. D’une souffrance différente de la souffrance physique. D’une souffrance plus intense. Plus forte. Qui restera bien plus longtemps gravée en lui. Il vient de tuer un homme. Quelqu’un qu’il connaissait, avec qui il a traversé des épreuves. Il est responsable de sa mort. Et Hati le regarde, elle se nourrit de sa souffrance. Mais parce qu’elle sait que cela ne servirait à rien d’en rajouter une couche aujourd’hui, elle regarde le guerrier qui est avec lui et lui dit : « Klin disha... » (Nettoie ça…). Elle lui adresse avec un signe de tête de remerciement, puis elle empoigne l’homme qui est agenouillé et qui pleure pour le relever et le ramener à sa place en le lâchant. Elle le regarde encore un moment, puis sort de la grotte en sifflotant.