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ft. Teksas # Kalawen 13.12

Deux jours s’étaient passés désormais depuis que la bataille contre les barbares avait fait rage. Deux jours, durant les quels Lexa n’avait pas chômé. Elle avait parlé à Clarke bien sur, s’était occupée d’envoyer des messagers aux familles et aux chefs de villages de ceux qui s’étaient perdus et avaient perdu leur vie, et elle avait parlé, longuement avec Skoll, Feyn, Neith et Danae. Les chefs de clans avaient toujours été une des plus grande aide qu’elle puisse avoir, et elle devait reconnaître qu’elle était fière de ce que Skoll avait fait. Il était un bon chef, et son jeune âge, le peu de mois depuis quand il était à la tête des shiedgeda, n’avaient pas entravés ses capacités et ses choix. Il avait des bonnes stratégies, et Lexa était fière de l’avoir de son coté. Elle s’était assurée de le lui faire savoir. Quand elle y repensait c’était navrant pour Grémor, mais il avait bien choisi son successeur, et c’était tout ce qui comptait. Les morts, demeuraient morts et les pleurer ne servait à rien. Tout comme elle ne pleurerait pas la femme de la montagne qui était morte, tout comme… Non, Lexa ne pleurait personne de toute manière, c’était ainsi.

Ses pas l’amenèrent au milieu de Kalawen, où des soldats s’entrainaient encore, comme si la guerre n’était pas passé. Elle était fière d’eux bien sur, une victoire n’était pas synonyme de relâchement, et si du regard elle cherchait un visage connu, elle posa bientôt ses yeux de loup sur Teksas. Le grand garde au visage marqué par punition était la. Elle n’avait pas eu l’occasion de lui parler depuis la bataille, depuis que les groupes s’étaient séparés. Et si il avait été avec Clakre – elle n’en doutait pas la protégeant de son mieux – elle savait alors qu’il avait probablement eu l’occasion de combattre. Ses yeux se plissèrent, et elle accéléra la cadence pour se rapprocher de lui.

« Hei Teksas. » c’était une salutation des plus neutres peut être, mais il y’avait dans ses yeux une lueur de presque affection. C’était le mieux que l’on pouvait espérer d’elle.

Le fracas des lames résonnait dans l'air figé de l'hiver. On entendait juste ce bruit métallique, les grognement des soldats sous l'effort, le son des pas sur la terre dure et gelée. C'était presque à croire que la bataille n'était pas terminée.
Teksas parait, feintait, s'esquivait sans jamais s'arrêter. La sueur ruisselait sur son torse nu, ses muscles se tendaient, et les mèches de ses cheveux devenus trop longs se plaquaient sur son front trempé. Un court instant, il eut la pensée confuse qu'il lui faudrait bientôt se les couper, ou, au pire, se les attacher. La lame qui s'abattait droit vers lui le ramena cependant rapidement au moment présent, ôtant de sa pensée toute pensée esthétique.
Il évita de justesse le coup qui allait l'atteindre, et profita de la force qu'avait mis son adversaire dans son attaque pour projeter ce dernier à terre.
C'était son neuvième combat depuis le début de l'entraînement, mais également le plus âpre. Teksas pouvait sentir son corps s'engourdir avec la différence de chaud et de froid et, tout en tendant la main à son opposant pour l'aider à se redresser, il jugea plus sage de faire une pause.
Il salua de la main quelques Grounders avec lesquels il avait eu l'occasion de se battre sur le champ de bataille, et encouragea une poignée de gamins qu'il avait contribué à entraîner le matin même.
À grands pas, il se dirigea vers l'endroit où étaient entassées ses affaires pour enfiler sa cape de fourrure sur son torse nu couturé de cicatrices encore "fraîches", et décapsula le bouchon de sa gourde pour en avaler l'eau à grandes gorgées.
Tout en la reposant au sol, Teksas se surprit à analyser le comportement des guerriers ici rassemblés, la façon dont ils tenaient leurs armes, leurs postures... Aucun doute possible : ils étaient tous destinés à devenir d'excellents combattants. Il avait même cru ne pas pouvoir arriver à bout de celui qu'il venait d'affronter -un grand maigre et teigneux que l'expérience rendait redoutable. D'autant que les blessures laissées durant la guerre ne l'aidaient en rien à accomplir de belles performances...
Teksas était tellement plongé dans ses pensées qu'il ne remarqua même pas la haute silhouette élancée qui se profilait derrière lui.
- Hei Teksas.
Le jeune garde réprima un violent sursaut, et se retourna vivement pour découvrir, à son grand étonnement, les grands yeux gris-verts de sa Commandante.
- Lexa.
Il y avait du respect dans sa manière de prononcer son nom, teinté d'une once de plaisir.
- Pardonne mon apparence, Heda... Je sors tout juste d'un combat acharné -bien qu'il l'ait été beaucoup moins que ceux nous ayant opposés aux Barbares.
Il marqua une pause, la détaillant quelques secondes. Tachant, peut être, de discerner quelconques traces laissées par la bataille sous l'amure infranchissable de la jeune femme. Mais, comme à son habitude, Lexa restait droite et forte, imperturbable, avec cet éternel aura de puissance intouchable autour d'elle.
- Tu avais raison. Nous avons vaincu, finalement.
Et c'était dit avec un sourire. Un sourire un peu fier, un peu enfantin. Comme l'enfant qui subsistait encore sous sa carapace de guerrier impitoyable.

Le terrain d’entrainement émettait quelques bruits violents, et Lexa regardait du coin de l’œil ses hommes combattre. C’était plaisant de savoir que malgré la fin des batailles, malgré le début d’une ere de paix ils ne s’arretaient pas de s’entrainer. Teksas était de ceux la, et elle le regarda, en sueur sous sa fourrure, le torse nu et probablement blessé. Elle aurait presque pu en sourire oui, mais elle se contenta d’un hochement de tête, et l’ecouta s’excuser de son apparence.

- Sha Teksas, ce n’est rien que je n’ai jamais vu. Elle se sentait d’humeur plaisante en tout cas. Et ni la plaie à son cou – cachée derrière un bandage – ni les barbares emprisonnés, et les chefs de clans trop pressées d’en finir avec eux, ne pouvaient atteindre son humeur. Bien sur, il y’avait des choses à faire encore, des décisions à prendre, bien sur elle ne pouvait pas se relâcher, et se permettre d’être totalement rassurée, totalement heureuse. Elle ne l’avait jamais vraiment été de toute façon ! Heureuse. Rassurée. Qu’importait. Elle était néanmoins plus calme, et alors qu’elle se dressait sans ses peintures de guerre, enroulée dans une cape de fourrure assortie à sa tenue usuelle, elle regard Teksas presque tendrement. Elle savait qu’il s’était disputé avec Clarke récemment, elle ne doutait pas que si il y’avait un soucis, il lui en parlerait, la blonde ayant été assez vocale à ce sujet. Mais ce n’était pas le moment peut être ? Du moins pas tout de suite.

Elle eut un très léger sourire qui anima ses lèvres. - Nous avons vaincus oui. Et si beaucoup de choses restent à faire, cette page de notre histoire est sur le point d’être tournée. Je suis fière de nos armées, de nos alliances et de nos hommes. Et elle posa la main sur l’épaule de son guerrier quelques secondes, avant de redresser ses propres épaules. Comment vas tu ? Et elle s’inquietait, pour chacun de ses hommes, et surtout les membres de sa garde d’élite. Ils étaient d’avantage des amis que des guerriers maintenant. Lui, comme Eija, comme Galaad et Curtis, comme Uriel maintenant aussi.

Avec un geste appliqué, Teksas resserra les pans de sa cape plus étroitement autour de son torse, un peu gêné par la présence de Lexa face à sa tenue. Il se sentait mal à l'aise de lui offrir une figure si négligée, alors même qu'il s'appliquait à tout faire pour rester irréprochable à ses yeux. Ce à quoi il lui était déjà arrivé de faillir par la passé. Il était donc inadmissible qu'il puisse ne serait-ce que lui donner mauvaise image de sa personne une fois de plus.
Toutefois, Lexa ne sembla pas gênée par la vue de son corps ainsi exposé. Et puis, en y réfléchissant, Teksas était forcé d'admettre qu'elle en avait forcément vu d'autres, comme elle même le disait. Les Grounders restaient des combattants avant tout, et les combattants étaient loin de se préoccuper principalement de leur aspect. Si la loyauté lui revenait et que le bras était armé, cela suffisait certainement pour Heda. Dès lors, nul besoin de s'occuper du reste.
Pourtant, elle était là. Avec lui -venu vers lui même. Avait-elle besoin de lui demander un quelconque service, ou se trouvait-elle là, encore une fois, pour profiter de sa compagnie, partager ses idées ? Il avait hâte de le savoir.
Le sourire qui se raffermit sur ses lèvres aux paroles de Lexa sembla faire écho à celui de la jeune femme.
- Oui. Nous avons réussi à écrire l'histoire, et avec, à reprendre nos destins en mains. Ils ne te restent plus que le futur à mettre en place.
C'était dit avec une certaine fierté. Et, pour cause, Teksas était fier, lui aussi, de cette victoire. Arrachée à force de sang, de larmes, de douleur et de sueur peut être, mais c'est ce qui, justement, la rendait plus belle au fond.
Sans prévenir, Lexa posa une longue main froide sur l'épaule couverte du garde, qui leva vers elle un regard étonné. Telle marque d'affection -même si infime- de sa part était rare. Surtout à son égard.
Elle rompit cependant rapidement le contact, redressant ses propres épaules comme pour reprendre une certaine contenance, le dévisageant à la place avec une espèce de lueur grave au fond du regard.
- Comment vas tu ?
Et le sourire de Teksas s'effaça alors complètement. Comment allait-il ?
Il aurait pu répondre qu'il était au meilleur de sa forme. Ils avaient vaincu les Barbares, il avait magnifiquement accompli son devoir, il s'en était sorti sans aucune blessure conséquente et avec un talent pour le combat plus remarquable encore.
Mais cela aurait été mentir. Teksas n'allait pas bien. La guerre, le sang, les morts... La perte de ses camarades et ce sang inutilement versé le dégoûtait. Et, plus que cela, il y avait Clarke. Clarke, son seul véritable soutien. Clarke qui ne lui faisait plus confiance. Clarke qui ne le voyait plus vraiment.
Il ne s'était encore jamais senti si seul.
- Mal. Je vais mal.
La détresse qui perçait dans ce simple souffle n'aurait su être plus sincère.

Il avait raison, ils avaient réussi à écrire autre chose maintenant, ils avaient réussi à prendre en main leur destin et elle eut un léger sourire quand il lui dit qu’il ne restait plus qu’a elle à mettre le futur en place. Bien entendu, il avait encore une fois une confiance en elle comme l’entièreté ou presque de la coalition, et une fois de plus c’était une grosse pierre qu’elle portait sur ses épaules. C’était ainsi, elle l’avait accepté. Elle hocha la tête, et s’inquiéta pour lui après un bref contact. Il perdit son sourire et elle fronça les sourcils perdant la naissance du sien. C’était le visage inquiet du commandeur qui s’en allait en guerre, c’était le visage surprit de la femme qui s’inquiétait pour un ami, parce qu’au fond c’était bien ainsi qu’elle les considérait ses gardes, comme des amis, qui avaient été présents quand elle avait perdu Costia, qui étaient présents encore depuis qu’elle avait perdu Anya. Et elle le fixa alors qu’il lui repondit aller mal. C’était comme un souffle, un dernier et elle arqua grand ses sourcils mettant en valeur ses yeux clairs, perçants.

« Marche avec moi. » Elle n’attendit pas qu’il réagisse vraiment, juste qu’il obéisse comme il en avait l’habitude. Il était son soldat avant d’être un garde, avant d’être son ami. Elle était le commandeur. Mais ce n’était pas ce qu’elle avait besoin d’être maintenant, et alors qu’elle s’avancait au milieu des décombres, dans la ville de Kalawen, s’eloignant un peu du terrain d’entrainement et du raffut que les hommes faisaient, elle reprit la parole.

« Que t’arrive t’il Teksas ? Si c’est par rapport à l’incursion des barbares sur la tente des soigneurs, tu as fait ton possible, tu as fait de ton mieux. Ce n’était pas ta faute. » Et elle pensait l’absoudre car vraiment, si il y’avait un coupable pour la mort qui avait frappée ce jour la c’était elle, pour avoir ecouté un plan qui n’était pas le sien, pour avoir mit moins de guerriers auprès des soigneurs et avoir fait confiance à des incapables pour fabriquer des barrières. C’était ainsi. Il n’avait pas à s’en vouloir Teksas, car il était l’innocence même, du moins pour ce cas la.

« Je t’ecoute. » Si ce n’était pas ça, si il y’avait autre chose. Il ne fallait pas qu’il hésite à lui en parler. Elle pouvait être Heda, et Lexa aussi un peu. Clarke la rendait plus humaine que ce qu’elle n’avait pu être.

Le givre s'accumulait sous les semelles humides de Teksas. Il ne pouvait s'empêcher d'y tourner méticuleusement la pointe de sa chaussure, jusqu'à former un tas informe qu'immanquablement, il finissait par écraser. Pour recommencer, encore et encore.
Les yeux de Lexa posés sur lui étaient comme une lame glacée qui aurait mis à nu ses défenses ultimes au court d'un combat. Il était incapable de la regarder, de fixer le reflet misérable que lui renvoyait ces prunelles. Son reflet. La pâle image de ce qu'il était devenu.
Sous ses pieds, le givre étalé dans l'herbe dure ne formait plus qu'un tas de boue. Teksas releva la tête, comme si le spectacle de la neige piétinée était trop difficile à supporter pour lui.
- Marche avec moi.
Contrairement à la dernière fois, cela n'avait rien d'une requête. C'était un ordre. Un ordre auquel le garde obéit, en prenant soin toutefois de rengainer son épée dans son fourreau. L'habitude d'un combattant, sans doute. Et puis, l'expérience lui avait appris que l'on était jamais trop prudent. L'expérience... Ou la paranoïa.
Sans ajouter quoique ce soit, Teksas emboîta le pas à sa commandante, s'enfonçant à son tour dans les décombres de ce qui, autrefois, avait été le lieu d'habitat de nombreuses personnes. Alors qu'aujourd'hui, tout n'était plus que ruines, dernier signe de ce qu'avait été le combat acharné contre les Barbares.
Bientôt, même le cri des hommes qui s'entraînaient dans la plaine s'effaça, ne laissant place qu'au silence. Un silence que Lexa ne tarda pas à rompre.
- Que t’arrive-t-il, Teksas ? Si c’est par rapport à l’incursion des Barbares sur la tente des soigneurs, tu as fait ton possible, tu as fait de ton mieux. Ce n’était pas ta faute.
- Bien sûr. Ce n'était de la faute de personne.
Il avait prononcé ces mots d'une voix douce, comme on aurait pu fredonner une chanson à un enfant pour qu'il s'endorme enfin. Pour qu'il rêve et s'échappe d'un monde dont le sens lui échappait. Sauf que ce n'était pas la vérité. Ce qui était arrivé, c'était la faute de la guerre. C'était la faute du monde entier.
Teksas espérait que Lexa n'ait pas remarqué la colère doucereuse que cachaient ses belles paroles.
- Je t'écoute.
Et elle semblait s'intéresser à lui. À ce qui n'allait pas. Sincèrement. Teksas avait l'impression que c'était bien la première fois depuis longtemps...
Il inspira profondément, ferma les paupières. Il avait envie de hurler. De hurler sa rage, sa douleur, sa rancœur contre cette Terre qui n'offrait rien d'autre que la guerre. À croire qu'elle absorbait le sang comme elle le créait.
Mais il ne fit rien de tout cela. À la place, il dit simplement :
- J'ai déçu Clarke. J'ai perdu sa confiance. Et je suppose que c'est mérité, finalement.

Elle avait insisté pour qu’ils marchent l’un et l’autre sur le sol glacé de Kalawen, passant outre les décombres que la guerre avait laissé, passant outre les regards curieux peut être que pouvaient avoir certaines personnes. Heda marchait avec son garde, Lexa marchait avec son ami. Et elle secoua la tête négativement quand il dit que ce n’était de la faute de personne. « Ce n’est pas tout a fait vrai. » ses yeux se fermèrent quelques instants. « Mais ce n’est pas tout à fait faux non plus. » Ils auraient pu être plus prudents, ils auraient pu écouter les mises en garde de Neith, ils auraient pu … Et ces barbares auraient pu ne pas vouloir leur mort et la mort de la civilisation. Le poing de Lexa se serra un peu, et elle garda le silence. La bataille avait été gagnée, la paix était la désormais, et c’était tout ce qui comptait. « Le passé doit rester où il est maintenant, il est temps d’avancer. »

Tout comme il était temps d’avancer personnellement, la route était encore longue, et tant qu’ils s’y aventuraient d’un seul bloc. Teksas lui, semblait d’ailleurs avoir du mal à avancer, quelque chose le perturbait, Lexa était curieuse, inquiete peut être un peu. Un garde troublé n’était pas un bon garde et il gardait tout de même pour elle quelque chose de précieux. Les mots vinrent, et cependant elle ne s’y attendait pas. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il dise ce qui quitta ses lèvres. Alors elle fronça les sourcils, la commandeur, un rien choquée, même si elle essayait de ne pas le laisser paraître. « Qu’est ce qui te fait dire ça ? » C’était inquiétant oui. « Que s’est il passé ? » Sa voix était douce, elle ne voulait pas le choquer, pas le forcer à parler non plus, elle voulait juste savoir ce qui le mettait dans cet état. Etait-ce la dispute dont elle avait vaguement entendu parler avec Clarke ? Etait il si affecté par de simples mots ?

- Le passé doit rester où il est maintenant, il est temps d’avancer.
Avancer. Pourquoi était-ce si difficile ? Chaque jour qui passait donnait à Teksas le sentiment qu'il traînait un poids dans son sillage. Le poids des regrets, du chagrin, des vies qu'il avait arraché, de la culpabilité. Et chaque jour qui passait resserrait encore un peu plus ce poids autour de son cœur.
Teksas ne voulait plus avancer. Il voulait courir, il voulait fuir loin de tout ceci.
Seulement, il ne le pouvait pas -ou ne le pouvait plus. Sa loyauté allait à Lexa, sa vie aussi. Il l'avait juré. Tout comme il avait juré d'assurer la protection de Clarke. Et il était un homme de parole. Peu importait ses doutes, ses envies, il assumerait son serment jusqu'au bout, en donnant le meilleur de lui même. C'était son destin.
- Qu'est ce qui te fait dire ça ? Que s'est-il passé ?
Était-ce de l'inquiétude que le garde percevait sous la carapace d'ordinaire si imperturbable de son Heda ? De l'inquiétude quant à sa façon à lui d'accomplir son devoir ?
Pourtant, sa voix demeurait douce, presque caressante. Elle ne le brusquait pas, ne lui ordonnait rien. C'était presque une question comme une autre.
Teksas ne répondit pas tout de suite, cependant. Il se contenta de balancer sa tête en arrière, les yeux rivés vers le ciel. Ses cheveux chatouillaient sa nuque, et les rares flocons s'écrasaient sur son visage, fondaient au contact même de sa peau.
Enfin, il inspira profondément, avec l'impression que l'air glacé qui s'engouffrait dans ses poumons les lui transperçait.
- Je lui ai dit des choses... Que je n'aurais pas du dire. J'étais en colère parce qu'elle était allée se plaindre auprès de toi pour la punition qui m'avait été infligé... Teksas ne s'attarda pas sur le sujet. Je lui ai dit qu'elle n'en avait pas le droit. Qu'elle n'avait pas le droit de juger cela, qu'elle jouait à être une Grounder sans même comprendre notre peuple. Qu'elle pensait qu'être avec toi faisait d'elle une Trikru à part entière, et qu'elle en profitait.
Il posa son regard sur Lexa, et soutint le sien sans faillir. Il savait ce qu'il risquait à révéler tout cela. Il savait aussi pourquoi Clarke ne l'avait pas fait, et également que cela ne changerait rien au fait qu'elle pouvait lui en vouloir. Mais Lexa avait le droit de savoir. En quelque sorte, cela la concernait, elle aussi.
Teksas aurait pu se justifier, dire qu'il regrettait, qu'il avait tort. Il le pensait, bien sûr. Mais il n'en fit rien. Il se contenta d'attendre la colère de Lexa, sa déception.
Il en avait l'habitude, désormais. Il était un garde plus qu'un ami. Et ce davantage pour la Commandante que pour personne d'autre.

Sorry :

HRP:

Bien sur, Lexa s’inquiétait pour cet homme qui était son garde et un peu comme un ami, bien sur, elle ne le montrait pas vraiment, mais il y’avait cette fine particule de douceur dans sa voix, c’était ainsi et alors qu’ils marchaient tous les deux sous la neige, il finit par lui dire ce qui le perturbait. Quelque chose s’était passé avec Clarke et Lexa se demanda si c’était a cause de ce qui s’était passé avec les soigneurs, si Clarke lui en avait voulu à lui, de ne pas avoir réussi à protéger tout le monde. Mais il n’était qu’un homme, un simple homme et l’erreur qui avait conduit à la mort de la montagnarde et d’autres personnes revenait à tout le monde. Elle revenait aux archéens qui avaient joués de leurs armes à feu sans faire attention, elle revenait à ceux qui avaient preparés les plans, elle revenait aux barbares. Les mots vinrent, ce n’était pas ceux que Lexa attendait, et le commandeur fronça les sourcils, et fixa Teksas quelques instants. Il y’avait des problèmes de compréhension, et elle aurait pensé que Clarke ait fini par comprendre ce qu’il en était, ait finit par apprendre ce que c’était qu’être un terrien. Elle savait aussi qu’il fallait du temps, et que Teksas n’avait probablement pas usé des mots qu’il aurait du user. Alors croisant les bras dans son dos, elle serra les mâchoires, et le fixa longuement avant de reprendre la parole.

- Clarke ne joue pas Teksas. Elle n’est pas tant une terrienne qu’une alliée d’un autre peuple. Il y’a des choses que son peuple ne comprend pas du notre, et que nous ne comprenons pas du leur. Les années et le temps passés cote à cote, mains dans les mains en tant qu’alliés, en tant qu’amis en tant que plus encore peut être, nous aiderons à assimiler les uns et les autres ce que nous ne comprenons pas chez eux, ce qu’ils ne comprennent pas chez nous. Et elle parlait clairement, c’était un discours qu’elle ne se lasserait jamais de répéter. Elle croyait en l’avenir. Elle avait cru que les clans pourraient s’allier et elle avait réussi, maintenant elle croyait que les skaikru et les terriens pouvaient s’allier aussi et se comprendre, et elle savait qu’elle avait raison, qu’elle y arriverait. Clarke et moi avons déjà parlé de cette punition. Elle ne changera pas nos manières de faire, et elle finira par comprendre la manière dont nous fonctionnons. Puis se yeux se plissèrent un peu, tandis qu’elle prenait un air plus dur. Mais Teksas, que les choses soient claires, Clarke n’est pas une Trikru, et notre relation n’est un jeu ni pour elle ni pour moi. Ce n’est d’ailleurs pas à toi, ou à quelqu’un d’autre d’en juger. Elle réglait les problèmes qu’amenait Clarke, quand celle ci venait les lui amener. C’était ainsi. Pour elle la conversation à ce propos touchait à sa fin ici même.

- Elle finira par revenir vers toi. Clarke est un peu obtue quand il s’agit de ses opinions, mais dans ce cas vous avez tous les deux eu tort d’agir de la manière dont vous avez agit. Elle finira par le comprendre tout comme je suis sure que tu l’as comprit. Et même si en un sens, elle ne pouvait s’empecher de se demander si il avait raison, si Clarke profitait d’elle, elle cacha cette inquiétude dans un coin de sa tête. Ce n’était pas le moment.

La mâchoire de Lexa se contracta doucement. Un mouvement si infime que Teksas aurait pu simplement le rêver. Mais il sait que cela n'est pas le cas. Il a toujours été trop observateur, trop vigilant, pour se risquer à s'imaginer ou à mal interpréter le moindre signe chez son interlocuteur. Une habitude que son oncle lui avait vite apprise.
Observe, vois, analyse.
Jusqu'ici, ce conseil avait toujours porté ses fruits.
- Clarke ne joue pas Teksas. Elle n’est pas tant une Terrienne qu’une alliée d’un autre peuple. Il y a des choses que son peuple ne comprend pas du nôtre, et que nous ne comprenons pas du leur. Les années et le temps passés côte à côte, main dans la main en tant qu’alliés, en tant qu’amis en tant que plus encore peut être, nous aiderons à assimiler les uns et les autres ce que nous ne comprenons pas chez eux, ce qu’ils ne comprennent pas chez nous.
Les années. On en revenait toujours à cela. Au temps. Mais leur restait-il assez de temps, justement ? Les Barbares avaient été une menace que les deux peuples avaient su vaincre, justement parce qu'ils avaient avancé main dans la main. Tout comme cela avait été le cas pour leur victoire commune lors du conflit les ayant opposé au Mont Weather.
Mais cela avait pris du temps, et, durant ce temps qui ne cessait de s'écouler pendant qu'eux continuaient à débattre sur les divers terrains d'entente, combien avaient péri ? Combien avaient souffert?
Beaucoup trop, sans aucun doute.
Lui même n'avait compris qu'après trop longtemps à quel point le peuple du Ciel était essentiel à leur survie. Et cela grâce à Clarke, et à la décision de Lexa de le placer à son service.
Aurait-il pu le réaliser autrement ? Certainement pas. Et c'était là toute la difficulté : certains en étaient encore à vivre dans le passé, figés dans tout ce qui les avait forgé. Ceux là ne comprenait pas qu'ils devaient changer, évoluer. Et qui aurait pu les blâmer ?
Tous avait perdu un proche par la faute de l'un ou l'autre des peuples, et il suffirait d'un mot de travers, d'un geste déplacé pour que cela soit le cas à nouveau.
Clarke et Lexa étaient les seules garanties de cette paix bancale, qu'il fallait encore renforcer. Et nul, plus que Teksas, ne désirait les voir réussir.
- Clarke et moi avons déjà parlé de cette punition. Elle ne changera pas nos manières de faire, et elle finira par comprendre la manière dont nous fonctionnons.
- Tout comme nous comprendrons la leur un jour.
Un jour. Il ne restait plus qu'à espérer que ce jour soit proche.
- Mais, Teksas, que les choses soient claires, Clarke n'est pas une Trikru, et notre relation n’est un jeu ni pour elle ni pour moi. Ce n’est d’ailleurs pas à toi, ou à quelqu'un d’autre d’en juger.
Teksas hocha simplement la tête, soutenant sans broncher l'expression soudain durcie de Lexa.
- Nous sommes ce que nous sommes.
Ces mots étaient à peine soufflés, et sûrement à peine perceptibles.
- J'en suis conscient, Lexa. Je ne jugerai de rien quant à ce sujet.
Ni sur aucun autre.
Il n'était pas là pour juger, mais pour agir. Ce que, jusque là, il n'avait que plus ou moins réussi à faire.
Mais jamais il ne jugerait Clarke ou Lexa pour s'appuyer sur leur amour afin de rendre le monde meilleur.
D'ailleurs, entendre la Commandante mentionner cette relation ainsi, sans faux semblant ni sous entendu, parut étrange à Teksas. Comme si elle lui dévoilait soudain une parcelle d'elle qu'il connaissait, mais à laquelle il n'avait jamais eu accès jusqu'ici.
- Elle finira par revenir vers toi. Clarke est un peu obtus quand il s’agit de ses opinions, mais dans ce cas vous avez tous les deux eu tort d’agir de la manière dont vous avez agi. Elle finira par le comprendre tout comme je suis sûre que tu l'as compris.
Teksas hocha lentement la tête. Il avait eu tort et ne s'en cachait pas. Seulement...
- Je l'espère. Clarke est si... Têtue, parfois.
L'ombre d'un sourire vint éclairer son visage rougi de froid alors qu'il levait à nouveau les yeux vers le ciel grisâtre.
Il les abaissa lentement, la mine redevenue sérieuse, soudain.
- Lexa... Comment fais- tu ?
Devant le manque de précision de ses paroles, Teksas s'empressa d'expliciter.
- Comment fais tu pour ne pas avoir peur ? Pour ne pas avoir peur de mourir, de voir Clarke mourir ? Comment fais tu pour régner ?
Et c'était pour cela en partie, que Teksas admirait la Commdante.
Son oncle lui avait toujours également dit qu'on apprivoisait la peur. Lui ne l'avait jamais fait, cependant. Il la cachait.
Lexa, en revanche, semblait l'avoir tuée. Mais peut être n'était ce qu'une illusion.

Tout comme nous comprendrons la leur un jour. Teksas comprenait oui, et cette simple phrase amena à Lexa un fragment de sourire, malgré la conversation plus grave qui se tissait entre les deux. Elle hocha la tête et reprit doucement. « Tout comme nous comprendrons la leur un jour, sha. » Ses yeux qui s’étaient adoucis quelques instants redevinrent néanmoins dur, alors qu’elle parlait de sa relation avec Clarke, alors qu’elle donnait à Teksas une leçon qu’elle aurait préféré ne pas avoir à lui donner. C’était ainsi. Ils étaient ce qu’ils étaient, et elle le fixa longuement tandis qu’il finissait par approuver enfin. Il avait fait une erreur. Mais Clarke en avait fait une également. Tous deux apprenaient, c’était un fait. Et elle même continuait jour après jour d’apprendre ce qu’il fallait faire pour être un meilleur commandant, pour être une meilleure femme.

Le sujet était clôt, et peut être essayait elle de le rassurer un peu, finissant par esquisser un vrai sourire, quand il évoqua le caractère têtu de Clarke. toute l’affection qu’elle pouvait ressentir pour la fille du ciel pu alors durant quelques brefs instants se lire dans ses yeux. « Elle l’est oui. » Mais ils l’étaient tous peut être. Elle l’était aussi, Lexa, dans son genre.

D’autres mots vinrent, et le sérieux reprit sa place dans leur conversation, tandis que Teksas semblait chercher quelque chose à lui dire. C’était un peu flou, puis les mots la heurtèrent et elle le fixa quelques instants, la mâchoire plus serrée que jamais.

« La peur est humaine Teksas. » Et il y’avait tant de choses à dire, ses questions relevaient tant de sentiments en Lexa, qui se sentait plus Lexa que commandeur sous le joug de cette douloureuse question. Son esprit vagabonda, et le visage qui se dressa en face d’elle dans sa tête, n’était pas le visage fin de Clarke, mais un visage plus doux encore, avec des yeux presque dorés qui réchauffait son cœur. Elle secoua la tête. « La mort n’est qu’une partie de la vie, nous ne devons pas la craindre, que ce soit pour nous ou pour les autres. » Elle avait survécu à Costia. Elle avait fait une alliance avec les azgeda plutôt que cherché à se venger. Elle avait conclu un pacte, une coalition. Elle ne pouvait craindre la mort. « Comment pourrais-je avoir peur de mourir quand je sais que si je venais à perdre la vie, d’autres continuerons ma tache. L’Esprit du commandeur trouvera un nouvel espoir, et l’œuvre continuera. Ce n’est pas avec crainte qu’il faut affronter le futur Teksas, c’est avec honneur. » Elle eut un regard plus doux. « De quoi as tu peur ? »

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