You need to talk | Ft Raven

Dis-moi ce qui te tracasse... Et si tu ne sais pas, dis-le moi quand même.

River & Raven

Le parfum de l'air libre, mêlé aux odeurs des arbres, des herbes, de l'humidité... Tous ceci était nouveau et chaque jour, je redécouvrais chacune de ses saveurs odorantes. Comme chaque matin, mes yeux sont levés vers ce ciel impétueux et indomptable qui aujourd'hui se voulait bleu et ensoleillée. J'aime regarder ce ciel qui du jour au lendemain... Ou plutôt, d'une minute à l'autre, peut soudainement changer, passant d'un ciel clair à un ciel sombre, porteur d'un torrent de pluie. Et j'aimerais davantage savoir comment faire pour déceler ces changements soudains ? Quel peut-être la méthode d'observation qui pourrait m'apporter des réponses ? Je ne doute pas que les terriens, habitués à ce milieu, doivent connaître les signes désignant ses changements. Que j'aimerais pouvoir un jour parler à l'un deux... Je ne sais pas si c'est étrange que je m'intéresse à quelque chose comme le ciel, voire que j'en sois fascinée, alors que les autres n'y prête à peine attention. Pourtant, ce n'est pas quelque chose à laquelle on a été habitué... Après, il est vrai que je suis ce genre de personne qui n'aime pas accepter les choses comme elles sont... J'aime décortiquer tout ce que je vois, j'aime comprendre l'inconnu pour ne pas en être soumise. Le vent balaye mes cheveux, tandis que je ferme mes yeux pour sentir ce dernier caresser ma peau. Une main se pose soudainement sur mon épaule, mon cœur manque de s'arrêter sur le coup, tandis que je sursaute en lâchant ce léger gémissement dont j'ai très vite honte. Je pose une main au-dessus de mon cœur, en prenant soin de me retourner vers celui ou celle qui faillit mettre fin à la courte existence de River Sun. Je me lève immédiatement de mon siège improvisé, lorsque je me rends compte de la personne en face de moi. « Chancelière ! » Je tapote mes vêtements pour arranger les pliures et tenter de paraître plus présentable. « Que puis-je faire pour vous ? »

J'avoue être intriguée, je ne vois pas pourquoi la chancelière s'intéresserait à une personne aussi banal que moi. Je ne suis pas utile à grand-chose, si ce n'est que d'observer ce qui m'entoure pour apprendre. Toutefois, je ne suis pas un soldat et pas un médecin comme la chancelière en question. Je n'ai toujours pas trouvé mon utilité au camp, peut-être est-ce pour cela que la chancelière vient directement me voir ? Vais-je recevoir une sorte de sanction, ou un avertissement ? Je ne suis pas bien rassurée, en effet, mais je ne le montre pas. Toutefois, madame Griffin prend la parole et me rassure immédiatement, en s'excusant avant tout de m'avoir fait sursauter et enchaînant ensuite sur une demande presque personnelle, de mon point de vue. Cela concerne apparemment Raven, l'experte en mécanique qui, je crois, a un problème à la jambe. La chancelière semble assez inquiète de l'état mental de la jeune femme, ce qui ne m'étonne pas vraiment si on prend en compte ce qui lui est arrivée depuis qu'elle est sur terre. Je crois savoir que sa jambe lui fait encore mal et la chancelière ne manque pas de m'en informer à nouveau, se doutant certainement que c'est aussi l'une des raisons de son état psychologique. Par ailleurs, je crois savoir qu'il y a une psychologue plus qualifiée que moi ici, je ne comprends pas pourquoi la chancelière veut que ce soit moi qui aille aider Raven... Surtout, qu'on ne guérit pas d'un trouble en une seule séance, il faut du temps et de la patience. J'ai donc demandé si j'étais vraiment qualifiée pour lui parler, je n'avais même pas fini ma formation. Au final, c'est parce que je suis jeune qu'elle me confit ce petit service... Et parce que je suis jeune, il est probablement plus facile de parler avec moi. Je suis retournée à ma cabine peu après, réfléchissant à la demande de la chancelière. Une demande que je n'étais pas forcée d'accepter, mais comment aurais-je pu refuser d'un autre côté ?

Je tourne mon regard vers mon magnétophone, soupirant à l'idée qui me traverse l'esprit quant au sort que je lui réserve. Quelques heures plus tard, je toque à la porte du petit atelier où se trouve souvent Raven. Je passe ma tête dans l'embouchure de la porte sans toutefois oser entrer. « Coucou ! Je peux entrer ? »

Dis-moi ce qui te tracasse... Et si tu ne sais pas, dis-le moi quand même.

River & Raven

Sur le chemin, je réfléchissais à un moyen d'aborder la situation délicate en soi. Je n'avais jamais réellement parlé à Raven depuis que j'étais sur Terre, et même sur l'arche on ne fréquentait pas les mêmes stations pour avoir l'habitude de se voir et communiquer. Je dois probablement être une nouvelle bouille à ses yeux, qu'elle commence à voir dans les parages maintenant qu'il reste que peu d'entre nous de l'Arche. Mais combien même, mon visage et surtout ma chevelure commence à être remarqués, je n'en reste pas moins discrète dans mon petit coin. Évidemment, sauf quand je vais embêter certaine personne pour leur poser des tas de questions concernant les terriens. J'admets en avoir une fascination et plus je songe à eux, plus l'envie d'étudier leur culture me titille. Enfin, bref... Pour en revenir à Raven, je ne l'ai jamais vraiment approché, elle avait mieux à faire et je n'aime pas trop encombrer les autres. Cependant, aujourd'hui, la chancelière m'avait trouvé une utilité dans le but de venir en aide à Raven. Je continue à penser que je ne suis pas très qualifiée pour jouer les psys, mais si la chancelière souhaite que ce soit moi, alors se sera moi. J'entre dans la pièce où se trouve la pro en mécanique, je la trouve dans un état de fatigue non-négligeable, chose que je prendrai en compte lorsque je commencerai à lui parler. Je jette rapidement un regard innocent autour de moi, intriguée par tous ces bouts de ferrailles, câble et j'en passe. Dans une situation où Raven aurait été dans de meilleures dispositions, je l'aurais probablement sollicité pour m'enseigner ses connaissances en mécanique, mais c'est peu probable pour l'instant. Du moins, tant qu'elle continue à inquiéter la chancelière qui n'est même pas spécialisée dans le domaine de la psychose. Elle me demande ce qui m'amène, lui répondre honnêtement est principalement la meilleure solution pour engager une relation...

Cependant, j'allais devoir contourner la vérité pour son propre bien... Du peu que j'en ai appris sur elle, en l'observant, je sais qu'elle risquerait très vite de se refermer si je lui dis que c'est la chancelière qui m'envoie pour lui parler. Et cela aurait été un comportement tout à fait normal de sa part, les gens en général ne tiennent pas à dévoiler ce que leur inconscience recèle en eux ; la véritable facette de leur personnalité, ou tout simplement la vérité qu'ils s'évertuent à cacher. « C'est pour mon magnétophone. » Commençais-je, sortant celui du sac dans lequel je le trimballais. Je ne l'avais pas cassé, j'y tenais bien trop pour faire mes mémos des études que je fais. Toutefois, je l'avais démonté aux centimètres près pour donner assez de travail à Raven, cela dans le but d'avoir assez de temps pour commencer secrètement notre première séance ensemble. Je dépose le magnétophone près de Raven avec le sac où se trouvait le reste de ses petites pièces détachés. « J'ai voulu tout démonter pour le remonter à la suite, histoire de comprendre un peu ce que tu faisais... Je m'intéresse aussi la mécanique... » Je souris, en me grattant l'arrière de la tête désignant une forme de sentiment de gêne, je rajoute tout de suite après. « Mais, j'ai juste fait une grosse bêtise car je n'y comprends rien, c'est un vrai puzzle. » Bien entendu, même s'il y avait une part de vérité dans ce que je lui disais, je ne lui disais pas tout... en plus d'un tout petit mensonge. Le fait de ne rien comprendre était un mensonge... En effet, je déteste ne rien comprendre, je pourrais passer ma vie à résoudre une seule énigme si je venais à rester bloquer sur l'une d'elle, peu importe ce qui m'entoure. Si je venais à ne pas comprendre le moyen de remonter ce magnétophone, j'y passerais tout mon temps à travailler sur le moyen de le remonter, le démontant à nouveau si j'ai oublié une pièce.

On peut me voir comme quelqu'un de maniaque, si c'est le mot qui semble me désigner au mieux. Mais moi, je me considère de mon côté, juste comme quelqu'un de déterminé à comprendre les choses qui m'échappent.

Dis-moi ce qui te tracasse... Et si tu ne sais pas, dis-le moi quand même.

River & Raven

C'était très intéressant, à peine lui avais-je donné le sac qu'elle manifestait à première vue certain signe que j'observe avec un grand intérêt et que je note spontanément dans un coin de ma mémoire. Elle se plonge immédiatement dans une sorte de bulle, manquant de faire de ma présence une simple formalité à laquelle ne prêterait plus attention... mais, ce n'en fut pas le cas. À mes yeux, je voyais une façon pour elle d'oublier ses soucis, travailler pour compenser ce qui manque actuellement à son bien-être. Elle a des cernes bien vicieuses qui marquent le dessous de ses yeux, je ne peux m'empêche de penser qu'elle n'a probablement pas dormir de la soirée. Pourtant, elle arrive sans mal à se concentrer sur le travail que je venais volontairement de lui donner. Elle s'isole dans cette pièce, mais aussi dans son travail, ça semble être une assurance pour ne pas avoir à regretter que son état préoccupe son entourage, tout contenir en elle. Si c'est le cas, elle a pleinement conscience que son état qui empiète dans sa vie, a été remarquée. Cela pourrait être bien un moyen pour elle, de ne pas les inquiéter, mais à mon avis, je pense que c'est d'abord et avant tout pour ne pas qu'elle souffre, elle, davantage. Pour en revenir à sa question et ne pas paraître malpolie, je lui réponds que je suis bien River... River Sun, mais qu'elle pouvait m'appeler Sunny. Je l'observe procéder à la restructuration de mon petit magnétophone... Debout, les mains jointes dans mon dos, lorsqu'elle me pose ses questions, suivi d'une suggestion que j'avais prise en compte... toutefois. « Pour l'instant, je pense qu'il n'est pas nécessaire que j'embête qui que ce soit pour un enseignement sérieux. Je pense que ce n'est pas encore le moment avec tout ce qui se passe. » Il faut surtout que les gens s'acclimatent à ce nouveau milieu, ce n'est pas tout le monde qui s'adapte aussi bien que les délinquants envoyés sur Terre bien avant le crash.                

Je trouve une petite place en face d'elle, ne lui demandant pas vraiment pour m'installer. Je poursuis pour ne pas trop qu'elle y prête attention. « Mais une fois que les choses seront plus stables pour nous, qu'il n'y aurait plus de risque qu'on se fasse attaqué du jour au lendemain... J'irai les voir ces autres mécanos. » je souris, ma voix est douce et posée, je prenais soin de choisir chacun de mes mots. Mais je note de nouveau son envie de s'isoler, bien que je n'aie pas mentionné vouloir une formation, elle trouve le moyen de m'envoyer loin d'elle. Je pose mes mains sur mes joues, observant chaque détaille de son visage, comme si son expression faciale renvoyait un message que seul un psy pouvait comprendre. « Quelque chose t'empêche de fermer l'œil le soir ? » Une question simple qui demande une réponse tout aussi simple, pas de difficulté dans une potentielle formulation de réponse. Le droit lui revient de me répondre ou pas, bien que si elle ne me répond pas, c'est tout aussi intéressant que si elle venait à formuler une réponse claire et précise. Ou bien une réponse qui se veut évasive, c'est d'ailleurs bien plus certain qu'elle m'offre une réponse courte, sans que celle-ci soit forcément claire pour autant. Je pouvais lui poser une question qui toucherait le fond du sujet, c'est-à-dire ce pourquoi je suis devant elle, en ce moment. Cependant, on n'atteint pas le fond en creusant en un seul coup de cuillère, il faut commencer progressivement, surtout en fonction des personnes et de leur caractère. Et je pense que Raven est le genre de personne avec qui il faut y aller doucement, elle mérite qu'on se batte pour elle et cela, avec toute la patience que je peux avoir à disposition. C'est une personne qui a beaucoup souffert et qui souffre encore, autant physiquement que mentalement, si on prend en compte la mort de Finn.

Donc, oui, même si elle se révélera plus tard agressive, je lui offrirais ma douceur.

Dis-moi ce qui te tracasse... Et si tu ne sais pas, dis-le moi quand même.

River & Raven

Chaque réaction de la part de Raven à partir de ce moment serait un message que je devrais écouter avec le plus grand soin, comme un appel au secours qui dans ce cas de figure, j'étais la seule à l'entendre. Évidemment, la chancelière l'avait aussi entendu, sinon je ne serais probablement pas là devant la mécano. Son attitude appartient réellement à un personnage qui tente constamment de prendre la fuite et peut-être à juste raison. Chacun se protège ou tente de se protéger de la manière qui lui semble le plus efficace possible. Toutefois, je suis ici pour empêcher cela, même si cela peut paraître être une action qui va à l'encontre du bien-être de l'individu. Mais, je n'ai pas le choix, car ce que l'individu croit être juste pour lui, est en réalité un chemin menant sur une voie dangereuse. Et dans le cas de Raven, l'isolation n'est pas une option qui peut clairement la protéger indéfiniment. Au contraire, elle finira par se perdre dans sa solitude et rejeter un jour ses propres amis. J'ignore si elle m'écoute lorsque je lui adresse la parole, au vu de l'état de concentration dans lequel elle est encrée. Peut-être n'écoute-t-elle pas ? Et si c'est le cas, ce n'est pas bien grave tant qu'elle continue à m'entendre. Chaque mot que j'utiliserai, n'aura pas pour but de combler le silence, mais d'atteindre le cœur et l'esprit de notre mécano. La réaction et sa réponse à ma question m'en révèlent beaucoup sur elle, je n'avais pas détourné le regard lorsque ses yeux croisèrent les miens. Pour commencer, il est évident que quelque chose l'empêche de fermer l'œil de la nuit. Il peu probable qu'il s'agit seulement de sa douleur à la jambe, car au contraire le sommeil permettrait d'oublier celle-ci jusqu'au moment du réveil. Il y a autre chose qui encombre son esprit, reste à savoir si elle a conscience ou pas de cette chose en question. Il ne serait pas étonnant qu'elle ignore l'origine ou la nature de son trouble et c'est pourquoi je suis là.        

Je ne peux aussi ignorer le fait qu'elle vient de me répondre par d'autres questions ce qui, en soit, démontre qu'il y a bien un problème qu'elle tente de cacher, les faits sont là. Après, en effet, les raisons de sa retenue peuvent être diverses ; comme le fait qu'elle sache probablement rien ou bien tout simplement le fait qu'elle ne souhaite pas s'ouvrir à une personne qu'elle ne connaît pas. C'était un soucis que je vais devoir surmonter, personne ne veut vraiment se confier, même à un psy... Mais c'est justement parce que je lui suis étrangère, parce qu'on ne connaît pas le psy, qu'il est plus facile de se confier à lui dans le but de guérir. Avec un ami, il est facile de parler, mais impossible de se libérer réellement le cœur et surtout l'esprit avec cet ami en question. Généralement, on guérit d'un trouble mental en retrouvant soi-même la source de ce problème et généralement, lorsque le patient passe par ce moment où il se rend compte de ce qui ne va pas chez lui... Eh bien, il passe par d'innombrables variations d'émotions, principalement la colère... Selon le patient, la colère est essentielle pour guérir et avec un ami, il y a une restriction de cette émotion. On ne veut pas s'énerver contre un ami, alors on se retient d'être désagréable, ce qui n'est pas le cas avec un psy qu'on ne connaît pas... Ce qui ne sera pas le cas avec moi, car Raven ne me connaît pas et me considère que très peu. Je pose ma tête sur la paume de ma main, observant toujours d'un regard analysant la mécano. « Avoir une mauvaise tête, cela est courant... ce qui l'est moins, c'est la raison qui provoque ce manque de sommeil. » A mon tour, je détourne le regard pour contempler à nouveau la pièce un petit laps de temps, avant d'ajouter. « Dis-moi... Pourquoi t'évertues-tu à garder pour toi cette souffrance ? » Mon regard fixait quelques instants toujours un point autre que Raven, faussement intéressée par les matériaux, avant de me recentrer sur la mécano.

Dis-moi ce qui te tracasse... Et si tu ne sais pas, dis-le moi quand même.

River & Raven

Nous y voilà... Une réaction qui me parlait étrangement plus, cela paraissait être un rejet total, mais c'est une réaction qui disait beaucoup de choses. Elle s'était arrêtée pour enfin porter son attention sur moi, avec un réel intérêt, faisant passer pour la première fois ce magnétophone après moi. ** Tes prochains mots vont être décisifs. ** La voix me parvient à quelques centimètres de mon oreille droite, nullement besoin de chercher du regard celle qui venait de parler... Après tout, cette voix était la mienne, celle de mon autre moi. Je ne lui réponds pas, du moins pas ici, pas en présence de Raven. Elle n'avait pas besoin de savoir que j'étais moi-même confrontée à un trouble, je perdrai toute crédibilité. Toutefois, j'ai raison ou plutôt, mon autre moi, cette projection, a raison. Même si la voix de la mécano semble calme, il y a un grand effort de retenu. Je me mets à sa place ; beaucoup de choses me tracassent, mais je suis le genre de personne qui garde tout en elle... Parce que selon elle, elle n'a guère besoin d'aide de la part des autres. Je suis le genre de personne qui préfère rester en marge, qui n'apprécie apparemment vraiment pas qu'on se mêle de ses affaires même pour son plus grand bien. Pourquoi ? Elle ne veut pas avoir affaire à nous, ou peut-être ne supporte-t-elle pas d'être ici parmi-nous. Pourquoi ? La mort de Finn ? Est-ce que c'est l'élément déclencheur de son état mental ? Trop tôt pour en être sûr, il me faut plus de temps, plus de séance avec elle. Je prends une profonde inspiration, avant d'expirer d'un air joyeux, bien que paradoxalement mon visage restait sérieux... Un sourire compatissant s'étire sur mon visage avant de lui poser la question. « Pourquoi cela ? Est-ce en rapport avec la colère que tu retiens actuellement, ici ? » Lui-demandais-je, en tapotant ma poitrine juste au-dessus de mon cœur avec ma main droite. C'était bien évidemment, une image pour lui indiquer son propre cœur.          

Il est quelque part naturel qu'elle soit en colère, elle a en quelque sorte perdu sa jambe qui continue à lui faire endurer des souffrances, certainement inimaginable... En plus de la mort de Finn, elle a dû supporter le deuil et les tensions entre notre peuple, celui des terriens et les hommes de la montagne. Il est tout naturel qu'elle se braque, je débarque et je lui pose plein de questions, je m'introduis dans sa vie personnelle. Je le sais, je ne suis pas bien placée, même quand les gens décident d'aller voir un psy, c'est bel et bien eux qui prennent la décision d'aller voir ce psy. Ici, c'était une demande de la chancelière et non celle de Raven, mais malgré tout j'avais accepté, parce que j'ai une réelle en envie d'être utile. C'est probablement égoïste, je l'assume, mais cela n'empêche pas d'avoir l'envie d'apporter mon aide à Raven. Mon regard quitte un moment celui de la mécano, le temps que je remonte mes manches. « Tu ne me connais pas, c'est pourquoi tu devrais en profiter. » Dis-je, alors que mes yeux sont toujours portés à mes manches, lorsque je repose mon regard sur elle, je rajoute immédiatement. « Dire tout ce que tu ne pourrais pas dire à un proche, libérer tout ce que tu as sous le cœur sans avoir peur que sa sorte d'entre ces murs. » Mon regard était profond, déterminé, toujours pleine de compassion sans toutefois être un regard emplis de pitié. Puisque dans tous les cas, je ne suis pas là pour la prendre en pitié, je suis là pour l'aider. « Dis-moi ce qui te trouble, Raven ? » Je l'observe, mes yeux la fixant sans que mon regard ne fébrile qu'une seule seconde. Ma voix était restée douce, elle se voulait rassurante et protectrice. La réaction la plus logique, serait qu'elle me rend mon magnétophone sans en avoir fini avec et m'invite à quitter son atelier... Et ce n'est qu'un scénario que j'anticipe parmi tant d'autre.

Bien sûr, si elle souhaite que je m'en aille, alors je m'en irai... Il ne serait pas bon d'insister, car le fait qu'elle me revoie est un progrès en soi. Le plus difficile dans cette situation, serait de reprendre contacte afin de ne pas gâcher ce progrès. Ou, la discussion allait continuer, mais bien que je la profile, l'analyse, je ne peux deviner sa réaction. Alors, je me tus et j'attends à mon tour sa réponse.

Dis-moi ce qui te tracasse... Et si tu ne sais pas, dis-le moi quand même.

River & Raven

Lorsqu'elle me renvoie le magnétophone, je l'attrape au passage sans grande surprise. D'une certainement manière, j'étais grandement soulagée qu'elle réagit ainsi. Si elle n'avait montré aucun signe d'énervement, aucun signe d'intérêt envers moi, ma présence n'aurait strictement servi à rien et je n'aurais fait que parler dans le vide. Ici, ce n'était pas le cas, mes paroles ont bien été entendues et lorsque je repartirai et la laisserai de nouveau seul, elle repensera à celles-ci. Peut-être est-ce une chose qui allait commencer à lui travailler sérieusement. Je l'observe lorsqu'elle m'annonce sa dernière phrase avant de m'indiquer la sortie. ** Pour ta première séance en tant que psy, ce n'est pas trop mal, non ? ** M'annonce mon autre moi sous un ton léger, avant de lâcher trois petits rires en coin. J'attrape mon magnétophone et le remet dans le sac, celui avec lequel j'étais venue. Mon regard ne fixait déjà plus la mécano qui je le sentais m'observer toujours. Une fois sûr d'avoir récupéré toutes mes affaires, je replonge mon regard dans celui de Raven. « C'est justement parce que nous sommes étrangères, que je peux t'aider. » Je la fixe, n'attendant pas de réponse de sa part. Je me lève et je rajoute. « Tu sais où me trouver, Raven... Quand tu seras prête. » Je me dirige à la suite vers la porte que je referme soigneusement derrière moi et une fois que la porte à claquer, je soupire silencieuse pour relâcher la pression. C'est fou comme c'est un métier qui peut très vite vous plier en deux si vous n'avez pas le cœur sur la main. D'ailleurs, ce dernier bat à vive allure dans ma poitrine à tel point que j'ai l'impression qu'il va en sortir. Après avoir récupéré un certain calme, je retourne vers chambre où je me laisserai tomber sur mon lit pour quelques heures de plus. Ensuite, je dois réfléchir à ce petit moment avec Raven, à ce que j'ai pu comprendre d'elle durant ce court moment.

Résumant un peu... Qu'est-ce que j'ai pu apprendre aujourd'hui sur Raven ? Je prends de nouveau une longue inspiration, vidant mon esprit afin de ne plus être River, mais Raven. Je suis donc Raven, une mécano solitaire qui aime son métier tout comme sa solitude. Je me suis battue pour ma survie depuis que je suis sur Terre, bien avant que l'Arche ne se crash. Dans mon combat j'ai perdu l'usage de ma jambe, pourtant celle-ci continue chaque jour à me faire souffrir le martyr. Une douleur qui gâche jour après jour mes journées, m'empêchant en partie d'avoir un moment de sommeil confortable. Finn... Il était ce que j'avais de mieux et l'Arche n'a pas hésité à le jeter aux mains des terriens. Un moment difficile que j'ai traversé malgré tout, renfermant en moi mes sentiments et mes rancœurs. Je me plonge dans mon travail, la seule chose qui m'importe encore plus le reste et qui me permet d'être tranquille avec moi-même... Je n'aime pas trop la présence des étrangers, ou les présences tout simplement, c'est d'ailleurs pourquoi je travaille seule et dans le silence. Oui, parce que j'aime le silence, d'ailleurs je n'écoute presque plus rien lorsque je suis concentrée, si ce n'est peut-être que ma propre voix, mes propres pensées. Pour un tel niveau de concentration, je dois forcément me parler à moi-même, constamment. Et me parler  pendant que je travaille, me permet d'oublier la douleur qu'elle soit physique ou mental. ** Conclusion, tu es atteint d'une forte dépression. ** Trop tôt pour le dire, c'est peut-être un trouble moins important ou au contraire, bien plus important encore. Je dois apprendre à me connaître davantage, car je ne sais rien de moi. J'inspire, faisant le vide de nouveau en moi, laissant partir Raven pour redevenir River, puis j'expire au final. ** Vas-tu faire un rapport à la chancelière ? ** Tandis que je marche en direction de ma cabine, je jette un œil en direction de l'infirmerie.

« Pourquoi ? Je suis après tout tenue au secret professionnel, non ? » Peu après ses mots, je souris et m'en allais vers mes quartiers.