Pourquoi "Commandeur" ? | Ft Lexa

Comment puis-je vous servir Altesse ? Est-ce qu'on vous appelle Altesse d'ailleurs ?

Lexa & River

Magnétophone en main, je fais une petite mise en point de la semaine passée ; mes observations quant aux changements météorologiques, j'ai pu constater les différentes densités dans l'atmosphère. C'est plutôt impression lorsqu'on a été habituée depuis la naissance à un seul et unique milieu, dont le changement était inexistant. Mon sujet bifurqua sur Raven Reyes dont la chancelière m'avait personnellement confié la mission de lui venir en aide. Le cas de Raven est fascinant d'un point vue psychanalytique, cette jeune femme a besoin d'aide, même si elle ne le voit pas ou ne l'accepte pas. J'aimerais davantage avoir plus de séance avec elle, si bien évidemment elle le souhaite elle-même. Allez directement la voir et entrer dans sa vie, n'est pas une chose que font les psy. Cependant, ce que j'ai fait avec Raven, était là une exception que je ne reproduirai pas à l'avenir. C'était simplement pour montrer à Raven qu'une porte venait de s'ouvrir pour elle, qu'elle avait désormais le choix de venir me parler maintenant que j'avais forcé la serrure. À présent, je lui laissais le choix de revenir vers moi, je ne lui forcerai pas la main, ce n'est pas mon but. Toutefois, j'espère vraiment qu'elle considère que je peux lui être d'une grande aide. Il serait dommage qu'elle passe à côté d'un moyen d'aller mieux, de prendre conscience de ce qui ne va pas chez elle. Enfin, passant ce détail... J'éteins le magnétophone avant de laisser mon regard scruter le vide, l'espace d'un moment, comme si je venais de déconnecter de cette réalité. ** Pourquoi songes-tu autant à elle ? ** Je cligne des yeux, cette fois-ci, comme si je venais de redescendre une seconde fois sur Terre. Je tourne mon regarde vers elle, la dévisageant légèrement. ** Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ? ** Je soupire, avant de déposer mon magnétophone sur mon lit et me lever de celui-ci.

« Tu sais très bien que ça me tient à cœur. » Crachais-je sous un ton d'une petite fille agacée, plaçant devant le miroir en même temps. ** Bah... Raison de plus pour cesser de songer à elle, tu dois laisser tes émotions de côté... ** Je soupire de plus belle, mais je ne réponds rien car elle a raison. Je ne dois pas trop m'investir personnellement avec n'importe quel patient quel qu'il soit. Cela pourrait altérer mon travail, mais aussi mon jugement. Je sors peu après de la pièce qui me sert de chambre, à nouveau car je l'avais fait dans la matinée pour revenir à la suite dans celle-ci. Je jette un léger coup d'œil dans les couloir après avoir fermé la porte derrière moi. Je reste debout un petit moment, me demandant ce que j'allais faire aujourd'hui quand une agitation attira mon attention. Ma curiosité n'est plus un secret et je ne la considère pas comme un défaut, car sans la curiosité je serai ignorante de tout et la peur envahirait mon existence comme autrefois. C'est en trottinant que je m'en vais voir ce qui se passe un peu plus loin dans la station, du moins sur ce qu'il reste de l'Arche. Lorsque j'arrive sur les lieux, accompagné de la chancelière et de ses conseillés, il y avait un groupe de terrien qui passa devant moi sous mon plus grand étonnement. Il en suivait une qui était incroyablement charismatique, comme si c'était une dirigeante pourtant elle avait l'air aussi jeune que moi. « La Terrienne, est-ce quelqu'un d'important pour qu'elle soit accompagnée de la chancelière ? » L'homme a qui je venais de parler sans vraiment faire attention à lui, m'a répondu de manière assez outrée que je ne sache pas qui était cette jeune femme. « C'est le Commandeur de la coalition, tu devrais le savoir ! » Je le regarde avec une petite bouille qui se veut innocent, mais qui, bien sûr, ressemble à une grimace provocatrice... Dans l'esprit de gaminerie dont je pouvais faire preuve parfois.

Évidemment, je savais qu'il y avait une certaine grande cheffe qui dirige la coalition, mais je ne l'avais encore jamais vu de mes propres yeux. Il faut que je m'entretienne avec elle, mais qui suis-je pour approcher une telle personne ? Surtout pour lui poser des questions qui seraient peut-être peu utiles à ses yeux. Je voulais parler à un terrien, je n'aurais jamais imaginé que la première terrienne à qui je m'adresserais, serait Heda elle-même. Une heure était passée, c'était l'heure du déjeuner et à ma grande surprise au réfectoire, les terriens s'y trouvait... Intimidant les autres du peuple de l'arche comme la fois où Indra était elle-même présente avec son groupe. Mais là c'était pire, car après tout c'est la cheffe de la coalition, il y a de quoi être oppressée par sa simple présent. Je pris un plateau et timidement, je m'approchais de leur table devant le regard inquiet des autres. Je pourrais me mettre à une table éloignée pour privilégier ma sécurité, mais ne serait-ce pas là dommage ? Je veux dire, on a tant à en apprendre d'eux, mais si on n'ose pas les approcher comment on fait ? Si la chancelière avait jugé la faire entrer dans le Camp, c'est qu'on n'a plus trop à s'inquiéter d'une forme d'hostilité de la part des terriens. Enfin, probablement... Je ne peux m'empêcher de la fixer avec des yeux fascinés, plus j'approchais de la table où elle était en compagnie de... ses gardes ? Une fois en face d'eux, j'avale ma salive, mon cœur battait à fond dans ma poitrine... Une excitation que je connaissais que trop bien, celui de l'adrénaline dans mon sang. « Est-ce que cela serait impolie si je m'assois aux côtés de la grande Heda, elle-même ? » Demandais-je, ma voix n'était pas la même que d'habitude, moins douce, plus tremblante... Pourtant, ce n'est pas de la peur. Mon regard ne fixait pas directement les yeux de la femme pour ne pas lui paraît irrespectueux, car après tout, elle est importante et moi, je ne suis rien.

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Eh ben... Je comprenais un peu mieux l'inquiétude que peuvent avoir les autres membres de l'arche quant au fait de ne pas trop s'approcher d'une telle personnalité. Ma présence suffisait à faire changer les regards des fières camarades de la commandeur, prêt à la défendre de leur propre vie. C'est fou, mais ils me fascinent, tout comme elle, cette commandeur, me fascine dangereusement. Elle semblait avoir le même âge que moi, pourtant elle était le leader de plusieurs clans, pratiquement constitué de féroces guerriers. Toutefois, les terriens qui accompagnaient Heda ne me fit rien sous le simple geste gracieux de la jeune femme. J'allais peut-être me faire engueuler plus tard par la chancelière à cause de mon entreprise un peu excessive, bien trop entreprenante pour une personne comme moi. Mais, il semblerait que je ne sois pas une menace aux yeux de la commandeur, puisqu'elle me permet de m'asseoir parmi-eux. En tout cas, elle a un bon jugement, s'inquiéter de ma présence, ou me voir comme une menace aurait été inquiétant. Je ne suis pas une guerrière, encore moins le genre de personne à concocter un plan machiavélique voulant mettre fin à la vie de cette femme. De plus, pourquoi voudrais-je mettre en danger à la fois une paix déjà fragile, mais surtout ma propre sécurité ? Quel serait mon motif, si Heda n'a pas d'ennemi entre ses murs ? Quoiqu'il en soit, le fait qu'elle m'autorise à s'asseoir à la même table qu'elle, a l'effet sur moi d'une délivrance... Comme si un vent frais signifiant mon grand soulagement, parcourait chaque méridien imaginaire de mon corps. Inconsciemment, j'étire un sourire joyeux sur mon visage avant de m'installer entre deux grands personnages costauds, juste en face de la commandeur. Je retiens un mot qui m'est inconnue, dont la prononciation est « cha ».

Est-ce que ce mot voulait signifier « non » ? Ce serait le plus logique si l'on regarde comment ma question a été tournée. Je devrais peut-être m'intéresser à leur langue, ce serait très utile pour des échanges plus varier. Quoiqu'il en soit, je me rends compte que je souris toujours, lorsque Heda me demande qui je suis. Je plonge mon regard dans le sien, maintenant qu'elle me permettait de converser avec elle, le respect impose que je la regarde droit dans les yeux. C'est du moins, comme ça que je le vois et je commets peut-être à l'instant une bourde monumentale, puisque nos cultures diffères après tout. Le respect que je peux connaître ici, n'est pas le même avec la commandeur et encore, j'improvise à l'instant à ma manière d'être avec ces terriens. Puisqu'avec la chancelière, je ne suis pas obligée de baisser le regard pour une quelconque raison. La commandeur était pour moi une louve qui peut se révéler très dangereuse, mon comportement tend à ne pas éveiller son agressivité, tout simplement. Alors, il s'adapte à mesure des éventuels changements d'attitude de sa part. « Je me nomme River Sun, Heda. » Je prononce cette phrase, en inclinant légèrement la tête toujours pour montrer mon respect. « Toutefois, je ne suis personne comparée à vous, ou à la chancelière. » Et ce n'est rien de le dire... Je commence à prendre mes couvercles en main sans toutefois toucher à la nourriture, je relève mon regard vers la commandeur. « Merci de m'avoir accepté parmi-vous, c'est vraiment un plaisir pour moi d'être là. » Je regarde les autres terriens à la table, avant de rajouter. « Vous êtes un peuple fascinant, j'aimerais beaucoup apprendre de vous. » Je souris avant de plonger ma fourchette dans mon plat, pour commencer à mélanger les aliments, histoire d'avoir une sorte d'assaisonnement.

Je relève mon regard vers Heda à la suite, attendant qu'elle fasse la première bouchée pour que je puisse aussi la suivre. D'après moi, il est toujours mieux d'attendre qu'une personne importante engage quelque chose à table, avant d'effectuer un quelconque acte.

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Je suis maintenant certaine, c'est une femme incroyable... Elle n'a rien de la description de la guerrière froide et sans cœur que les soldats de l'arche m'ont fait d'elle. Peut-être qu'ai-je posé les questions aux mauvaises personnes, en tout cas j'ai en face de moi une personne différente. Je peux déjà voir dans son attitude qu'elle retient une part d'elle, probablement une douceur ou bien autre chose. Non... Non, il faut que j'arrête ça. Je ne vais pas commencer à entrer dans la tête de cette femme qui, plus est, est la Commandeur en personne. Cela serait bien impolie de ma part, mais comment m'en empêcher ? Il suffit que j'observe la personne et que par réflexe je commence intérieurement à l'analyser. Je n'allais pas m'empêcher de regarder la Commandeur, ce qui paraîtrait très certainement suspect à ses yeux. Voilà une situation bien délicate pour moi, pourtant il n'y a guère besoin d'en faire tout un fromage. Puisqu'elle n'est pas forcée d'apprendre que je suis capable de lire en elle. Elle rajoute à nouveau une phrase dans ce langage terrien qui m'intrigue de plus en plus. Elle me fait comprendre grâce à sa traduction, qu'apparemment « personne n'est personne ». En plus d'en apprendre sur la signification des mots employés, j'étais quelque peu touchée par sa phrase. Depuis le crash, je n'ai pas réussi à trouver ma place, je n'ai pas réussi à trouver à quoi je pouvais être utile pour aider les miens. Je n'ai pas les mêmes qualités que les ouvriers qui s'occupent de la structure de l'arche ou de ses remparts. Je n'ai pas les capacités physiques pour être un soldat ou un simplement un combattant. J'ai bien trop peur d'aider la chancelière dans son travail, n'ayant pas pleinement confiance en mes compétences ou simplement, de ma tolérance à la vue du sang. Je ne sais rien faire, si ce n'est que d'étudier... Dans un autre cas de figure, je serais utile qu'à ranger des livres sur leurs étagères. « Je vous remercie Heda, je suis enchantée de même. »  

Malgré mes pensées grises, je garde le sourire, car je suis tout de même très contente d'être assise à la même table qu'une personne telle que la Commandeur. De plus, je me sens entre de bonnes mains, là où une personne se sentirait probablement oppressée par la présence des terriens, je me sentais protéger de mon côté. Ils peuvent être des ennemis mortels comme des alliés très puissant et de mon côté, je préférais les voir comme des alliés. Franchement, qui sommes-nous pour débarquer et s'approprier un territoire ? Ce n'est pas les terriens les méchants, ce n'est pas non plus nous, mais nous ne sommes pas en droit de les considérer comme des méchants personnages dont on doit se méfier. Alors, je préfère donner l'exemple et être ce personnage qui suit sa passion, celui de connaître au mieux les terriens qui vont faire désormais partie sa vie. Lorsque la Commandeur porte la première fourchette à sa bouche, j'en fais de même. À peine la première bouchée effectuée, je relance ma fourchette dans l'assiette pour en reprendre une autre. Tandis que je mâchais la nourriture, Heda reprit la parole pour dire des mots qui me plaisaient beaucoup. Je ne lui répondis pas, mais je lui offris mon plus beau sourire, tout en continuant à mâcher évidemment. Puis, elle me demanda ensuite ce que je faisais sur l'Arche, ce qui me fit avaler de travers. Je me suis mise à tousser un petit moment, avant de prendre le vers d'eau et de boire pour débloquer ce qui obstruait le passage. « Désoler... Je ne sais vraiment pas manger. » Dis-je avec humour, mais c'était surtout pour ne pas que la situation part sur un malentendu, mon mouvement avait peut-être créé un effet de surprise. Bien que... C'est moi qui fus surprise par la question... Moi qui espérais ne pas faire savoir aux terriens ce que je pouvais faire, afin de ne pas avoir à perdre leur éventuelle confiance en moi, c'est mal parti.

Après avoir repris mon souffle et réfléchis entre temps, je me dis que ce n'est pas non plus une bonne idée de mentir ou bien de cacher la vérité, si je souhaite débuter de bonnes relations. « Je faisais une formation pour devenir psychanalyste, Heda. » Lui dis-je, déposant mes couvercles et me concentrant sur elle, je rajoute tout de suite après. « Un psychanalyste, c'est un genre de médecin, ou de guérisseur qui soigne des blessures qui ne sont pas visibles. Leur travail est de faire prendre conscience au patient la nature de leur problème pour qu'il puisse en guérir. Comme par exemple, la mort d'un proche dont le patient ne se serait jamais remis. » Je me gratte l'arrière de ma tête, tout en me demandant une dernière fois, si je devais continuer. Je soupire discrètement au moment où je songe qu'au point où je suis, autant continuer. « Cette formation consistait à ce que j'acquière certaines compétences propres aux psys... L'observation, l'écoute, mais surtout la capacité de comprendre le patient selon sa simple gestuelle, ses émotions, son comportement, et j'en passe. » Je sais de quoi ça à l'air, même pour certaines personnes de l'arche, la psychanalyse ressemble à un tour de magie. Alors, à quoi cela doit ressembler aux yeux d'un terrien ? J'espère que la mauvaise réputation des sorcières n'a pas survécu dans leur culture. Sinon, j'ai déjà une idée de la manière dont ils me verraient. Je poursuis afin d'arriver à la fin de mon explication. « De mon côté... J'ai développé ma propre manière de venir en aide en tant que psychanalyse... J'observe, j'analyse et je deviens cette personne pour mieux la comprendre dans ses agissements, dans son caractère et dans ses blessures émotionnelles. » Voilà, c'était dit, je rajoute tout même une dernière chose. « Mais, ne vous en faites pas, Heda... Je n'oserai pas vous faire cet affront que de lire en vous. » Du moins, j'essaye de ne pas le faire.

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Psychanalyste n'est pas un terme facile, surtout si celui-ci a disparu du langage commun au natif et je peux comprendre qu'elle n'est pas comprise le mot dès son appellation. Elle fait de nouveau naître un sourire sur mon visage lorsqu'elle me demande si ce que font les psychanalystes, n'est pas une chose que tout le monde fait. « Tout le monde lève les yeux pour contempler la voûte céleste, mais rare sont ceux qui s'attardent pour y voir les subtilités. » Répondis-je en reprenant une bouchée de mon plat, je prenais soin de ne pas avaler de travers afin de ne pas subir de nouveau la petite humiliation que je me suis auto-infligée. Après avoir avalé, je rajoute rapidement pour en revenir à ma précédente phrase. « En effet, c'est ce que nous faisons tous, chacun à un degré différent... Certains le font de manière passionnelle, emphatique, d'autre comme moi de manière plus poussée, qui touche de la science de l'esprit que ce soit médical, éthique ou bien même guerrière dans votre cas, j'imagine. » Prévoir les coups, les anticiper, c'est tout un art, mais aussi toute une science mêlant la réflexion à l'étude du corps et de l'adversaire. Un autre poids se détache de moi, me donnant de nouveau une sensation de soulagement, elle ne me prendrait certainement pas pour une sorcière si elle comprend ce que je fais et c'est rassurant. J'écoute ce qu'elle me dit à la suite et j'acquiesce de la tête en même temps que ses mots sortent de sa bouche. C'est tout simplement pertinent ce qu'elle me dit, elle doit sans aucun doute savoir que notre peuple est porté sur des actes dictés par une forme de moralité elle-même guidée par l'émotion et un raisonnement qui nous est propre. Je ne dis pas que les terriens sont amoraux pour autant, ce serait faux. Mais mon peuple a une notion de moralité qui diffère de celle des terriens et celle-ci continue d'évoluer selon son milieu.

La preuve, les choses qui étaient normales sur l'arche, ne le sont plus sur Terre désormais. « C'est totalement juste... Mais le fait d'être très peu porté sur les émotions dans le but de survivre, ou faire des choses horribles sans pour autant ressentir de culpabilité, c'est en soi un trouble important. » Je dépose ma fourchette pour attraper mon vers d'eau et le porter à ma bouche, je rajoute une fois la gorgée faite. « Ce genre de personne, dans mon domaine, est désigné par une appellation très simple ; « psychopathe ». » Mon regard se pose de nouveau sur elle, tandis que je reprenais en main ma fourchette. « Chacun souffre à sa manière et souvent, on ne réalise pas qu'on souffre, c'est de mon devoir de faire prendre, à celui qui en est atteint, conscience de l'existence de la blessure afin qu'elle cesse d'être. » Lorsqu'elle demande si on avait besoin de beaucoup de psy sur l'arche, je baisse le regard inconsciemment, dirigeant celui-ci sur un objet inexistant de la table. Je tentais de garder le sourire tant bien que de mal. Je suis certainement bien placée pour dire que j'avais moi-même bien besoin d'un psy sur l'arche, le mode de vie y était compliqué à cause des règles imposées et la non-tolérance de l'autorité de l'arche. « Disons que la vie la haut n'était pas facile... » Je relève la tête à nouveau lui adressant un sourire, avant de reporter mon attention sur mon assiette. Je prends une bref respiration comme pour chasser mes souvenirs du passé et entre une bouchée je lui demande. « Heda... Comment êtes-vous devenue le commandeur ? »

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Je sais une chose qui est universelle concernant la nature humaine, celle-ci est pour nous tous étrange et d'une complexité démesurée. Prétendre connaître l'esprit humain même pour Freud, ce serait là une attitude bien trop arrogante de sa part. Non, l'esprit humain est une perpétuelle page blanche qui ne cesse de se remplir d'engrenage qui le rend davantage plus difficile à cerner. Et cette complexité, cette nature humaine, évolue selon l'époque et l'environnement de l'individu. J'ai lu un article vieux d'un siècle un jour sur l'arche, celui-ci disait : que si une personne est davantage en colère, c'est parce qu'il fait face à davantage de stimulations, d'occasion de choix, de déception. Que les gens d'autrefois ne faisaient pas de comédie dans le supermarché, tout simplement parce que les supermarchés n'existaient. Les enfants ne hurleraient pas, lorsqu'on éteignait la télévision, parce qu'il n'y avait pas de télévision. Ils ne faisaient pas non plus toute une histoire quand leur mère oubliait leurs céréales préférées, puisqu'il n'avait pas de céréales préférées. La mère d'ailleurs n'oubliait pas la bonne boîte, puisqu'il n'y avait pas de belle boîte. Il n'y avait pas tant de choix, ni d'occasion de préférer. La complexité de la nature humaine se développe en fonction de son environnement, c'est donc pourquoi je réponds immédiatement à Heda. « Un trouble n'est pas nécessairement quelque chose de mal, il ne fait que montrer la complexité de la nature humaine en perpétuelle expansion. Lorsqu'un homme ne ressent plus rien, quand il est confronté à la douleur, j'y vois là un moyen de défense que son esprit à placer pour lui. Et cela peut-être autant un avantage, qu'un fardeau selon l'individu, son époque et son environnement. » Donc, évidemment que pour elle, ce trouble soit un bienfait, vu son environnement hostile.        

J'écoute sa deuxième phrase et j'acquiesce, je ne pense pas avoir dit le contraire. C'est pour tout individu, pour tout lieu et toute époque, se laisser dominer par ses émotions n'est pas un acte sage, c'est même parfois dangereux. J'acquiesce de nouveau de la tête lorsque la commandeur dit que la vie est facile nulle part. Je ne réponds rien, lui posant peu après ma question concernant sa place en tant que Commandeur : comment elle l'était devenue ? Sa réponse me surprend un peu sans toutefois me faire réagir. Depuis toujours les hommes croient en des forces supérieurs, d'un autre monde ou plan d'existence, c'est donc avec l'esprit ouvert que j'accueille cette explication. Cela m'en apprend plus sur la culture terrienne. « C'est impressionnant. » Quelque chose me travaille tout de même, elle a dit qu'elle porte en elle l'esprit qui l'a choisi... Du coup, ça dû être de même pour les anciens commandeurs et j'imagine que Heda n'est pas la première. « Vous portez combien d'esprit en vous ? »

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Lexa & River

Je sens un certain malaise, lorsque ce que j'énonce mes propos. J'imagine qu'ils pensent que je les insulte, ce n'est bien sûr pas mon intention. Surtout, que je précise bien la nature humaine qui désigne chaque individu... C'est presque comme un instinct, l'être humain développe sans exception un trouble plus ou moins important. Ceux qui pensent qui sont normaux, ne le sont pas réellement. Il y a toujours un petit quelque chose qui est propre à l'individu en soit, selon son éducation et son mode de vie, sa sociabilité et j'en passe. Un homme qui compte les marches dans sa tête ou à haut voix, à chaque fois qu'il les monte, c'est un trouble. Le trouble est commun, on le voit et on s'en rend compte que rarement. Le trouble n'est pas un mal en soi, mais une défense propre à la nature humaine. Je ne juge pas les terriens, je les insulte encore moins, alors que moi-même je suis atteinte d'un trouble que mon esprit a développé. Quoiqu'il en soit, il était préférable de changer de sujet, semble-t-il... Peut-être un mauvais point pour moi, je ne sais pas. Généralement, les psy représentent un paradoxe, les gens les détestent pour ce qu'ils sont, des intrus qui entrent dans la vie personnelle, mais aussi des personnes capables de vous apporter des réponses à vos questions, qu'elles soient conscientes ou non. D'une certaine manière, je suis habituée au mauvais regard, ou au mal entendu. Du coup, on passe tout simplement le sujet sans insister, reprenant alors mes couvercles en main afin de terminer mon assiette. La commandeur répond donc à ma question, confirmant d'une certainement manière, mon hypothèse quant au fait qu'il y aurait les esprits des anciens commandeurs. Peut-être que cela tombait sous le sens, ou peut-être pas. En tout cas, le fait qu'elle entende des voix en elle, me rappelle fortement mon propre trouble, bien que moi je ne fais pas qu'entendre, mais je me vois...

Une autre moi, qui ne fait que de commenter ce que je fais ou ce que je vois et entends. Mais je ne peux m'empêcher de me demander ce pourquoi, elle entend les voix des anciens commandeurs ? Quelle serait l'origine de ce trouble ? J'imagine que celle-ci peut avoir plusieurs raisons... Ce monde hostile, un passé traumatisant, ou encore un sens du devoir envers ses ancêtres et mentor passé, et donc une forme de respect quel nourrit pour les ancêtres en question... Ou bien une toute autre raison que je n'ai pas mentionné. « En effet, on appelle ça une démocratie, ça signifie plus simplement que c'est un peu le peuple qui est souverain en décidant de qui le dirigera. » Je termine cette phrase, en même temps que ma dernière bouchée. C'est stupide, mais j'ai encore faim... J'aimerais mangé à ma faim, mais j'imagine que ce n'est plus trop possible pour l'instant. Je dépose mes couvercles sur mon assiette vide, puis je pose mes mains sur mes genoux.

« Croyez-vous en des formes de divinité, Heda ? »

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Lexa & River

Venais-je de toucher un point sensible, peu à peu l'esprit de la commandeur s'ouvrait indirectement à moi. Sa compréhension de la formulation de mes phrases qui semblent la faire réagir, pourtant je garde un aspect calme et neutre, presque professionnel... Ce sentiment qui semble grandir et que les rictus de son visage semblent avoir du mal à dissimuler. Je reste impassible continuant sur ma lancer, non pas pour provoquer, mais faire ce que je fais de mieux, comprendre l'individu dans ce qu'il est de plus naturel. Elle semble touchée par mes mots sans quoi elle n'aurait pas réagi intérieurement de manière émotionnelle. Plus en avance et plus elle donne l'impression que je l'insulte, mais pourquoi ? Me voit-elle comme une personne qui la voit comme sous-cultivée ? Est-ce un mal pour autant ? Nous n'avons pas vécu dans un même environnement, le mien était plus stable à la conservation des connaissances de l'ancien monde... Or, que son environnement hostile a été ravagée par la « fin »... Je trouve ça d'autant plus incroyable qu'une personne telle qu'elle existe sans même avoir les connaissances que nous ou les hommes des montagnes possèdes. Mais il est clair qu'une forme de fierté entre jeu, celui d'une femme qui ne veut pas se soustraire à l'idée d'infériorité intellectuelle... Une fierté humaine en soit. Mais une fierté qui aime jouer sur les mystères, car malgré tout, j'ignore comment elle peut savoir pour la démocratie... Comment peut-elle connaître la Politique d'un monde qu'elle n'a pas connu, d'une culture que son peuple n'a pas conservée. Est-ce que l'un des nôtres leur a déjà parlé de notre régime politique, si c'est le cas... Pourquoi m'avoir posé la question ? Pourquoi vouloir savoir comment son élu nos chefs si elle savait déjà ce qu'était une démocratie ?

Intérieurement, je m'interroge sur Heda... Cherche-t-elle a évalué notre comportement comme je peux le faire ? Cherche-t-elle simplement à discuter ou y a-t-il autre chose derrière ses questions dont elle semble peut-être déjà connaître les réponses ? Elle poursuit et elle me donne une réponse à ma question, elle nous juge par rapport à eux, peut-être même à elle. « Et pour vous Heda... Qui peut prétendre au poste de Commandeur ? Faut-il tout simplement être une basse souche ou bien faut-il posséder quelque chose de spéciale que seule les commandeurs possèdent pour accéder à votre statut ? » Je soupire d'ironie, avant d'ajouter immédiatement. « Je vous les dis Heda, des gens comme moi, nous ne sommes personnes comparés à vous et à la Chancelière... Ce que nous pouvons faire, c'est voter pour celui qui pourra nous diriger, ça nous laisse l'illusion d'un choix, c'est plus agréable que d'être soumis par la force. » Je frotte mes mains sous la table, en repassant à mon passé. « Je ne cherche pas à comparer nos peuples, juste à en connaître plus sur vous... Si vous savez des choses comme la démocratie, cela ne veut pas dire que je suis au courant que vous le savez Heda. » Ma voix était douce, mais mon regard était perdu dans le vide sous une légère sensation de vertige. « Je crois... Je crois. » Etrangement, une sensation de malaise semble grandir en moi, mais j'ignore quoi. « Je crois en l'esprit humain, il est incroyablement riche et recèle d'incroyables mystères... Et je trouve votre esprit dès plus magnifique, Heda. » Cette impression de malaise et de vertige grandit progressivement, peut-être trop soudainement. « Je... Je suis navrée... Je crois que je dois... » ** Aller voir la chancelière, je ne me sens vraiment pas bien **. Me suis-je rendu compte que ces derniers mots, je ne les avais pas prononcés. Me suis-je rendue compte qu'au moment où je me suis levée de la table, je suis subitement tombée dans les bras de l'inconscience, le dieu auquel je crois.