Lost kom hostile lands (fb ft Salem)

Perdue… La rouquine s’est perdue. Cela ne lui arrive jamais pourtant. Elle fait toujours attention. Elle a des cartes plutôt précises d’Azgeda et une ou deux beaucoup moins précises des environs autour des terres de son clan. Que son oncle, explorateur, avaient tracées il y a longtemps. Mais aujourd’hui, malgré toutes ses cartes elle s’est perdue. Pourquoi ? Alors qu’elle chassait, elle est tombée sur un groupe de grounders. Trois hommes, des rôdeurs, des bannis, détroussant tous ceux qu’ils croisaient. Avec chance, elle a réussi à rejoindre Roheryn et grâce à lui de s’enfuir, de leur échapper. Mais la poursuite a été longue, intense. Et le cerf est fatigué. Pire encore, ils sont perdus. Dans la panique, ils n’ont pas pu regarder les directions prises. Ils ont juste fui, de façon à les semer. Sans se soucier d’où cela les mèneraient. Au vue de la position du soleil, la jeune femme sait qu’elle est sur des terres situées au sud-ouest des terres de son clan. Elle le sait. Elle ne devrait pas être ici. Plus que n’importe où ailleurs, elle ne le devrait pas.

Il faut qu’ils repartent. Mais ils sont fatigués et elle est blessée à la cuisse. Un coup d’épée qui par chance n’a fait que la frôler. La coupure est assez profonde, mais elle a déjà connu pire. En boitant, parce que l’animal ne peut plus la soutenir, elle cherche un endroit où s’abriter. Elle ne devrait pas bouger, mais ils sont trop exposés ici, et il faut qu’elle se soigne. Elle gronde un peu. Elle râle et renâcle comme son cerf. Puis elle s’arrête en entendant de l’eau. Grâce au bruit, elle arrive à arriver sur la berge. Ils progressent le long de celle-ci avant de finalement trouver une petite alcôve rocheuse qui les abritera le temps qu’elle se soigne. Elle retire donc ses bottes de fourrure et son pantalon pour rincer sa plaie. Sans entrer dans l’eau, elle ne sait que trop bien quels prédateurs peuvent abriter les flots : poissons carnivores, crocodiles ou anguilles venimeuses, l’Azgeda se méfie. Elle prend donc de l’eau dans sa gourde puis elle revient s’asseoir non loin du cerf pour nettoyer sa plaie avant d’y appliquer un peu de baume. Il n’y en presque plus. Et elle aura besoin d’aller voir un guérisseur pour être soignée mieux que ça. Mais en attendant cela fera l’affaire. Elle décroche de sa selle une lanière de viande séchée qu’elle mange, puis avec une vieille bande de tissu, elle se fait un bandage de fortune avant de se rhabiller car le froid est déjà vif en cette saison. Elle n’a pas fait attention aux restes de feu qu’elle a croisé en venant, ni au fait que la berge sur laquelle elle se trouve est idéale pour pêche. Trop fatiguée, son attention est amoindrie.

La voix la surprit juste avant que le cerf ne s’agite. Et là, il s’agitait. Il panique, parce qu’il sent la présence d’un fauve. Et d’un second. S’il se méfie de l’animal aux crocs déployés, c’est sur l’humaine qu’il pose son regard un peu exorbité. Quant à l’Azgeda, elle se méfie des deux. Mais tout comme son compagnon, elle se méfie surtout de l’humaine. Elle sait que les terriens sont parfois cruels. Encore plus, ici, sur les terres de l’ouest. Elle se méfie. Elle craint ce qui pourrait arriver. Et quand elle parle, Asrid ne sent aucune empathie dans sa voix, aucune prévenance, non. C’est plutôt quelque chose de froid, comme un murmure, qui lui hérisse le poil. Un peu comme certains Azgeda qui s’approchent avec un sourire, mais qui n’ont en fait qu’une seule idée en tête : tuer, voler, piller, violer ou d’autres choses très amusantes à leur yeux. Non, vraiment, Asrid ne la sent pas. Elle se redresse un peu, méfiante. En plus, pour faciliter les choses, elles ne parlent pas la même langue. Décidément, aujourd’hui, c’est un jour sans, pour la rousse.

Dans un coin de son esprit, elle espère que la femme qui lui fait face parle le trigeda. Ou du moins qu’elle le comprend un peu. Elle l’espère vraiment. Et c’est avec le plus de calme possible qu’elle dit : « Ai laik lost... Ai bants tomorrow kom return kom the east... » (Je suis perdue... Je partirais demain pour regagner l'est...). Juste le temps de se reposer, de se soigner un peu et surtout de ne pas voyager de nuit, ce qui pourrait être pire que tout. Surtout dans des lieux inconnus. Mais pour maintenant, elle se dit que sa seule chance de s’en sortir vivante est encore de partir maintenant. Mais elle le sait, même si elle arrive à semer l’humaine, le fauve lui sera bien plus difficile à semer. S’il n’arrive pas à les rattraper tout de suite, il pourra les pister, les traquer. C’est une mauvaise idée. Mais il faut faire quelque chose, clairement. Alors, elle se penche un peu pour décrocher une lamelle de viande séchée et la tend à l’humaine, à l’animal, aux deux, elle s’en moque. Pour le moment, elle n’a pas spécialement envie d’en découdre parce que même si elle se souvient de ce que lui a appris Andor, elle n’est pas sure d’avoir le dessus, surtout avec le fauve dans la balance.

La jeune femme reprend la parole dans une langue qu’Asrid ne peut pas comprendre. Elle n’est pas à l’aise. Ce n’est pas tant la langue qui la dérange. C’est l’allure de celle qui est là, qui est arrivée pour quelque obscure raison. Le sang d’abord, les armes ensuite, sa façon d’avoir l’air menaçante, d’avoir ce regard empli d’une étincelle étrange. Et de sembler vouloir s’approprier Roheryn. Si l’humaine s’approche de l’Azgeda pour s’intéresser à la viande que celle-ci tend, le fauve lui s’approche de son compagnon, il le renifle. Finalement, la femme aux yeux maquillés d’une couleur foncée qu’on pourrait presque deviner rouge, prend la viande. Mais l’animal lui semble toujours s’intéresser au cerf. Roheryn baisse d’ailleurs ses bois pour menacer le fauve comme pour le prévenir qu’il n’a pas intérêt à s’avancer plus. Asrid se redresse un peu tout en écoutant la jeune femme parler dans sa langue et tend la main pour apaiser le cerf. Pas besoin d’énerver tout le monde. Il semble réceptif et elle se tourne pour répondre : « Osir got lost trying kom escape a kru gon men kom the east... » (Nous nous sommes perdus en cherchant à fuir un groupe d'hommes de l'est...). Nous. Une façon ne lui faire comprendre que l’animal n’est pas une proie, ou un repas. Elle le défendra. Comme elle imagine qu’elle défendrait le fauve qui l’accompagne. Enfin, Asrid ne sait pas vraiment si elle peut penser comme ça ou non. Elle semble là et à la fois non… Elle parle seul ou à son compagnon, difficile à dire. Puis, elle complète : « Osir pause. ai took the opportunity kom look pas me... » (Nous faisons une pause. J'en ai profité pour me soigner...).

Et plus les minutes s’égrainent plus l’Azgeda est mal à l’aise. Il y a quelque chose en elle qui lui glace le sang. Pourtant, en grandissant sur les terres du clan des glaces, elle en a vu des choses horribles. Elle en a côtoyé des guerriers sanguinaires. Mais chez elle, c’est différent. Oui, c’est quelque chose d’autre que la grounder n’arrive pas à s’expliquer et qu’elle n’aime pas du tout. Pourtant, elle tente de rester neutre, elle reste calme, pour ne pas laisser transparaître sa peur. Elle la considère d’un regard simple, très peu chargé en émotion si ce n’est un peu de respect. Car pour grandir sur ces terres et rester en vie, cela doit témoigner d’une combativité importante. Elle coupe un bout de viande séché et le mange, puis elle regarde à nouveau le fauve pour vérifier qu’il reste tranquillement. Tant qu’il ne fait rien, elle ne fera rien. Le cerf, lui, le surveille. Il se tient prêt à réagir aussi. Finalement elle demande : « Chit brings yu hir? » (Qu'est-ce qui vous amène ici ?). Par ici, elle désigne la rivière, qu’elle montre de la main d’ailleurs pour être bien sûr d’être comprise. Elle se doute bien qu’elle est née ici ou du moins qu’elle y vit depuis un certain temps. Non, c’est ce qu’elle fait à la rivière qui l’intéresse.

Pour la viande séchée, la femme qui fait face à l’Azgeda la remercie. Mais elle sait très bien que la politesse n’est pas signe de bonne entente. C’est juste de la politesse. Peu importe la raison qui pousse cette étrange femme à lui dire merci, cela ne semble pas la rendre plus amicale ou moins dangereuse bien au contraire. C’est comme si en disant cela, elle s’acquittait de quelque chose qui lui permettra de faire autre chose. Non, vraiment, ça ne plaît pas à la rousse. Cette situation est étrange. C’est un peu comme dans un rêve duquel on n’arrive pas à se réveiller. Mais elle sait qu’elle ne rêve pas. Elle est belle et bien réveillée parce que dans ses rêves, ses blessures ne lui font pas mal. Et là, sa blessure à la jambe la lance. Pas autant que certaines autres blessures qu’elle a déjà eu, mais un peu quand même. Puis, elle répondit à sa question en montrant ses cheveux et la fourrure de l’animal. Laver. Bien sur oui. L’eau permet de se décrasser, de retirer le liquide qui les rend poisseux. Elle ajoute autre chose. Poisson aussi. Elle acquiesce simplement. C’est aussi dans la rivière. Peut-être de la pêche oui. Pour se nourir. Bien. Asrid espère donc qu’elle se contentera de les laisser partir, elle et son cerf en allant faire ce qu’elle avait prévu initialement. Finalement, faire route de nuit lui semble une meilleure idée que rester immobile, offerte et fragile.

Puis, elle reprend la parole, et ce qu’elle entend fait courir un frisson très désagréable le long de sa colonne vertébrale. Comment ça, ils mangent sa race ? Des humains ? De vrais humains faits de chair et de sang ? Ils dévorent des hommes et des femmes ? Des enfants ? Asrid reste un instant interdite, figée devant la jeune femme. Elle ne sait pas quoi dire. Elle ne sait pas quoi faire. Elle en a même arrêté de manger sa viande séchée parce que soudainement son appétit s’est envolée. Elle résiste même à l’étrange nausée qui tente de s’emparer d’elle. Comment peut-on manger des hommes ? Elle ne comprend pas très bien là. Elle savait pour avoir entendu des rumeurs que les terres de l’ouest étaient peuplées d’être étranges. Et cette jeune femme qui lui fait face est effectivement étrange de part son apparence et sa façon de parler. Mais là, cela dépasse tout ce qu’elle pouvait imaginer. « Yu... ». Elle reste pantoise, ne sachant même pas quoi dire. Puis finalement, elle avale sa salive et répond : « So osir're really leaving... » (Alors, nous allons vraiment partir...). Pas demain. Pas dans quelques heures. Maintenant. Asrid se rend compte que la jeune femme a raison. C’est dangereux. Mais avant de se lever elle lui dit : « Mochof gon warning me... » (Merci de m’avoir prévenue). Même si la rousse n’explique pas la raison d’une telle décision, elle ne peut que la remercier de l’avoir fait. Maintenant, il n’y a plus qu’à espérer qu’elle la laisse partir. Avant de se lever, Asrid termine son morceau de viande séchée pour ne pas gâcher et parce qu’elle n’est pas contre un peu d’énergie supplémentaire.

Manger ceux de sa race. L’annonce est claire, évidente, elle ne souffre à aucune interprétation. C’est comme ça, elle mange les grounders, elle mange les frères et les sœurs d’Asrid. Est-ce des gens de son peuple qui ont attaqué sa famille et tué son frère et son père ? Est-ce qu’ils ont fini dévoré comme ça ? Asrid ne le sait pas. Peut-être est-ce simplement des grounders comme ceux qui l’ont attaqué elle la forçant à se perdre sur ces terres. Peu importe. Ce qui compte-là, maintenant, c’est ce sourire sadique qui vient de se dessiner sur ses lèvres. Même le cerf sent que c’est de mauvais augure. Le temps de finir sa viande et la femme qui lui fait face reprend la parole. Et très vite, cela se confirme. Ne pas la remercier. 5 minutes d’avance. A toute vitesse Asrid essaie de se rappeler d’où ils viennent. Le chemin qu’ils ont pris pour venir. Et finalement, elle décide de s’orienter par rapport au soleil. Elle vient de l’est. Le soleil se couche à l’ouest. Et la journée se termine tranquillement. Tant pis pour la nuit paisible abritée de ces gros rochers. S’ils veulent survivre, ils vont devoir se battre. Alors ils le feront. Une fois en selle, le chasseur pourra tirer son arc, elle pourra se défendre. Alors il faut saisir cette chance. Elle incline un peu la tête.

« Well. Den osir're leaving... » (Bien. Alors nous partons...). Asrid se lève, elle la regarde une dernière fois, lui adresse un dernier signe de tête. « May osir nou meet again... » (Puissions-nous ne pas nous revoir...). Que la chasse commence ? Heureusement pour elle, si elle n’est pas bonne guerrière, elle est bonne chasseur. Peut-être pas la meilleure de son clan ou des 12 clans, mais elle se débrouille. Elle ne revient jamais sans une proie, elle se tapit durant des heures. Même si là, l’odeur du cerf la dessert. En effet, le fauve va les traquer. Il va les pister. Sa seule chance pourrait résider dans le fait de trouver une rivière pour la remonter. Neutraliser l’odeur du cerf grâce à l’eau et gagner du temps. Une rivière. Trouver une rivière. Alors qu’elle saute sur l’animal en tirant sur sa blessure sans sourciller, elle lui fait faire volte-face. Le regard de la barbare lui annonce qu’ils ne cesseront pas de les traquer. Alors l’Azgeda doit profiter de ces 5 minutes. Tout en lançant l’animal qui ne galope peut-être pas aussi vite qu’un cheval, elle se tourne une dernière fois pour aviser l’animal cette fois. Sa carrure, sa musculature qu’elle devine pour apprécier la menace. Bien. Une fois qu’elle l’a bien dans l’œil, elle tire son arc en se baissant pour éviter les branchages. Le cerf lui avance. Elle lui a donné une direction. Et elle le guide aux jambes, comme il en a l’habitude. Alors il avance, aussi vite qu’il le peut, pour sauver sa vie. Car le cerf est un animal à l’instinct de survie assez vif, toujours chassé : par les hommes, par les prédateurs, il a appris à survivre. Et il continuera à le faire.

Fuir. Fuir pour sauver sa vie. Un guerrier Azgeda n’aurait jamais accepté cela. Mais Asrid n’était pas une guerrière. Loin de là. Tellement loin. Alors elle cherche parmi les branchages, en coup d’œil hachés, une direction. Elle se fie au soleil qui rayonne dans son dos. Plein est. Plein est. Le chasseur et son cerf repartent plein est. Il faut réussir à retrouver des terres connues, des terres accueillantes, leurs terres. Chez eux. Elles semblent si loin. Trop loin. Le cœur d’Asrid bat tellement fort dans sa poitrine. Il n’a jamais battu aussi fort. Même quand on lui a annoncé la mort de sa famille. Oh ça non. Mais les deux indigènes les retrouvent. Et tandis que le fauve se jette sur eux, crocs et griffes déployés, la femme, elle, lance l’une de ses armes.

Ce qui se passe ensuite est confus. Le cerf, terrifié, tente de changer de direction mais s’emmêle les pinceaux et manque de tomber. La lame de la femme mord donc l’épaule du chasseur qui décoche sa flèche. Désarçonnée par la presque chute de sa monture, la flèche change de trajectoire. Au lieu de partir droit en direction de sa gorge, elle se dirige vers l’épaule du fauve. Et alors qu’une branche lui fouette le visage, elle ne peut pas voir si elle a atteint sa cible. Elle roule au sol, projetée par la vitesse et le mouvement imprévisible de Roheryn. Alors elle se redresse, elle pose un genou au sol et encoche sa nouvelle flèche alors que le cerf se tourne pour faire face, penchant la tête près à empaler l’animal sur ses bois s’il s’approche trop. Elle pourra le toucher. Sa blessure à l’épaule lui fait mal mais tirer d’aussi prêt est une bénédiction pour elle. Elle est sure de ne pas rater sa cible. Et elle vise l’animal tout en cherchant à voir s’il est blessé. Alors elle dit : « Ste in der, ai would nou hurt your companion... » (Restons en-là, je ne voudrais pas blesser ton compagnon...). Si c’est déjà fait, elle ne regrette pas et ça se voit. Elle ne partira pas sans se battre. Elle tend un peu plus sa corde et attend patiemment de voir ce qu’elle fera. Maintenant la fuite n’est plus une option.

Le chasseur l’a bel et bien touché. Elle est satisfaite, même si elle ne le montre pas, elle est fière d’avoir réussi à toucher l’animal tout en étant déstabilisée de la sorte. Il n’est plus une menace pour le moment et son propre compagnon n’est pas blessé non plus. Pour le moment. Pourtant, lorsqu’elle voit la femme rejoindre l’animal et s’adresser à nouveau à elle, elle penche un peu la tête. De toute évidence, elle ne la poursuivra pas. Sans doute à cause de cette blessure. Difficile pour Asrid de dire que la barbare est inquiète, mais elle semble en colère. Ou pas vraiment. L’Azgeda a du mal à déchiffrer la jeune femme. Elle lui a laissé un peu d’avance pour la viande. Et là, elle s’occupe de son animal. Alors elle se redresse et elle fait signe à son cerf de ne pas bouger avant de s’avancer. Elle s’accroupit face à la femme et lui dit : « As the arrow was nou planted, em ste necessary kom sew en care kom prevent the plague infects... » (Comme la flèche ne s'est pas plantée, il faut recoudre et soigner pour éviter que la plaie ne s'infecte...).

Asrid la regarde. Elle sait qu’elle ne le devrait pas, qu’elles sont ennemies par nature, que la jeune femme était prête à chasser l’intrus et le cerf pour les tuer et les dévorer. Pourtant, elle ne peut que reconnaître cette façon qu’elle-même aurait de prendre soin de son cerf, de s’en inquiéter. Alors elle a envie de faire quelque chose pour elle, avant de partir, avant de quitter les terres. Difficile à dire si la barbare aura de quoi se soigner. Alors elle plonge la main dans ses fourrures et sort un pot pour lui tendre et dire : « Disha will allow the wound kom ste healthy...yu treat en chit a strik alcohol kom clean ? » (Cela permettra à la plaie de rester saine... Tu as de quoi soigner et un peu d'alcool pour nettoyer ?). Elle esquisse un léger sourire, tout en posant le pot près du fauve. Elle ne sait pas si elle saura le faire elle-même. Arc posé au sol, flèche à côté, elle a les doigts sur l’arme, autant pour garder l’équilibre que pour se protéger au cas où. Mais elle ne semble pas agressive, au contraire. Finalement, elle demande : « Do yu know how kom do disha ? » (Sais-tu comment le faire ?). Il n’y a pas de méchanceté ou de jugement. Asrid veut juste être sure que la jeune femme saura soigner son compagnon. Elle semble être plutôt au point pour tuer, torturer et dépecer, mais pour soigner, cela peut être différent.

La colère de Salem, Asrid peut la comprendre. Même si elle n’est pas capable de comprendre ce qui peut pousser la femme qui lui fait face à dévorer d’autres hommes, elle est capable de comprendre pourquoi elle est en colère. Elle-même serait capable de tuer si l’on s’en prenait pas à Roheryn. En plus d’être un compagnon fidèle depuis de nombreuses années, il était la clé de sa survie dans les terres sauvages des Azgeda. De la même façon que le fauve devait être utile à la jeune femme : pour chasser notamment. Alors à sa question, Asrid répond : « Em beda be important kom yu... » (Il doit être important pour toi...). Puis elle ajoute : « Hogeda lives laik important kom me. » (Toutes les vies sont importantes pour moi.).

Peut-être qu’elle ne comprendra pas. Peut-être qu’elle n’écoutera pas. Elle s’en moque. Asrid est comme ça. Elle tue des animaux pour nourrir les siens mais avec respect. Avec beaucoup de respect et de gratitude. Car ce sont eux, les animaux, les plantes qui les nourrissent, qui permettent aux hommes de survivre. La Terre les abrite, les nourrit. Alors Asrid la respecte. Et elle respecte la vie des autres hommes aussi. Autant que possible. Puis, la jeune femme lui répond qu’elle sait comment faire et qu’ils ne sont plus une menace. Asrid comprend donc qu’elle peut quitter l’endroit sans craindre d’être traquée. Du moins par eux. Alors elle acquiesce et se redresse. Elle lui adresse un léger sourire puis s’en retourne au cerf, en boitillant à cause de sa blessure. Elle remonte sur son compagnon puis après un dernier regard pour la barbare puis s’éloigne.