Ses doigts s’agitèrent contre le nœud qui retenait ses poignets. Dès qu’elle ressentit le relâchement soudain de la pression, ses bras s’écartèrent l’un de l’autre brusquement. Des marques rougeâtres marquaient ses frêles poignets. Leo baissa le regard, notant le temps sur une feuille, une moue pensive aux lèvres. Elle plissa les yeux en faisant claquer sa langue contre son palet. Elle n’aimait pas faire ce genre d’exercices, elle était meilleure intellectuellement ou avec la flore et la faune, pas dans les trucs physiques. Elle regarda les résultats précédents qui défilaient. Elle n’avait pas fait un très bon score et cela l’irrita. Elle se contenta de lancer la corde au bout de la pièce et grommela de mécontentement. Même de vulgaires petits exercices de ce genre, elle échouait lamentablement. Elle rejeta ses cheveux vers l’arrière d’un rapide mouvement colérique. L’odeur de nourriture titilla ses narines alors qu’elle sortait à l’extérieur. Elle jeta un regard autour d’elle à la recherche d’un visage familier, mais personne n’était en vue. Ce n’était définitivement pas sa journée. Elle se dirigea vers la sortie de l’avant-poste des Grounders pour se rendre vers la forêt. Elle hésita un instant à s’y rendre, mais le regard dédaigneux d’un Grounder la convainquit qu’il était temps qu’elle prenne l’air. Leo lui jeta un regard courroucé avant de foncer dans les épais bois. Elle se mit à courir à travers les arbres, ses cheveux lui fouettaient le visage. Courir. L’air frais fit lentement redescendre sa rage qui était née au creux de ses entrailles. L’adrénaline se dilua au rythme des secondes qui s’égrenaient et de son coeur qui pulsait. Leo finit par s’arrêter au beau milieu de nulle part. Son souffle était court alors que sa poitrine se soulevait rapidement. Elle leva la tête vers le ciel couvert, ses mains se posant sur ses hanches. Ses poumons la brûlaient et ses jambes semblaient ankylosées. Elle tourna sur elle-même tentant de deviner où elle était.
« Il ne manquait plus que ça », s’exclama-t-elle avec découragement.
Elle commença à revenir sur ses pas, ses bras croisés devant elle. Elle avait hâte que cette journée finisse enfin. Elle soupira bruyamment repoussant des mèches qui lui tombaient sur le visage. La nature acheva les restants de colère qu’elle avait avec son silence tant apprécié. Elle observait les longs troncs d’arbre couverts de mousse et les petits animaux qui passaient rapidement à ses côtés. Leo s’arrêta finalement près d’une plante aux grandes feuilles rougeoyantes. Ses doigts effleurèrent les feuilles alors qu’elle l’observait avec attention. La plante grimpait le long du tronc en s'accrochant aux imperfections de ce dernier. Une odeur fruitée et terreuse flottait dans l'air rendant finalement le sourire à la jeune femme. Leo finit par se redresser, alertée par un bruit. Elle fit quelques pas, incertaine. Ses yeux scannèrent les alentours. Elle fit une prière silencieuse pour que ce ne soit pas un barbare ou tout simplement un Grounder. L'un lui donnait encore d'horribles cauchemars et le second finissait toujours par lui tomber sur les nerfs.
« Il y a quelqu’un? Je-je suis armée! » Cria-t-elle en cherchant quelque chose qui allait pouvoir lui servir d’arme, sa voix se faisant hésitante.
Elle retint les injures qui ne demandaient qu’à traverser ses deux lèvres scellées. Il n’y avait rien qui pourrait l’aider à se défendre. Elle avait raté sa chance d'ailleurs d'intimider son supposé adversaire avec cette voix hésitante et de petite fille qu'elle avait. Elle espérait qu’en fait, ce ne soit qu’un simple animal qui passait par là. Leo plaqua son corps contre l’arbre, l’écorce rugueuse s’accrochant à ses vêtements. Elle se mit sur la pointe des pieds tirant sur une branche. Elle lâcha un grognement d'effort alors qu'elle tirait la branche vers elle pour la briser. Elle s'excusa silencieusement à l'arbre. La branche céda enfin entraînant Leo dans une chute. La délinquante se redressa rapidement en maudissant sa maladresse. Elle débarrassa ses vêtements de la terre qui s'y était accrochée. Elle jeta un regard à cette branche qui était plutôt frêle. C’était mieux que rien après tout. Elle se tut, attendant de voir si elle obtenait une réponse. Son cœur se débattant sourdement entre ses deux poumons. Ses mains se resserrèrent autour de son arme improvisée qui risquait de faire mal seulement à une mouche.
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