There is an outsider beside you ▬ Lexa

Polis était en effervescence et Aden aimait le gout qu’il y avait dans l’air lors de ces jours de festivités. Les troupes de Heda revenaient. Plus particulièrement, Heda revenait et c’était tout ce qu’il fallait pour que la tour soit vive d’activité, les serviteurs préparant les appartements des responsables, s’affairant en cuisine et dans tous les recoins, pour qu’une Polis grandiose accueille une Heda grandiose. Les apprentis étaient tous enthousiastes du retour de leur mentor et ils s’étaient rendus dans les rues de la ville quand la nouvelle était arrivée que les troupes étaient à proximités. Ils avaient joués des coudes et tous les adolescents qui se connaissaient depuis des années maintenant, avaient acclamé l’arrivée de Heda. Aden, intrigué, avait tout de suite reconnu les visages qu’il ne connaissait pas, suivant longtemps une blonde aux habits étranges, jusqu’à ce que ce soit le tour des combattants de revenir et que son attention soit portée sur ceux-ci.

Ils ne s’étaient pas attardés dans les rues, revenant au pas de course jusque la tour où ils avaient suivi de loin les murmures dans les couloirs, observant des diverses fenêtres les préparations. Titus les avait appelé au calme à plusieurs reprises et finalement, le pauvre homme avait accepté de répondre, pour calmer les esprits des apprentis. Jusqu’à ce qu’il soit amené à recevoir Heda lui-même. Alors, seulement, les Nightbloods s’étaient tenus droits et fiers du retour de leur leader tant attendu. Ils furent présentés à ces figures qu’ils ne connaissaient pas et Aden apprit que l’inconnue était une Skaikru. Son attention s’acéra d’avantage en lisant la proximité entre les deux femmes. Il ne dit rien. Il n’avait rien à dire.

Heda disparut vers d’autres obligations et les discussions allèrent bon train à propos des nouveaux conseillers. Elles continuèrent tandis que les apprentis se rendaient à leurs diverses occupations. Aden, après quelques heures, se rendit jusque la bibliothèque de la tour, pour tenter de trouver une lecture qui nourrirait son esprit. Titus lui avait conseillé un « art de la guerre » qu’il avait fini par trouvé et c’est en chemin jusque dans les quartiers des Nightbloods qu’il croisa une figure qu’il n’avait plus croisée depuis bien des semaines.

Aden se décala du milieu du couloir et se tient droit, le visage fixant un point particulier, pour s’empêcher de dévisager Lexa. « Heda. » Salua-t-il, tout en s’inclinant respectueusement.

Juchée sur Erèbe, sa cape relevée sur le haut de sa tête, chevauchant aux cotés de Clarke, au milieu de la caravane, Lexa était enfin revenue à Polis. Elle était rentrée dans cette ville qui était la sienne, et elle se sentait étrangement heureuse. Bien sur, il y’avait nombre de choses à traiter. Les attaques de barbares vers l’Ouest déjà. La coalition avec les Skaikru. Bien sur, elle ne pouvait pas avoir un seul moment de calme peut être. Mais elle trouverait le moment d’offrir Polis à Clarke, comme elle le lui avait promis. Tout viendrait en son temps. Pour l’heure, elle devait s’entretenir avec des gens, et avoir l’air victorieuse. Elle l’était après tout. Qu’importe que les Skjeran et les barbares posent soucis n’est ce pas ?  

Les minutes passèrent, le temps s’agita. Lexa enfin mérita d’un temps de calme, et quittant Titus avec qui elle venait de s’entretenir, elle marchait d’un pas determiné à travers les étages de la tour quand au détour d’un couloir une tête blonde lui apporta un sourire aux lèvres. «  Heda »  Aden était la, semblable à cette image de lui qu’elle avait dans ses souvenirs, peut être un peu plus grand – et il grandirait encore, elle en était bien sure, un jour il la dépasserait et elle se sentirait petite, mais également grande et fière d’être à ses cotés, tout comme il devait également l’être -   respectueux comme toujours. «  Aden. »  Sa voix était légère, bien qu’un peu fatiguée. La route depuis l’avant poste non loin de Ton-DC avait été plutôt longue et elle avait déjà hate du moment où elle pourrait enfin trouver le repos dans son lit confortable, en compagnie de Clarke. Bien entendu, cela prendrait le temps que ça prendrait, le commandeur ne se reposait que quand plus aucune affaire ne nécessitait son attention, et entendu qu’elle venait de revenir à Polis, des affaires pressantes, il y’en avait aussi. Soit. Le moment n’était pas à ça, et son ami, son frère Nightblida, était la et elle allait profiter du calme dans sa journée pour s’entretenir quelque peu avec lui. Il lui avait manqué. Les autres également, mais elle avait peut être un meilleur lien avec Aden que celui qu’elle entretenait avec les plus jeunes.  

Alors, elle ne bougea pas du couloir, et lui fit signe de se relever. «  Comment vas tu ? »  C’était une question comme une autre, un prémices à tout ce qu’elle pourrait lui demander.  Comment s’étaient passées les choses ici ? Que devenait il ? Que pensait il de leurs nouveaux alliés.

La colonne d’Aden se durcit quand il comprit qu’il avait droit à toute l’attention de Lexa. Dans le coin de son regard, il attrapa l’éclat d’un sourire et ses lèvres lui échappèrent l’espace d’un instant, quelques secondes tout au plus, où le coin de sa bouche se souleva en une expression heureuse. Puis, tout fut partit et ses traits retrouvèrent cette neutralité travaillée, ce sérieux dans le fond de ses yeux gris. « Aden. » Il inclina à nouveau la tête, alors qu’il enregistrait qu’au ton de Heda que l’échange ne serait pas aussi officiel qu’il aurait pu l’être s’ils avaient été dans la salle du trône et que les autres Nighblood se trouvaient là. C’étaient ces petites rencontres fortuites qui comptaient tant aux yeux de l’apprenti. Ces moments où il n’y avait qu’eux, au détour d’un couloir, au détour des obligations de leurs vies, de ce rang qui régnait sur eux. Bientôt, le signe fut donné pour qu’il se détende. Ses mains se desserrèrent dans son dos et elles tombèrent le long de son corps. Ses doigts caressèrent légèrement la couverture du livre qu’il avait récupéré, alors que son attention tombait sur une Heda visiblement fatiguée – oh, c’était à peine là, mais c’était présent. Et Aden était assez familier avec les Nighblood pour le reconnaitre. Assez intelligent pour ne pas le souligner à voix haute.

« Comment vas tu ? » Il pondéra la question et laissa le silence s’insuffler avant qu’il ne réponde. C’était une habitude. Etre sûre qu’il sache ce qu’il désirait dire, pour ne pas se retrouver à prononcer des mots qui n’étaient pas désirés. « Bien, Heda. » Il s’inclina à nouveau, brièvement, par réflexes, avant de se redresser. « Tous les Nighbloods sont heureux de votre retour. » C’était presque un euphémisme. Les entrevues avec Heda étaient toujours un plus à leurs journées que les adolescents attendaient. Ca les sortiait de la monotonie de l’entrainement et des cours de stratégie. Heda avait une vision de la vie qui, si elle était enseignée dans les livres, comme celui qu’il tenait entre ses mains, était appliquée présentement. Elle avait arrêté les élans de guerre et la paix était un nom qui se murmurait de plus en plus dans les rues de Polis. Et ça rendait Aden si fière de savoir que c’était Lexa qui était à l’origine de cette joie, de ces exploits. Ca renforçait son admiration et sa motivation d’apporter son soutien à Heda comme on lui avait appris : en étant un bon élève.

Certains disaient qu’il était le meilleur, Aden ne voulait pas y mettre un avis. Il se devait d’être modeste, de considérer ses frères et sœurs Nighblood comme une menace constante. Il ne pouvait pas se laisser aller, car c’était dans ces moments que les erreurs involontaires se produisaient. Et s’il aimait l’échec, s’il supportait la douleur dans ses côtes d’un mauvais coup de bâton, c’était toujours des éléments pour lequel il était mentalement prêt. Le mental. Toujours. Au-dessus que cœur. Au-dessus du corps. Il observa un instant Lexa, avant de détourner son regard sur un point qui serait moins intrusif. « Nous avons entendu vos exploits avec les skaikrus. » Il marqua une pause. Osa. « Accepteriez-vous de nous en parler ? » L’anglais souligna le léger doute qu’il avait, mais tellement faible face à la curiosité et l’entrain que l’idée insufflait en lui.

Elle aimait les sourires d’Aden, et désormais, depuis son retour de l’assaut sur la Montagne, depuis Clarke peut être, elle avait remarqué que ses sourires à elle, étaient plus simples à venir. Elle se revoyait quelques années avant, avant même que Costia ne lui soit arrachée, avant que sa vie ne s’éffondre un peu plus. Et oui, elle avait beaucoup perdue dans cette nouvelle guerre. Elle avait perdu Anya et elle avait la sensation que la seule grande sœur qu’elle n’ait jamais eu, lui avait été arrachée – par les skaikru, par ces gens qu’elle ramenait chez elle.  – mais elle la pleurerait en temps voulu – elle ne la pleurerait pas. -  Mais elle avait gagné aussi, une nouvelle liberté à l’interieur de son être. Elle se sentait différente. Mieux peut être. Toujours un peu inquiète, toujours Heda à vrai dire, ce commandeur impitoyable. Mais ses sourires venaient mieux. Parce que Clarke s’était fait une place dans son cœur.  Alors oui, Aden gagna une espèce de sourire lui aussi. Et elle le regarda se détendre, jetant un œil sur le livre qu’il avait prit – lecture intéressante -  avant de s’interesser à lui.

La question était simple. Existante. Et comme à son habitude il attendit quelque peu avant de lui répondre. Elle le connaissait assez pour savoir qu’il pesait ses mots. Pour ne jamais dire ce qu’il ne fallait pas. Pour ne jamais heurter. Aden était un chic garçon. Chou et tendre. Intelligent et plaisant. «  Tous les Nighbloods sont heureux de votre retour. » Elle le savait bien entendu ; Elle avait vu leurs regards avides tandis qu’elle revenait à Polis, traversant les rues sur Erèbe. Elle avait senti leurs yeux curieux. Et elle savait à quel point ils aimaient ces soirs où elle leur parler. «  Tu m’en vois heureuse. Je suis heureuse d’être rentrée auprès de vous également. » Et chargée de nouvelles connaissances qu’elle pourrait partager avec eux, elle avait hate de la prochaine leçon. De ce moment où elle partagerait ce qu’elle avait apprit avec ces enfants avides dont elle était la seule la famille. Qui étaient pour eux même la seule famille qu’ils auraient à jamais désormais. «  Nous avons entendu vos exploits avec les skaikru. » Elle senti le silence, et l’hésitation. Elle garda sa bouche fermée également, attendant qu’il ose. «  Accepteriez-vous de nous en parler ? » Elle attendit un peu. Fière qu’il ait osée. Heureuse comme si elle avait retrouvée sa famille. Et elle hocha la tête. «  Je vous en parlerais demain, quand les Nighbloods seront réunis. »     Ca  semblait direct, un peu comme un «  plus tard » un peu comme un « non » et elle reprit. «  Mais je peux t’en parler si tu marches quelque peu avec moi. »  La proposition était la. Elle avait envie de faire une promenade dans la Tour pour s’assurer que tout était à sa guise. Aden serait le bienvenue.

« Tu m’en vois heureuse. Je suis heureuse d’être rentrée auprès de vous également. » Aden ne dit rien, car ce n’était pas sa place de le dire. Car ça aurait été mal perçu qu’il s’étende sur cette reconnaissance. Leur logique était faite de compassion, oui, et c’était la seule forme d’attachement qui ne serait pas mal perçue. Et puisqu’il ne pouvait rien dire – que de ce fait, il avait envie de ne rien dire – il se contenta de serrer sa mâchoire pour réprimer un sourire, alors que dans la mouvance de ses traits, il était évident que la confirmation de Heda initiait un bonheur chez l’apprenti. « Welcome home. » C’était une expression si particulière en anglais, qui reflétait bien ce que tout initié ressentait vis-à-vis de Polis, vis-à-vis de cette tour qui s’élevait haut dans le ciel. En théorie, les douze clans étaient le domaine de Heda, mais pour Aden, il n’y avait pas de sentiment plus familier que celui d’être ici, dans ces couloirs, à s’entrainer, à discuter, se faire réprimander parfois. Cette déclaration aurait pu être maladroite, trop sensible, mais comme toujours, Aden était resté neutre, une simple déclaration sans qu’aucun sentiment ne soit montré. Pour autant, ce n’étaient pas des paroles en l’air, vu qu’il considérait l’art de la parole avec beaucoup de précaution – pour avoir longtemps observé les conseillers et les différents représentants des clans, il avait remarqué que nombre d’entre eux avaient eu le don de s’emporter. Certains se retrouvant à passer par-dessus un balcon bien connu.

Aden n’avait pas peur de connaitre le même sort, mais il savait qu’un esprit hâtif entrainait la perte. C’est pour cela qu’il pondéra calmement sa dernière question à Heda, se tendant légèrement plus, alors qu’il observait légèrement Lexa, sans se montrer invasif, attendant une réponse. Il lut chez elle une fierté familière et il échappa sans bruit le souffle qu’il était occupé à retenir. « Je vous en parlerais demain, quand les Nighbloods seront réunis. » Il acquiesça et s’inclina brièvement, échappant un « mochof » respectueux et plein d’enthousiasme de se retrouver à demain. « Mais je peux t’en parler si tu marches quelque peu avec moi. » Il se redressa, Aden, une légère surprise dans les éclats verts de son regard, une interrogation presque muette. C’était une offre qu’il serait stupide de refuser. Chaque minute qu’il passait en compagne de Heda, que ça soit pendant les leçons ou des entrevues plus simplistes comme celle-ci, Aden les chérissait particulièrement, car il n’y avait rien de plus enrichissant que de découvrir la personnalité de Lexa. Quand il était en sa compagnie, il ne voyait plus l’adolescente qui réconfortait l’enfant qu’il était. Ces souvenirs avaient une saveur particulière à ses yeux, mais ça n’était que des souvenirs et il appréciait encore plus ces instants du présent. « Sh’, Heda. » Comme à chaque fois qu’il était excité à une idée, il éluda le a de son affirmation, preuve de sa joie subite, qu’il réprimait pourtant de montrer d’une toute autre manière. Même si un sourire combattait l’accès à ses lèvres, qu’il retint du mieux qu’il put, accentuant la pression dans sa mâchoire, la lueur timide dans le fond de son regard. Alors, Aden se déplaça du côté du couloir pour se mettre à niveau de Heda, un pas en arrière, tout de même, les bras dans les dos, droit et prêt à suivre son maitre.

« Welcome home. » Les mots résonnaient son cœur quelques instants, et dans cette langue elle entendait parfois Clarke. Elle chassa cette idée. Elle ne pouvait pas se permettre de se laisser obnubilée par la fille du ciel. Sa Fille du ciel. Elle ne pouvait pas se permettre de la laisser hanter ses pensées et peser sur ses décisions – c’était déjà le cas -. Alors elle se contenta d’un visage un peu doux – adouci – et ses yeux brillèrent d’une émotion qu’Aden reconnaitrait. Elle était à la maison. La Maison même. Elle pouvait dire la Maison. C’était ce qu’était cette Tour n’est ce pas ? C’était ce qu’était la Terre aussi, mais soit. Elle était la, et elle était bien décidée à y rester un moment. Même si sous peu probablement elle allait devoir repartir en guerre, elle n’en perdrait pas une miette, de son temps. D’ailleurs elle organisait déjà une entrevue avec les Nightbloods. Demain.

Pour l’heure il y’avait Aden, à qui elle fit une proposition qui sembla l’animer de joie. Forcément. Elle n’aurait pas attendu le contraire, et elle aurait même été étonnée qu’il refuse une telle offre. – On ne savait jamais, peut être était il attendu ? - Elle s’en voudrait que Titus l’engueule à cause d’elle. Et pourtant, il acquiesça de sa manière bien particulière de prononcer les lettres, d’en éluder certaines. Et elle hocha la tête. « Allons y. » Et sans plus attendre elle commença à marcher, alors qu’il la suivait, un pas derrière elle et un peu de timidité dans les yeux, droit, bras croisés, fidèle à lui même. Son regard se perdit quelques instants, et croisant elle aussi les bras derrière son dos, pour une fois dépourvu de sa cape rouge, elle reprit la parole. « Comme tu le sais, j’ai envoyé Anya enquêter sur les problèmes que les Trikru nous avaient signalés, Et recevant son message sur la guerre, et les messagers parlant d’autres vaisseaux, je me suis rendue moi même à la tête d’une armée de la coalition sur les terres envahies. » Plus elle racontait cela, plus elle avait l’impression que ces actes venaient d’un autre temps. « Nous aurions rasé leur campement rustique, si l’une des leurs n’était pas venu nous proposer une alliance. » Elle avait prit un petit silence, pour la forme. Et parce qu’elle ne rentrait pas non plus spécialement dans tous les détails. L’assassin. La façon dont elle avait regardée Clarke la première fois, et dont elle la voyait maintenant. L’affection qu’elle pouvait ressentir pour elle. « Les choses n’ont pas été faciles, mais nous avions finalement d’avantage à y gagner, et l’alliance faite, nous avons unis nos forces pour rayer à jamais la menace de la montagne. » C’était… Un résumé un peu bref. Elle ne doutait pas qu’il aurait peut être des questions, mais elle supposait aussi, qu’il hésiterait à les poser. « Tu peux me poser des questions si tu veux. » Aussi préféra t’elle le préciser.

Les gestuelles étaient similaires et la conscience d’Aden n’enregistrait pas vraiment cette ressemblance. Il apprenait des meilleurs et éventuellement, il serait amené à être Heda, un jour. Lexa était l’exemple à suivre par excellence et ce n’était pas rare de voir chez les Nightblood une similarité dans les gestes, le choix des propos, le trait d’esprit. Et puis, Aden était trop occupé à se réjouir de la discussion improvisée qu’il avait avec Heda. Trop occupé, aussi, à ne pas le montrer, même s’il savait qu’il ne trompait aucun des deux possesseurs de sang noir. C’était ainsi, la rigidité constante, pour éviter un écart. Il était bien conscient que Heda ne le punirait pas pour une faute comme montrer trop son enthousiasme, mais Aden n’avait pas droit à ce genre d’écart. Aden n’en avait pas le besoin, cela ne faisait pas partie de son répertoire d’expression. Posément, attentif, il écouta chaque propos de son mentor, la suivant dans les couloirs, enregistrant naturellement le chemin qu’ils empruntaient.

Il avait été peiné d’apprendre la disparition d’Anya. Il la connaissait depuis bien des années et si sa relation avait été distante, il ne pouvait pas ignorer le lien qui avait existé pour le second. Il serait profondément triste en apprenant la mort de Lexa, quand celle-ci arriverait. C’était ainsi, un cycle sans fin et il était conscient qu’une grande partie des individus qui passaient à la tour, ne reviendrait jamais. C’était une de ces raisons pour laquelle Aden était si soulagé de revoir le retour de Heda. Elle était partie en guerre et il n’y avait aucun mystère sur ce qui arrivait sur les champs de bataille – lui-même y avait participé à quelques-uns savamment sélectionnées.  Mais Heda était forte (et il espérait être aussi forte qu’elle un jour, Aden). Elle dépassait les attentes de tous, unifiant les peuples, défaisant la montagne. « Tu peux me poser des questions si tu veux. » Il huma brièvement, collectant ses questions nombreuses après ce résumé sommaire. Ils marchèrent encore un peu, traversant un autre couloir, le temps qu’Aden ait choisit les questions qu’il désirait obtenir, conscient qu’une partie d’entre elles seraient posées par les Nighblood le lendemain. Il voulait savoir les détails stratégiques, le timing, les pertes, les gains. Mais tout ceci lui serait apporté sans faute lors d’une lecture de Titus ou d’un autre de ses enseignants.

« Clarke kom Skaikru est celle dont vous parliez. » Ce n’était pas vraiment une question. Ce nom, il était sur toutes les lèvres et il supposait qu’elle était la plus connue parmi le peuple du ciel. « Comment a-t-elle été choisie par les siens ? » Il fronça un peu les sourcils, conscient que sa question serait simpliste. Mais il avait lu qu’il n’y avait aucune question idiote. C’était la preuve de la modestie d’esprit et reconnaitre ses lacunes était une manière d’améliorer. « Est-t-elle un Nightblood aussi ? » Avait-elle reçu les mêmes enseignements que les apprentis suivaient ici ? « L’Alliance a été respectée. Et vous avez acceptez le skaikru parmi le conseil. Ils ne sont pas trigedakru. » Il fronça les sourcils, serra un peu plus le livre entre ses mains, dans son dos. « Pas encore ? » Il n’osait pas parler à la place de Heda, mettre des mots dans sa bouche qui ne lui appartenaient pas. Mais Aden n’était pas idiot et appréciait grandement la dynamique du jeu politique de Polis. Et il était familier avec la logique unificatrice de Heda. Tout ceci faisait sens. Mais beaucoup de choses faisaient sens dans leur monde et il avait besoin d’un confirmation.

Ne serait-ce qu’evoquer le nom d’Anya l’envoyait dans un tourbillon de peine qu’elle ne montrait pas. Elle avait fait son deuil. Elle avait fait ce qu’il fallait, et elle n’avait pas cherchée la vengeance auprès des skaikru qui lui avait volé son mentor.  Elle leur en voulait dans un coin de son cœur, et cette soif de vengeance ne disparaitrait jamais. Comme ce qu’elle pouvait ressentir à l’égard d’Echo, à l’égard de tous les Azgeda. Mais elle pardonnait. Parce qu’elle était Heda et qu’en temps de guerre des choses se faisaient qui n’auraient du se faire. Elle pardonnait car elle était Heda, et qu’elle savait qu’il fallait passer à autre chose. Elle savait que parfois les décisions se prenaient par la tête, jamais par le cœur. Mais elle avait aussi apprit que le cœur avait son mot à dire. Hodness laik uf.   Comme elle l’avait dit un soir à Clarke.   Sans plus de tergiversations, l’aventure contre la montagne, et avec les skaikru l’avait changé.  Alors elle n’insista pas sur Anya, Aden avait déjà du apprendre sa mort.  Au lieu de ça, elle résuma brièvement ce qui s’était passé. Après tout, il devait déjà avoir eu vent de la majeure partie des nouvelles  peut être. Et peut être qu’elle n’avait pas pu empêcher ses yeux de briller étrangement quand elle avait évoqué Clarke. Peut être que ça serait toujours comme ça, cette manie que Clarke avait d’hanter ses pensées, et de s’insinuer où il ne fallait pas. Clarke possédait Lexa. Et insidieusement sans même le vouloir, Clarke se mettait à posséder le commandeur aussi. C’était gênant un peu. Lexa choisit de ne pas s’apesantir la dessus.

Aden avait des questions, elles furent les bienvenues. «  Clarke kom Skaikru est celle dont vous parliez. » Bien. Elles n’étaient pas toutes les bienvenues finalement, même si c’était d’avantage une affirmation qu’autre chose. Et Lexa hocha la tête, doucement. Elle ne le nierait pas. Il n’y’avait pas lieu de le faire. Aden devait bien savoir que Clarke était arrivée avec elle. Clarke, la sauveuse de Mont Weather. Clarke, l’héroïne venue du ciel. Clarke l’alliée. Clarke la niron. Non, ce dernier point restait encore trop personnel pour qu’il soit evoqué en public. Même dans le cadre du privé. Oh elle ne se leurrait. Ils étaient de plus en plus nombreux à savoir. A deviner. Mais personne n’avait jamais eu la confirmation. Ou peut être Indra. Juste Indra. Mais Indra était cette mère que l’on ne reconnaissait pas nécessiter, mais dont l’on avait quand même besoin. Cette figure forte. Ce guide.   «  Comment a-t’elle était choisie par les siens ? Est-t-elle un Nightblood aussi ? »  Les questions étaient justifiées, et Lexa secoua négativement la tête, réfléchissant à la meilleure réponse à donner. «  Elle n’est pas une Nightblood non. Elle saigne rouge. »  Et elle avait trop vu ce sang qu’elle ne voulait plus jamais voir couler. «  Je pense qu’elle a été choisie par la force des choses. Je dirais qu’elle est un leader naturel. Quand les skaikru ont envoyés leurs jeunes sur notre Terre, leur Terre, elle a eu à cœur de sauver son peuple. C’est elle qui est venu me trouver pour l’alliance, avec les reccomandations d’Anya. Je n’aurais imaginé faire un traité avec personne d’autre. »  Ou peut être qu’elle aurait éventuellement trouvé un terrain d’entente avec Kane.  Il partageait le même état d’esprit. Soit.

  « L’Alliance a été respectée. Et vous avez acceptez le skaikru parmi le conseil. Ils ne sont pas trigedakru. Pas encore ? » Aden était bien formé, plutôt intelligent, et perspicace, et si Lexa aurait niée cette implication devant la plupart des gens, elle n’était pas contre l’avouer a demi-mots. «  Certaines choses ne peuvent se faire en un jour. »   Il y’avait un vieux dicton comme ça. Il parlait d’une ville antique. Elle l’avait lu dans certains des livres reliques qu’ils gardaient. Ca n’avait pas d’interet. «  Que choisirais tu, toi ? Si tu étais à ma place ? Laisserais-tu une chance de rejoindre la coalition, au clan tombé du ciel ? »  C’était peut être l’heure de partir pour une leçon privée ?

Les informations que Aden récupérait étaient précieuses et il se les repasserait à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’il soit sûre de ne pas les oublier. Toutes les informations qu’il avait obtenu à propos du skaikru venaient des messagers qui apportaient les informations jusqu’à Titus. Ce n’était en rien des observations de premières mains et généralement, il y avait peu de détail. Aden connaissait les grands détails qui s’étaient déroulés non loin de TonDC, mais une grande part d’ombre entourait encore ce peuple tombé du Ciel. Alors, l’esprit éveillé et affamé, il écoutant les réponses de Heda. Il hocha la tête en apprenant que cette Clarke kom Skaikru possédait un sang rouge, normal. Cela voulait dire qu’elle ne pourrait jamais prétendre au poste de Heda et c’était un élément qui rassura un peu Aden. Il ignorait de quel bois était taillé le leader du peuple du Ciel, mais elle devait possédé certaines ressources pour que Lexa change ses projets initiales et accepte de lier une alliance. Encore plus, ce peuple devait avoir certaines capacités logistiques, pour avoir survécu à une armée de plus de trois cent âmes. « Je dirais qu’elle est un leader naturel. » Il fronça les sourcils, Aden, toujours un pas derrière Lexa. Ca c’était prouvé à de nombreuses reprises dans l’histoire du temps passé. Ceux dotés d’une force extraordinaire. Il plissa légèrement le nez, retrouvant bien vite son expression neutre.

Méfiant, il l’était. Car il n’avait pas eu le temps de se faire une opinion lui-même sur cette Clarke, sur ce skaikru et il restait prudent. Ce n’était pas son rôle de juger, et il ne remettrait pas en question les actions de Heda, les respectant bien au-dessus de sa vie. Ca ne l’empêchait pas de ressentir et de penser à leur propos. « Avec les reccomandations d’Anya. » Il marqua un temps d’arrêt, et quand il constata que Heda continuait à marcher, il la rattrapa. « Anya n’a pas péri dans le cercle du feu ? » La question était sincère et il était étonné de cette nouvelle information. Comment cela s’était-il passé ? De ce qu’il savait, ceux qui avaient son âge avaient causés la perte de la totalité de l’armée envoyée. Comment était-ce possible ? (Aden n’avait aucun mal à croire qu’un groupe de moins d’une centaine de jeunes aient survécus. Loin de là. Il ressentait même une satisfaction étrange, de savoir que des individus de son âge – ou légèrement plus âgés- avaient réussi à survivre par eux-mêmes. Ca le rassurait par rapport à ses propres capacités et trouvait chez ces jeunes un symbole de représentation).

« Que choisirais tu, toi ? Si tu étais à ma place ? Laisserais-tu une chance de rejoindre la coalition, au clan tombé du ciel ? » Il détailla son mentor et le problème qu’elle lui posait. Dans les yeux gris de Aden brilla une détermination, le plaisir des défis, celui de rencontrer une énigme qu’il devait résoudre. Ca n’avait rien d’un jeu et il sentit le test pesé au-dessus de lui. « Je ne connais pas bien le skaikru. Je n’ai pas les éléments pour déterminer s’ils sont dignes de confiance ou non. » Aden ne voulait pas apporter une réponse hâtive car la précipitation était ce qui pouvait les mener à leur perte, comme l’avait été la perte de ces trois cents guerriers contre un groupe d’adolescents. « Mais la confiance est un élément variable. Leur venue nous a permis de vaincre la montagne et si les faire entrer dans la coalition nous permet d’éviter qu’ils deviennent les nouveaux ennemis, alors je les inviterais à nous rejoindre. » Aden plissa les lèvres et il regarda ses pieds un instant, où ils se rendaient. « Je ne sais pas s’ils accepteront ? Une alliance est très différente de jurer loyauté. Une alliance peut être brisée sans grande conséquence. S’ils se joignent à la coalition et qu’ils s’en détournent par après, cela signifierait la guerre. » Il se replia à nouveau dans le silence, tandis que sa pensée s’entrainait encore. « Je pense que, actuellement, ils ont plus à perdre en nous rejoignant. Et nous aurions beaucoup à perdre s’ils refusaient de nous rejoindre. »

«  Anya n’a pas péri dans le cercle de feu ? » Elle ne s’était pas forcement attendu à cette question. Et elle ne s’était pas forcement attendue à devoir en dire d’avantage sur Anya. Pas qu’elle n’ait envie de cacher des choses. Non loin de la. Mais tout simplement parce que parler d’Anya la secouait encore un peu. Elle reprit sa respiration. Elle fronça les sourcils, et puis ses mâchoires se serrèrent un peu. «  Non. »  Un moment de silence, comme si elle pesait ses mots. «  Elle a été prise par la montagne, en même temps que les jeunes skaikru. Et c’est avec Clarke qu’elle s’est échappée. Elles devaient venir me trouver, quand Anya a été abattue. »  Elle garderait les détails pour plus tard. Tout ce qu’Aden avait besoin de savoir, c’était qu’Anya faisait confiance a Clarke, et que c’était pour cela que Lexa avait été tentée de lui laisser une chance.

La conversation coula ensuite, limpidement, vers l’hypothétique venue des skaikru dans la coalition. Et Aden avait visiblement beaucoup à dire. Lexa était satisfaite, il était vraiment brillant, et elle était curieuse de savoir sa réponse. «  Je ne connais pas bien le skaikru. Je n’ai pas les éléments pour déterminer si ils sont dignes de confiance ou non. » Cette réponse lui tira un sourire et un regard fier. Aden était bien digne de devenir le futur commandeur, si elle décédait – ça pourrait venir plus vite que prévu peut être - .  Il continua ensuite. Il avait l’air perplexe, et se laissait porter par le fil de ses pensées, et Lexa l’ecoutait en gardant le silence. Elle avait des arguments, à opposer à tout ce qu’il disait mais elle se doutait également qu’il avait d’avantage à dire. Alors elle se tut un peu. Ce n’était pas l’heure où elle exposait la leçon – non, celle ci viendrait après – et même si elle n’était pas d’accord avec ce qu’il disait. Ou du moins pas sur l’entiereté, elle n’interviendrait pas tout de suite.   «  Je pense que, actuellement, ils ont plus à perdre en nous rejoignant. » Sur ce, elle n’était pas d’accord du tout, mais elle se mordit la lèvre, et fit preuve, une fois de plus de la retenue qui la caractérisait. « Et nous aurions beaucoup à perdre si ils refusaient de nous rejoindre » Elle arqua un sourcil. Visiblement il n’avait pas fini, mais c’était comme si il attendait une réaction de sa part.

Elle brisa l’espece de calme. «  Tes pensées sont intéressantes, Aden. Pourrais tu développer d’avantage ?  Que perdrions nous par exemple ? »   Pour elle, il n’y’avait rien à perdre. Si les skaikru refusaient la proposition et bien ils continueraient leur chemin. Elle discuterait de ça avec Clarke de toute façon. Avant de prendre une décision. Elle en parlerait aussi à Titus. Pour l'heure c'était l'avis d'Aden qui comptait.

Il y avait peu de raisons qui faisaient que Aden n’aimait pas être reclus majoritairement à Polis. C’était sa ville et la plus grande partie de ses souvenirs se déroulaient dans ces rues, dans cette tour, en compagnie des Nightblood, de ses maitres et de ses quelques amis. Mais il y avait une limite à ce que le réseau d’information du trigedakru pouvait apporter. Il y aurait toujours des pièces manquantes, des éléments que Aden ne pourrait saisir dans sa totalité, car il n’était pas là pour observer, entendre tous les propos, tout savoir. C’était impossible et il avait appris à se méfier de l’imprévisible. Comme maintenant. Apprendre qu’Anya n’avait pas disparu avec le restant de l’armée. Il écouta en silence les précisions de Heda, ne sentant aucune colère. Qu’un propos qui lui était raconté. C’était un travail dont il s’était inspiré de Lexa. Ne pas nourrir de haine aveugle envers les ennemis, car ils l’étaient tout autant pour les autres. Ce n’était qu’un rapport de force, qu’une question d’équilibre. Il n’y avait pas de bons, ni de justes. Il n’y avait que le besoin de faire ce qui était nécessaire pour les siens et Aden apprenait à aimer les hommes pour ce qu’ils étaient. Sans aucune distinction possible. C’était la seule manière pour lui de se sentir attacher à ces douzes clans qui n’en formaient qu’un.

Bientôt treize ? Vraisemblablement, c’était ce que Heda désirait et il continua de s’intéresser à ce sujet, ne prolongeant pas le rappel de la disparition d’Anya à son mentor. Alors qu’il expliquait sa pensée, il surveillait du coin de l’œil l’expression de Lexa, qui changeait si peu, mais qui était un indicateur constant. Sa réflexion ne plaisait que peu à Heda et il comprenait. Remettre en question la force du trigedakru n’était jamais tâche aisée. Mais c’était le rôle d’Aden que de reconnaitre les faiblesses et les menaces. « Que perdrions-nous par exemple ? » Cette fois-ci, il passa moins de temps dans le silence, Aden, ses idées fraiches et sûres dans son esprit. « Nous perdrions l’impression de suprématie. » C’était une notion importante. Ne montrer aucun signe de faiblesse dans l’autoritarisme qui rayonnait du rôle de Heda. « Les pertes qui furent causées par le skaikru ne seront pas forcément oubliées par le Trikru et par les autres. Si nous ne les phagocytons pas, ils ne profiteront pas de l’obligation de non-agression entre les clans. Ils seront ouverts aux attaques et cela risque de créer des dissidences chez nous. » Il plissa un peu les lèvres, alors que le scénario n’avait aucun mal à se jouer dans son esprit. « D’autres clans pourraient chercher aussi à s’allier avec eux pour la puissance qu’ils possèdent. Et ils sont un ilot en plein milieu de nos terres, ce qui leur donne un avantage conséquent si nous ne les traitons pas comme une potentielle menace. »

Ils continuaient de marcher et Aden gardait ce rythme calme, les bras toujours dans son dos, la posture parfaite – travaillée. « Sans oublier que si nous tolérons leurs existences, d’autres pourraient s’en inspirer. Le skaikru semble avoir un haut potentiel pour l’émulation et il ne faudrait pas qu’ils en entrainent avec eux. Le trigedakru prouve que nous sommes plus fort ensemble. Si un seul clan peut réfuter cela, notre légitimité sera remise en question. Et en tant qu’Heda… » Il revenait au potentiel de leur discussion, son ton se durcissant d'une rigueur qu'il montrait que rarement. « Ce ne serait pas quelque chose que j’accepterai. » Il poussa un bref soupire, reprenant un peu son souffle, continuant, plus léger, moins grave. « Sans compter que avec leurs facilités pour la technologie, les naumon seraient tentés à les suivre. Il vaut mieux, en définitive, les avoir avec nous, que contre nous. »

C’était une conversation des plus  intéressantes qu’elle avait avec Aden. Et elle savait que même si il exprimait un désaccord avec une idée qu’elle avait émise, il y’avait des raisons derrière cela. Ce n’était pas un coup de gueule injustifié. C’était l’avis de celui qui serait fort probablement le futur commandeur quand Lexa elle même aurait quitté cette tête, et que son esprit resterait la, cherchant un nouveau vassal.  Alors elle l’écouta. Elle l’écouta lui indiquer ce qui selon lui était mauvais si les skaikru refusaient de rejoindre la coalition, et elle l’ecoutait évoquer ce qu’elle avait déjà pensé quelques jours plus tot quand cette pensée avait traversée sa tête. «  Nous perdrions l’impression de suprématie. » Il marquait assurément un point, mais ce n’était pas comme si elle ne le savait pas Lexa. Elle savait que si les skaikru refusaient publiquement une demande de rejoindre la coalition, ils affaibliraient les trigedakru.  C’était bien pour cela qu’un accord était souvent signé avant qu’il ne soit proposé en public. Les plaisirs de la politique et d’un jeu de duperie.

Aden continuait, tandis qu’ils marchaient, droits l’un et l’autre comme si ils avaient fait ça toute leur vie. Et si ce n’était pas le cas de toute une vie, c’était tout de même ce qui avait été pendant des années durant. «  En tant qu’Heda, ce ne serait pas quelque chose que j’accepterai. » Sa mâchoire se détendit quelques instants. C’était la raison aussi pour la quelle Aden serait probablement choisi quand elle mourrait.  Elle gardait néanmoins le silence, le laissant finir son argumentaire. «  Il vaut mieux en définitive les avoir avec nous que contre nous. » Il sonnait droit et juste, et elle avait l’impression que cette phrase la elle aurait pu l’entendre des milliers de fois. Sortie des lèvres d’Indra, de Curtis peut être, de Titus éventuellement.  

Elle hocha la  tête doucement. «  Tes arguments sont justes, Aden. »  Elle était fière de lui, c’était quelque chose qu’elle ne pouvait nier – et qu’elle ne nierait probablement jamais. Aden était prometteur - «  Aucun des choix n’est facile. Laisser les skaikru en simple allié les expose aux tentative d’assaut de la plupart des clans qui ne les respecteraient pas. Les faire notre, les protegerait des nôtres même, mais il ne faudrait pas qu’ils refusent. »  Elle disait cela, mais il était sur qu’elle y avait déjà reflechit, et qu’elle ne s’arreterait pas d’y penser. Elle voulait encore recueillir quelques avis.  Mais de toutes les manières, la décision serait la sienne seule, et celle des skaikru également. Pour elle, ils avaient d’avantage a gagner en les rejoignant. Mais leur avis serait peut être different. Elle garda le silence quelques instants après ça. «  Voilà toutes les responsabilités du choix que je devrais faire. Aiguillée par des conseils, qui seront souvent interessés, cherchant le mieux pour mon peuple. Et voilà le choix que tu devras faire plus tard. »  Les reponsabilités du commandeur tomberaient un jour sur ses épaules.

Ils continuèrent leur route. «  La technologie t’effraie t’elle Aden ? »  C’était un autre sujet qu’elle apprécierait d’evoquer. Et il devait s’estimer heureux peut être qu’elle ne se soit pas lancée dans une longue leçon sur les skaikru. Elle viendrait plus tard, quand elle justifierait son choix devant l’entiereté des nightbloods peut être. Pour l'heure elle était en simple conversation avec son ami, son élève, son futur successeur ?

Aden expira, un souffle long et discret, vidant ses poumons de l’air de la réflexion, alors qu’il retrouvait le calme habituel et son silence qu’il conservait religieusement. Il avait cette satisfaction fébrile, d’avoir répondu, en sachant qu’il avait bien répondu, qui était mêlée à cette attente de vérifier si sa pensée satisferait Heda. Dans cet univers, particulièrement avec une douze de clans réunis, plusieurs solutions étaient possibles et il revenait de choisir la meilleure. Car il y aurait toujours des conséquences désagréables, des concessions à faire. Aden l’avait bien compris et d’après lui, faire preuve de consilience était une preuve de force. S’autoriser d’offrir, de reconnaitre ses alliés, c’était reconnaitre que l’on pouvait le faire car rien ne serait perdu en échange. « Tes arguments sont justes, Aden. » Ce qu’il y eut dans la voix de son mentor adoucit son propre regard, qui dégagea la joie simple d’avoir répondu aux attentes de Heda. Bien entendu, personne ne le vit, puisque personne ne le regardait et ce fut la raison pour laquelle il s’autorisa à garder cette lueur dans ses yeux, la conserver quelques secondes plus longues, avant qu’il n’avale ce bonheur simple et le cache à la vue de tous.

Les Skaikru redevinrent le sujet de la conversation – ils n’avaient jamais arrêtés de l’être. Ils étaient tout ce que les esprits s’arrachaient depuis qu’ils avaient atterris sur les terres de Hedas, les proclamant comme les leur par défaut. Mais cela avait une valeur différente dans la bouche de Lexa et Aden y prêta une attention d’autant plus acérée, retenant chaque mot, chaque angle de la vision de son ainée. Il y eut un mot sur les conseillers et un tic s’égara sur le visage d’Aden. C’était son domaine de prédilection. Les influences des autres, des différents clans et de leurs réputations sur les conseils qu’ils apportaient. Le Nightblood avait du mal à les voir comme des alliés, car il était conscient que chacun, avant de vouloir le bien de la coalition, choisirait toujours les avantages de leur propre clan. Il restait méfiant à leurs propos, mais prenait toujours la peine de considérer ce qu’ils avaient à dire. L’avantage de n’être qu’au milieu de l’adolescence faisait qu’ils surveillaient moins leurs mots qu’en présence de celle qui hébergeait l’esprit du commandant. « Et voilà le choix que tu devras faire plus tard. » Il serra les dents, Aden, si fort. Si fort. « Nous ne savons pas si ces choix me seront dédiés. » C’était dure, mais en même temps, extrêmement respectueux. Extrêmement méfiant. Il restait modeste, car on lui avait appris à l’être. Il aimait tous ses frères et sœurs au sang noir et leur aurait souhaité à tous le meilleur – pour ceux qu’il reconnaissant comme tout autant méritants au titre pour lequel ils étaient formés. Aden, surtout, refusait de songer à ce futur où un nouveau Heda serait sur le trône. Cela signifierait la disparition de Lexa et il préférait nettement marcher à ses côtés qu’être seul sur un siège imposant.

Ca ne serait pas lui qui apporterait la décision finale à ce cas. Et le sujet changea par la volonté de Heda. « La technologie t’effraie t’elle Aden ? » Il fronça un peu les sourcils, Aden, retenant une mimique offusquée. Il restait fière, malgré tout, le jeune blond, et n’aimait pas qu’on remette en question ses craintes. Mais c’était monnaie courante, pour ceux du trigedakru de ne pas être à l’aise avec la technologie, qui avait été associée avec la montagne pendant si longtemps. Aden connaissait peu, sur ceci. Il avait lu certains livres, mais il ne les comprenait pas pleinement. Il tarda à répondre, ses doigts dans son dos frottant la couverture du livre qu’il avait choisi de lire. « C’est une force comme une autre. » Certains avaient de grandes armées, d’autres de grands dragons. « Elle est ce qui a causé la fin du monde connu. » Il ralentit le pas, avant de s’arrêter complètement. Son expression se ferma un peu plus, alors qu’il considérait sa réponse. « Ce n’est qu’un outil. Sans l’homme elle est inefficace. Comme une épée ne reste qu’un bout de métal s’il n’y a personne pour la manier. » Il posa son regard de cendres sur son mentor, en quête d’une réponse. « Devons-nous craindre ceux qui possèdent la technologie ? » Il ne l’avait pas vu de ses propres yeux, mais il l’avait entendu. Les morts rapides que ça causait. Eux, ils avaient pire. Ils pouvaient insufflé la fin d’un homme de manière lente et douloureuse. Pour autant, est-ce que ça devait être craint ?

Aden avait exprimé son idée et ses arguments d’une manière des plus éloquentes, et Lexa était fière de lui. Pour elle, il était le futur commandeur qu’elle aimerait. Mais elle savait qu’elle ne pouvait pas forcément penser à tout cela. Parce que si Aden devenait commandeur, cela voudrait dire qu’elle avait échoué, qu’elle était morte. Et même si c’était une hypothèse qu’elle envisageait – elle devait l’envisager c’était comme ça, elle était commandeur, sa durée de vie ne serait pas très longue, son esprit irait ailleurs - elle ne voulait plus l’envisager maintenant. Il lui restait tant de choses à faire, et même si l’Esprit du commandeur choisirait bien, - elle le savait, il ne pouvait pas en être autrement, les NIghtbloods étaient entrainés avec soin – elle voulait voir mené à bien sa lutte pour l’alliance avec les skaikru. Elle ne pouvait pas abandonner maintenant. Alors elle tenta de ne pas spécialement penser à tout ça, mais c’était plus fort qu’elle. Elle était fière d’Aden, et elle savait qu’un jour les choix lui reviendraient surement. Elle espérait qu’ils lui reviendraient à lui en tout cas.

Mais Aden avait la modestie dans le sang – comme elle avant lui - « Nous ne savons pas si ces choix me seront dédiés. » Elle hocha la tête bien sur. Il avait raison. Et c’était de loin la meilleure attitude à avoir. « Non, mais j’aime à penser que même si tu n’es pas choisi, tu seras pur le prochain Heda un conseiller hors pair. » Et c’était beaucoup de reponsablités à lui mettre sur les épaules, alors qu’il était encore si jeune. Mais à son age, elle en avait autant. Quelques années plus tard, elle avait du porter la cape, après un conclave plus que satisfaisant. Quelques années plus tard, elle avait du faire la guerre, et perdre quelque chose qu’elle pensait ne jamais retrouver. Alors qu’elle n’était qu’une enfant. Les enfants dans ce monde, ça n’existait pas vraiment.

La conversation ne stagna pas, déjà Lexa parlait encore des skaikru, de la technologie. Cette fois ce n’était pas une décision qui était en cause, mais une simple – et vrai – curiosité. Elle savait que les gens de son peuple avaient peur de ces armes, que les maunon utilisaient aussi. Elle savait qu’Indra détestait ces armes a feu qu’elle ne voudrait jamais manier. Mais elle savait aussi, que n’importe quelle personne un peu moins bornée pourrait y voir des avantages. Elle voulait juste oui, savoir où se situait Aden. « C’est une force comme une autre. » Elle hocha la tête, et s’arreta à sa suite, alors qu’il continuait à parler avec une telle sagesse qu’elle était encore une fois heureuse de son choix de converser avec lui. « Devons-nous craindre ceux qui possèdent la technologie ? » Ce fut une petite lueur qui brilla dans le regard de Lexa, avant qu’elle ne reprenne la parole. « Devons nous craindre nos alliés qui maitrisent les flots, ou ceux qui contrôlent aux reptiles ? » Un temps. « Les hommes du skaikru, avec leurs avancés, avec leurs ames à feu, et leur technologie qui fait vibrer les murs, sont nos alliés désormais. Leur cercle de feu a fait des ravages, nos pièges en avaient fait de même. » Et les crimes de guerres restaient crimes de guerre. « Oeuvrant de concert, c’est leurs procédés avancés, et nos méthodes qui unis ont menés à la perte de la montagne. Pour moi, nous ne devons pas les craindre, nous devons les apprendre, et travailler avec eux. » Elle eut une lueur un rien plus amusée, heureuse. « J’ai eu l’occasion de visiter leur camps, et de voir des choses fascinantes. Des extraits du passé peut être, ou une entrée dans le futur. » Elle pensait à Wick, cet ingénieur brillant qui avait reproduit les armes des mountain men. Elle pensait à ce qu’elle avait vu à Camps Jaha. A leurs méthodes de soin aussi. Et elle se demandait comment leurs peuples pourraient unir leurs savoir. « Aimerais-tu visiter leur camps un jour ? » Car elle savait qu’elle devrait y retourner. Elle avait des gens à revoir, des choses encore à régler. Tout viendrait en son temps.

« Tu seras pour le prochain Heda un conseiller hors pair. »  Aden redressa le menton, sentant cette fierté naitre dans le creux de sa poitrine, quelques centimètres au-dessus de son diaphragme. Ils étaient souvent félicités pour leurs exploits, les Nightblood, mais rien ne valait la reconnaissance de leur mentor le plus estimé. Que ces propos viennent de la bouche de Heda était un grand honneur. Il en garderait souvenir et chérirait ce moment – ce n’était pas un élément qu’il partagerait avec ses frères et ses sœurs, il ne voulait pas entretenir la compétition. Si cela pouvait être sain lors des entrainements, en dehors, elle devenait destructrice et créait la jalousie – jusqu’à ce que le prochain Heda soit amené à régner. De fait, il espérait que ce jour-là vienne dans plusieurs années, au moins. Car Lexa était un Heda d’exception. Aden le savait, il avait lu de nombreuses mémoires sur les précédents commandants et discutait à de rares occasions avec Titus qui était un témoin clé. Ils étaient tous morts pour une raison et l’assassinat était un élément qui revenait assez souvent. Soit. Lexa n’avait pas encore été assassinée et il espérait que ça continuerait. Plus que le peuple, il fallait satisfaire les autres clans et les figures importantes qui étaient à Polis. Le plus proche de ses amis pouvait devenir fatale avec une dague entre les mains.

Et une de ces dagues, elle avait la forme de la technologie que les skaikru et les naumons maitrisaient. Aden ne savait pas réellement quoi penser, n’avait pas un avis clair sur la question. Il ne craignait pas la technologie, qui restait une arme comme une autre. Mais si certains avaient un pouvoir de destruction massive, il revenait de s’en inquiéter. Ils s’étaient arrêtés dans le couloir, maitre et apprenti, et Aden leva le regard du sol, pour poser son expression interrogatrice, en quête de savoir, sur Heda. Il l’observa en silence, alors qu’elle revenait sur les skaikru et il comprit qu’il avait fait l’erreur de songer que ce n’était qu’une question générale. Il y eut des mots sur leurs alliés du Sikru et du Demodrakhos, Aden songeant aux chefs de chaque clan, à ce qu’ils représentaient. Puis cela revint sur les Skaikru et l’inconnu qu’il leur associait. Il était méfiant, Aden, c’était dans sa nature et il le resterait encore un peu temps, jusqu’à ce qu’il se soit fait sa propre opinion sur ceux qui venaient du ciel. De toute évidence, Lexa possédait cet intérêt bien présent pour eux et il eut un sentiment dérangeant, qu’il ne parvenait pas à expliquer. Ce n’était pas de la jalousie, mais comme un désaccord. Un murmure qui lui rappelait d’être prudent.

« Pour moi, nous ne devons pas les craindre, nous devons les apprendre, et travailler avec eux. » Il acquiesça d’un geste bref et unique, presque imperceptible mouvement du menton, alors que ses yeux étaient appuyés par ses sourcils froncés, preuve qu’il écoutait attentivement, mais qu’il gardait une opinion critique sur la situation, ce que lui peignait Lexa. « Aimerais-tu visiter leur camps un jour ? » Il desserra ses mains sur son livre, avant de reporter ses bras le longs de son corps. La réponse vint plus vite que d’autres, même s’il restait imperturbable. « J’apprécierais, oui. Le voir m’éclairerait beaucoup plus que toutes les lectures qui sont arrivées jusqu’ici. » Il pinça les lèvres, avant de poser une question, qui était de la curiosité pure. « A quoi cela ressemble-t-il ? »