lucy | friendship is magic

[hrp:  Je n'ai pas honte du titre]

La montagne était tombée desormais, et tous pretendaient à cette douloureuse liberté. Les terriens - ils ne l'effrayaient pas, elle n'était pas comme ça - les avaient aidés, avaient aidé leurs amis, leurs semblables, Jasper - elle lui en voulait un peu - était revenu les chercher, Clarke aussi. Bellamy... Même Bellamy était revenu, et c'était... plaisant. Ils étaient sortis de ce merdier. Et même si il y'avait eu des morts, ils avaient été nécessaire. Alors voila. Tout était bien qui finissait bien. Ils mangeraient des saucisses dans quelques jours, en chantant et dansant gaiment, comme le faisaient leurs ancetres, parce qu'ils avaient vaincus. Juste pour ça. Ca ne lui plaisait pas. Elle ne savait pas. Ca lui plaisait ? Elle était perdue. Voila tout.  (Mais quand ne l’était elle pas ?)

Cependant voilà, il y’avait au fond de sa tête, pendant que les autres se réjouissaient ou s’inquietaient pour leurs morts, quelque chose, une lueur. Elle haïssait la montagne, mais ils n’avaient pas tous été mauvais. Maya par exemple… Oui Maya. Ou cette soldate qui avait tiré sur Cage pour les libérer tous. Et puis il y’avait Lucy. Qui n’était pas la, qu’elle n’avait pas vu parmi les survivants. Alors elle s’était décidé. Elle était partie. Elle avait prévenu Griffin qu’elle partait, et elle – fuyait elle encore quelqu’un ? – elle était partie avec Falkenrath quand la scientifique était retournée vers la montagne. Ensuite, il avait fallu trouver le militaire, ce qu’elle avait fait. Ca n’était pas si dur. Les habitants de la montagne étaient survéillés, et même si le vieux Dante avait reprit les  rennes il ne fallait pas se leurer, les terriens et les archéens qui l’accompagnaient surveillaient tout.

«  Lucy. » Elle avait aperçu, sa demarche, sa façon d’être. Elle s’approcha de lui, et sans plus attendre lui tendit la main. « Viens avec moi. J’ai quelque chose pour toi. » Pas de bonjour. Pas de je suis heureuse que tu sois en vie. Ca coulait de source pour elle de toute façon.

La montagne était tombée. C'était effrayant. Ses habitants se sentaient aussi vulnérable que libre. Et cette liberté ne pouvait donc qu'être un piège. Car il était impossible que ce soit finit, que des années d'existence routinière s'effondrent ainsi. Et qu'ils soient toujours en vie. C'était une constatation surprenante. Et la source d'une question sans réponse : pourquoi ? Les gens de l'extérieur, ces sauvages, et les étrangers venu du ciel les avaient vaincus. La montagne était tombée mais leur vies se poursuivaient. C'était impensable. Il ne pouvait rien y avoir derrière la sécurité de ces murs. Si ce n'est la mort et l'angoisse de sa venue.

Voila les pensées qui encombraient l'esprit de nombres des habitants cantonnés en ces lieux. Des pensées qui parfois laisser place à une tristesse simple lorsqu'on annonçait les noms des disparus. La montagne était tombée et ses habitants étaient toujours en vie. Pour la plupart. Car la liste des soldats et aux victimes collatérales tombées pour la défendre était longue.
Lucy courrait d'une famille à une autre, tendant de soulager et d'aider aux mieux les effrayés et les déprimés. Pas seulement par gentillesse, mais surtout parce que cela lui gardait l'esprit occupé. Il n'avait guère eut l'occasion de se laisser distraire ces derniers jours et il en venait presque à remercier les problèmes de s'accumuler.
Car sans cela, il faudrait penser à l'avenir.

Avenir qui venait vers lui à grand pas. Surpris de la revoir, Lucy salua Jimmy. Avant de lever vers elle un regard inquiet à l'entente de ses mots. Non pas qu'il eut craint quelques cadeaux empoisonnés, mais elle avait été si directe que cela devait être important. L'air grave, il lui demanda tout en lui emboîtant le pas :

« Que ce passe t-il ? Tout va bien ? »
Heureux de te revoir aussi, mais que me vaut cette soudaine agitation ?

 Forcement, il ne semblait pas spécialement convaincu par ce qu’elle venait de dire. En même temps elle était arrivée d’une manière pour le moins brutale. Oui, mais Jimmy ne prenait pas le temps de mettre des filtres et des nuances à ce qu’elle avait a dire. Elle le disait. Elle fonçait pour le faire, et c’était ainsi. Alors Lucy subirait la jeune femme, et son caractère. Voilà tout. C’était ainsi, c’était comme ça. Ca ne se décidait pas.

«  Suis moi. Tu verras. »  Les mystères, ce n’était pas son truc non plus, mais elle se doutait qu’il n’allait pas la suivre sinon. Elle fronça les sourcils un peu. Elle le fixa, s’arreta de marcher, et se rapprocha de lui pour le prendre dans ses bras l’espace d’une très courte étreinte. Quelques secondes au plus avant qu’elle ne le relache, et le fixe longuement de ses yeux lourds. «  Je veux te faire un cadeau. Et je sais que tu ne vas pas l’accepter. Alors ne me force pas à te forcer s’il te plait. »  Elle était cryptique, elle secoua la tête. Elle n’aimait pas ne pas dire, et finalement elle  reprit la parole.

«  Tu vas prendre un morceau de ma moelle. Il y’a un monde a découvrir derrière ses murs, et nos scientifiques font en sorte que ça ne fasse pas souffrir les donneurs. Je veux partager ça avec toi. »  Pour le remercier d’avoir été une figure humaine pendant qu’elle subissait ce monde souterrain. Pour le remercier d’exister aussi ? Parce qu’elle avait des coups de cœurs amicaux parfois, et qu’elle avait l’impression qu’il était important pour elle. Voilà tout.

«  Je te forcerais à accepter si tu refuse. »   Et il ne fallait pas sous estimer le fait qu’elle soit une jeune femme.

Il n'y avait pas de place pour les questions dans la réponse de Jimmy. Ça ne le surprenait pas. Mais il ne pouvait s'empêcher d'être inquiet. Il n'avait fait que ça, ces derniers jours, être inquiet et paraître confiant pour rassurer les autres. Sauf que là, il avait vraiment l'air inquiet. Peut être qu'elle l'avait remarqué, ou peut être qu'elle était juste contente de le voir, ou peut être... Il pouvait y avoir des tonnes de raisons mais elle le prit dans ses bras et s'il lui rendit son étreinte, il ne la retint pas pour autant. Elle n'aimait guère le contact, ce bref câlin en disait donc long.
Il fronça les sourcils et la laissa continuer. Jusqu'à ce qu'elle prononce le mot « moelle », là, il sera les dents et dû se retenir de ne pas l'interrompre sur le champs. Elle le forcerai ? Elle ne pouvait pas vraiment, même s'il n'avait aucune intention de se battre avec elle.

« Hors de question. » Sa réponse était sans appel mais il savait qu'elle en aurait, alors il leva la main pour lui intimer la patience et repris : « Même si c'est sans douleur, ça n'en reste pas moins dangereux, et fatigant. Et il y a tout ces gens, il balaya l'air de la main comme pour indiquer la foule pacqué plus loin, qui en ont bien plus besoin que moi, des femmes, des enfants... Après tout ça... Les civils devraient avoir la priorité. »
Parce que même s'ils avaient tous participé à ces horreurs, il était de ceux qui avait porté les armes pour. Parce que même s'il n'avait jamais tout à fait été d'accord, il n'avait rien fait contre. Et qu'il y avait tant de gens à qui l'on avait jamais demandé l'avis, tant de gens innocents... Et les enfants, surtout les enfants. Ils étaient les plus vulnérables à tout et les radiations devaient sans doute en faire partie... Et...
Il ne le méritait pas.

Pourquoi est ce qu’elle voulait faire ça ? Pourquoi elle voulait lui offrir cette putain de moelle ?  Parce qu’elle l’avait ben apprécié, et que si ça justifiait qu’elle se fasse tripoter par le docteur Griffin quelques instants, elle n’était pas contre. En fait, le doc’ Griffin pouvait lui faire tout ce qu’elle voulait. Elle aurait été contre si ça avait été autrement. Soit. Ce n’était pas vraiment le sujet, elle … allait devoir insister auprès de Jimmy visiblement, et elle avait les points serrés désormais. Ses excuses étaient stupides, elle secoua la tête.

«  Les civils ne sont que des stupides moutons. Tu es bien placé pour le savoir. »  C’était dit, et c’était froid, et elle était éventuellement un peu irritable. En meme temps, si cet homme en face d’elle ne comprenait pas la chance qu’il avait. Tant pis. Il se retrouverait avec la moelle de mamie Hughette et il ne pourrait peut être jamais sortir. Elle haussa les épaules. «  Je ne donnerais pas ma moelle à quelqu’un d’autre. Et tu n’as aucune raison de refuser. Je connais les risques, je ne suis pas stupide. Il me semblait que tu l’avais réalisé. »

Elle était un peu désespérée par lui. Est ce qu’elle s’était trompée ?  Est ce qu’il était plus bête que ce qu’elle n’avait pensé au premier abord.

«  Penses aux gens que tu pourras aider, si tu peux sortir. » Voilà. C’était tout ce qu’elle avait à dire. Après, elle insisterait un autre jour.

C'était cruel et douloureux à dire, mais elle n'avait pas tort. La plupart des adultes n'avaient fait que suivre la marche, parce que c'était beaucoup plus simple que de chercher à comprendre, à voir le mal qu'ils faisaient et surtout, beaucoup plus simple que d'accepter leur mort. Ils auraient du se laisser s'éteindre il y a bien longtemps. Ne pas faire d'enfant... Arrêter les horreurs et laisser le temps faire son œuvre. Mais voila, ils ne l'avaient pas fait. Ils avaient continuer à vivre comme si le monde tenait encore à eux. Et ils avaient commis bien plus d'actes ignobles que ceux qui cherchaient à les sauver aujourd'hui. Cette civilisation avait foiré, cette civilisation avait détruit, tué, manipulé, utilisé et réduit à pire qu'esclave un peuple libre et survivant. Et il en faisait partit.

« Jimmy... Je sais que tu n'es pas stupide, je sais aussi que la plupart d'entre eux ont laissé faire sans rien dire... Mais moi aussi. Je ne vaux pas mieux qu'eux. Pire encore, j'ai pris les armes et j'ai défendu cette... horreur.»
Oui, il avait été gentil avec elle, comme il était toujours gentil avec tout le monde et plus encore avec les gens qu'il appréciait. Oui, il avait refusé de tirer sur ces gamins dans la salle des cages, non, il n'avait jamais apprécié ce qui se faisait ici mais... Il n'en devenait pas pour autant un homme meilleur ou méritant d'être sauvé. Parce que comme tout le monde, il avait fermé les yeux.

« Si tu ne veux pas là donner à l'un d'entre eux, c'est normal, mais penses aux enfants... La plupart d'entre eux ne comprennent pas la moitié de ce qui s'est passé ici... Il n'y sont pour rien et si on doit sauver quelqu'un en priorité ici, c'est eux... Moi... Moi je n'en vaux pas la peine.»
Quant à savoir s'il pourrait aider les gens dehors, il n'en était même pas sûr. Même s'il en avait peut être la capacité, qui voudrait de l'aide d'un homme de la montagne, d'un soldat qui plus est. Non, la moelle de Jimmy valait beaucoup mieux que cela. Parce que c'était celle de Jimmy.
Ce qui en soit voulait dire qu'elle en faisait ce qu'elle en voulait... Mais elle allait vraiment devoir l'assommer si elle voulait l'associer à son choix.

Spoiler:

Il était chiant. Voilà tout ce qu’elle retenait de ce qu’il disait. Il était chiant. Elle était peut être bornée oui, Jimmy, mais lui, il était chiant. On ne refusait pas un cadeau, c’était comme ça. C’était meme le propre d’un cadeau, on ne pouvait pas le refuser. Et meme si elle ne savait pas spécialement pourquoi elle faisait ça, elle savait qu’elle voulait le faire. Voilà tout. Alors elle fronça ses sourcils un peu, et elle le laissa finir de parler avant de reprendre, avec un air exasperé.

« Et les adultes de l’Arche ont décidés d’envoyer des enfants sur une Terre qu’ils ne savaient pas habitable. Et mes cretins de camarades ont décidés que ça serait une bonne chose de tirer sur les terriens qui nous proposaient la paix. Alors… Les gens qui défendent des horreurs, je suppose qu’on en voit partout non ? Ca te rend pas plus mauvais ou plus con qu’un autre. C’est la vie. On fait tous des erreurs. On fait tous des conneries. C’est juste comme ça. »

Et elle haussa les épaules. Puis elle fixa Lucy quelques instants encore, il parlait des enfants et c’était totalement stupide, de lui dire ça a elle.

« Je m’en balance des enfants Lucy. J’ai jamais aimé ça, ça n’est pas comme ça que tu me fera changer d’avis. Je me suis attachée à toi. Et j’aimerais que tu vienne visiter cette terre avec moi, sans fondre au soleil de préférence. »

Elle fronça les sourcils après ça, et elle reprit plus doucement.

« Mais soit. Si tu refuse, je partirais. Et je reviendrais demain. Et le lendemain encore. Tu ne seras pas debarassé. »

Ou bien elle finirait par l’assomer et lui insuffler de force.