bec et ongles ▬ Rhod

Elle n'aurait jamais cru se retrouver la à faire de la place dans son modeste appartement pour pouvoir faire de l'espace pour un entrainement physique avec un jeune garçon. Pas qu'elle ne se soit jamais entrainée, mais elle avait une salle d'entrainement pour ça, et puis elle ne s'était jamais imaginée en train d'entrainer les autres, surtout pas un fugitif. Ou peut être que finalement toute sa vie avait été batie jusqu'a ce point la. Jusqu'au moment où elle donnait aux opprimés, aux personnes en danger, les armes pour se battre pour leur liberté. Pour la vengeance. Oui peut être finalement qu'elle aurait pu imaginer tout ça, si elle s'était revée plus jeune.

Quoi qu'il en soit, elle était la, et aprés avoir plaqué le sofa contre la porte pour prevenir une entrée fortuite qui les aurait mit dans l'embaras, elle alluma un peu de musique. Oui, elle pourrait toujours si quelqu'un voulait rentrer, pretexter qu'elle faisait du tri et qu'elle n'avait pas entendu… Quelque chose comme ça. Elle retomberait sur ses pattes Rhodan, qui la suspecterait d'abriter des rebelles, elle était l'une des soldats preferées, elle avait fait des mauvaises choses pour arriver la et elle n'était pas prete d'arreter tant qu'elle n'avait pas sa vengeance. Tant que la mémoire d'Andrea n'était pas honorée, et que les injustices de la montagne ne cessaient pas.

La determination de Whisky lui rappelait la determination de son amie morte. Bien des années plus tard, et reflexion faite c'était peut être pour ça qu'elle s'attachait à lui. Elle n'aurait pas du. Dans quelques jours il sortirait et elle serait peut être morte ou en fuite seule dans le vaste monde. Elle n'aurait pas du s'attacher, mais elle était la, et desormais qu'ils avaient de la place, elle le regardait en esquissant un sourire. Il s'était mit à l'aise, c'était le moins qu'on puisse dire. Elle aussi d'ailleurs, et c'était vétue d'un debardeur noir et de son pantalon d'uniforme qu'elle s'appretait à entrainer le jeune garçon. « Okay par quoi on commence Rhod ? » Il était excité comme un gamin, et elle pouvait le comprendre. Alors elle décroisa les bras et elle lui lanca un regard plein de défi. « Commence par me montrer ce que tu sais faire. Mets moi à terre. » Non. Ce n'était pas une proposition. Oui, elle preferait prevenir avec lui, parce que franchement, le nombre de sous entendus ou de choses comme ça qu'il pouvait dire à la seconde, ouais, elle preferait assurement prevenir. Même si pour le moment c'était dans sa tête qu'elle prevenait. Humpf. « Attaque moi. » Elle lui montrerait quelques mécanismes de defense comme ça. Même si il fallait reconnaitre qu'elle ne s'attendait pas forcement à ce qu'il n'arrive à la mettre à terre. Elle était entrainée la dame, tout de même. Et meme si il avait des muscles - jolis muscles au demeurant, non elle ne se la jouait pas Cougar tout de même - il n'avait probablement pas les techniques. Au mieux c'était un brutal bagarreur. Elle lui apprendrait la stratégie.

C’était dommage Whisky avait arreté d’avoir l’air con, pendant quelques instants. Peut être qu’il prenait vraiment tout ça au sérieux, et il avait raison. Alors en un sens, à Rhodan ça lui faisait chaud au cœur, elle avait eu une bonne idée en récupérant le Whisky. (Et elle aurait eu une bonne idée en récupérant du whisky aussi. Ca on verrait plus tard) parce qu’elle allait pouvoir faire de lui un homme, pas qu’il ne le soit pas déjà, enfin c’était un enfant, un adolescent, c’était quelqu’un de gentil que allait apprendre comment protéger ses pairs. Et ça plaisait à Rhod les types qui étaient prêts à tout. C’était pour ça que finalement elle se fendit elle d’un sourire.  Avant de l ‘inciter à l’attaquer. Parce qu’elle voulait voir ce qu’il était capable de faire, jusqu’où il pouvait aller. Parce qu’elle voulait voir sa force et ses faiblesses. C’était juste comme ça, pour préparer la suite de la leçon qu’elle n’avait pas spécialement d’idées de comment donner, et bien ,elle allait improviser elle était bonne pour ça en fait.  

L’attaque vint. Après un moment d’hésitation, ou de ce qu’elle avait prit pour de l’hesitation – de la part de Whisky, il finit par s’approcher d’elle en posture de combat un peu comme si il s’appretait à faire un match de boxe. Et elle se demanda ce qu’il faisait quand il était la haut dans le ciel. Si il faisait des combats comme ça ? Si il avait eu l’habitude ? Ouais, elle lui demanderait peut être, elle verrait bien. Elle était curieuse. Mais plus tard. Parce que pour le moment elle était occupée à attraper le poignet de Whisky pour arrêter le coup, esquivant la prise qu’il essayait de faire. «  Presque. » C’était presque un petit rire, tandis qu’elle donnait un petit coup à l’arriere du crane. Affectueux. Amical. «  Tu devrais essayer d’être plus rapide. Ou plus brutal. Les gens contre qui tu risque de te battre auront des armes et ils n’hesiteront pas à s’en servir pour t’incapaciter. » Elle poussa un soupir, assez long. «  Tu devrais commencer par attraper le poignet, comme ça. Elle le fit, lui saisissant le poignet droit  et ensuite tu donne un coup la.   Doucement elle effleura l’arriere de son molet de son pieds.   «  La, il tombe normalement. »  Normalement. Ouais, bon, elle avait essayé une démonstration quoi. Elle n’était pas sure qu’avec la force brute de Whisky ça donne quelque chose. Elle le lâcha.

«  Tu peux réessayer. » Un sourire, mais ce n’était pas du jeu, elle s’y attendait un peu, il faudrait peut être qu’il tente d’innover après tout. Ah, elle ne s’était pas amusée comme ça depuis des années. C’était fou quand même… Bouais au moins, le Whisky il lui apportait ça. Diable, si quelqu’un la voyait en ce moment, entrainant un fugitif, et prenant du plaisir à le faire. Elle perdrait toute sa réputation, mais elle s’en fichait, au moins sa dignité était encore sauve.

Bon entrainer Whisky aux prises de combat ça n’avait peut être pas été l’idée du siècle. Non, elle aurait probablement du lui mettre une arme entre les mains et lui apprendre à tirer. Mais ça faisait du bruit, ça n’avait aucune discrétion et elle se doutait bien qu’elle n’arriverait pas à faire passer ça pour des accidents. Tandis que la, ils pouvaient faire un peu de bruit, personne ne viendrait s’en inquiéter. Les voisins savaient que Rhod’ parfois elle s’entrainait, parce qu’elle avait besoin de se défouler, et puis… Et puis elle avait la fâcheuse manie de bouger ses meubles non stop, ça lui donnait une bonne excuse ça. Ouais. Elle allait pas épiloguer la dessus mais c’était tout bien du coup.

Soit. Elle avait montré les prises à Whisky, - et elle se dit qu’après ça elle s’en boirait bien un, elle avait justement de l’alcool dans un de ses placards peut être qu’ils pourraient fêter ça, plus tard - Et elle avait pris son temps pour lui expliquer, pour qu’il comprenne bien. Parce qu’elle était un peu patiente – on avait vu jusqu'à quel point sa patience pouvait durer des années – mais elle n’aimait pas expliquer plusieurs fois les choses simples. Pas comme ça. Pas dans l’urgence.

C’était montré en tout cas, et puis il se lança. Avec sa force de mec un peu brute, et ses méthodes un peu maladroites. Et au terme de mouvements qui ne ressemblaient finalement pas à grand chose, il réussit à lui faucher les genoux et à se gameler plus ou moins avec elle. Bon, c’était presque ça. Elle sourit un peu. Elle aurait besoin d’une bonne nuit de repos après ça, mais soit, c’était une histoire différente, elle laissa Whisky la poser au sol avec délicatesse, du moins elle avait l’impression que c’était ça, et elle remarqua qu’il semblait géné un peu. « Oh pardon, pardon. » Elle lui sourit, doucement, et se releva avec agilité, avant de masser un peu l’arriere de ses jambes, puis ses poignets. « Je suis pas habitué, à faire ça. » Elle haussa un peu les épaules et se recula, pour s’appuyer contre un meuble qui n’était pas si loin. « Généralement, je frappe et c’est tout. »

« Ouais, les prises c’était peut être pas la meilleure idée que j’ai eu. » Elle lui sourit, un peu lasse mais néanmoins déterminée. « Mais t’as plus ou moins saisi le truc, et puis, je suppose que le fait de faire ça avec moi ça n’est pas suffisant pour mettre en condition. Contre un soldat ça sera different. » Elle était un soldat pourtant. Mais… Elle était un soldat qui faisait la bonne chose n’est ce pas ? Du moins qui essayait. Une lueur de tristesse passa un peu dans ses yeux. « Et ne t’inquiete pas. J’ai déjà connu pire. » Il ne fallait pas oublier ce qu’elle faisait comme boulot en fait. Enfin. Elle haussa un peu plus les épaules, et réprima une grimace. « Tu veux boire quelque chose, ou tu veux continuer ? »

Whisky, il avait jamais été très à l’aise à l’idée de s’en prendre aux femmes. Il y avait une idée un peu misogyne peut-être, mais à ses yeux, elles restaient plus faibles que lui – même si Rhodan aurait été parfaitement capable de le foutre au sol en quelques secondes. Ca devait remonté aussi au fait qu’il avait jamais apprécié quand son père en retournait une à sa mère. Et à toutes ces filles qui pleuraient beaucoup plus facilement que les garçons. Un peu de tout ceci, de perceptions tronquées et de passages plus ou moins marquant. Et puis, il avait toujours peur de les blesser. C’était déjà arrivé et il culpabilisait facilement, sous ses airs de brute. Il aimait pas blesser ceux à qui il accordait de l’importance. Et oui, Rhodan, c’était un peu comme sa maman canard, et il savait qu’elle faisait pas quelque chose de facile, être un garde, tout en étant un rebelle. Alors, il voulait la ménager. Même s’il l’avait un peu harceler pour qu’elle lui apprenne à se battre correctement. Stupidement, il aurait cru faire ça dans le vide, ou contre un mannequin, comme il l’avait vu dans les films de kung-fu qu’il regardait quand il était petit – ça, ça allait trop vite pour qu’il le retienne, contrairement aux matchs de boxe qu’il avait vu et revu, jusqu’à ce que ça s’imprime dans sa petite tête, dans une petite place destinée à ne pas se faire démonter la gueule quand il l’ouvrait trop grande.

Enfin, Rhodan était toujours en un seul morceau et elle s’était redressé sans mal, alors il souffla un peu. « T’as plus ou moins saisi le truc, et puis, je suppose que le fait de faire ça avec moi ça n’est pas suffisant pour mettre en condition. » Il hocha la tête, presque timidement, alors qu’il passait une main dans sa nuque, comme s’il allait être sur le point de se faire gronder. Bien entendu, il n’y eut rien et il resta là, en plein milieu du salon, ne sachant pas quoi faire pour le moment. « Contre un soldat ça sera différent. » Il murmura un « oui. » qui était incroyablement déterminé. Il avait plus envie de faire preuve de pitié, envers les soldats. Surtout qu’eux, ils allaient pas en faire pour eux. Déjà, il y avait eu le massacre du réfectoire, où il en était pas très fier. Mais c’était nécessaire pour survivre, et s’il pouvait assommer, plutôt que tuer, il l’aurait fait. Epargner des vies, malheureusement, ça n’était plus suffisant, parce que ça n’était en rien une garantie de sa survie. « Et ne t’inquiete pas. J’ai déjà connu pire. » Il manqua pas la tristesse, mais il dit rien, préférant garder le silence, parce que ça appartenait à Rhodan et qu’il en avait un peu rien à faire, de son histoire. Elle l’aidait maintenant, alors il allait pas l’ennuyer avec sa curiosité. Puis il supportait mal les histoires personnelles, c’était souvent chiant… Silencieusement, les mouvements toujours un peu erratique de sa condition, il se rendit jusque dans la fauteuil mis de côté, s’y affalant un peu.

« Tu veux boire quelque chose, ou tu veux continuer ? » Il haussa les sourcils un peu, intéresser par le mot boire… « Ca dépend, tu parles d’eau ? » Ouais, parce que l’eau c’était sympa le temps de la survie, et c’est sur qu’ils avaient pleuré les premiers jours, sur Terre, quand il y avait pas eu d’eau. Mais sous la montagne, c’était pas ce qu’il manquait, même s’il avait bien retenu la leçon et qu’il manquait jamais une occasion de s’hydrater – et puis de devoir pisser une heure après. Mais là, il avait pas vraiment soif, il avait pas vraiment suer. Il s’était juste beaucoup inquiéter pour Rhodan. Alors, il haussa encore un peu les épaules. « Sinon, ouais, on dirait que toi, tu boirais bien un coup. » Mais il en dirait pas plus, parce qu’il l’avait dit, les histoires des autres, c’était chiant. Surtout qu’il s’attachait déjà bien assez comme ça à la rebelle, sans qu’il ait besoin d’en connaitre plus sur elle. C’était compliqué, de pas vouloir s’attacher. C’était inévitable, et d’une certaine manière, c’était crevant. Tous les deux, ils auraient pu tout aussi bien crever le lendemain. Autant s’éviter de la peine, non ?

Spoiler:

Elle aurait du aborder tout ça d’une autre manière, mais voilà, c’était à croire qu’elle avait un peu perdu tout ce qu’elle avait apprit quand elle avait été instructeur. Ou peut être que c’était différent parce que c’était Whisky, et qu’elle devait avouer qu’elle y avait pas mit du sien pour entrainer tous ces montagnards à se battre. Et peut être qu’elle était pas spécialement douée pour ça, pour l’entrainer, pour en faire un homme, un soldat. Non, il était déjà un homme. Elle était juste un peu perdue, et elle essayait de faire de son mieux. Comme quoi, parfois on pouvait être très bon dans quelque chose, et ne pas spécialement savoir l’enseigner. ‘Fin. Elle espérait quand même que son bébé canard il comprenne. Elle n’avait aucune idée d’où ça venait cette expression, les canards ça n’existait quasiment plus en plus, mais … elle aimait bien. Il était ça pour elle. Il était un élève. Un ami. Un protegé. Quelqu’un qu’elle protegerait au péril de sa vie. Et si ça devait arriver, ça serait tant pis. Elle le sauverait toujours tant qu’elle avait le choix. Tout comme elle voulait sauver tous les êtres des etoiles coincés dans la montagne. Elle avait hate maintenant.  

Elle soupira. Ouais. Elle avait connu pire, et peut être que le fait que Whisky soit moins bavard que d’habitude, peut être un peu moins chiant que d’habitude, ça la gênait. C’était bizarre l’ambiance. Elle coupa vite court à ça. Boire hein.  «  Ça dépend, tu parles d’eau ? »  Ca eut le merite de la faire sourire au moins et tout en massant un peu ses cotés, elle s’appuya un peu plus contre un meuble. «  Si je parlais d’autre chose ça t’interesserait ? » Elle était pas spécialement volontaire pour faire boire les gosses, mais Whisky n’était plus un gosse. On lui avait arraché ce qu’il avait d’innocent de toute façon, si jamais il l’avait été un jour. Elle n’en savait rien, elle connaissait pas sa vie. Elle savait juste qu’il était dur, et qu’il y’avait probablement une raison à ça. Si le fait de se retrouver chez des psycho avec une allure bienfaisante, n’était pas suffisant quoi. «  Sinon, ouais, on dirait que toi, tu boirais bien un coup. » Elle haussa les épaules. Il la connaissait un peu, finalement. Peut être que finalement il avait percé un morceau d’elle. Ou peut être pas.

«  Tu sais quoi ? Ouais. Assieds toi. Mieux. »  Non, elle n’allait pas commencer à lui faire des leçons de morale, mais elle disait ça sur un ton un peu joueur, tandis qu’elle se penchait dans un meuble pour ressortir une bouteille de whisky justement et deux verres.   Elle était pas partie pour commencer à lui raconter sa vie cependant, alors elle était bien contente qu’il pose pas de questions, et elle alla chercher quelques glaçons. C’était fou quand même, de penser qu’ils étaient peut être les derniers civilisés de la terre et qu’ils usaient de ça pour faire le mal. Putain, c’était pathétique. Elle soupira un peu, profitant d’être dans une autre pièce pour appuyer quelques instants sa tête contre le mur. Elle était mal. Elle s’attachait trop à un enfant qui ne serait plus la dans quelques jours, quelques heures .Ou plutôt, c’était elle qui ne serait peut être plus la.  Reprimant un nouveau soupir, elle attrapa un pot de glaçons et revint vers Whisky, servant les deux verres. «  Après ça, j’te montre quelques endroits où il est bon de taper ok ? » Voilà. Elle avait une tête normale, déterminée. C’était parfait. Et elle n’allait pas commencer à lui faire la conversation. Ca ne les mènerait à rien, ni l’un ni l’autre.

« Tu sais quoi ? Ouais. Assieds toi. Mieux. » Fallait pas en dire plus à bébé canard pour qu’il obéisse et qu’il se pose confortablement dans le canapé qu’il avait choisi, s’y enfonçant un peu, pour poser sa tête contre le dossier, son regard fixé sur le plafond, alors qu’il soupirait, détendait ses muscles en étirant ses jambes, étirant ses bras. D’un œil, il nota où était planqué la bouteille d’alcool – il ne perdrait pas ses bonnes habitudes – et il remarqua la couleur de l’alcool. Ce qui l’intrigua. Lui, tout ce qu’il avait connu, c’était des trucs infects, fait avec tous les liquides possibles, de l’Arche. Il devait y avoir rien de très naturel, parce qu’il y avait pas de céréales qui poussaient dans l’espace. Ici, sous la montagne, ils avaient beaux être enfermés, ils avaient le luxe de base : de la viande, de l’alcool. Ca rendait le tout beaucoup plus viable, surement. Y avait pire, y avait eu eux, dans l’espace, projetés vers la Terre. Enfin, pas qu’il voulait jouer à ceux qui étaient les plus tristes, dans cette histoire… Ils étaient tous enfermés à nouveaux. Et après avoir connu le goût de la liberté, ça le tuait, à l’intérieur, à petit feu. Moins efficacement que le danger constant, cette peur qui rodait, constante, cruelle, dans un coin de sa tête, dans une partie de son cœur, tirant sur sa sensibilité, sur son insécurité. Il avait peur pour les autres, et il en avait marre d’être enfermé. Ah, il aurait dû fuir avec Clarke, tout aurait été plus simple à l’époque. Mais, probablement, jamais il aurait connu Rhodan, et il aurait pas pu prendre soin des autres.

Oups, il s’était perdu dans ses pensées là, et cligna un peu des paupières quand Rhodan revint, remarquant à peine la confusion du capitaine, trop concentré sur la bouteille, qu’il attrapa en même temps que son verre. Ca pétillait, dans son regard, et il avait retrouvé cette joie de vivre si fatigante pour les autres. Alors, il coupa Rhodan dans ses promesses d’entrainement – oui, oui, il retournerait se faire botter le cul – se mettant à parler. « Tu sais que j’en ai jamais bu ? » Son débit était rapide et enjoué. « On avait que des tord-boyaux, là-haut. » Il mima une grimace en se rappelant certains verres qu’il avait bu, qui n’étaient pas les meilleurs de sa courte existence, loin de là. Il fallait être obligatoirement dans l’espace, et désespéré, pour accepter d’ingurgiter ce que certains contrebandier faisaient. Ils pouvaient pas se permettre de faire la fine bouche. Et ça avait le mérite de taper assez vite sur le système. Boire pour oublier ? Oui, parfois. Puis, fallait l’avouer, un mec qui s’appelait Whisky, fallait bien s’attendre à ce qu’il ait touché une bouteille de sa vie, au moins. Alors, il fit tourner un peu l’alcool dans son verre, admirant la robe ambrée, et il but, tout doucement. Eh, c’était peut-être le seul whisky qu’il boirait de toute sa vie. Il n’allait pas cacher ce si précieux moment. « Oh c’est super bon. » Bon, c’était définitif. « J’pense que je suis amoureux. » Il jouait le jeu, faisant semblant de vivre de grandes émotions, alors qu’il appuyait sa joue contre la bouteille.

Il abandonna quand même bien vite le récipient, parce que son contenu était beaucoup plus intéressant. « Vous en fabriquez, c’est ça ? Les cuves, elles sont où ? » Non pas qu’il avait l’idée d’aller les voir, loin de là…

Ca y’est Whisky était presque assit comme un être humain normal. Ce n’était pas tant qu’elle était maniaque Rhodan, elle avait un petit désordre organisé dans sa maison, avec tous les livres rangés par auteur puis par taille sur ses étagères, ses tenues toujours clairement pliées, même ses verres étaient rangés par ordre de taille, les gros verres à droite, les plus petit à gauche… Non, ce n’était pas tant qu’elle était maniaque, bon, peut être un peu si, mais c’était surtout qu’on lui avait apprit la politesse, et qu’elle n’aimait pas avoir l’impression d’avoir un rustre cromagnon installé sur son fauteuil. Bien que….ça lui fasse chaud au cœur. La princesse de Whisky avait finalement du bon, et peut être qu’une vague de regret lui fit penser qu’elle n’aurait jamais de famille, jamais de gosse, jamais rien finalement pour une histoire de vengeance dont elle n’arrivait pas à s’extirper, pour une histoire de vengeance pour la quelle elle avait gaché sa vie.  

Des glaçons. Des verres. Elle tenta de sortir de ses pensées, et de se concentrer sur le moment présent. Elle n’avait pas spécialement envie que Whisky se mette à lui poser trop de questions. Aux yeux de tous elle devait apparaître forte, pas comme une fille toute cassée à l’interieur de sa tête. Elle ne l’était pas. Elle ne l’était plus, elle ne le serait plus jamais.   Les verres étaient servis et Whisky venait de s’emparer de la bouteille de l’alcool qui portait son nom. « Tu sais que j’en ai jamais bu ? » Ca la fit presque sourire. «  Je suppose que dans l’espace il ne doit pas être aisé de fabriquer de l’alcool effectivement. » Elle aurait pu être fascinée par ce qui s’était passé dans l’espace, mais ça lui laissait le sentiment amer de quelque chose que de toute façon elle ne verrait jamais. Comme toutes ces legendes sur les quelles avait lu tout ce qui était disponible. Whisky, lui, venait de ces etoiles pour les quelles elle aurait tout donné a une époque. Mais peut être que sans vrai alcool, la vie dans les étoiles ça devait pas être si idyllique. «  Du moins du bon alcool. » Un mouvement sur ses lèvres, un sourire. «  C’est du whisky. Je ne vous trouve pas trop de ressemblance pour le moment. » C’était presque une plaisanterie en fait. Non, pas presque. C’en était une. « J’pense que je suis amoureux. »  Et quand il bu, se mettant à serrer la bouteille contre lui, elle ne put s’empecher de laisser échapper un petit rire. «  Tu rendrais probablement beaucoup de filles jalouses si tu préférais passer ta vie avec une bouteille. » C’était juste une plaisanterie comme ça, elle n’avait pas spécialement envie de savoir sa vie à Whisky, de savoir ce qu’il faisait, ou même de lui rappeler un mauvais souvenir si jamais il avait eu une petite copine dans le lot des morts. Mince, elle avait peut être gaffé. Elle baissa vaguement les yeux, but une longue gorgée.

Il posa la bouteille. « Vous en fabriquez, c’est ça ? Les cuves, elles sont où ? »La question était intéressante en elle même, et elle haussa les épaules, d’un air presque desinteressé. «  Tu prévois une excursion ? Tu sais, je ne pense pas que ça soit le meilleur moment. Tu peux te contenter de mes reserves personnelles je pense. » Une fois que la montagne serait tombée, elle l’amenerait dans les cuves de Whisky et d’autres alcools si elle était encore la. Elle poussa un soupir. «  On fabrique plein de choses au niveau des fermes, seuls les gens habilités et les militaires peuvent y’aller, c’est probablement le niveau le plus sécurisé de tout Mt. Weather, après tout, c’est grâce à ça que nous pouvons vivre. » Un soupir. «  Ou du moins, nous aurions du nous contenter de ça. » Voilà, elle avait un air presque dépressif maintenant, c’était triste à voir…. Mais ça la rendait malade de se dire qu’ils arrivaient à faire durer la vie et la civilisation, pour finalement faire les pires choses du monde.

Whisky était heureux pour l’alcool oui, mais aussi parce qu’il avait réussi à faire rire Rhodan, dont il aurait juré, quelques heures auparavant qu’elle était indéridable. Oh, elle était gentille, elle lui avait sauvé la vie – raison pour laquelle il la suivrait jusqu’au bout de cette guerre, et plus loin, si c’était nécessaire – mais elle avait toujours cette petite expression torturée et ennuyée, qui peinait un peu le Whisky. Oui, il savait que c’étaient des temps difficiles, que, en plus, être rebelle en prétendant être un capitaine, ça ne devait pas être facile tous les jours. Et il ignorait les raisons qui poussaient le soldat à être ce qu’elle était aujourd’hui. Mais il l’aimait bien, le canard, et franchement, s’il lui permettait de lui changer les idées, d’une manière ou d’une autre, c’était déjà ça de gagner. « Tu rendrais probablement beaucoup de filles jalouses si tu préférais passer ta vie avec une bouteille. » Il haussa les épaules, un grand sourire sur les lèvres, avant de se pencher en avant, un air faussement complice. Si c’était elle qui allait vers ce terrain, il n’allait pas s’en priver, Whisky. « Je pense que ça les soulagerait beaucoup, en fait. » Oui, il n’était pas ignorant du fait qu’elles préféraient quand il leur foutait la paix. Mais il aimait trop le sexe opposé pour leur faire cette faveur. « Et puis, là, je n’ai d’yeux que pour toi. » Il battit faussement les cils. S’il ne disait jamais non à une partie de jambes en l’air, Whisky savait que, sous la montagne, il n’y avait pas vraiment de place à la romance, et lui, ça l’intéressait pas. C’était trop compliqué. Y avait eu un truc, avec Ruby, un truc qu’il identifiait pas bien, mais ça s’était terminé quand ils étaient arrivés sur Terre. Comme quoi, ça détruisait pas que les vies, ça foutait aussi en l’air des amitiés.

Enfin, il allait pas se prendre la tête là-dessus, Whisky, surtout qu’il était en magnifique compagnie de Rhodan et de lui-même. Et il avait bien l’intention de savourer l’alcool. Parce que, maintenant qu’ils étaient des proies, il doutait qu’il pourrait goutter à la bonne cuisine de Howard quand ça le chantait. Puis c’était du whisky, c’était important, à ses yeux. « Tu prévois une excursion ? » Ses yeux brillèrent. Il y avait pas encore pensé (car oui, il aurait fini par arriver à ce mauvais plan, à un moment ou un autre). Mais Rhodan lui remit les idées en places et il fit une petite moue. Lui, il voulait vraiment voir à quoi ça ressemblait, s’émerveiller devant les alambics et les différents futs qui devaient composer les collections de la Montagne. Eh oui, ils étaient incapable de sortir de là, il n’en restait pas moins qu’ils avaient tout ce dont ils avaient besoin… en quelque sorte. Il écouta attentivement les fermes, tentant de s’imaginer une culture artificielle, gigotant un peu sur place, parce que ça le démangeait pas mal, là, tout de suite d’aller jeter un coup d’œil dans ce coin de la Montagne. Il tenta, quand même. « T’es sûre que tu peux pas m’y amener discretos ? » Eh oui, être pourchasser ne serait jamais une raison suffisante pour qu’il enregistre les dangers. « Nous aurions dû nous contenter de ça. » Une grimace revint sur ses lèvres et il baissa le regard quelques secondes. Il y eut un blanc, puis, il sourit, presque timidement. « Tu pourries bien l’ambiance ! » Ouais, c’était assez enjoué à son gout. « Vas-y, vide ton verre. On déprime pas ce soir. » Eh, c’était ça d’avoir du Whisky à la maison, il aimait pas être triste. « … c’est bien le soir ? » Par contre, con, il savait faire.

Bon, ça faisait du bien d’avoir une conversation comme ça avec Whisky. Certes, Rhod, elle était pas forcement sure qu’on puisse appeler ça une conversation, mais ils parlaient et il y’avait une espèce de dialogue, de communication, alors ouais, ils conversaient. Point. Elle allait pas chercher plus loin, elle en avait plus vraiment le courage de toute façon. « Je pense que ça les soulagerait beaucoup, en fait. Et puis, là, je n’ai d’yeux que pour toi. » Flatteur pensa t’elle. Elle sourit cependant en prenant un faux air outré. « Hmmm. » Petite sourire en coin, elle s’installa un peu mieux. « Petit flatteur. Je serais trop vieille et trop intense pour toi. » Elle plaisantait elle aussi finalement, il lui faisait du bien le Whisky. Pas comme les gens auraient pu l’entendre normalement, mais il lui faisait du bien, vraiment. Ca lui faisait assez plaisir d’avoir quelqu’un de vraiment … spontané avec elle. C’était un rouleau de fraicheur.

Et elle savourait un peu l’alcool, tandis qu’ils continuaient à parler. Forcement c’était du Whisky, c’était bon. Elle le rabroua un peu cela dit, ou du moins le dissuada de faire une excursion au milieu des cuves. Ca . ;. Ne serait pas le bon plan. C’était dommage. Elle baissa les bras un peu triste à sa demande. « Non. Je ne peux pas. Même pour moi ça serait trop suicidaire. » Et c’était un non catégorique. Il pourrait insister, elle ne l’amenerait pas la bas, parce qu’il se ferait tuer si elle l’y amenait.

Et puis voilà qu’elle gâchait un peu l’atmosphère… Hmm. Ca n’avait pas eu l’air de trop plaire à Whisky ouais. Elle haussa les épaules un peu. « Vas-y, vide ton verre. On déprime pas ce soir. » Et pour le vider, elle le vida son verre, d’une traite, tandis qu’elle en attrapait un autre, ou du moins qu’elle le re-remplissait, comme quelqu’un qui avait l’habitude de beaucoup boire. Seule, souvent.

« … c’est bien le soir ? » Ca au moins, ça lui tira un sacré sourire ! « Je crois ouais. » D’un regard à l’horloge murale, elle pencha la tête sur le coté. « 19h je dirais. Peut être que t’as faim tiens ? » Elle voulait bien aller chercher des trucs en cuisine, Howard lui passerait bien un bon steak non ? Ou alors elle avait des vieux biscuits.. Ouais non, le steak ça restait mieux je pense.

Eh oui, il y avait bel et bien un visage humain sous tous les traits tirés de Rhodan. Whisky, il manqua même de s’étrangler avec son alcool quand elle lui renvoya une petite pique, qui le cloua sur place et le laissa avec la bouche ouverte, alors qu’il la voyait s’amuser – c’était bien de l’amusement ça, non ? Enfin, il en fallait plus pour le désarçonné et la réponse vola, plus par réflexe que suivant un quelconque effort de réflexion (et sachant qu’on parlait de Whisky, l’inverse aurait été étonnant). « Qu’est-ce qui te fait croire que je ne peux pas gérer ce genre d’intense ? » Il lui offrit un beau sourire charmeur, avec son air un peu bête, et fier d’avoir répliqué. C’était un jeu (quoique) et retourner à ces basiques de conversation, ou ce qui constituait les basiques, le détendait beaucoup, ça arrivait presque à lui faire oublier qu’il y avait une montagne au-dessus de lui et qu’une certaine quantité de gens auraient préféré l’avoir mort, pour ce qu’il y avait dans sa colonne vertébrale. Enfin, ça aurait presque fonctionné si Rhodan ne venait pas avec cette crainte, qu’il supposait comme une seconde peau pour elle. Whisky, il avait du mal à imaginer ce que ça devait être, de vivre constamment caché, entouré de gens qui partageaient les convictions parfaitement opposées. Il espérait qu’elle avait des amis, Rhodan, sinon elle allait devenir folle. Et elle avait l’air fort seul, comme si elle portait une partie de cette montagne sur ses épaules.

Enfin, ce soir, Whisky il avait décidé que ça serait une soirée où on s’amusait et s’il devait faire le pitre jusqu’au bout de la nuit, il acceptait cette mission, si ça permettait à Rhodan d’oublier la couleur des néons, et la pâleur des murs. Alors, il oublia l’excursion dans les cuves, et tendit son verre vers le soldat, pour qu’il ait droit, lui aussi, à un deuxième tour. « 19h je dirais. Peut être que t’as faim tiens ? » Son visage s’illumina un peu plus, si c’était possible. Manger, ça, il aimait. C’était bien l’un des rares points positifs d’être arrivé sur terre. Ici, il y avait de la vraie nourriture, et Whisky s’était fait la promesse de manger tout ce qu’il n’avait pas eu le droit de mettre dans son estomac depuis sa naissance. Non, les crises de foie ne lui faisait pas peur, il était prêt à affronter les animaux bizarres pour les mettre dans son assiette. Enfin, ici, à Mont Weather, il était loin de devoir aller chasser son repas. Parce qu’il y avait la cuisine et que il devait y avoir Howard pas loin des fourneaux. « Sache une chose Rhodan. » Il prit son air le plus grave, et le plus sérieux. « J’ai toujours faim. » Il finit par avoir un sourire franc, et franchement amusé, alors qu’il buvait encore un peu de son verre, qu’il claqua sur la table, avec un peu trop d’entrain. « On va voir Howard ? » Et il lui adressa ses yeux de chiens battus, parce qu’il savait qu’il n’avait pas l’autorisation de sortir, mais bébé canard appréciait vraiment le cuistot – et ce qu’il préparait.

«  Qu’est ce qui te fait croire que je ne peux pas gérer ce genre d’intense ? »   Elle avait peut être tendu une grosse perche finalement. Mais plaisanter comme ça c’était une peau qu’elle ne revêtait pas souvent. Du moins pas avec des inconnus, et ça lui faisait du bien. Parce qu’elle n’était pas seulement cette cruelle militaire qui obéissait à la montagne, et elle n’était pas seulement la résistante qui planifiait la fin, - y comprit la sienne – non, elle était également une femme, une vrai, quelqu’un qui avait grandi avec des amis, et qui avait des parts d’être humain. Elle sourit. «  Une intuition, va savoir. »  Un clin do’eil. Oui, elle venait de lui faire un clin d’œil.

Mais voilà, elle n’arriverait peut être pas à se détendre trop, que ce soit ce soir, demain, ou dans les jours à venir. Elle mourrait bientôt, elle en était sure, et distraitement elle servit à nouveau Whisky. Il était raffraichissant, elle voulait qu’il s’en sorte. Elle le cacherait au péril de sa vie et elle le ferait survivre c’étiat une chose sure. Elle fronça les sourcils. Et puis un peu, elle oubliait. Il était tard désormais, et la perspective de manger lui semblait… Agréable.  Et la réaction de Whisky la fit presque rire. «  J’ai toujours faim. »  C’étiat comme si il venait de lui révéler le secret du siècle, et … finalement elle laissa échapper un petit rire, amusée. Elle l’était totalement. Elle aurait aimé le connaître avant, sous d’autres circonstances. Elle se serait bien entendu avec lui peut être. «  On va voir Howard ? » Cependant son sourire disparu un peu.  Et elle secoua négativement la tête. «  Je devrais y’aller seule. C’est risqué pour toi d’être dans les couloirs. »   Elle ne voulait pas jouer les rabats-joies, mais parfois il fallait prendre des responsabilités. La. Elle les prenait bien. Elle allait, elle chercher à manger auprès d’Howard, et elle ferait attention à ce que Whisky n’ait pas de soucis. «  Tu ne peux pas venir avec moi, tu comprends. C’est pour ton bien. Dis moi ce que tu veux que je te ramene. »  Un moment, elle essaya de détendre l’atmosphère du mieux qu’elle pouvait. «  Et Howard n’est pas une réponse valable à cette question. » Il pouvait faire ce qu’il voulait du cuistot, mais il ferait ça quand ils seraient sortis. Pour le moment c’était trop risqué. Enfin…  Elle sourit un peu gênée. Elle n’aimait pas empêcher les gens de faire ce qu’ils voulaient mais parfois la prudence était plus importante.

Whisky il aurait dû savoir que les yeux de chien battu fonctionneraient pas, il était pas un chien, donc il lui manquait une partie crucial pour réussir à faire fondre le cœur de Rhodan, ou plus particulièrement pour lui faire oublier les précautions de sécurité. Ouais, c’était pas un bon plan, comment il aurait pu faire oublier ça à un capitaine ? Elle avait dû faire ça toute sa vie, être un soldat, obéir aux ordres pour s’assurer que les résistants ne seraient pas mis en danger. Alors, elle ne risquerait pas tout pour l’estomac de Whisky, et son envie de voir Howard, où que le cuisinier soit. Mais ça lui manquait, de voir des gens, sans se soucier de ce qui pourrait arriver, sans devoir, sans cesse, repousser cette peur constante que c’était peut-être la dernière fois qu’il voyait quelqu’un. Au détour d’un couloir, ça pouvait être mortel, ou alors, un rebelle pouvait se faire prendre et Whisky, lui, il perdrait un ami. Il en avait déjà assez perdu, et s’il en avait eu la capacité, il aurait tout arrêté. Mais il restait qu’un gamin avec peu de ressource. Whisky, il sauverait personne, même s’il en avait très envie, que tout ça s’arrête. L’envie faisait pas ce monde, clairement pas.

Il baissa les yeux, un peu boudeur. Rhodan, elle pourrissait vraiment l’ambiance (ou l’ambiance était pourrie, de base, c’était plus que probable). « Tu ne peux pas venir avec moi, tu comprends. » Il hocha la tête, le Whisky, en bébé canard presque bien éduqué. Il allait pas se mettre Rhodan à dos, parce qu’elle aurait été parfaitement capable de le bloquer ici par la force, si elle le voulait. Et il voulait pas qu’elle le considère comme un incapable. Parce qu’il avait beau être con, il avait quand même survécu jusqu’ici. Il faisait partie de ces 50% qui avaient eu la ‘chance’ de survivre aux premières semaines. Pas question qu’il foute tout ça en l’air – même si parfois l’envie était très forte de faire comme avant, comme quand le monde ne voulait pas sa peau, et juste faire le con, oublier les problèmes qui l’entouraient. Enfin, ici, à la moindre erreur, ça serait pas une remontrance des gardes auxquelles il aurait droit. Alors, il pensait déjà à ce que Rhodan pourrait lui rapporter, même s’il n’avait pas besoin de se creuser le peu de neurones qu’il avait, Whisky. « Et Howard n’est pas une réponse valable à cette question. » Il ouvrit la bouche pour se plaindre. « Maiiiis. » Bon, ca sonnait très convaincant.

Cette fois-ci, Whisky eut une réelle bouille triste et il s’enfonça dans son siège les bras croisés. « T’es sure que tu peux pas l’attirer jusqu’ici ? Il me maaaanque. » Voilà, il commençait à nouveau à faire sa pauvre victime – ce qu’il était en partie. Ca faisait tellement longtemps qu’il n’avait plus vu le cuistot, ça lui manquait un peu. Howard, il avait été son premier ami de sous la montagne, il avait essayé de mettre Whisky en garde contre les méchants, et ça s’était fait un peu trop tard, parce que toute la merde du monde s’était déchainée sur les 46 à partir de ce monde. Enfin, il poussa un petit soupir, sachant pertinemment qu’il n’arriverait pas à attirer Howard jusqu’ici. « Bon… » Il avait la mine encore un peu renfrognée. « Tu lui diras qu’il me manque, hein ? » Et son regard d’enfant se posa sur Rhodan, plein d’espoir. Ca elle pouvait faire, non, de s’assurer que le message soit bien transmis. « Et donne lui une bourrade dans l’épaule, parce que je dois lui manquer aussi, hein ? » Voilà, l’expression de petit canard plein d’espoir se posait sur Rhodan. « J’veux de la viande. Et s’il me file des légumes, tu seras de corvée de les manger, voilà. » Parce que les légumes, c’était tellement mauvais, à ses yeux, que ça serait une punition convenable pour Rhodan, de pas le laisser sortir.