the mountain will fall → groupe 5 | La Montagne | FINI

Alors que le président Cage menaçait les Cents, ils avaient réussi à trouver refuge chez des rebelles de la Montagne. Ces gens qui n’acceptaient pas la torture infligée au Grounders, qui n’acceptait pas le destin qu’allaient bientôt connaître les nouveaux arrivants. Ces gens qui ne mettaient pas leur propre vie au-dessus des autres et qui préféraient mourir, eux, que de prendre le sang de prisonniers. Ruby, elle, était perplexe face à tout ça. Avec cette haine qui lui faisait voir rouge, elle n’arrivait pas à apprécier l’aide que les gens de la Montagne voulaient bien leur offrir. Elle n’osait pas admettre que certains d’entre eux puissent être des gens bien. Elle voyait le tout comme un groupe indissociable, où personne n’était vraiment innocent. Parce que même s’ils étaient contre l’idée d’utiliser d’autres humains comme moyen de guérisons, combien d’entre eux déclineraient vraiment l’offre de moelle osseuse? Combien d’entre eux cèderaient sous la tentation de cette idée de liberté, de pouvoir enfin sortir? Elle pouvait bien les juger, mais si elle s’était retrouvée dans la même situation, elle n’aurait probablement pas agi différemment. Mais ça, elle refusait de le comprendre. Il lui arrivait souvent de voir tout noir et tout blanc. Pour l’instant, ils étaient blancs alors que la Montagne était noire. Pourtant, là, elle se retrouvait en semi-sécurité, cachée dans un appartement avec d’autres de ses comparses. Whisky n’était pas avec elle, il était resté avec Clarke et les autres. Il n’avait pas voulu se séparer d’elle, mais il n’avait pas vraiment eu le choix. Elle savait qu’il était bien entouré, que de cette manière, il pourrait se rendre très utile, mais la pensée qu’il puisse lui arriver quelque chose la tiraillait. Elle voulait revoir son visage, son sourire niais. Elle voulait, une fois de plus, qu’il lui passe la main dans les cheveux.

L’occupant qui possédait l’appartement et qui les gardait cachés possédait lui aussi une petite radio qui lui servait de communications avec les autres groupes. Ruby avait pensé plusieurs fois lui enlever, mais ça restait inutile puisqu’elle entendait très bien ce qui en sortait. Quand on nomma le nom de Clarke et de Monty, elle porta une oreille plus attentive. Elle savait que Whisky était avec eux. La femme qui parlait, sûrement une garde, mentionna les cuves. C’est là qu’ils se dirigeaient. Elle ne savait pas trop pourquoi, mais elle imaginait que ça avait un rapport avec le brouillard acide qui était contenu dans les gros réservoirs. Peut-être n’avaient-ils pas accès à la salle de contrôle? Ça restait sûrement la meilleure alternative pour réussir à désactiver ce foutu brouillard qui devait ralentir les troupes dehors. La meilleure alternative, oui, mais pas la plus sécuritaire non plus. Rien n’était vraiment sécuritaire, rendu là. Sans réfléchir, comme à son habitude, Ruby se précipita hors de sa cachette. Les autres qui étaient avec elle tentèrent de la rattraper, mais elle avait déjà franchi la porte. Celui qui s’occupait d’eux n’avait même pas eu le temps d’ouvrir la bouche ou de protester. Quand elle avait une idée en tête, elle fonçait et c’était tout. Elle n’avait pas ce mécanisme qui la forçait à ralentir ou à songer aux meilleures options. C’était franchement dangereux, mais ça ne venait même pas lui effleurer l’esprit. Elle s’élança dans le couloir et fit aller ses jambes, prenant quand même le temps de voir où elle se dirigeait. Elle ne savait pas trop où se trouvaient les cuves, mais des plans étaient affichés sur les murs un peu partout. Ce n’était pas très utile pour eux, en cas d’attaque ennemie, mais elle était bien contente qu’ils soient là. En quelques secondes, elle traça mentalement le chemin, essayant de le mémoriser le plus possible. Les multiples couloirs rendaient la tâche difficile, et si elle voulait y arriver sans encombre, elle devait éviter de s’arrêter.

Lorsque Ruby arriva face à un mur, la déception pointa le nez dans son esprit. Elle s’était trompée, elle avait pris le mauvais tournant quelque part et elle se retrouvait dans un cul-de-sac. C’est lorsqu’elle tenta de faire demi-tour qu’une main se posa lourdement sur son épaule. Timidement, elle fit face à l’homme qui venait de l’intercepter. Il s’agissait d’un garde et franchement, il n’avait pas l’air d’être de son côté. Il la frappa rapidement au visage, juste assez fort pour qu’elle perde l’équilibre et qu’il puisse la maintenir en place sans qu’elle puisse se défaire. Il annonça sa capture dans la radio, puis, la menaçant de son arme, la traîna quelque part. Désorientée par la force du coup, Ruby ne savait pas trop ce qui était en train de se produire. Tout ce qu’elle savait, c’est qu’elle semblait avancer toute seule. Un objet froid et métallique était appuyé contre sa tempe. Son premier réflexe fut de le pousser plus loin d’un geste de la main, mais ses bras restaient immobiles, attachés. Après quelques minutes et alors qu’elle recommençait à reprendre ses esprits, le garde s’arrêta dans l’entrée d’une pièce. Plusieurs visages étaient tournés vers eux, dont un qu’elle reconnut tout de suite. Whisky. Il était là, avec un regard horrifié. Le garde qui la maintenait toujours bien fortement, parla d’une voix forte près de son oreille. Il menaçait de la tuer, et c’est là qu’elle comprit ce contact froid sur sa tempe. C’était un pistolet. Un pistolet qui pouvait partir à chaque moment, qui pouvait mettre fin à sa vie en moins de deux. Sans qu’elle puisse s’en empêcher, une larme coula sur sa joue, suivie de plusieurs autres. Elle ne voulait pas mourir. Pas comme ça, pas devant Whisky et les autres. Elle les implora du regard, sachant bien que sa vie ne valait pas celle de tous les autres prisonniers, Cents comme Grounders.

Ils allaient tomber. Ils allaient tous tomber. Rose ne pouvait s'empêcher, de se raccrocher à cet espoir. Pour tout le mal qu'ils avaient engendré. Pour toutes les séquelles causaient pour leur peuple, ils allaient payer. Mais pourtant, depuis le début de l'opération, Rose s'était retrouvée en retrait, même pas choquée, face au spectacle qui lui était donné de voir. Aucune pitié. Aucune compassion. Ces soldats avaient visiblement décidé de se frotter à plus forts qu'eux. Elle aurait aimé pouvoir faire plus. Elle aurait pourtant aimé être plus active dans ce combat ; un combat, qui était aussi le sien, quoi qu'on en dise. Mais pour le moment elle n'en avait pas eu l'occasion, tenant tout de même son couteau fermement, prête à s'en servir.
Dans un sens, les hommes de cette montagne avaient failli à leur parole. Mais dans le fond, que leur devaient-ils ? Tout comme eux, ils voulaient vivre plus que tout, à n'importe-quel prix, et peu importait les dommages collatéraux. C'était du délire, du pur délire. De la folie, mais ils espéraient tous pouvoir en venir à bout, et sortir enfin de ces ténèbres.
Toujours en retrait, Rose observait la situation, face à Monty qui semblait peiner à désactiver le brouillard acide. Mais malheureusement, les problèmes ne venaient jamais seuls, car un stupide technicien vint essayer de saboter le plan.

Étaient-ils en train d'essayer de négocier, avec cet homme ? Rose ne put s'empêcher de froncer les sourcils. Ils n'étaient tout simplement pas des personnes avec lesquelles l'on pouvait discuter.
Mais comme l'avait affirmé Clark, il n'y avait pas de héro ici. Personne ne l'était. Ils essayaient tant bien que mal de survivre, de défendre leurs intérêts. Son intérêt à lui, n'était sûrement pas de résister ; mais pourtant. Pourtant, il ne voulut rien entendre, et se décida tout de même à appeler la cavalerie. La réaction ne se fit guère attendre, la fille de la montagne le tua, et le corps gisait sur le sol, comme de nombreux auparavant.
D'autres hommes de la montagne étaient encore en vie, et Clark tenta de manière très persuasive de leur faire entendre raison. Tout ce que Rose espérait, était qu'ils ne se décident guère de jouer les cow-boys, à tenter de jouer les héros inutilement. De toute évidence, ils ne demeuraient pas en position de force ; pas cette fois.
Le capitaine Andersen finit par prendre le radio, affirmant que la situation était sous contrôle. Ce plan allait-il fonctionner ? Au point où ils en étaient, tout pouvait être possible, mais très vite, ils constatèrent qu'ils les avaient peut-être sous-estimer.
Ils détenaient l'un des leurs, et le moins que l'on puisse dire, était que la mise avait changé. Rose regarda autour d'elle. Rose toisa l'assistance, afin d'apercevoir une once de réaction. Rose ne connaissait à peine la jeune femme qu'ils détenaient, mais sa terreur lui frappa au cœur. Après tout, les hommes d'ici n'étaient point si différents de ceux de là-haut, à son plus grand damne.
Rose n'eut à peine le temps de le voir venir. Elle n'eut à peine le temps de comprendre ce qu'il se passait sous ses yeux, qu'un nouveau coup de feu retentit. Un jeune homme que l'on surnommait Whisky venait de tirer sur l'homme, avant d'accourir auprès de l'ancienne captive ; ils se connaissaient. Derrière tous les actes de bravoure se cachait une personne, une personne pour qui l'on pourrait tout donner ; c'était ce qui se présentait sous ses yeux.
Rose resta muette, attendant la suite qui se présenterait mal, si les hommes de la montagne continuaient sur cette lancée.