bad timing, young man + Songa

Le compte à rebours était maintenant donné et je n'avais qu'une seule chose à faire, amener mes hommes sur le front pour défaire les archéens de l'emprise Shiedgeda. Luray était dévastée par cette nouvelle attaque et bien que je ne porte pas spécialement ces gens là dans mon cœur, les skaikru, je n'ai d'autres choix que d'obéir aux ordres. Ma place était auprès de ma Steltrona et surtout auprès de la coalition. Je fis donc route vers Luray, la capitale shiegeda. Eros, mon étalon noir, savait quoi faire et où m'emmener, je lui faisais entièrement confiance. Depuis douze années partagées, je n'ai plus besoin de lui dire quoi que ce soit, il sait. Il écoute et il obéit. Preuve d'un dressage finement réussi.

Nous étions donc en route vers Luray pour apporter notre soutien au commandeur. Moi et une dizaine d'hommes Woda avions pris le flan Est pour les surprendre et nous devions traverser pour cela le campement de fortune des guérisseurs. Là où les échappés étaient amenés pour leur apporter des soins. J'étais en première ligne, au devant du groupe. Nos équidés étaient au galop. Malgré le nombre, nous savions maîtriser nos montures pour éviter tout accident; Le temps, nous n'en avions pas à perdre. Le rythme était soutenu; J'avais pris une certaine avancée sur le convoie lorsque je pris route vers les grottes. A la sortie du campement, une ombre surgissant de nul part en course vint à me surprendre. Mains serrées sur les reines, j'exerce une pression en arrière pour ralentir Eros, quitte à l'arrêter. Ses sabots vinrent à s’encastrer dans la boue, glissant sur les derniers mètres qui me séparer de cette ombre. Eros hennit sous le poids. Quant à moi, un juron transperça férocement la barrière de mes lippes. Dans notre langue, je haussai la voix pour alerter l'inconnu. J'ignorais encore qui se cachait derrière Eros. Un petit homme pas plus haut que six pommes lui faisait face. Une fois à l'arrêt en un simple élan, je basculai ma jambe au dessus de mon cheval pour venir regagner la terre et faire face au problème qui, une fois en face, n'en fut plus un. "Yongon." Je le fixais, longuement de mes traits durcis et sévères sans pour autant dire un mot. Bras croisés sur le torse, je soupire gardant ce silence oppressant avant de le briser. "C'est dangereux de courir comme ça avec l'arrivée de chevaux au galop." dis-je d'un air sérieux. "Que fais-tu ici ? Ce n'est pas la place d'un petit garçon." rajoutai-je enfin.

J'entendis les sabots de mes comparses approchaient de notre position.
Mon regard se dirigea vers eux. "Kapa?" dirent-ils en arrivant. Ma mâchoire se serra et je leur ordonnai de continuer, qu'ils ne m'attendent pas. Que la Steltrona n'attendrait pas. Je regardais alors le petit garçon de haut en attendant qu'il daigne s'expliquer.

J'ignorais bien des choses à cet instant et la vision de ce petit garçon à mes pieds, apeuré et surtout réclamant le pardon me fit soupirer. Ai-je vraiment un cœur de pierre pour hausser le ton face à lui ? Il devait comprendre l'enjeu d'une telle irresponsabilité toutefois. Vouloir aider au mieux c'est une chose, en revanche mettre sa vie en danger pour si peu c'est autre chose. Les guérisseurs auraient attendu quelques secondes de plus si il le fallait. 'Tu peux venir en aide à quiconque en aurait besoin sans pour autant te mettre en danger, petit. Viens par là.' affirmai-je tout en l'empoignant fermement par les épaules pour l'écarter du passage de mon kru. Il ne pesait rien du tout, la facilité à le soulever du sol rattrapa un énième soupir, il aurait était mort aussi aisément piétiné par les sabots de nos chevaux. 'Laissons passer mes guerriers.' Je ne pouvais pas les retenir plus, je me retournai alors, hurlant à l'assaut tout en fouettant le derrière du premier cheval à mes côtés; Eros ne bougeait pas de sa place initialement à mes arrières. Même l'appel des siens lui incombaient si peu. Je regarde à nouveau le petit homme en baissant la tête, une main derrière celle-ci pour le rassurer de ne plus avoir peur. Je pouvais le comprendre. Ca me faisait mal au cœur oui, je m'en voulais de l'avoir réprimander. Ce petit garçon me rappelait tellement cette fougue que pouvait avoir ma petite sœur Nahele à son âge. Je ne devais pas le fâcher ou lui faire peur, alors je m'accroupie. Quelques minutes sont précieuses dans une bataille, mais elles le sont tout autant pour sauver des vies. Et ce petit là savait user de chaque seconde pour se rendre utile apparemment.

Je pose un genou à terre, me mettant à hauteur du petit homme. Je le fait relever ses yeux sombres vers moi. Plongeant mes azurs dans les siens. Je lui souris. Geste simple mais qui rassure. 'On va aller re-remplir ce sceau, ça marche ?' Il fallait bien que je rattrape le coup, non ?