forgive me if my arms are not open wide enough ◇ mordh

15 décembre ; Ulfuris – début de mâtiné.   Après son passage à Orst qui n’avait mené à rien, car la reine n’y était pas, déjà partie pour les terres Skjeran rattraper ce qui était peut être les erreurs d’Arzhel, continuellement – quand n’était ce pas le cas ? Le chef de Orst avait vraiment quelques lacunes, quelques difficultés à être un loyal petit soldat finalement. Une disgrâce. -  Eendth était revenue à Ulfuris depuis quelques jours. Elle avait vaquée à ses occupations de chef de village, coordonné quelques chasses, et même géré un entrainement de guerriers, qui l’avait laissé satisfaite. Son village était clairement le meilleur des Azgeda et elle en était extrêmement fière. Elle espérait qu’il continue de la rendre ainsi, et que d’autres de ses guerriers n’aient pas a aller mourir pour des guerres qui ne les concernaient pas. Bien sur, elle aurait voulu qu’Azgeda s’illustre un peu plus dans la guerre au Sud Ouest, mais Mordh avait preféré que son peuple se focalise sur une chasse qui n’avait rien donné, et panse les plaies liées à l’épidémie.  C’était compréhensible. Eendth ne pouvait pas juger une décision qui mettait le peuple en avant, elle trouvait juste cela dommage, qu’Azgeda n’en ait pas profité pour envoyer des meilleurs guerriers que ceux qui n'étaient pas revenus, afin de montrer que la loyauté dont Syndra avait fait preuve ne disparaissait pas. Soit. C’était ainsi, et ce qui était fait était fait. Eendth n’avait pas le droit de s’en plaindre.

Elle revenait de la maison principale, passant à travers le frimas, resserrant quelque peu la fourrure de loup sur ses épaules, et elle fit signe à Agénor et Belos de la suivre, tandis qu’elle se dirigeait vers la hutte d’enfumage. Elle voulait vérifier si tout allait bien, où en étaient les reserves. Peut être, pourrait elle envoyer un messager s’entretenir avec Mordh afin de savoir si ils pouvaient partager leurs reserves avec le Trikru. La chasse avait été plus que fructueuse autour d’Ulfuris lors de ces derniers mois, et par le froid glacial qui y régnait, Ulfuris avait connu moins de pertes dans l’épidémie.

Ses pensées furent interrompues quand un des éclaireurs arriva en courant. Il y’a des silouhettes qui avancent. Elles sont couvertes et armées. Azgeda.  C’était tout ce qu’elle avait besoin de savoir, et peut être l’eclaireur était il trop jeune, ou peut être que les personnes étaient bien dissimulées, mais il n’avait aucune idée de qui il pouvait s’agir. Eendth siffla, comme elle l’aurait fait avec ses chiens, et Belos vint lui tendre ses dagues qu’il gardait toujours pour elle, quand elle se déplaçait ainsi. « Allons accueillir nos invités. » Et c’est suivi de ses deux gardes preferés, qu’elle s’approcha de la direction indiquée par l’eclaireur. Loin de se douter qu’elle allait tomber sur la reine.

La fatigue commençait à se faire sentir, dans les os de Mordh. Cela faisait maintenant plus de dix jours qu’elle avait quitté Ulfuris, pour se rendre jusque dans les terres du Skjeran, et la petite troupe n’avait connu aucun repos amplement mérité, à l’exception de la journée qu’ils avaient passé à l’abri dans une grotte sommaire, grâce à une tempête trop puissante pour oser la braver à dos de renne. Le groupe était relativement silencieux et cela se sentait entre eux, l’impatience dissimulée de profiter de la chaumière du village le plus proche, ne serait-ce que pour quelques heures. Malgré cet état d’esprit, Mordh était relativement satisfaite de son échange avec Torvi. Elle avait réussi à obtenir ce qu’elle voulait de l’autre reine et maintenant il lui suffisait d’attendre la bonne occasion pour empoisonner les stocks de nourriture qu’enverrait le Skjeran. Rien de bien compliqué, surtout quand celui-ci serait en mouvement, très certainement moins gardé que lors que les provisions se trouvent dans les gardes mangers. Les rares espions qui officiaient dans le clan du Nord n’auraient aucun mal à remplir leur mission. Autant dire que l’ancienne espionne avait eu tout le temps de songer à ce plan sur le retour, ainsi qu’à de nombreux éléments qu’elle désirait mettre en place.

Tout ceci attendrait encore un peu. Ce que Mordh retenait de son existence dans le pays des glaces, c’était qu’une ne fallait rien précipiter. S’ils survivaient l’hiver, il n’y avait rien d’impossible pour les membres de son clan. Le village qui se dressait à l’horizon en était la preuve vivante. Le froid, s’il était décrit comme une adversaire, était part entière de leur vie. Cela les rendait plus forts. Plus fiers également. Mordh se redressa un peu sur sa monture. La neige renvoyait les rayons du soleil qui continuait son ascension dans le ciel. Au loin, des traces étaient visibles, pour celle qui avait un jour occupée la même place que l’éclaireur qui était passé sur ce sentier, quelques minutes auparavant. Un sentiment de familiarité chatouilla ce qui était la dernière part d’humanité de Mordh et elle serra un peu plus ses doigts glacés sur les brides du renne. Ulfuris était ce qui se rapprochait le plus d’un chez elle (même si la ville avait toujours un côté étrange, maintenant que Galath n’était plus avec elle).

Elle ne considérait pas le village comme sa maison, car à présent qu’elle était reine, tout le clan était sa demeure, qu’elle se devait de diriger, de protéger, de faire prospérer. Mais la majorité de ses souvenirs prenaient place sur ces terres, ces kilomètres qui s’étendaient à perte de vue. Elle chassa un souvenir, se revoyant beaucoup trop jeune franchir les portes de Ulfuris, tandis qu’un petite groupe armé – bien réel – les attendait. Mordh ne prit pas la peine d’enlever son capuchon, ne désirant pas quitter la chaleur de sa fourrure. A la place, elle s’arrêta à quelques mètres des individus, reconnaissant le lourd manteau du chef d’Ulfuris. « Est-ce ainsi que tu accueilles ta reine, Eendth ? » Loin de l’autorité, il y avait un brin d’ironie, elle qui dévisagea le groupe qui les attendait, toujours haut perché sur sa monture qui agita un peu ses bois.

Spoiler:

Les trois Azgeda se dressaient donc à quelques metres devant les portes de la ville la plus froide du monde connu, attendant que les silouhettes armées indiquées par l’eclaireur n’arrivent devant eux. Et enfin, quand elle vit la délégation juchée sur des rennes, Eendth laissa un sourire orner son visage, derrière la grosse fourrure qui lui servait d’écharpe. Puis elle reprit son sérieux, ce visage froid et inexpressif qu’elle avait bien souvent. C’était ainsi. Que ce soit la reine en la quelle elle n’avait pas toute sa confiance, ou bien quelqu’un d’autre, Eendth n’était jamais la plus chaleureuse des femmes, et il en fallait beaucoup pour qu’elle se montre amicale et que se brise son attitude de roc. L’autre Rousse arriva, et Eendth arqua un sourcil à son égard quand celle ci sans descendre de sa monture l’harangua avec une espèce d’ironie qui lui collait à la peau. « C’est ainsi que j’acceuille des visiteurs armés qui ne s’annoncent pas. » Un mouvement de sa tête suffit à faire ranger leurs armes à ses deux gardes loyaux, qui penchèrent la tête. Soumis. Loyaux. Respectueux. « Mais tu peux croire que si j’avais été informée de l’arrivée d’une telle délégation, l’acceuil aurait été different. » Pour cela cependant, il aurait fallu que Mordh l’informe de ses plans. Mais tout comme elle ne l’avait pas informée de son départ de Orst alors qu’elle avait fait la route uniquement pour la voir, celle ci ne l’avait pas non plus informée de sa venue ici. Eendth était perplexe, et toujours sceptique vis à vis de la nouvelle politique de la reine. Ces promenades non annoncées, ces libertés que la femme prenaient ajoutaient à ses doutes. Elle ne dit cependant rien à ce propos, ce n’était pas le moment.

Se tournant vers Belos, elle lui adressa un sourire. « Va prévenir le village que notre reine nous fait l’honneur d’une visite. Et fais leur préparer un festin, et allumer les feux des chambres adéquates. Je suis sure que notre reine et sa suite ont faim et froid. » Le blond hocha la tête et s’exécuta. Tendant ensuite ses dagues dont elle n’avait plus besoin à Agenor, la chef d’Ulfuris se retourna vers la reine et le reste de sa suite. « Et bien, rentrons en ville. Nous serons mieux pour parler. Je suppose que ce n’est pas une visite de courtoisie. »

Spoiler:

Certains auraient doutés, si Mordh prenait la peine d’affirmer qu’Eendth était, à ses yeux, l’un des individus qu’elle détestait le moins. D’ailleurs, il n’y avait pas vraiment de haine, tout au plus une pointe d’ennui quand elle croisait le regard de la chef d’Ulfuris. Ce même sentiment propre à ceux associés à la famille. Oh, il n’y avait aucun lien de sang entre elles, et si Mordh avait appris une chose, c’était de se servir de ce lien que d’autres jugeaient si précieux. La célèbre chasseuse était tout simplement l’un des éléments les plus familiers dans le passé de la Reine, et il n’y avait pas tant de méfiance, envers Eendth – il y en avait toujours un léger soupçon, l’un ne survivait pas en Azgeda sans un minimum de soupçon. Car la femme qui se dressait devant Mordh avait juré son allégeance au village qui les accueillerait bientôt, elle n’avait aucune ambition pour gérer le reste du clan. L’ancienne espionne en avait bien conscience et c’était ce qui l’apaisait vaguement, en présence de l’autre rousse. « C’est ainsi que j’acceuille des visiteurs armés qui ne s’annoncent pas. » Il y eut un mince sourire, qui se dessina sur les lèvres glacées, et elle retint un trait d’esprit.

« Mais tu peux croire que si j’avais été informée de l’arrivée d’une telle délégation, l’acceuil aurait été diffèrent. » Cette fois-ci, Mordh ouvrit la bouche, d’où un mince filet de buée s’échappa, avant qu’elle ne parle, de sa voix légèrement mielleuse, un brin joueuse. « Vois cela comme une surprise. Je ne doute pas que tu sauras m’accueillir comme une se doit. » Il était plus facile de régner ainsi, en restant discret sur ses destinations, sur ses plans. C’était l’improbable et Mordh aimait le maigre sentiment de sécurité que cela lui procurait. Rester une carte sauvage lui offrait un peu plus de liberté. Etre insaisissable voulait dire que personne ne pourrait la doubler, encore moins l’assassiner entre deux toast d’un banquet. D’ailleurs, l’ordre fut donné et la nouvelle Reine s’exprima, calmement, l’autorité naturelle, sans pour autant forte dans sa voix. « Il n’y a nulle besoin de se hâter. Le festin attendra demain. » Si ça n’avait tenu qu’à elle, Mordh aurait tout simplement refusé le faste de sa visite. Elle préférait la discrétion – une vieille habitude. Mais elle connaissait l’importance des festivités pour le peuple et se montrer fort était toujours un élément important, surtout maintenant qu’elle était le centre de tous les regards de son clan.

Eendth ouvrit la marche, et d’un léger coup de talon, le grand cerf de Mordh suivit, le pas fatigué par la longue traversée. « Ni toi, ni moi, n’aimons perdre notre temps il me semble. » Et toujours, ce même amusement sur le visage. « J’ai eu un entretien avec la Reine Skjeran, dans le but de calmer son esprit belliqueux. » Ce n’était pas un hasard, de s’exprimer à quelques dizaines de mètres des potes de Ulfuris, alors que le vent soufflait de sa force de l’hiver et que peu d’oreilles étaient à portée de la curiosité. Ce n’était rien, à peine une déclaration d’importance majeure. Mais l’éclat qui brilla, silencieux dans son regard, montrait bien que c’était un élément qui aurait son importance.

Ce n’était pas qu’elle ne portait pas Mordh dans son cœur, Eendth, elle était juste méfiante et elle le serait toujours avec celle qui avait été si longtemps à la botte de la reine folle. Elle se méfiait de ce qui pouvait arriver, non pas à elle même, mais à son village, à ces gens pour qui elle aurait bien volontiers donner sa vie. Alors oui il y‘avait toujours et aurait toujours cette mefiance entre elles deux, mais il y’avait aussi une espèce de respect peut être. Il y’avait une espèce d’entendement. Tant que l’une et l’autre ne se mettait pas à désirer ce qu’avait l’autre, et a vouloir attenter à ce qui compter, elles s’entendraient. Ainsi se dressait Eendth, acceuillant leur reine qui rentrait dans la ville du trone. Ainsi se dressait Eendth ne fuyant pas un trait d’esprit à l’égard de l’impolitesse de la reine des glaces qui se présentait ainsi sans annonce. Elle n’avait pas peur Eendth, mais elle savait conserver un semblant de respect. C’était ainsi.

« Je ne doute pas que tu sauras m’acceuillir comme une se doit. » Pas un mouvement ne troubla le visage d’Eendth qui se contenta de sourire. « Bien entendu, je serais une bien mauvaise chef de village si je ne le faisais pas. » Et déjà des ordres étaient donnés à Belos qui s’executait, se faisant couper par l’autorité de la reine. Il hocha la tête, et se hâta tout de même murmurant une espèce de « bien madame » avant de prendre la route. « Tu connais le peuple Mordh, leur reine est ici, et les festins pour honorer celle ci sont un bon moyen pour eux de montrer combien ils tiennent à toi. » Rien n’était ironique, ou tout l’était peut être. Eendth se fendit d’un nouveau sourire.

Puis elle commenca à marcher, ouvrant la marche pour la reine et sa suite. Reine qui ne la connaissait à son grand regret que trop bien. « Effectivement. » Elle hocha la tête. Interessée par ce que Mordh avait a dire. « Comment cela s’est il passé ? » Bien entendu, elle était curieuse Eendth, elle voulait en savoir plus sur cet entretien dont l’issue visiblement secrete serait sue ici au milieu de nulle part, du vent glacial.

« Tu connais le peuple Mordh. » Bien entendu, qu’elle l’était, Mordh. Elle était l’incarnation du peuple, de cette ambition qui ne se limitait pas à l’usage unique des muscles, à ce qui se faisait de plus sombre dans les terres du nord. Elle n’avait rien de glorieux, mais elle avait gagné ses marques de la même manière que tous les autres guerriers de son clan, et cela était indéniable. Mordh s’était forgé sa place sur le trône, faite de patience et de complot, aidée de quelques rares fidèles et c’était tout. Elle n’avait pas attendu qu’on la choisisse, elle avait pris ce qui ne lui serait jamais revenu de droit. C’était là l’unique raison qu’elle aurait fait une meilleure reine que celles qui l’avaient précédée. « Un bon moyen pour eux de montrer combien ils tiennent à toi. » Alors oui, la base commune, la chair à canon, les estomacs à remplir, les ignorants et les croyants la voyaient comme la Reine de leur clan et il n’y avait rien à remettre en question. Puis, il y avait les potentiels ennemis, les traites en attente, qui eux, ne se réjouissaient pas. Soit. Elle eut ce sourire typique, celui qui éleva la moitié droite de son sourire, une sorte de rictus discret qui prouvait qu’elle ne croyait pas les paroles d’Eendth, mais que cela était jugé trop impoli de l’exprimer.

Puis, le sujet tournait sur des évènements plus intéressants qu’un banquet que la Nouvelle Reine aurait bien évité. Ainsi, Skjeran fut évoqué et naturellement l’intérêt de la chef d’Ulfuris fut souligné. Après tout, si les tensions devenaient mauvaises avec leurs voisins, le village d’Eendth serait le premier endroit à subir le courroux de Torvi. Mordh tira sur les rênes de sa monture, l’animal à corne s’arrêtant tranquillement. Elle jeta un coup d’œil vers Agenor, jaugeant l’ombre, avant de supposer qu’il était plus ou moins digne de confiance. Puis, son regard se posa à nouveau sur sa vieille connaissance, ne perdant pas une seconde de plus. « Il faut retrouver Arzhel et lui couper son bras. Le droit. » D’habitude, Mordh n’aimait pas commencer par les bonnes nouvelles, mais elle connaissait l’affection qu’éprouvait Eendth pour le chef d’Orst. « Je me suis assurée que l’affront qu’il a fait à Torvi soit excusé. » Et ce n’était pas une chose qu’elle s’était plu à faire, voyager jusqu’au plus haut nord.

Elle passa sa main gantée sur la fourrure de son renne, supportant le froid de l’hiver, qui ne l’atteignait plus vraiment. « J’en ai aussi profité pour m’assurer de sa fidélité envers le trigedakru. » Le dialecte Azgeda s’échappait sans mal, ses yeux plissés quittèrent un instant la figure de l’autre rousse, détaillant le paysage enneigé. « Elle ne fera rien d’inconsidéré… pour le moment. » A Eendth de déterminer quel rôle Mordh avait joué dans cette prise de décision.

Qu’elle porte Mordh ou non dans son cœur – et ceci resterait uniquement dans sa tête, sans que personne ne sache ce qu’elle pouvait sincèrement penser, elle devait tout garder pour elle, et même ses chiens au fond ne savaient pas vraiment l’etendue de ses idées et envies. Elle était la cheffe d’Ulfuris, elle respectait les reines Azgeda et les autres chefs de village. Ou du moins elle leur donnait du respect, et c’etait déjà une grande chose.  Soit. elles étaient la, la reine et la cheffe de village, ses deux chiens qui n’en étaient pas vraiment, derrières elles sans pouvoir les entendre , et la conversation restait secrète entre la reine et elle même.  Conversation des plus intéressante. Elles parlaient des skjeran, et la conversation dévia sur Arzhel, provoquant un sourire très léger sur le visage de la cheffe de la ville froide. «  Et moi qui te pensais du genre à ne jamais annoncer de bonnes nouvelles. »   C’était une plaisanterie qu’elle se permettait pour une fois, la rousse, en compagnie de celle qui la connaissait probablement depuis plus longtemps que quiconque. C’était une plaisanterie, et elle reprit son sérieux bien vite après ça, parce que la légèreté n’animait jamais assez longtemps ses traits pour qu’elle soit agréable.  Elle n’était pas vraiment le genre de femme à plaisanter trop longtemps, ou à rire aux éclats. «  Désires tu que j’envoie certains de mes soldats fidèles à sa poursuite ? »   Car Ulfuris était loyal à la courronne, que la reine soit appréciée ou non. Ils avaient été fidèles à Galath malgré tout, et à Syndra malgré le désamour qu’Eendth pouvait avoir pour elle.

Il y’eut d’autres mots. Sur Torvi cette fois, et Eendth fronça les sourcils, comprenant ce qui était dit, et ce qui était sous entendu. «  Voilà une bonne chose alors.  Il serait malheureux qu’un clan profite des faiblesses du trigedakru et des troubles ambiants pour affaiblir la coalition avec une trahison. »   A voir comment Mordh le prendrait, Eendth parlait peu et n’avait pas sa langue dans sa poche de toute façon. «  Souhaitons que son règne ne soit pas teinté de vermeil. »  Et elle était sincère Eendth, Ulfuris n’apprécierait pas d’être sur la route d’une guerre. »  Une façon probablement de rappeler à Mordh, que pour avoir la loyauté d’Eendth, il fallait s’assurer de protéger le village.   Quelques secondes passèrent, elle changea brièvement de sujet. «  En parlant de coalition, descendras tu à Polis une fois l’affaire Arzhel réglée ? »  Elle qui n’était jamais descendue au sud, serait honorée d’accompagner sa reine.

Il aurait été fou de le nier : Eendth était une belle femme. Son sourire n’était qu’un fugace rappel, car comme ceux qui avaient survécu à ce monde, les traits de son visage étaient cerné de ce sérieux, de cette survie qui leur collait à la peau, surtout en Azgeda. Et un tic, un maigre rictus se dessina chez Mordh, qui renchérit au trait d’esprit de la cheffe d’Ulfuris. « Ca ne sera pas une bonne nouvelle pour Arzhel. » Le rire fut presque audible, dans le fond de sa gorge, cette joie qui dansait légèrement, dans ses entrailles, encore timide. Il fallait faire vite, car si Arzhel ne perdait pas son bras, c’était l’entente encore jeune avec le Skjeran qui connaitrait une fin abrupte. Et avec ça, Mordh voyait déjà les armées du clan du nord marcher jusque Ulfuris. Eendth ne lui pardonnerait pas, même si l’autre rousse avait déjà fait comprendre sa légère impatience à joindre le combat : une guerre inutile n’était jamais la bienvenue. « Désires tu que j’envoie certains de mes soldats fidèles à sa poursuite ? » Elle acquiesça un peu, Mordh, son visage toujours protégé par cette lourde capuche en peau de bête qui protégeait son corps des intempéries de l’hiver glacial que connaissait ces terres. « Ne lésine pas sur les moyens. Arzhel reste un bon guerrier. Je n’ai pas envie qu’il jubile d’avoir tué les siens. » Ce ne serait pas une chose qu’elle pourrait se permettre. S’il survivait à une tentative de capture, il tenterait d’aller chercher des renforts avec ses vieilles connexions, éventuellement même chez Lexa. Le chef d’Orst avait le soutien de Heda, Mordh le savait, et qu’est-ce que cela aurait pu donner s’il avait été capable de raconter sa version des faits au commander ?

D’ailleurs, la conversation glissa sur la coalition en elle-même et le péril qu’il y avait eu, avec le Skjeran. « Il serait malheureux qu’un clan profite des faiblesses du trigedakru et des troubles ambiants pour affaiblir la coalition avec une trahison. » Mordh se retint d’hausser un sourcil curieux vers Eendth, se retint de lui demander si elle avait déjà songé à cela. « Oui, cela serait malheureux, en effet. Eux qui se relèvent tout juste de leur affront contre les maunons. » Aux yeux de Mordh, ils n’étaient pas assez affaiblis, les autres clans, et plus particulièrement le Trikru. Si seulement la mort pouvait se répandre plus encore, purifier ces terres de l’abomination qui avait forcé Azgeda à plier le genou. Mais maintenant que son clan avait reconnu son allégeance, il y avait un honneur à le faire respecter. Qui savait ce qui arriverait au Heda ? Azgeda n’avait pas connu de leader stable depuis Herga, qu’en serait-il de Lexa ? Seuls les dieux le savaient, et Mordh n’hésiterait pas à se servir de ses os d’ours et d’autres, pour en tirer sa vérité.

« En parlant de coalition, descendras-tu à Polis une fois l’affaire Arzhel réglée ? » Elle opina du chef, Mordh, quelques mèches rousses se faufilant jusque l’air ambiant, balayé par le vent constant de Thanor. « En effet, une fois que cela se sera calmé chez nous, j’irais offrir mon respect à Heda. » Ce n’était pas une hâte qui se faisait ressentir. Il y avait tant à faire ici déjà. « Désires-tu te joindre au voyage ? » Après tout, Ulfuris avait le don de devenir monotone parfois.

« Ça ne sera pas une bonne nouvelle pour Arzhel » C’est un trait d’humour comme elle ne s’en permet que très peu, l’ancienne chasseresse, qui a amené a un nouveau trait d’humour de la part de la reine des glaces. Elle ne s’y attendait pas vraiment peut être, mais c’était néanmoins légèrement plaisant, de voir cette Mordh la. Alors  oui, elle esquissa un nouveau petit sourire Eendth. «  Je n’en doute pas. »  Un hochement de tête, puis sur un ton bien plus sérieux, elle proposa d’envoyer des hommes pour appréhender Arzhel. Un conseil, ou plutôt une demande de la part de la reine plus tard, et Eendth hocha la tête cérémonieusement. «  Bien entendu, j’enverrais parmi mon élite. »  Celle la même qui aurait pu changer les choses si ils avaient été envoyés à la montagne,  qui auraient pu changer les choses lors de la partie de chasse aussi. Ils étaient des traqueurs, des chasseurs hors pairs. Ils étaient l’élite de la nation Azgeda. Ils étaient les meilleurs des guerriers. C’était tout. Et elle en prenait soin comme elle le pouvait. «  Ça sera fait avant qu’il n’atteigne la frontière. »  et peut être qu’elle enverrait un ou deux sadiques dans le lot, pour s’assurer qu’Arzhel ne soit plus vraiment en état de s’enfuir à l’avenir. Quoi que, elle verrait. Si Arzhel était trop blessé il se ferait passer pour un martyre aux yeux du peuple, et ce n’était clairement pas le but. Même si c’était déjà un peu le cas, c’était déjà ce qu’il faisait, le prétendu aurait du être roi.  Celui qui était si aimé, qui était…  soit disant si aimé, aimait à créer la dissension dans la masse d’Azgeda.

La conversation glissa. Eendth ne put s’empecher une remarque sur les faiblesses du trigedakru, et à quel point une trahison serait lache oui.  C’était plus fort qu’elle oui. Toujours une simple petite remarque pour stuater sur un fait. Il y’eut une réponse de Mordh, et la chasseresse qui était devenue cheffe hocha la tête. «  Effectivement. »  Et pour ça, il n’y’aurait rien de plus à dire, car Eendth n’était pas une des conseilleres de la reine et ce n’était pas ensemble qu’elles devaient parler de comment agir avec la coalition.  Non, il y’avait autre chose qui intéressait la Rousse du froid, et la question fut également posée. «  Désires-tu te joindre au voyage ? » Et cette réponse, celle qu’elle élicita, la poussa a un nouveau sourire, bien que plus léger, bien moins marqué alors qu’elle hochait la tête. «  J’en serais honorée. Je laisserais Ulfùris entre de bonnes mains. »  Pas celles d’un second pour celle qui n’en avait pas, ni dans celles de ses chiens qui seraient du voyage. Mais il y’avait toujours des gens de confiance qui donneraient leur vie pour elle. «  Quand devrions nous prévoir de partir ? »  Elle pourrait organiser une grande chasse pour que la délégation Azgeda arrive avec des vivres et des peaux pour l’hiver.

Mordh n’était pas une femme qui se plaisait du hasard. Elle le manipulait, telle une arme, comme elle le faisait avec toute chose. Ainsi, puisque Eendth se proposait pour envoyer ses hommes chasser Arzhel, elle ne voyait aucun argument contre. La cheffe d’Ulfuris ne portait pas le chef d’Orst dans son cœur, à n’en pas douter. Et envoyer les hommes qu’elle avait entrainer capturer l’élément fautif ne ferait que la satisfaire. « Ça sera fait avant qu’il n’atteigne la frontière. » Elle eut un petit mouvement de main, ajouta « Même s’il dépasse la frontière, je ne veux pas qu’il ait l’opportunité de fuir jusque Polis. » Que pourrait-il faire d’autre, une fois que ses privilèges lui seraient retiré et qu’il serait flanqué du statut de traitre. Heda avait commis l’erreur d’en protéger un, deux seraient un élément suffisant pour que Mordh demande réparation, une fois qu’elle aurait juré allégeance à Lexa.

Car il serait bientôt venu le temps le faire, ployer le genou, jurer allégeance. C’était un élément que beaucoup attendaient, Mordh le savait, devinait le regard, les pensées de ceux qui s’attendaient à ce qu’elle ne le fasse pas. Après tout, les esprits restreints ne la voyaient que comme celle qui avait été son maitre, mais elle n’était pas Galath. Elle serait bien pire que feu son mentor, car personne ne la verrait venir, elle avait appris des erreurs de son maitre, et tout le monde le regretterait. « Je laisserais Ulfùris entre de bonnes mains. » Elle tourna sa tête vers Eendth, jugeant plus malin de pas exprimer le conseil de prudence qui lui vint. A la place, elle s’exprima « Je n’en doute pas. » Et d’un coup, le rêne se mit en route vers les portes du villages. S’il y avait bien un individu dont Mordh ne se méfiait pas – ou se méfiant à peine- c’était celle qui dirigeait Ulfuris.

« Quand devrions nous prévoir de partir ? » Il y eut un mouvement. « Es-tu impatiente de t’y rendre ? » Ce n’était qu’un semblant de curiosité, il n’y avait aucune perfidie dans ses propos. Quoi qu’il en soit. « Nous nous y rendrons une fois que les évènements avec Arzhel se seront calmés. Et quand Heda reviendra de sa conquête à l’ouest. Je ne voudrais pas qu’elle se méprenne sur nos intentions. » Oh, elle pourrait bien se méprendre sur de nombreux sujets, Mordh prendrait un certain plaisir parfaitement dissimulé à tourmenter légèrement Lexa, mais ça ne servirait qu’un but personnel. Et Mordh voyait bien au-delà de ses intérêts personnels.[/color][/color]

« Même s’il dépasse la frontière, je ne veux pas qu’il ait l’opportunité de fuir jusque Polis. » La cheffe d’Ulfuris hocha la tête a ces mots, et elle fixa sa reine avec tout le respect qu’elle lui devait. « Il en sera fait ainsi. » Elles n’avaient pas besoin d’en dire plus peut être. Ulfuris serait ravi de prêter main forte à Mordh dans la capture d’Arzhel, et si un jour Eendth avait pu penser que le chef d’Orst puisse passer au rang d’ami, il l’avait bien vite déçu. En refusant de devenir roi tout d’abord, et en laissant une reine folle prendre les rennes du clan. En refusant une seconde fois de devenir roi aussi, et en laissant une faible, une fragile devenir Reine d’Azgeda. En étant un bien piètre conseiller pour celle ci aussi. Tant de déceptions qui avaient marqué la descente d’Arzhel dans l’estime de la cheffe du village le plus froid, qui portait ce froid dans son cœur et sur son visage. « Ulfuris te remercie de cet honneur, Mordh. »

Et il y’eut d’autres raisons à ses remerciements aussi. Elle descendrait à Polis, Eendth, accompagnant sa reine, avec une délégation. Et ainsi, pour une fois elle verrait ce sud dont lui avait parlé les voyageurs, peut être même Agenor pourrait elle découvrir des gens de son clan de base. Peut être. C’était un autre sujet, et Eendth ne pouvait pas vraiment se soucier de ses chiens pour le moment. Pas vraiment. Non, pour le moment il y’avait d’autres intérêts. D’autres questions qui venaient. Et si Mordh était patiente, il y’avait une lueur d’envie dans les propos d’Eendth, qu’elle n’arrivait pas à taire.

« Es-tu impatiente de t’y rendre ? » C’était une question, une once de curiosité, qu’Eendth ne prit pas mal. Contrairement à d’autres qui se seraient méfiés de chacun des mots de Mordh, elle se faisait assez confiance pour savoir discerner les perfidies de ce qui ne l’était pas. « Je n’ai que très rarement eu l’occasion de quitter mes terres si ce n’est pour la guerre. Ce sera une grande première. » Et si elle livrait une envie personnelle, elle savait que Mordh le savait déjà. Ce n’était pas une information secrete que de savoir qu’Eendth la froide chasseresse, n’avait jamais quitté les terres du Nord. Il y’eut une indication temporelle alors, et la rousse hocha la tête. « Bien. Nous serons prêts dés que tu en donneras le signal. » Et déjà elles arrivaient aux portes d’Ulfuris, et bientôt, la salle du trone s’illuminerait des flammes chaleureuses de voir leur occupante principale arriver.