- Les choses agréables d'après guerre -

Il y a trois ans. Il y a quelque chose qui lui plait à Drea dans le fait d’être devenue la nouvelle reine des skaigonas, c’est qu’elle peut maintenant se présenter devant les divers chefs de clans et être fière de son nouveau rang. Oh elle n’est en rien narcissique, mais elle est fière d’avoir égorgé l’usurpateur et d’avoir repris le trône qui appartenait à sa famille depuis des générations. Et même si aujourd’hui elle est prête à tirer un trait sur son appellation de reine et à changer quelques lois du clan, elle est tout de même heureuse d’être à la tête du skaigonakru. Et ses premières actions en tant que nouveau chef ont été d’aller présenter ses respects aux autres chefs des clans frontaliers, notamment ceux contre qui le clan était en guerre durant toutes ces années. Après être montée à Polis pour rallier la coalition devant Heda, bien entendu. Et si elle a envoyé Kestrel voir le chef des roamadas, elle garde la Keryonsi pour elle. Déjà parce que celle-ci n’a tué personne de son village durant les guerres de la coalition, mais aussi parce que Drea la connait depuis quelques années et qu’elle est une personne qu’elle apprécie beaucoup.

Ça a commencé lorsqu’elle n’était encore qu’une simple voyageuse qui vendait des choses et qui n’avait pas le droit de rentrer à Sérön parce que l’ancien chef ne le souhaitait pas. Puis un jour le chef a changé et les portes de la ville se sont ouvertes sur Neith, une jeune femme cultivée et intéressante, qui a su piocher dans la petite caravane pour en trouver les meilleures choses. Et de temps à autres, Drea mettait de côté des ouvrages pour cette jeune femme, des œuvres qu’elle appréciait elle-même et dont elle voulait partager le contenu. Aujourd’hui elle a aussi des livres avec elle, mais la visite est bien différente et ce n’est plus avec sa petite caravane qu’elle passe les portes de la ville, mais bien avec sa seconde et quelques guerriers désireux de l’accompagner. Mais la suite, Drea préfère la faire seule et laisse Kestrel en ville et les guerriers où ils le souhaitent. De toute façon, personne ne risque rien dans Sérön et elle fait confiance à sa jeune seconde pour ne pas s’attirer des ennuis dans la ville qu’elle connait un peu pour y être déjà venue.

Elle porte une robe légère - puisque la chaleur de Sérön s’y prête volontiers – qui laisse entrevoir le tatouage dans sa nuque qu’elle vient de se faire en accédant au trône, et celui à son avant-bras. Elle a préféré abandonner sa tenue de combat pour quelque chose d’un peu moins confortable, certes, mais de plus joli, puisqu’elle vient ici en paix. Et puisqu’avant de retrouver une chef de clan, elle retrouve surtout quelqu’un de son passé, cela lui semblait normal d’abandonner la tenue et les armes.

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De tous les autres chefs de clan qu’elle a prévu d’aller voir, Neith est sans aucun doute celle qu’elle préfère. Si elle ne connait pas personnellement les autres, elle a toutefois entendu parler d’eux et elle partage beaucoup de choses avec la jolie Sikru. Sans doute bien plus qu’avec les autres chefs des autres clans. Et tandis qu’elle entre dans la pièce où l’attend Neith – et qu’elle est gentiment annoncée par un raclement de gorge de la femme qui lui sert de garde du corps – Drea se dit qu’elle est ravie de revoir celle qu’on appelle la Keryonsi, encore plus dans cette très jolie robe noire agrémentée d’un châle vert pâle. Mais Neith a toujours eu de jolis vêtements qui laissent toujours entrevoir beaucoup de son corps. Et cela ne dérange Drea, bien au contraire. Et si elle-même a préféré revêtir une robe aussi, c’est pour laisser cette image de voyageuse loin des portes de la ville. Parce qu’elle n’est plus une voyageuse depuis longtemps, parce qu’elle a été une guerrière puis la seconde d’un chef de village. Et maintenant une reine, qui protège son peuple et qui l’a mené à la paix. Et tandis que la chef des Sikrus renvoie sa garde en lui disant qu’elle ne risque rien qui ne puisse la déranger, Drea esquisse un petit sourire en coin tout en regardant la jeune femme.

« Neith. » Et peut-être que la jeune femme est l’une des très rares personnes à obtenir l’un de ses vrais sourires, à ne pas voir un sourire calculé et froid. « Et je suis heureuse de te revoir aussi, d’être de retour à Sérön. » Et pour autre chose que pour vendre ses marchandises. Peut-être que voyager lui manque un peu, maintenant qu’elle est retournée sur les terres de sa naissance et qu’elle ne parcourt plus les routes au sein des terres des autres clans. Mais maintenant qu’elle a récupéré le trône qui lui revenait de droit, elle se sent obligée de se rendre dans les autres clans qui étaient autrefois leurs ennemis, pour montrer sa bonne volonté et apporter la paix. Peut-être qu’elle ne voyagera plus après cela, alors elle compte bien en profiter un peu. « Il me semble que la dernière fois que nous nous sommes vues, les murs de la ville n’étaient pas aussi hauts. » Et ça la fait sourire légèrement, parce qu’elle sait que Neith aime renforcer les barricades de Sérön et protéger son clan. Elles ont cela en commun. Et beaucoup d’autres choses aussi. « Mais Sérön est toujours aussi belle. Et toi aussi d’ailleurs. »

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Sérön est une ville qui lui a toujours plu et qu’elle prenait plaisir à visiter lors de ses voyages avec Rosha et Kestrel. Et si les portes de la ville ont longtemps été fermées aux visiteurs, l’arrivée de Neith à la tête du clan a permis à Drea de pouvoir entrer et voir Sérön. La jolie ville de Sérön. Et elle en a fait des échanges dans cette ville. Aujourd’hui elle y revient sans avoir quoi que ce soit à y vendre mais elle vient pour la paix. Et elle est fière de pouvoir se présenter devant Neith sans être juste une voyageuse, une vendeuse d’objets étranges en tous genres. Non, aujourd’hui elle est ici en tant que reine des skaigonas, en tant que dirigeante de son clan. Et elle en est fière. Tout comme Neith est fière de son clan, de sa ville et des remparts qu’elle érige toujours plus haut pour repousser les attaques des ennemis. Et tandis qu’un compliment franchis les lèvres de la reine des mers, Drea esquisse un très léger sourire amusé. « A croire que les années qui passent révèlent le meilleur de nous. » Et même s’il y a bien longtemps qu’elle n’est plus une toute jeune femme, Drea sait qu’elle est toujours aussi jolie et elle aime bien recevoir le compliment, surtout de la bouche de Neith. « Et les robes que nous portons aussi. » Il est sûr qu’elles dévoilent bien plus que leurs tenues de combat et si le regard des hommes sur elle quand elle porte cette robe la dérangent, celui de Neith l’amuse. Et oui, ces dernières années lui ont été favorables, et pas que physiquement. Maintenant elle se présente devant la chef des sikrus en étant son égale et plus juste une voyageuse qui vend des choses et qui met des livres de côté pour elle. Bon, elle met toujours des livres de côté pour Neith. C’est bête mais même en s’étant installée à Wilon, elle a continué à garder les livres qu’elle appréciait lire pour en parler à la jeune femme. Et elle en a amené ici aujourd’hui, un petit cadeau en signe de paix, même si pour Drea, il n’y a jamais vraiment eu de guerre entre elle et les sikrus. Mais elle a décidé d’aller dans les clans voisins pour se présenter, parler de la paix et montrer aux autres qu’elle est bien décidée à gérer son clan différemment de l’usurpateur.

Et quelque part, elle ne peut s’empêcher de se demander comment se serait déroulée une entrevue entre l’usurpateur et la reine des mers. Oh, nul doute qu’il aurait sans doute apprécié l’alcool local, mais peut-être qu’il aurait fini avec sa tête sur une pique. Et, amusée, Drea se tourne pour suivre Neith du regard tandis qu’elle s’avance vers un placard. « Je suis habituée aux voyages, mais je ne suis jamais contre quelque chose à boire. Surtout lorsqu’il s’agit d’alcool sikru. » Et elle se rapproche un peu. « Tu sais que je ne suis jamais contre le fait de goûter de nouvelles choses. » Et c’est peut-être parce qu’elle a longtemps voyagé qu’elle n’est jamais contre le fait de tester de nouvelles choses, les produits locaux des terres où elle se rend. « Et peut-être que la prochaine fois, c’est moi qui t’offrirais à boire lorsque tu viendras dans la capitale de mon clan. » Et elle est fière de pouvoir le dire, de pouvoir inviter Neith sur ces terres qui lui appartiennent désormais. « C’est à mon tour d’ouvrir la ville aux visiteurs. » Et ça la fait doucement sourire, parce que du temps de l’usurpateur et des guerres de clan, il était bien plus difficile de visiter les terres des skaigonas.

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Et elle a hâte Drea, de pouvoir recevoir des gens comme Neith au sein de son clan. Parce que c’est le sien maintenant et qu’elle peut faire ce qu’elle souhaite, comme ouvrir ses frontières aux gens qui souhaitent venir. Et elle sera ravie de recevoir Neith à son tour. Mais pour le moment, elle est chez la reine des mers et la suit du regard lorsque celle-ci se penche pour sortir une bouteille et des verres du placard, dévoilant un peu plus de son tatouage au passage. Drea l’a toujours admiré, ce tatouage qui orne son dos dans toute sa hauteur, et elle l’observe quelques secondes avant de relever les yeux vers le visage de Neith lorsque celle-ci lui tend des verres pour les remplir. « Les terres des skaigonas sont un mystère pour beaucoup de gens. L’usurpateur ne voyait que par la guerre et les voyageurs ne passaient pas tellement par nos terres à cause de cela. Mais tout ceci va changer maintenant. » Et c’est l’une des premières chose qu’elle a fait après avoir mené la tête de Kovarro à Heda, stopper la guerre et ouvrir les frontières à qui le voudra. Non pas qu’elles aient été fermées auparavant mais le clan était clairement hostile. Maintenant ce n’est plus le cas et Drea sait que les nouvelles de son clan ont rapidement été transmises dans les autres.

Et elle sourit doucement en entendant Neith lui dire que son clan pourrait se passer d’elle quelques jours. Drea sera ravie de faire visiter ses terres à cette jeune femme qu’elle apprécie beaucoup, à l’une des très rares personnes qui arrive à la faire sourire et à voir ces sourires francs, qu’elle ne montre que très rarement. « Peut-être pourrais-je te ramener avec moi alors ? » Et elle la regarde avant de boire un peu dans son verre, goûtant cet alcool Sikru dont Neith lui a dit le plus grand bien. Et elle doit bien admettre que les gouts de la jeune femme sont encore une fois corrects, parce que cet alcool est délicieux. Mais l’alcool Sikru est l’un des plus réputés et sans doute l’un des meilleurs que Drea ait pu goûter durant ses nombreux voyages. Et elle relève doucement les yeux vers Neith quand elle lui demande si elle est venue seule. « Kestrel est avec moi et quelques hommes sont venus aussi. Je pense qu’ils visitent la ville. Enfin, les hommes sont surement partis à la recherche de l’auberge. » Kestrel sans doute pas, mais elle doit parcourir les rues de la ville. Quant aux quelques hommes qui les ont accompagnées – des hommes de confiance, cela va de soit – Drea ignore ce qu’ils font mais elle sait qu’ils ne créeront pas de soucis. Et si, il y a quelques années, Drea était forcée de repartir en suivant Rosha, ce n’est plus le cas à présent. « Mais plus personne n’est là pour me dire que la caravane doit repartir, c’est moi qui décide à présent. » Et elle sourit à Neith avant de replonger ses lèvres dans son verre. « Je suis donc toute à toi. » Et c’est aussi pour cela qu’elle a décidé de rencontrer Neith elle-même, et toute seule. « Oh, et j’ai des cadeaux pour toi aussi, mais tes gardes m’ont pris mon sac. » Et ça la fait un peu sourire, parce qu’ils ont pensé qu’elle pourrait se montrer hostile envers leur chef de clan. Avec un sac, contenant des livres.

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Si Drea ne peut amener Neith dans son clan tout de suite, une promesse est faite et la jeune femme esquisse un doux sourire à la reine des mers. Parce qu’une promesse doit se tenir et qu’elle sait qu’un jour Neith posera le pied sur les terres des skaigonas. Et ce sera à Drea de faire visiter sa capitale, de lui offrir de l’alcool et de lui faire signe de s’installer à ses côtés. Et tout en s’asseyant, Drea ne peut s’empêcher de rire doucement à l’évocation d’Hathor, de cette vieille femme qui gère l’auberge de Sérön et que ses guerriers ne sont sans doute pas pressés de rencontrer. Elle ne connait pas vraiment le goût de certains de ses guerriers mais elle a tout de même quelques doutes sur ce point, elle est quasiment sûre que certains seront déçus en voyant la vieille dame. « Toute à toi oui. Et j’ai bien plus de chance que mes guerriers, la compagnie est bien meilleure ici qu’à l’auberge. » Et elle trempe doucement ses lèvres dans son verre tout en observant Neith. Parce que oui, elle ne regrette aucunement d’être venue jusqu’ici et d’avoir demandé à Kestrel et aux hommes de rester en ville pendant qu’elle rencontrait la chef de clan seule. Sans personne d’autre pour les déranger, sans personne pour s’offusquer du manque évident de protocole dans cette entrevue.

Et elle aurait préféré qu’il n’y ait personne pour lui enlever son sac contenant ses cadeaux aussi, parce que cela l’a bien gêné, même si elle n’en a rien dit. Mais quand ce garde lui a signifié qu’il souhaitait regarder dans son sac, elle lui a lancé un regard noir. Et lorsqu’il lui a dit qu’elle ne pourrait pas entrer avec ses cadeaux, elle a tiqué. Elle n’a rien dit, elle a pris sur elle Drea, mais cet homme méritait son poing dans le visage pour oser penser qu’elle pourrait faire du mal à Neith. Surtout avec des livres, des livres qu’elle souhaitait lui offrir. « Tes gardes sont ont fait preuve d’un excès de zèle, mais ce sont de bons gardes. Même s’ils n’ont pas compris que je ne te voulais aucun mal. » Même si cela l’a dérangée d’être considérée comme une menace par la garde de la reine des mers, Drea comprend que ceux-ci ont juste respecté les règles. Et c’est tant mieux, de savoir que son amie est si bien entourée et si bien protégée. « Je t’ai amené des ouvrages de ma collection personnelle. Je suis sûre qu’ils te plairont, ce sont des livres intéressants. » Parce qu’elle sait que Neith aime les livres et Drea les a choisi exprès pour elle. « Enfin… si tu aimes toujours autant les livres. » Parce qu’après tout, cela fait plusieurs années qu’elles ne se sont pas vues et que certains goûts peuvent avoir changé depuis.

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Au moins, elle sait que Neith est en sécurité avec de tels gardes qui considèrent les sacs contenant des livres comme de dangereuses armes avec lesquelles la reine des mers pourrait être attaquée. Et cela fait sourire Drea, surtout lorsque Neith lui dit que certains pensent que la littérature peut être dangereuse. « Je n’ai encore jamais essayé d’assommer quelqu’un avec un livre. Mais je le ferais, une fois, pour voir. » Tout dépend de l’ouvrage, bien sûr, mais certains livres sont lourds et épais. Elle essayera un jour, si l’occasion se présente. Mais pour l’instant, elle a bien autre chose à faire et elle observe la jeune femme lorsque celle-ci lui dit qu’elle est bien plus intéressante que quelques livres. Et Drea se sent flattée par tant de compliments, surtout quand on connait la passion de Neith pour la littérature. « Ce sont de très bons livres. Mais il est vrai que je suis de bonne compagnie, quand la personne en face est intéressante. » Et elle trempe à nouveau ses lèvres dans le breuvage rosé offert un peu plus tôt, observant la jeune femme par-dessus son verre, amusée. C’est sans doute pour cette raison qu’elle apprécie leurs entrevues, parce que la discussion y est légère malgré tout. Et Drea savait qu’en se présentant seule devant Neith aujourd’hui, il n’y aurait pas tout ce protocole que l’on trouve chez certains chefs de clan.

Et lorsque que la reine des mers se lève – en la frôlant au passage – Drea l’observe sans en perdre une miette, car il y a beaucoup à observer puisque la délicate robe noire qu’elle porte ne cache pas grand-chose. Et tandis que Drea laisse ses yeux s’attarder sur le tatouage dans le dos de sa jolie homologue, une question traverse ses lèvres. « Toujours. Je n’aimerais pas que tu aies trop d’avance sur moi. » Et elle esquisse un petit sourire en tendant son verre, parce qu’elle ne voudrait pas que Neith s’enivre sans elle, avant elle. Et quand l’autre question arrive, Drea réfléchis quelques secondes avant de répondre. La tradition du clan veut qu’elle soit devenue reine mais ce n’est qu’une appellation pour elle, parce qu’il y a bien longtemps qu’elle ne fait plus vraiment partie de la famille royale. Si elle avait été élevée dans sa famille, avoir ce rang ne la dérangerait pas vraiment mais maintenant c’est différent. Elle s’est présentée à Lexa en tant que nouvelle reine mais a bien précisé qu’elle abandonnerait ce titre. Maintenant qu’elle fait partie de la coalition, elle n’est la reine de personne, elle n’est pas supérieure aux autres chefs de clan ou même à Lexa. Elle est comme les autres, à la tête d’un clan qui a rejoint la coalition. Mais devant Neith, Drea esquisse un sourire un peu joueur. « Tu peux continuer à m’appeler Drea. » Et elle l’observe. « Avec cet accent que tu as et qui rend mon prénom si joli. » Cela fait partie de ces choses qu’elle apprécie chez la femme du sud ; son accent et sa jolie peau hâlée.

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Oui Neith est toujours de bonne compagnie, depuis toujours d’ailleurs. Depuis la première fois qu’elles ont discutée toutes les deux et que Drea s’est rendue compte de la grande intelligence de la jeune femme, de leurs points communs et de leurs passions communes. Alors oui, pour Drea, Neith sera toujours de bonne compagnie, qu’il y ait de l’alcool ou pas. Et elle sourit en entendant la reine des mers lui répondre. Celle-ci connait ses goûts comme personne et ça la fait sourire, d’un vrai sourire franc comme elle en donne si peu d’habitude. Mais Neith est l’une des rares personnes à la voir telle qu’elle est, à la faire parler autant et à la voir si joyeuse. Elle apprécie cela Drea, parce qu’il y a des choses qu’elle peut dire à la jeune femme, qu’elle peut sous-entendre aussi, sans que cela ne soit dérangeant. Et le jeu de ces sous-entendus ne met pas longtemps avant de se mettre en place, il s’installe en même temps que Neith dans ce canapé confortable et ne le quitte plus. « Non, je n’en ai pas la moindre idée. » Elle l’observe par-dessus sa coupe récupérée quelques seconde plus tôt et sourit, joueuse. C’est un mensonge, évidemment. « Mais il y a tellement longtemps que je n’ai pas entendu cet accent… » Mais maintenant, elle pourra voyager plus facilement et se rendre dans les autres clans pour voir les gens qu’elle souhaite. Et les inviter aussi, quand elle le voudra et inviter qui elle voudra. Et encore plus Neith avec son joli accent qui rehausse son prénom.

Et Drea ne la quitte pas des yeux tandis qu’elle change un peu le sujet de conversation pour l’orienter vers cet alcool rosé qui se trouve dans leurs verres. « Je pense qu’il est délicieux, comme toujours, les Sikrus sont doués pour créer de bonnes choses. Les autres clans ne les égaleront jamais sur l’alcool en tout cas. » Il est vrai qu’elle a rarement goûté aussi bon alcool sur les autres terres, et pourtant elle a beaucoup voyagé. Mais l’alcool des Sikrus est plutôt bien connu, il est sans doute le meilleur qu’on puisse trouver dans les douze clans. « C’est un bon alcool qui doit vite monter à la tête cependant. » Et elle observe Neith, en fronçant doucement les sourcils. « Est-ce ton but de m’enivrer Neith ? » Même si elle a accepté d’elle-même de prendre ce verre, ces verres.

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Elle joue mais elle apprécie beaucoup l’accent de Neith, et oui elle est partante pour s’y réhabituer. Drea ne dit jamais non pour ce genre de choses, surtout avec des gens comme Neith, qui sont de bonne compagnie. « J’apprécie toujours de découvrir les coutumes des autres clans, tu le sais. » Et ça la fait sourire par-dessus son verre d’alcool, encore plus en entendant le compliment de Neith à son égard. Bien sûr, Drea sait qu’elle est belle mais ce n’est pas pour autant qu’elle n’apprécie pas les compliments sur son physique, encore plus lorsqu’ils viennent de Neith. « Je ne sais pas. Il y a de beaux sikrus et leur chef pourrait très bien rivaliser avec la beauté de la reine. » Surtout si elle est vêtue d’une telle robe qui laisse entrevoir sa jolie peau hâlée. Mais pour Drea, même si Neith était vêtue d’épaisses fourrures venues tout droit des terres du nord, elle resterait tout aussi belle et intéressante. Il faudrait être fou pour ne pas voir la beauté de la jeune femme assise dans ce canapé.

Et elle sourit, Drea, devant le rire franc de Neith lorsqu’elle parle de s’enivrer avec cet alcool si délicieux qui se trouve dans son verre. Mais la jeune femme lui assure que non, qu’elle la préfère en pleine possession de ses capacités. Drea préfère aussi, même si elle sait qu’elle ne risque rien aux côtés de Neith et que même si elle se noie dans cet alcool, elle ne se mettra pas en danger face à la reine des mers. Et elle l’observe bouger et poser son verre à présent vide, sans en perdre une miette et sans manquer le frôlement. Et elle esquisse un petit sourire à ses paroles. Oh si son but est clair, il faudrait être aveugle - ou bête -  pour ne pas comprendre toutes ces paroles et tous ces gestes, mais Drea aime jouer et elle apprécie les sous-entendus, les frôlements calculés. « Peut-être que devenir reine m’a rendue bête, parce que j’ai du mal à comprendre quel est ton but aujourd’hui Neith. » Et, sans quitter la jeune femme du regard, Drea boit la dernière gorgée de son verre avant de jouer avec une mèche de cheveux qui s’échappe de son attache, de ses longs cheveux qui bouclent légèrement et qu’elle aime beaucoup.