an arrow to kill the beast ▬ Asrid

Les choses ont bien changé depuis quelques semaines. Cela ne fait pas si longtemps pourtant Asrid se rend compte qu’il s’est déroulé énormément de choses. La chute de la montagne, le brasero, la mort de Syndra, la montée au pouvoir de Mordh, puis le début des attaques de barbares et sa rencontre avec le chef des shiedgeda. Oui, Asrid qui a vécu durant des années en solitaire avec pour seule compagnie son cerf et ses proies, se retrouve aujourd’hui plongée au cœur de l’action. Elle a même eu l’immense honneur de pouvoir discuter avec Heda elle-même. L’Azgeda est fière d’avoir eu cette chance et d’avoir pu montrer à Lexa que tous ceux de son clan ne sont pas nécessairement contre la coalition. Lorsque les gardes trouvent la rouquine, elle finit de relever ses collets, tous vides malheureusement. Seul deux oiseaux pendent par des crochets au cuir usé de sa selle. Elle se tourne pour les regarder, les interpellant afin de savoir quelle raison les amène aussi loin de leur reine.

Cela fait bien longtemps que le chasseur n’est pas revenue à Orst. Elle passe par de plus petits campements ou par des postes d’échanges. Et par sa ville natale. Mais Orst ne fait pas partie de ses visites régulières. Parce que c’est trop grand et parce que le chasseur n’apprécie pas spécialement les grottes. Mais là, pour une fois, elle y vient pour autre chose que pour vendre des proies. D’ailleurs, elle a échangé deux oiseaux contre quelques morceaux de viande séchée et un morceau de graisse de phoque. Puis, elle remonte sur son cerf pour aller jusqu’aux grottes dans lesquelles Arzhel le chef de village s’est installé. C’est ici qu’on l’attend. Que la reine l’attend. Car oui, les gardes l’ont débusquée sur demande de la reine elle-même qui souhaite s’entretenir avec elle. Et bien sûr, elle n’est pas venue les mains vides. Asrid se demande bien pourquoi on l’a fait quérir, elle, parmi tant d’autres. Personne ne la connaît réellement dans le fond, elle fait tout pour. Cependant, elle ne souhaite pas offusquer Mordh alors elle suit le garde qui l’annonce.

Lorsque Mordh l’autorise à rentrer, elle s’approche en tenant une peau de loup noire, magnifique. Elle a eu du mal à l’obtenir cette peau de loup. Déjà débusquer le loup. A l’abattre et à récupérer la fourrure. Cela lui a pris des semaines et elle n’avait pas envisagé en faire cadeau. Mais elle va le faire, pour sa reine. Elle trouvera une autre fourrure. Elle est patiente la rouquine. Avec respect, elle s’incline et tend son présent à la reine : « A gift gon yu, ai Azplana... » (Un cadeau pour vous, ma Reine...). Puis, elle se tait, pour écouter sa question. Non, elle ne sait pas pourquoi elle est là. Les gardes n’ont pas desserré un mot de la raison pour laquelle ils sont venus la déranger pendant sa chasse. Alors elle répond : « No. ». Bien sur, elle imagine que la reine aura à cœur de lui expliquer. Si elle est là, c’est probablement pour se voir confier une mission. Asrid n’imagine pas pouvoir être punie de quoi que ce soit dans la mesure où elle n’a rien fait de mal. Hormis peut-être s’être rendue sur les terres du clan des prairies mais cela n’a rien d’illégal à première vue. Au contraire, cela permet de faire bien voir les Azgeda. Alors elle ne comprendrait pas si on la punissait pour cette raison. Alors elle attend, un léger sourire sur les lèvres à la fois poli et respectueux. Elle attend Asrid, elle attend de connaître les intentions de la reine. A la fois envers elle mais aussi envers Heda et la coalition. Elle a un peu peur de voir la paix de Syndra réduite à néant par une reine belliqueuse. Mais elle ne peut pas le savoir à l’avance.

Asrid est impressionnée de se retrouver en présence de la reine elle-même. Elle n’en avait jamais rencontré avant. Hormis Lexa. Elle a eu l’honneur de rencontrer Heda lors des préparations pour le brasero. Et elle est vraiment honorée d’avoir pu converser avec elle. Mais en ces lieux, la chasseresse sait que les choses sont différentes, que les enjeux sont différents. Si elle veut garder sa tête, son honneur, elle doit lui plaire. C’est donc un certain soulagement que la rousse ressent à l’idée d’avoir réussi à satisfaire la nouvelle reine de son clan. Au moins, elle n’aura pas de raison d’être en colère, du moins pour le moment. Asrid fera tout son possible pour la satisfaire tant qu’elle ne sentira pas de franche hostilité à l’égard de la coalition. Lorsque Mordh la remercie pour son présent, elle s’incline donc légèrement offrant un sourire sincère et respectueux à la reine. Puis elle lui répond : « Ai'm sure emo will be happy kom offer yu a beautiful room. Orst's tanners laik reputed kom be the best » ( Je suis sûre qu'ils seront heureux de pouvoir vous offrir une magnifique pièce. Les tanneurs de Orst sont réputés pour être les meilleurs.). Et elle espère qu’ils seront à la hauteur pour faire de cette magnifique peau un présent à la hauteur de sa destinataire. Qu’elle n’aie pas à perdre une telle peau pour rien. Asrid a du mal à faire confiance, elle sait que le travail n’est pas toujours d’une aussi bonne qualité qu’il devrait l’être. Elle regarde Mordh, puis elle regarde les lieux. C’est Arzhel, le chef de village qui y vit. Mais d’après ce qu’elle a pu entendre, il n’est pas encore rentré. Il fait attendre la reine. Surement à sa demande. Mais de toute façon, cela ne concerne pas la rouquine. Elle n’a pas à se mêler de tout cela. L’odeur qui émane du chaudron est alléchante. Cela donne envie. De toute évidence, la reine est capable de cuisiner et elle fait surement d’excellents plats. Cependant, elle se doute également que la reine est surement très douée pour les empoisonnements. Aussi. Alors elle ne sait pas vraiment si elle désire y goûter ou si elle préfère partir et rester en vie. On ne sait jamais. Certains Azgeda ont les armes, les poisons et le meurtre facile. La cruauté également. C’est pour ça qu’Asrid préfère de loin rester en forêt. C’est beaucoup moins dangereux, en dépit de tous les prédateurs qui y vivent.


Le fait qu’Asrid ne sache pas la raison de sa présence ici semble énerver la reine et la rousse s’en inquiète un peu. Pas nécessairement pour elle mais pour ceux qui sont venus la chercher. Elle n’aime pas la souffrance, elle n’aime pas la cruauté et la mort. Alors elle essaie de leur sauver un peu la mise quand même en s’expliquant : « Ai tried kom asked em, ba emo preferred kom bants em kom yu kom explain yourself » (J'ai essayé de leur demandé, mais ils ont préféré vous laisser le soin de m'expliquer vous-même). Asrid ne peut qu’imaginer qu’ils ont dû penser que la reine préfèrerait se charger de lui expliquer la raison de cette convocation par elle-même. D’ailleurs, la chasseresse a hâte de les entendre ces explications. Elle a hâte de comprendre pourquoi elle est là.

Alors qu’elle l’invite à s’asseoir avant de retourner au chaudron, Asrid en profite pour s’étirer un peu, et faire craquer sa nuque. Puis, elle s’approche d’une chaise, la tirant pour s’installer avec douceur. Elle sait que certains meubles peuvent parfois être d’une conception plus que douteuse et elle ne veut rien casser en ces lieux. Elle est donc précautionneuse jusqu’à vérifier que la chaise est suffisamment résistante. En même temps, elle écoute la reine lui donner enfin les explications qu’elle attend. Elle les comprend assez vite d’ailleurs. Ayant participé à la bataille contre la montagne, Asrid se rend bien compte de l’ampleur des chasses qui ont été données. Alors elle comprend facilement la demande du Trikru. De plus, avec les excursions des barbares dans les terres du clan des prairies, les ressources de la coalition ont également été entamées. De plus, le fait d’accepter l’arrivée de chasseurs Trikru sur leur terre est une bonne chose. Cela semble indiquer des intentions pacifiques. Alors Asrid est plutôt heureuse de l’entendre. Et à sa dernière phrase, elle est même surprise. Qui a donc bien pu la recommander elle ? Elle n’attire jamais l’attention, enfin, il lui semblait avoir été discrète. Visiblement, elle avait tort. Alors elle répond : « Em ste an honor kom don been advised » (C'est un honneur de vous avoir été conseillée). Elle se redresse un peu et reprend : « Ai would guide em kom pleasure taim bilaik ste your request.ai know our land en predators chon live der... » (Je serais leur guide avec plaisir si c'est bien votre demande. Je connais bien nos terres et les prédateurs qui y vivent...). La chasseresse est contente d’avoir été conseillée, d’avoir été convoquée. Mais elle se demande pourquoi la reine ne demande pas à leur maître chasseur d’accomplir cette tâche. Il est plus expérimenté, plus doué aussi. Alors pourquoi seulement elle ? Asrid se pose la question bien sûr. D’autant plus qu’elle n’est pas si réputée que cela en Azgeda. Mais elle se console en pensant qu’au moins, elle pourra être là, elle pourra veiller sur les émissaires du Trikru en cas de besoin. « Don yu special requests hashta disha homplei ? » (Avez vous des souhaits particuliers concernant cette chasse ?). Evidemment, Asrid est curieuse de connaître les modalités de tout ceci et les intentions réelles de la reine.

Malgré les nuances qu’Asrid a pu apporter sur le silence des hommes qui sont venus la chercher, la reine Azgeda ne semble pas moins agacée pour autant. Et du coup, elle ne répond rien à la suite. Après tout, Asrid a bien compris que c’était perdu d’avance, quoiqu’elle dise, la reine s’occupera quand même de ces deux hommes. Alors autant ne pas l’offusquer en insistant. Si elle peut garder sa propre tête sur ses épaules, alors elle va le faire. De toute façon, ces types-là vont tout tenter pour sauver leurs peaux y compris en rendant Asrid coupable de ne pas avoir posé de questions ou un truc du genre. Ici, sur les terres de glaces, c’est la loi du plus fort qui l’emporte. Et c’est bien la seule loi qui existe. Pour gagner, ici, tous les coups sont permis. Diffamation, trahison, poison, et autres coups bas du genre. Ici, c’est le plus sournois qui survit. C’est à se demander comment elle a pu survivre tout ce temps. Mais à bien y réfléchir, elle le sait la rouquine. Elle a survécu parce qu’elle s’est toujours tenue loin des intrigues politiques. Et depuis peu, elle a la fâcheuse tendance de s’y fourrer la tête la première. Et plus le temps passe, plus elle reste là en compagnie de Mordh, plus elle a l’impression qu’un piège se referme sur elle dont elle ne pourra pas s’extraire. Elle le sent, le malaise, l’impression de fausse gentillesse qui émane d’elle. Et elle sent aussi l’angoisse qui monte en elle, comme une grosse boule qui grossit de plus en plus. Mais elle ne l’écoute pas. Non, elle reste forte et le plus impassible possible face à sa reine. Et lorsqu’elle lui demande ce qu’elle attend exactement, Asrid croit discerner une lueur de satisfaction dans le regard de la reine juste avant qu’elle ne reporte son attention sur le chaudron. Bien sûr, elle se doute bien que si c’est la reine en personne qui lui donne audience pour la charger de cette mission – et pas simplement le chef de village d’Orst – c’est qu’elle attend quelque chose de précis. Et visiblement, la reine semble contente de voir que la rousse est capable de comprendre l’implicite. Ce qui la rend à la fois fière et encore plus à l’écoute des paroles qui arrivent.

Elle l’écoute attentivement. Et la première question silencieuse qui lui vient et de se demander pourquoi il faudrait éviter que le trikru n’interprète mal quelque chose si la reine Azgeda a les mêmes intentions de paix que Syndra. Bien sûr, elle ne dit rien. Elle ne pose pas cette question. Elle sait que le reste de la coalition se méfie de leur clan encore plus lorsque le pouvoir change de main. Alors elle se dit que peut-être Mordh veut simplement s’assurer que rien ne sèmera le doute dans l’esprit de Heda. Elle écoute la suite, évidemment sans pose de question. Elle laisse sa reine lui expliquer que le plus important sera d’assurer la sécurité des chasseurs trikru et cela même si des chasseurs Azgeda doivent être sacrifié. Autrement dit, Mordh lui ordonne de faire passer la vie de leurs invités avant la sienne. Le piège vient de se refermer sur Asrid. Elle le sentait, ce malaise étrange, cette voix intérieure qui lui soufflait de ne pas entrer, de ne pas accepter l’audience et de s’en aller. Elle aurait dû l’écouter, finalement. Mais bon, au moins, elle ne lui demande pas de tuer quelqu’un. Non bien au contraire, elle lui demande de protéger. Mais étrangement, Asrid a des doutes sur les réelles intentions de la reine. Elle n’en montre rien et se contente de répondre : « Ai understand ». Elle inclina la tête à la suite de ces paroles. De toute façon, Asrid n’aurait pas laissé un malheur se produire. Acceptant d’accompagner les chasseurs trikru elle aurait justement tout fait pour les protéger, pour préserver la paix autant que possible et l’appartenance de son clan à la coalition. Pour montrer que tous les Azgeda ne sont pas de grosses brutes sanguinaires et avides de pouvoir. Elle continue donc : « Ai would ensure bilaik emo hogeda return klir en sound » (Je veillerais à ce qu'ils rentrent tous sains et saufs). Au péril de sa propre vie. C’est pour ça qu’elle est là finalement. De toute façon, ses chasses se passent toujours très bien, sans aucun problème. Pourquoi celle-ci serait différente ? Puisque la reine semble avoir des idées et des envies bien arrêtées sur cette chasse, elle demande : « Do yu don a preference gon places where osir teik em? » (Avez-vous une préférence sur les endroits dans lesquels nous les emmèneront ?). Elle regarde sa reine qui a ôté son chaudron des flammes. Ça sent toujours terriblement bon et elle se demande ce qu’elle a bien pu préparer qui semble aussi alléchant. Ça ne ressemble pas à ses cuisses de faisan grillée au feu de bois, ça c’est sûr. Puis elle demande : « Chon laik the other hunters?» (Qui sont les autres chasseurs ?).