"The sea isn't the limit"

Au frontière de l'horizon se trouve l'aventure, c'est dans cette direction que ce lève mon regard  - Oïsis

Allongée sur le sable chaud, les yeux rivés vers le ciel, je profitais de ce moment de répit où je n'avais rien envie de faire que de stopper toute activité. Que ce soit des activités physiques ou bien mentales, j'avais cessé tout effort. Je me laissais bercer par les bruits ambiants que je transformais en un son harmonieux qui lentement se dissipait, plus le sommeil s'emparait de moi. Peu à peu, un défilé d'image absurde s'emparait de mes songes. Lieux, situations et personnages oniriques instables et irréels dansaient à travers ce défilé. Puis, me voilà seule, seule sur ce qui reste d'un navire fait de bois qui a été certainement détruit auparavant, mais j'ignore comment. Je m'accroche pénible à cette planche qui arrive à flotter sur l'eau malgré mon poids. Je n'ai que ce bout de bois pour me sauver, si je le perds, je risque de me noyer. En fait, c'est certain, je me sens épuisée, bien trop épuisée pour tenter de nager. Je ne crie pas à l'aide, je n'ai jamais crié à l'aide, je ne suis pas prête à commencer maintenant. Toutefois, la peur grandit en moi, la peur de me noyer. C'est une mort tout ce qu'il y a de plus désagréable et surtout, tout ce qui a de plus pathétique. Je ne veux pas mourir noyer, je veux mourir arme à la main, tuée par un brave guerrier... Non. Brave ou lâche, peu importe en fait, tant que c'est durant un combat. En parlant d'arme, je n'ai pas mon arme sur moi, j'ignore ce qu'il a bien pu lui arriver. Je me doute bien que quelque part elle a dû sombrer dans les abysses maritimes. Une tempête se lève, je le vois au loin. Ces nuages sombres et ces éclairs, les feux qui sont dominés par les cieux et qui nous rend si faible devant leur grandeur. Je regarde autour de moi, il n'y a rien à l'horizon et il y a rien pour me donner un espoir de survie. Je le sais en voyant la tempête approcher, je vais mourir noyer. Aucun homme ne pourrait braver seul de telles vagues, d'une mer si déchaînée.

Mais mourir noyé, la guerrière en moi me l'interdit, c'est pourquoi de toutes mes forces je mordis mon avant-bras jusqu'à ce que celui-ci saigne en abondance. Je préfère que ce soit les dieux qui mettent fin à mon existence, agitant mon avant-bras dans l'eau. Je reconnais que j'ai peur de mourir en suffoquant, j'ai peur de sentir l'eau s'engouffrer dans mes poumons et être consciente jusqu'à la toute fin. Et les larmes commençait à tomber le long de mes joues plus les vagues et ce ciel noir approchaient comme un démon succulent d'avance la petite proie sans défense qui lui faisait face. Et la tempête était là, mais pas les dieux qui m'abandonnèrent à mon sort... Cruel sort que je contemplais tandis que je coulais et sombrais au fond des abysses.

C'est dans un sursaut que j'ouvre les yeux, toujours couchée sur ce sable chaud, les yeux rivés vers un ciel étoilé. Je me redresse attrapant ma scythe qui reste toujours près de moi. J'inspire et expire, voire soupire de soulagement. Je peux néanmoins sentir une larme qui commençait à naître en coin d'oeil, d'un geste vif de la main j'efface son existence. Je me relève et je m'en vais sans vraiment choisir une destination en particulier. Il fallait que je me vide la tête, que je pense à autre chose. Ce n'était qu'un rêve après tout... Pas de risque qu'un jour je me retrouve seul et que je meurs dans cette même solitude au point que même les dieux me rejettent. Je marche sans vraiment prêter attention à l'endroit où j'étais, où je suis et où je vais. Ce qui me ramène à la réalité c'est le bruit d'un choc contre le sable. En portant mon regard vers la source de ce bruit, j'aperçois une femme que je ne connaissais ni d'Adan, ni d'Eve. Mais je ne mets pas longtemps à comprendre que c'était une invitée, cela ne pouvait qu'être une invitée. Aucun étranger ne peut si facilement entrer à Sérön, autrement si ce n'est que la tête couper ou en tant qu'inviter. Elle m'a tout l'air d'avoir la tête bien accrocher à ses épaules, donc c'est sans aucun doute une personne que la Keryonsi a permis la venue. Elle me sourie après s'être quelque peu reprise une certaine contenance, puis elle me salue à sa manière peu après. Je passe la scythe dans mon dos dans une petite rotation simple, je me penche devant elle en signe de politesse. « Encore bienvenue à Sérön ! » Je lui adresse à mon tour un sourire, je vous rassure c'est un sourire sincère. De toute façon, le sourire est marqué sur ma face, c'est très rare que je prenne une tête sérieuse. Généralement c'est quand on manque de respect à la Keryonsi ou quand j'ai faim que je deviens sérieuse. Sinon, je souris tout le temps, même dans un combat à mort, surtout dans combat à mort en fait.

"The sea isn't the limit"

Au frontière de l'horizon se trouve l'aventure, c'est dans cette direction que ce lève mon regard  - Oïsis

Il était vrai que j'avais un regard quelque peu inquisiteur, mais cela ne se voyait pas pour le commun des mortels. En fait, seul un Sikru qui connaît mon visage décontracté depuis des années, pouvait savoir quand j'avais ce genre de regard même quand je souris ou que je fais l'idiote. Mais pour une personne telle que cette étrangère, mon regard est forcément très commun et n'inspire rien de bien méchant si ce au contraire que de l'empathie. Je dois avoir un visage fait pour manipuler, ou pour être peut-être une artiste mettant en scène un personnage autre que soi-même. Quoi, le mot artiste vous fait peur venant de moi ? Sachez messieurs que j'adore chanter et danser, tout à fait, même si c'est pour faire rire mon entourage basiquement. Bref, j'ai tendance à toujours m'éloigner du sujet principal, donc revenons-y. Mon regard inquisiteur, ne lui était pas spécialement dédié à elle, en fait je ne peux pas m'empêcher de considérer et de juger les clans adversaires alliés ou pas. Cela ne m'empêche pas d'être avec elle très accueillant, un Sikru qui ne veille pas à mettre à l'aise un invité est vraiment très loin de la moralité de Sérön. Cependant, ouais, je reste très méfiante, il n'est pas à mes yeux impossible que les invités trahissent notre hospitalité pour s'en prendre à la vie de notre Keryonsi. C'est d'ailleurs très stupide d'envisager que parce que deux clans sont alliés et que leurs chefs ont une relation très particulière, qu'il faut arrêter de se méfier. J'ai déjà vu des hommes liés par les liens du sang s'entre-tuer simplement par jalousie. Nous les humains sommes des créatures étranges, on peut être d'une grande fidélité un jour, un frère un autre jour et un traître après demain. Je me souviens que j'étais très perplexe à l'époque, lorsque j'ai tout juste commencé à être une garde de Neith. Elle a toujours exposé si facilement ses partie vitaux, créant des ouvertures pour de potentiels assassins qui auraient pu se trouver à ses côtés.

Le genre d'assassin qui ne supporterait pas qu'une gamine à l'époque mène les Sikru. Moi, ça me foutait la trouille d'imaginer des assassins parmi nous... Pas pour ma vie, mais pour celle de la Keryonsi. je me rappelle d'avoir traversé un moment de doute et je voulais même goûter ses repas pour être sûre qu'ils n'étaient pas empoisonnés. Bref... La Keryonsi est toujours si décontractée, c'est fou... Et lorsqu'en plus elle se débarrasse de nous, alors qu'il y a un clan qui nous rend visite, cela a de quoi faire remonter un stress en moi. « Vous n'avez pas à vous excuser pour si peu. » Dis-je suite à ce que la femme venait dire par rapport à sa maladresse. Si elle était tombée plus près de moi, je l'aurai même aidé à se relever sans en faire un scénario catastrophique ou au contraire hilarant. Lorsqu'elle tend sa main dans ma direction et qu'elle se présente, je saisis son avant-bras à mon tour presque comme deux hommes partageant un moment bien viril dont ils ont le secret. « Niamey ! » Répondis-je alors, c'est le seul nom qu'elle devait connaître de moi... Seul ma famille et les Sikrus proches de moi, connaissent mon véritable prénom de naissance. « Dite-moi, que faites-vous ici alors que le soleil n'est plus ? » Ma question est à peine maquillée, j'aurais presque mieux fait de lui demander directement qu'est-ce que tu espionnes dans le coin. Je pose une main sur mon front avant de lever les yeux vers le ciel en soupirant, lorsque que je repose mon regard sur elle je rajoute. « Pardonnez ma méfiance, je ne voulais pas paraître soudainement inhospitalière, j'imagine que vous devez être tout simplement égarée. Quelle idiote je fais. »