Venom of unreal (Terminé)

Il y a dans certaines des plus profondes grottes des terres Shiedgeda des animaux étranges. Ils ont appris à vivre dans l’obscurité, se sont adaptés. Des insectes, des chauves-souris, des reptiles. Tous sont sauvages, cruels. Aussi cruels que les lieux dans lesquels ils vivent : sombres, glacés, reculés. Chacun défend son territoire. Les années qui se sont écoulées, les radiations et leur volonté de survie les ont poussés à développer des armes pour se protéger. Dards, crochets ou salive acide, les animaux qui se trouvent là ne sont pas parmi les plus mignons que l’on trouve sur Terre. Les anciens de leur clan transmettent aux générations actuelles les secrets pour survivre à ces faunes si particulières. Les plantes qui empêchent certaines morsures par exemple. Comme une aura de protection, pour dompter les animaux si sauvages. Alors avant de quitter sa grotte, la guerrière s’est immergée dans une eau chaude dans laquelle elle a laissé infuser quelques feuilles d’une plante de protection, apaisante. Une plante sortie des grottes, dont l'odeur est familière à leurs habitants. Une fois prête, elle s’est mise en route. Dans certaines de ces grottes on trouve une espèce très spéciale d’araignée aux longues pattes effilées et au venin très particulier. C’est pour ces araignées bien particulières qu’Hati a fait quelques heures de marche jusqu’à une grotte qui s’enfonce profondément sous terre. On ne sait jamais quels démons l’on va croiser au détour des parois de rocheuses de ces endroits très peu fréquentés. Pourtant la guerrière n’a pas peur. Elle remonte jusqu’à un petit couloir pour à l’aide de sa torche, elle se met en quête de ces fameux arachnides. Une, deux, trois ça sera toi…

Les obligations d’Hati envers son clan l’ont tenue éloignée de la grotte dans laquelle ils ont caché les prisonniers pendant trois jours. Mais alors qu’elle entre, dans celle-ci, encore et toujours dissimulée derrière son masque d’ossement, son regard sombre ne promet rien de bon. Elle s’avance jusqu’à la jeune skaikru aux cheveux noirs avec laquelle elle a joué aux osselets puis s’installe en face d’elle. Hati voudrait essayer quelque chose. Maintenant que la femme est fatiguée, qu’elle est accablée de ces tortures qui ont eu lieu quelques jours plus tôt, elle va tenter un exercice plus subtil, plus cruel. Elle va tenter d’insuffler en elle quelque chose de différent pour combler le vide qu’elle a créé. Une autre forme de torture. Plus latente. Plus intense. Plus sombre encore. Elle la regarde, puis finalement, écarte un peu l’un des pans de sa cape pour y plonger sa main opposée afin de sortir l’animal tant convoité. L’araignée n’a rien d’esthétique. L’obscurité a dépigmenté l’ensemble de sa surface. Elle possède 8 longues pattes mais quatre d’entre elles – les arrières – sont plus épaisses et suggèrent que l’animal semble capable de sauter. Son corps est aplati et large, pour passer entre les failles rocheuses de son habitat naturel. Son envergure est importante, elle se balade sur la paume de la guerrière qu’elle remplit presque, sans agressivité, comme si la femme était son amie depuis longtemps. Comme si Hati pouvait avoir des amis… Ses crochets claquent un peu, avec curiosité. Puis Hati se penche et laisse l’araignée monter sur la fille du ciel. Privée de l’odeur de la plante, l’animal devient plus nerveux, plus agressif. Et alors qu’elle se déplace sur l’épiderme inconnu elle finit par y planter ses crochets injectant le venin. Le venin va commencer à se répandre alors qu’elle continue à se balader. Et petit à petit les propriétés hallucinogènes de ce venin vont plonger Luka dans un état second et elle va commencer à perdre les limites entre le réel et l’irréel.

L’araignée a fait son œuvre. Alors elle fait signe à l’un de ses compagnons de torture qui s’approche et sort un petit pot dans laquelle elle remet l’araignée. Puis, elle le referme. Ils sont faits pour ça c’est petit pot. Pour les transporter lorsqu’ils n’ont pas le temps de se couvrir de plantes. Puis, elle lui dit dans leur langue de ramener l’animal dans sa grotte. Il acquiesce et s’éloigne. Elle se tourne à nouveau vers la skaikru. Et pour la première fois depuis qu’ils sont là, elle retire son masque. Sous les ossements, son visage est pâle, doux. Ses traits sont légers et son visage pourrait presque paraître innocent. Et même si son regard est mauvais, elle la regarde avec un peu plus d calme que lors de leur partie d’osselet. Elle attend. Elle attend que le venin ne se distille dans ses veines. Elle s’est assise en tailleur, mains posées sur ses genoux et elle reste là, immobile, sans se soucier des regards emplis de haine de tous les autres prisonniers. Elle se demande bien où peut être Ishtar. Elle aurait aimé qu’elle voit ça. Dans le fond, c’est parce qu’Hati n’aime pas réellement partager qu’elle aime s’en prendre à cette fille. Et parce qu’elle aime cette volonté qu’elle a de s’accrocher à quelque chose d’aussi réel et humain que le langage alors qu’elle se trouve aux tréfonds de l’enfer.

L’attente doit être insupportable. Il n’y a rien de pire que d’observer un fou dans son état de calme tranquille juste avant l’étincelle qui allume l’incendie. Il n’y a rien de pire que d’observer le calme olympien de cette femme qui s’amuse tant à les torturer. L’ensemble de son corps est détendu, ses épaules sont relaxées. Elle ne se tient droite que par fierté et garde la tête haute, altière, guerrière. Lorsque le venin commence à faire effet, elle se demande bien ce que la jeune femme voit. Mais elle sort sa dague et s’entaille un peu le propre bras. Avec son sang, elle trace un bandeau écarlate sur ses yeux qu’elle a fermé le temps d’appliquer le liquide carmin. Puis, elle réalise la même chose sur le visage de Luka. Pour qu’elles soient les mêmes. Pour que Luka puisse voir le monde avec les yeux de la guerrière. Puis, elle se redresse et attrape son masque d’ossement. Elle contourne la skaikru et lui place le masque de force. Le monde derrière le masque. L’odeur du sang, le contact de l’ossement. Puis elle s’installe en face d’elle à nouveau, tournant la dague entre ses mains. Elle attend encore un peu de voir le venin se distiller jusque dans ses yeux : que ses pupilles s’agrandissent, que sa respiration ne s’accélère, que ses yeux ne cherche des choses qu’eux seuls ne pourront voir. Et à ce moment-là, elle pourra continuer ce qu’elle vient de commencer.

L’attente n’est pas longue. Déjà, Hati perçoit les signes que le venin commence à faire effet. Et cela lui plaît. Alors elle la regarde. Un long moment. Elle la regarde la fixer comme si elle était un monstre. Bien sûr, Hati est monstre. Elle le sait depuis toujours. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne. Puis, elle se lève et va chercher une skaikru et elle l’amène jusqu’à elle. Il est temps de passer à la suite du programme, de lui faire découvrir les plus sombres aspects d’elle-même. La skaikru qu’elle a choisie est blonde. Elle ressemble beaucoup à la femme guérisseuse qui a fait réagir la jeune femme. Hati pense qu’elle sera plus touchée si elle le fait en pensant qu'elle fait à quelqu'un qu'elle aime. Que le poison que ça répandra en elle sera encore plus intense. Et que la suite sera plus facile à gérer. Elle l’assoit en face de la skaikru aux cheveux noirs, au regard couvert de sang, au masque d’ossement. Comme ça, elle pourrait presque avoir l’air d’une des leurs, une guerrière de son clan, une compagne de guerre. Mais Hati sait qu’elle ne l’est pas. Elle pourrait peut-être le devenir, qui sait. Avec les bons enseignements et les bonnes méthodes.

Puis, elle vient s’asseoir près de la jeune femme. En tailleur à nouveau. Elle glisse ses doigts le long du bras de la fille du ciel, montant et descendant de l’intérieur de son poignet à l’intérieur de son coude. Elle utilise le contact tactile pour faciliter l’établissement du lien. Puis, Hati sort la dague de son fourreau et se penche un peu pour murmurer à son oreille : « Tu es comme moi maintenant… La même… ». Tu fais du mal aux gens que tu côtoie. Elle ne le dit pas mais elle espère qu’elle le comprendra implicitement. « Tu as envie de lui faire mal… ». Elle esquisse un sourire malsain et lui dit : « Parce que c’est le mal, elle n’est pas gentille, elle mérite son sort… ». Hati lui parle anglais, pour la première fois. Parce que ce n’est qu’un murmure, parce qu’elle est en plus délire. La guerrière sait que les hallucinations dont elle souffre ne laisseront qu’un vague souvenir duquel elle ne pourra démêler le vrai du faux et personne ne pourra l’aider à le faire. Elle sait qu’elle ne pourra pas se souvenir qu’elle lui a parlé anglais. Et elle lui tend la dague en la tenant par la lame. A partir de ce moment-là, Hati reste méfiante, juste au cas où la fille du ciel déciderait de tenter de lui planter la dague dans le cœur.

Assise à côté de la skaikru, Hati commence son œuvre. Elle commence son empoisonnement. Elle est assez fière de cette idée. Elle aimerait vraiment que ça marche. Mais Hati doit aller doucement. Elle doit rester calme, avoir les idées claires. Elle ne doit pas se laisser emporter par l’excitation, le désir de la voir céder. Elle doit prendre son temps, être tentatrice, mais pas brusque. Parce que si la femme se brusque, alors la guerrière ne pourra plus rien faire. Alors elle doit être à l’écoute de tout ce qu’elle voit et entend. Elle ne doit rien perdre de tout ce qu’elle voit et lit en la skaikru. D’ailleurs, elle commence déjà à la détailler. Elle n’en perd pas une miette. Malgré sa culpabilité qui finira par peser plus lourd dans la balance, la brune résiste, elle essaie de tenir tête. Mais tout ça ne fait que commencer. Elle finira par craquer, tout cela n’est qu’une question de temps. Le venin fait effet durant des heures. Alors, Hati sait qu’elle a le temps. Tout le temps.

Hati continue à la regarder se débattre, tenter de s’en sortir. Et elle trouve ça amusant dans le fond. Amusant de voir que la skaikru ne se rend même pas compte qu’elle finira par glisser. Doucement, mais surement vers l’ombre qui l’attend en bas. Et quelle magnifique ombre, si enivrante, si grisante. Elle ordonne à quelqu’un de se taire. A qui ? Difficile à dire. Puis finalement, elle semble s’obstiner. Elle ne peut pas. Bien sûr, il fallait s’y attendre. Alors la guerrière se penche à nouveau pour lui murmurer à l’oreille : « Oh mais si… Nous sommes tous pareil, nous faisons ce que nous devons pour survivre… Et toi, toi tu as tellement de potentiel, tu pourrais faire tellement de choses… ». Elle sourit en coin, puis elle regarde à nouveau la femme blonde qui est tremblante, qui pleure. Si elle continue de pleurer il faudra qu’elle fasse quelque chose pour régler le problème. Puis, elle se penche à nouveau et elle dit : « Le mal est un bon acteur, il se cache partout particulièrement derrière d’innocentes larmes… Regarde la… Regarde mieux… ».

Elle commence par dire qu’elle n’est pas comme elle et qu’elle n’a aucun potentiel. C’est dommage de penser une telle chose, d’ignorer son propre potentiel, ses propres capacités. Elle est forte mais ne le sait même pas. Elle se sous-estime, se dévalorise. Elle est faible. Hati déteste ça. C’est tellement dommage de perdre son temps ainsi, de ne faire que la moitié des choses que l’on pourrait faire. Tellement, tellement dommage. Enfin, Hati va essayer de lui insuffler une confiance en elle nouvelle. Une confiance en de nouvelles capacités, de nouvelles envies. Parce que faire du mal, c’est bien. C’est tellement enivrant. Elle a un long frisson qui remonte le long de son dos. Mais assez vite, les choses changent et la jeune femme semble animée d’une force nouvelle face à quelqu’un qui ne semble plus être la femme blonde. Enfin, avec les hallucinations c’est difficile de savoir, Hati ne peut voir ce qu’elle voit et c’est bien dommage, elle s’en amuserait surement beaucoup. Mais bon, elle est satisfaite d’entendre la brune s’adresser à la blonde en lui disant qu’elle est le mal et en finissant par lui planter la dague dans le bras. C’est une première victoire. Elle a volontairement fait du mal à quelqu’un. Peu importe à qui, quand elle ouvrira les yeux en revenant à elle, elle se rendra compte que celle à qui elle s’en est prise est une innocente… Hati lui dit alors : « Tout le monde a du potentiel… ». Elle fait une pause. Puis elle reprend la parole pour lui susurrer à son oreille : « Tu sens comme ça te fait du bien ? ça pourrait être encore meilleur si tu recommences… ». Elle esquisse un sourire carnassier, elle regarde la blonde. Elle, elle la voit telle qu’elle est. Elle voit le sang sur son bras, la dague plantée dans la chair. Elle voit le visage convulsionné de douleur, entend ses cris et remarque les larmes trempant ses joues. Et elle adore ce qu’elle voit Hati.

La skaikru continu. Elle continue à jouer avec la dague. Elle n’est pas comme elle. Mais là, Hati comprend qu’elle ne lui parle pas à elle mais à la femme blonde. Elle n’est pas inutile. Oh ça non, elle ne l’est pas. La guerrière est même convaincue du contraire, elle est plus qu’utile pour Hati. Elle l’occupe, elle l’aide à évacuer sa frustration, elle l’aide à provoquer une guerre. Alors non, elle n’est pas inutile. Mais alors qu’elle lui tire les cheveux, l’illusion de son hallucination semble s’estomper. Elle remarque la couleur des cheveux et semble se rappeler qu’il ne faut pas faire de mal à la femme blonde. Hati se retient de lever les yeux au ciel. Ça va revenir. Elle va réussir à faire quelque chose de tout cela. Elle en est convaincue. Dans le cas contraire, elle aura quand même réussi à les torturer toutes les deux. Ça ne sera qu’un demi échec. Mais elle croit que ça peut marcher et elle va tout faire pour cela.

Sauf qu’elle n’arrive pas à empêcher la skaikru brune de se planter la dague dans la main gauche, surement sa main dominante. Hati gronde un peu mais elle ne dit rien. Elle se contente de récupérer la dague pour l’empêcher de se faire plus mal. Elle attrape sa main blessée puis regarde autour d’elle. L’un des guerriers la voit faire et s’approche avec un bandage. Elle lui prend aussi sa gourde dans laquelle il y a de l’eau. Elle prend le temps de passer un peu d’eau sur la plaie pour la nettoyer et ensuite elle lui bande la main. Elle prend soin d’elle d’une certaine façon pour lui montrer qu’elle est dans son camp, les hallucinations aidant à faire tomber certaines barrières. Puis, elle murmure : « Va doucement… Le mal est malin, il te fait croire des choses, je suis là pour t’aider à mieux le comprendre… ». Elle esquisse un léger sourire puis susurre : « La douleur est un art… Laisse-moi te montrer… ». Puis, elle attrape sa main valide et y glisse la dague puis de sa propre main elle guide la pointe de la dague pour tracer une entaille dans son propre bras en grimaçant légèrement. Puis, de son sang elle vient tracer un symbole de force sur le cœur de la skaikru brune puis, elle dirige la dague vers la blonde et lui dit : « Il n’y a que le mal en elle, ne le vois-tu pas… ? ».

La skaikru aux cheveux blonds, est prostrée et pleure silencieusement. Elle s’est apaisée pour le moment. Le regard noir que lu a jeté Hati quand elle a essayé de parler, de supplier l’a fait taire et l’a calmée. Elle se méfie de la guerrière parce qu’elle a compris qu’elle n’hésitera pas à lui faire subir des châtiments pires que cette dague plantée dans son bras. Alors elle attend la suite. Elle ne comprend pas bien ce qui se passe, elle ne comprend pas ce qui se dit. Quant à Hati, elle s’arrange pour ne pas être entendue par elle. Sinon, il faudra qu’elle la tue. Elle regarde la jeune femme qu’elle a fini de soigner. Malgré la fatigue, la douleur et l’épuisement elle continue à s’obstiner. Malgré les soins que lui prodigue Hati, elle continue de résister et de ne pas vouloir. C’est mignon. Mais à la longue, ça va vite l’agacer. C’est dommage, elle est sûre qu’avec un peu de persuasion, elle pourrait réussir à faire quelque chose de merveilleux. Alors elle va continuer un peu. Et lorsqu’elle demande pourquoi, Hati esquisse un sourire presque cruel avant de répondre dans un murmure : « Pour la force que cela confère… ». Oui, la force. La force de faire peur aux autres, la force de pouvoir prendre aux autres, de tirer de l’énergie dans leurs cris de souffrance. Mais il n’y a pas que cela, bien sûr. Non. Elle reprend toujours dans un murmure : « Tout est tellement plus simple, tu devrais essayer… ». L’idée est de la convaincre de faire mal, de torturer cette femme blonde qui se tient le bras et qui tremble toujours. L’idée est qu’elle le fasse d’elle-même, qu’elle en ait envie. Car si elle en a envie, cela sera encore pire quand elle s’en rappellera, quand elle en prendra conscience. Et elle sera là, elle sera là, embusquée dans l’ombre pour voir sa réaction, pour voir ses larmes, ses regrets, sa culpabilité. Autant de choses qu’elle ne comprend pas réellement elle-même. Mais elle sent bien la détresse que cela provoque et elle s’en nourrit. Oui, elle adore ça. « Fait le ! ».

Lorsque la dague se plante dans la cuisse de la femme blonde, celle-ci hurle. Un hurlement de colère, un hurlement de douleur, un hurlement de terreur. Il y a tellement d’émotion dans ce cri, tellement d’intensité. Parfois, Hati était presque triste de ne pas connaître ça. De ne pas découvrir le panel des émotions humaines, les nuances de chaque émotion, de chaque ressenti. Oui, parfois, Hati regrette de ne pas pouvoir les ressentir. Mais en fait, elle ne sait pas réellement ce que sont les regrets. Elle regarde la blonde qui recommence à pleurer et tend le bras pour l’attraper par l’épaule et l’empêcher de tomber. Elle y plante ses ongles pour tirer une grimace à la jeune femme. Puis, elle se tourne vers la skaikru aux cheveux noirs. Elle est persuadée d’agir par devoir. Mais corrompre son âme n’est pas un devoir. Et la plupart de ses amis préféreraient probablement qu’elle ait tenu tête ou qu’elle ait planté la dague dans la cuisse de la guerrière. Plutôt que dans celle de cette femme. Et il y a autre chose. Autre chose qui contente la femme dont le visage est à découvert pour la première fois depuis leur arrivée dans les grottes : c’est toujours avec le devoir que la violence commence. Les guerriers s’entraînent toute leur vie pour devenir de grands guerriers. Et parfois, il arrive que certains développent un penchant pour la violence, une envie de sang irrépressible que les temps de paix frustrent. Peut-être bien que c’est ça que recherche Hati. Peut-être qu’elle veut la pousser sur une pente glissante. La pente de la déraison. Elle se penche pour récupérer le couteau et de ses doigts, elle trace une marque rouge sur le masque d’ossement. Puis, elle redresse son regard sur elle et glisse ses doigts sur ses propres lèvres, se traçant un rouge à lèvre de sang, la rendant encore plus effrayante. Elle se penche pour susurrer à nouveau à son oreille pour lui dire : « Le devoir nous pousse à faire des choses extraordinaires parfois… ». Son sourire dévoile ses dents et elle en claque un peu, joueuse. Elle laisse courir la pointe de la dague sur la cuisse de la skaikru aux cheveux noirs, sans la blesser, joueuse, elle remonte sur le haut de sa cuisse puis sur son ventre et jusqu’à son cœur survolant la marque de sang qu’elle a fait. Finalement elle lui tend à nouveau la dague : « Mais parfois, on peut faire ce que l’on doit faire avec un certain plaisir, avec envie… Surtout quand on est face au mal… ».Elle esquisse un sourire malsain et elle complète : « Et elle a fait le mal… Elle a tué tant de gens… ».