Stroke of bad luck (Terminé)

Une fois revenus à Orst, ils ont fait un rapport de leur chasse à un messager de la reine Azgeda. Un rapport annonçant leur médiocrité et leur inutilité. Un rapport qui laissait présager la perte d’une tête ou deux. Sauf que cette chasse était organisée afin de répondre à un ordre de Heda, afin de nourrir le peuple. Et finalement, heureusement ou malheureusement, aucune tête n’est tombée. Il faut dire, que si une tête doit tomber, la reine la fera surement tomber elle même... Donc cela laisse un peu de répit à la rouquine. Même si, Asrid le sait, cela ne veut pas dire qu’elle est sauve et en sécurité. Un accident est si vite arrivé. Alors qu’elle marche en ville à la recherche d’un soigneur, elle est songeuse. Elle ressasse tout ce qui s’est passé, elle ressent la douleur de ses plaies, des morsures de loups. Et elle repense à cette caverne. L’envie est intense d’y retourner. Ils ont tué plusieurs loups dont les fourrures pourraient réellement être utiles à leurs clans. Alors une fois qu’elle sera soignée, Asrid est décidée à repartir dans les terres. La chasse, elle connait. La solitude aussi. Et en fonction de ce qui se passera, de ce qui arrivera d’ici là, elle choisira de rester ou de quitter le clan. Elle pense que la reine Mordh ne mettra pas longtemps à montrer son vrai visage et ses vraies intentions. D’une certaine façon, la chasseresse est impatiente que cela arrive. Elle déteste cette incertitude, cette attente. Elle entend les rumeurs de morts et d’accidents. Elle entend les rumeurs qui disent que tous ceux qui ont péri étaient contre Mordh. Mais elle sait que les rumeurs sont dangereuses, il ne faut pas toujours les croire. Alors elle ne sait pas ce qu’elle doit faire la rouquine. Enfin si, elle sait. Elle doit commencer par se faire soigner. Et au terme d’un moment de marche, elle finit par trouver une guérisseuse qui veut bien s’occuper d’elle contre quelques bouts de viande séchée. Alors la rouquine se laisse soigner. Cela fait du bien parfois de laisser quelqu’un d’autre prendre soin de soi. Elle écoute les conseils de la guérisseuse avec attention, se rappelant de ceux que sa mère lui donnaient il y a des années. Après quelques longues minutes, elle peut se lever et se rhabiller. Elle échange quelques dernières paroles avec la femme qui l’a soignée puis la paie et s’éloigne. Elle a besoin de quelques denrées pour préparer sa chasse.

Alors elle se dirige vers une artère plus commerçante. Une partie de la ville est abritée dans des grottes à l’image de la demeure de Arzhel. Elle va d’un étal à l’autre discutant avec les commerçant. Un morceau de graisse animale pour allumer une torche. De nouvelles pointes pour réparer quelques une de ses flèches abîmées. Un bref passage à la forge pour faire aiguiser son disque lame. Puis, elle revient vers les étals, terminant le tour de ceux-ci en regardant ici et là. Elle reprend quelques livres de céréales pour son cerf, et une espère de pain assez dense qui suffira à la nourrir durant plusieurs jours en plus des oiseaux qu’elle réussira à chasser pour se nourrir. Elle discute un peu avec les commerçants posant des questions sur ce qui se passe en ville ces derniers jours tout en remplissant sa besace en cuir élimé. Elle donne parfois des morceaux de défense animale, des piécettes de bronze ou d’acier, des morceaux de fourrure qu’elle détache de sa selle au fur et à mesure qu’elle continue ses achats. Asrid le sait, elle doit se préparer correctement et ne rien laisser au hasard. Mais elle doit le faire avec équité. Le troc doit être juste mais la négociation est possible. Et avec le temps, elle a appris à être une bonne négociatrice. Justement pour survivre. Alors qu’elle se tourne pour aller à l’étal d’à côté, elle heurte quelqu’un et se tourne pour s’excuser : « Ai'm sorry... » (Je suis désolée…). Bien sûr, elle sait que la plupart des grounders, particulièrement chez eux, ne s’excuseraient pas. Pourtant, elle le fait. Parce qu’elle est plus civilisée peut-être. Mais pas plus faible, les autres auraient tort de le penser. Elle regarde la femme qui lui fait face. Elle a les cheveux longs, roux comme les siens. Elle est assez grande, élancée. Raffinée d’une certaine façon. Asrid a l’impression de l’avoir déjà vu, elle plisse les yeux pour essayer de se souvenir où. Puis ça lui revient. C’est la chef du village d’Ulfuris. Elle ne la connait pas personnellement bien sûr, juste assez pour pouvoir incliner la tête avec respect histoire qu’elle reste bien vissée à son cou en disant : « Ai beda be careful » (J’aurais dû faire attention.).

Parfois, Asrid rêve de ne plus avoir à faire tout ça : ne plus avoir à jouer d’un pied sur l’autre pour le respect. Ne pas dire certaines choses, pour ne pas s’attirer les foudres des plus grands. La Terre est dure, sauvage. Mais aux yeux de la rouquine, il est bien plus facile de survivre dans la forêt, même en plein hivers que dans une ville. Il ne faut pas énerver les autres. Surtout en Azgeda où n’importe qui peut vous trancher la gorge si vous l’offusquez. Et alors qu’elle vient de percuter la chef de village d’Ulfuris, elle se dit qu’elle aurait dû repartir tout de suite et non pas attendre et se faire soigner. Bon sang, mais pourquoi est-ce qu’elle est restée ? Elle la regarde et l’entend lui répondre qu’elle va bien. Elle n’a pas l’air offusquée, elle n’a pas l’air de lui en vouloir non plus. Tant mieux en un sens, voilà ce que pense Asrid. Elle a déjà déçu une reine aujourd’hui, elle n’a pas besoin de se mettre en plus cette femme à dos. Elle l’écoute ensuite lorsqu’elle demande si elle était à la chasse avec le trikru. Bien sûr. Bien sûr elle est au courant, bien sûr elle lui demande ce qu’il en est de cette chasse. Définitivement, cette journée est mauvaise. Finalement, Asrid se dit qu’elle aurait mieux fait de rester dans la grotte et de se faire dévorer par les loups.

Pourtant, elle redresse un peu la tête et acquiesce. Elle n’a pas le choix, elle doit répondre. Mais pas sur tout. Elle ne doit pas dire ce que Mordh lui a dit lorsqu’elle l’a envoyé là-bas. Cela ne concerne pas cette femme. Mais le résultat de la chasse, ce n’est pas si grave. De toute façon, la nouvelle finira par se répandre. Alors elle lui répond : « Unfortunately, osir return kom orst empty handed... » (Malheureusement, nous rentrons à Orst les mains vides…). Cela la vexe de devoir dire ça. Cela faisait très longtemps qu’Asrid n’était pas rentrée bredouille d’une chasse. Pas assez longtemps à son goût. Alors, elle envisage de repartir, pour chasser, ramener au moins quelques oiseaux, quelque chose, n’importe quoi à remettre à Indra qu’elle rentre chez elle avec quelque chose. Même juste un peu. Oui, Asrid est vexée et elle se sent inutile. Et elle a un peu peur aussi. Peur de ce qui pourrait lui arriver maintenant. Même si elle a veillé à ce qu’Indra soit saine et sauve. Elle reprend : « Ai find em a shame, ai wanted kom be mo useful gon trikru » (Je trouve ça vraiment dommage, j'aurais voulu être plus utile pour le trikru). Elle la regarde toujours, sans ciller. Elle a un peu honte, mais ça arrive à tout le monde d’échouer. Et elle n’en sera que plus forte. Cela lui a cependant appris qu’elle chasse plus efficacement seule. C’est un fait et elle le saura pour la prochaine fois.

Malgré qu’elle l’ait percuté et malgré ce qu’elle vient de lui dire, la femme qui lui fait face continue à sembler bienveillante. Elle n’a pas l’air en colère, ni moqueuse. Elle ne semble pas juger. Du moins, elle ne le montre pas. Et Asrid apprécie cela. Les Azgeda ont trop facilement tendance à juger ou à critiquer ce qui ne leur convient pas, sans penser qu’eux même ne sont ni parfait ni efficace. C’est toujours un peu difficile pour elle d’appartenir à ce clan de grosses brutes. Comme quoi, tous ne se valent pas. La femme qui lui fait face, Asrid a l’impression qu’elle pourrait l’apprécier et réellement bien s’entendre avec elle. Elle la détaille un instant. Elle semble vraiment calme, sa posture est neutre, ni agressive, ni avenante. Et elle a même sourit, légèrement. Pas un sourire rayonnant mais un sourire quand même. A l’annonce de leur échec, elle fronce un peu les sourcils, et elle semble plus surprise qu’autre chose. Oui, ça, Asrid peut le comprendre. Pour elle aussi c’est une surprise. Elle se demande encore ce qui a pu se passer. Elle ne comprend pas bien tout ce qui a pu se passer. Mais bon, c’est fait à présent.

Alors elle demande qui l’accompagnait. Asrid se demande si c’est vraiment important. Mais au final oui. Si la trouve avait été composé d’autres personnes, de vrais chasseurs, peut-être qu’ils auraient pu prendre quelque chose. Et s’ils n’avaient pas été séparés non plus. Quel dommage, quel gâchis. Ils auraient pu ramener des loups. Les loups morts dans la grotte, s’il n’avait pas fallu absolument suivre le loup blessé… Tout cela rime encore bizarrement en elle. Elle se demande bien quel genre d’animal lance ses proies dans une ouverture débouchant sur un précipice. Alors elle répond : « Indra en Octavia kom Trikru en Arzhel en Sinead kom Azgedakru ». Elle regarde la femme qui est toujours en face d’elle. A l’évocation d’Indra, un léger sourire a survolé les lèvres d’Asrid. Elle apprécie la guerrière. Même si elles ne se connaissent pas vraiment, ce qu’elle en a vu pendant la chasse lui a plu. Dans tous les cas, elle connaît de nombreux chasseurs qui auraient été plus à leur place qu’Arzhel et son second, malgré tout le respect qu’elle a pour eux. Elle ne le dira pas cependant.

La femme poursuit en disant qu’Asrid a fait de son mieux. Et celle-ci acquiesce un peu. Mais non, elle n’a pas fait de son mieux. Son mieux c’est de ramener quelque chose. Et ceux qui la connaissent savent qu’elle ne revient jamais sans quelque chose. Un oiseau de proie, un rongeur, un herbivore. Et dans ses bons jours elle peut même réussir à abattre des loups. Oui, Asrid est une bonne chasseresse. Elle le sait. Mais ce qu’elle a fait là-bas, c’est en dessous de tout. Mais elle apprécie la gentillesse et les encouragements de cette femme. Elle les prend et les accepte pour ce qu’ils sont. « Em's true enai nou miss. » (C’est vrai et je n’y manquerais pas). Elle la regarde toujours, puis à son autre question, elle réfléchit un instant. En fait, elle n’y a pas encore vraiment réfléchi. Hormis le fait de vouloir repartir en chasse… Elle finit donc par lui dire : « Ai would succeed in provide some prey fou indra goes houm. » (J'aimerais réussir à rapporter quelques proies avant qu'Indra ne rentre chez elle.). Ce qui explique les achats qu’elle vient de faire. Malgré ses blessures, elle compte bien repartir. Elle ne s’éloignera pas trop cependant pour être sure que la délégation du Trikru ne repartira pas. Puis elle reprend : « Den ai would go west kom kalawen kom help » (Puis, j'irais à l'ouest vers Kalawen pour aider.). Et pour revoir le chef des Shiedgeda qui doit surement y être aussi. Elle pourra chasser là-bas. S’il reste quelques proies. L’arrivée des barbares aura peut-être forcé des animaux à sortir des bois des terres de l’ouest. Elle trouvera bien une utilité, elle en est certaine. Puis elle demande : « En yu, chit brings yu kom orst? » (Et vous, qu’est-ce qui vous amène à Orst ?). Il est temps de s’intéresser à elle aussi. Asrid est intriguée par son comportement, il faut bien le dire.

Cet échec laissera ses marques dans la vie de la chasseresse. Mais elle va s’y faire. Elle finira par ne plus y penser. Comme d’habitude en cas d’échec. Asrid est forte après tout. Et puis, ça arrive. Elle n’était pas seule, elle n’a donc pas à porter seule la responsabilité de cet échec. Et comme de toute façon, ça finira par se savoir, cela ne la dérange pas de répondre aux questions de la chef de village d’Ulfuris. Elle n’a pas vraiment le choix non à dire vrai. Asrid sait qu’elle a intérêt à rester dans les bonnes grâces de certaines personnes. Et la rousse qui lui fait face ne semble pas agressive, elle ne juge pas. Donc elle n’a pas de raison de se taire. Lorsqu’elle répond à la question concernant ses projets, la femme lui répond que c’est une bonne idée. Alors elle acquiesce un peu, esquissant un sourire. Elle est plutôt d’accord avec ça, oui. C’est pour ça qu’elle va repartir en chasse. Jusqu’à ce que Indra regagne Polis. Pour remplir le plus possible les tonneaux ou les chariots de nourriture. Cela aidera le temps que ça le pourra. A elle seule, elle ne nourrira pas un clan entier, c’est sûr. Mais elle peut au moins essayer de faire en sorte que la chef du Trikru ne rentre pas les mains vides. Asrid est résolu à tout faire pour les aider. « Mochof. ». De la chance, elle en aura besoin oui, c’est certain. Parce qu’ils n’en ont pas eu beaucoup pendant cette fichue chasse.

Puis, elle répond qu’elle-même est venue pour parler avec la reine. Avec Mordh. Parce qu’elle a des choses à lui dire. Asrid est un peu curieuse de savoir ce qu’elle vient lui dire mais cela ne la regarde pas vraiment dans le fond. Déjà parce qu’elle n’appartient pas à son village, ensuite parce qu’elle n’est pas concernée par la politique. Enfin, pour le moment, elle ne l’est pas. Bizarrement, elle a l’impression que ça va bientôt changer. Elle avisera à ce moment-là. Si elle est toujours vivante bien sûr. Et d’un coup, elle réagit. Elle n’a pas vu Mordh pour leur rapport de la chasse mais un messager. La reine ne doit plus être à Orst… Alors elle lui dit : « Mordh ste nou hir. Em had kom bants.. » (Mordh n’est plus ici. Elle a dû partir). Elle la regarde un long moment puis esquisse un sourire désolée. Elle lui dit : « Ai'm sorry yu laik moved gon nothing » (Je suis désolée que vous vous soyez déplacée pour rien). C’est vrai. Elle sait à quel point cela peut être frustrant de voir ses projets réduits à néant et de perdre son temps d’une façon totalement inutile. Elle pourra transmettre son message, c’est certain mais pas à la reine elle-même.

Face à la réaction de la femme qui lui fait face, Asrid ne dit qu’elle pourra peut-être se risquer à quelques propositions audacieuses. Pour le moment, elle ne dit rien parce que la conversation ne s’y prête pas. Elle s’est contenté de la remercier lorsqu’elle lui a dit bonne chance pour sa chasse. Simple, efficace, une façon polie et courtoise de clore cette partie de discussion. Mais c’est aussi une façon pour la chasseresse de comprendre que l’autre femme est peut-être assez ouverte pour certaines choses. Et puis de toute façon, elle risque déjà de perdre sa tête, donc voilà. Elle lui dit donc que leur reine n’est plus là ce qui semble indisposer un peu la femme qui souhaitait la voir. C’est normal. Elle ne peut que comprendre. Cela doit être frustrant et agaçant d’avoir fait le chemin pour voir une personne qui n’est finalement plus là. Perte de temps. Prises de risque inutile. Cependant, encore une fois, la femme reste polie et courtoise, elle se contente de constater la fatalité de la chose. Et Asrid lui offre un léger sourire contrit. Oui, rentrer chez elle et attende que la reine ne rentre chez elle. Elle lui demande ensuite si Arzhel elle est dans le coin.

Alors Asrid répond avec honnêteté : « Ai can't swear em, ba ai fig raun em beda be in the stegeda, sha... » (Je ne saurais en jurer, mais je crois qu’il est encore au village…). Elle acquiesce un peu, appuyant ses paroles. Peut-être alors la chef de village d’Ulfuris ne se sera pas déplacée pour rien. Et avant de se détourner, Asrid la regarde un court instant. Lorsque la reine l’a convoquée, elle s’est posée des tas de questions. Et lorsqu’elle a entendu pourquoi, elle a bien sûr été flattée. Mais bonne chasseresse qu’elle soit, elle sait bien qu’elle n’est pas la meilleure. Et elle en connaît plusieurs qui sont excellents. Tous provenant du village que cette femme dirige. Alors oui, oui, Asrid s’est demandée pourquoi l’avoir choisie elle. Puis elle a compris : Asrid n’est qu’une fille insignifiante, une fille que l’on peut facilement sacrifier. Voilà pourquoi c’est elle qu’on a envoyé et pas les meilleurs chasseurs du clan. Cependant elle dit : « Em ste said bilaik the Ulfuris homplei hef laik the best. » (On dit que les chasseurs d’Ulfuris sont les meilleurs.). Elle se place du côté de la rumeur, mais elle le sait bien Asrid que c’est une vérité. Alors elle reprend : « Mebi emo don mo luck than osir, taim emo were na homplei gon trikru? » (Peut-être auront-ils plus de chance que nous, s'ils allaient chasser pour le trikru ?). Ce n’est qu’une question. Une proposition à moitié masqué. Parce qu’à elle seule, elle ne pourra pas faire grand-chose. Ça serait une bonne façon de montrer que les Azgeda sont impliqués dans la coalition. Enfin… D’essayer. Parce que là, cette chasse qui se passe mal, c’est un mauvais présage. Et Asrid n’apprécie pas trop les mauvais présages.

A la proposition de la rousse, la chef de village répond que oui, ils le sont. Tous comme leurs guerriers. Asrid le savait aussi. Mais en l’état ce n’est pas ce qui l’intéresse. Elle continue à l’écouter, simplement. Elle espère qu’elle trouvera l’idée bonne et qu’elle sera d’accord pour envoyer ses chasseurs en chasse. Qu’ils puissent ramener des proies et charger les bagages d’Indra. Cela serait vraiment une bonne chose. Un véritable geste vers la coalition. Mais ce qu’elle dit rappelle à Asrid qu’elle ne devrait pas faire ça. Qu’elle ne devrait pas proposer des choses comme ça sans l’accord de leur Reine. Si elle continue, elle va véritablement perdre sa tête. Pourtant alors qu’elle va baisser les bras et se détourner, la femme reprend la parole. Sauf qu’elle parle en anglais. Un anglais parfait que la chasseresse a du mal à comprendre. Elle a fait des progrès, elle a beaucoup écouté et essayé d’apprendre. Mais elle a cru comprendre qu’elle demandait quand elle rentrerait. Donc Asrid lui répond : « Ai nou know yet. In bida sintaim probably. Ai would accompany Indra kom Trikru den ai will going west. » (Je ne sais pas encore. Dans quelques jours probablement. J'accompagnerais Indra du Trikru avant d'aller vers l'ouest). Voilà, c’est ça. C’est assez clair pour elle. Et cela permettra à la chef de village de prendre sa décision. Dans le fond, Asrid espère qu’elle va accepter de partir à la chasse avec ses chasseurs. Le fait qu’ils soient avec elle est déjà une bonne chose. Et cela lui permettrait de ne pas rester sur la frustration de cette chasse catastrophique. « Em would laik an koma kom learn kom em... » ( Ce serait un honneur de pouvoir apprendre d'eux...).

La chasserresse ne peut que comprendre pour la chef de village souhaite parler anglais. La langue est moins couramment parler, plus sécurisante. Mais malheureusement, Asrid n'a rien d'une guerrière. Elle ne maîtrise pas cette langue. Si son frère était encore là, nul doute qu'il la lui aurait apprise. Mais ce n'est pas le cas. Et aux dernières nouvelles les loups, les rennes et les cerfs des terres du nord ne parlent pas non plus cette langue. Ils ne pouvaient pas la lui apprendre. Alors à sa question, Asrid hoche la tête négativement. L'espace d'un instant. Elle reste un moment silencieuse. Cependant, elle précise : « Nou yet, ba ai'm working ona em... » (Pas encore mais j'y travaille...). Oui, la rouquine l'apprend. Elle l'apprend pour pouvoir parler aux skaikrus, pour pouvoir se déplacer plus facilement sur les terres de la coalition et prendre part aux projets de paix qui se construisent. Aider à les construire même. La jeune femme apprécie plus qu'elle ne l'aurait voulu de s'intégrer dans ces intrigues politiques, de revenir au monde civilisé.

Oui, c'est une façon étrange de voir sa nouvelle vie. Une nouvelle page sur laquelle elle écrit avec plus d'envie et de passion. Lorsque la chef de village reprend la parole, elle l'écoute et esquisse un léger sourire. Cela lui arrive de temps en temps. De sourire. De plus en plus souvent. Mais cette fois, il est sincère. L'envie d'être réellement utile est sincère. Et la femme qui lui fait face lui donne l'occasion de le faire. Et d'apprendre en plus. Avec les meilleurs. Alors bien sûr, elle ne ratera pas une telle occasion. Alors elle ne dira pas non. Elle a bien compris. Une chasse, le lendemain à 5 heures. Elle observe le visage du blond auquel elle s'adresse. Belos. Elle le détaille pour ne pas oublier son visage. Puis, elle acquiesce et répond : « Ai will be der... » (Je serais là...). Et après les salutations polies et respectueuses qu'elle mérite, Asrid s'éloigne. Elle va finir de se préparer pour partir en chasse. Puis, elle se reposera pour être au meilleur de sa forme le lendemain. Oui, elle compte bien rapporter quelques proies pour le Trikru. Indra ne repartira pas les mains vides.