ces blessures qui ne disparaissent pas ▬ Valera

Clarke fixait les flammes qui dévoraient les corps de ceux qui étaient tombé au combat, fixait le corps de Maya qui bientôt, ne serait plus que poussière. Elle avait pris la décision qu’elle apporterait les cendres à son père, et à Jasper aussi. Ce ne serait pas facile, mais c’était ce qu’elle pouvait faire, pour honorer la mémoire de son amie. Car c’était tout ce qu’il lui restait d’elle, un soigneur dans une bataille qui les dépassait tous. Elle soupira à nouveau, sentant la fatigue mentale la rattraper. Elle avait peu dormi la veille et rêvait déjà que la nuit tombe pour qu’elle se faufile dans la chambre de Lexa (qui était aussi la sienne pas association). En attendant, il y avait beaucoup de blessés à voir, s’assurer que les bandages étaient bien changés, que les blessures ne s’étaient pas rouvertes, qu’il n’y avait pas d’infection… De quoi l’occuper pleinement. Ainsi, avec un dernier regard pour le brasier, elle s’en alla, se promettant qu’elle repasserait dans quelques heures, une fois que le feu aurait terminé son office.

Clarke commença donc les vérifications des blessées, les heures défilant sans qu’elle n’y prête attention, tombant confortablement dans un rythme qu’elle avait l’habitude de suivre, celui de la surcharge de travail, qui l’empêchait de se concentrer sur les éléments troublants de sa vie. Son esprit focalisé sur les soins, elle ne pensait plus à rien et c’était une fatigue saine qu’elle ressentait. Mais elle n’était jamais à l’abri d’une accalmie et bientôt, elle se posa sur une table de fortune, attendant que la prochaine âme se manifeste. C’est là qu’elle la vit, Valera. Sa bonne amie. Elles n’avaient pas eu l’occasion de parler longtemps ces derniers jours, puisqu’elles étaient toutes deux grandement occupées. Si elles s’étaient croisées à plusieurs reprises, c’était pour demander un coup de main ou parler d’une tierce personne. Jamais rien de personnel. Clarke lui fit donc un signe de main, pour l’inviter à la rejoindre. « C’est qu’on deviendrait presque bonne dans ce rôle de médecin de guerre. » Elle conclut sa phrase avec une petite grimace, proposant une infusion chaude à Valera, qui la réchaufferait surement par le temps froid de l’hiver qui s’installait de plus en plus.

L’infusion fut acceptée et Clarke adressa un faible sourire à son amie, avant de s’installer non loin d’elle, s’appuyant sur l’un des piliers solides des tentes qui les entouraient. Tout était tellement différent de l’Arche, tout était tellement plus intense, en fait. Si elle avait grandi dans un milieu fermé et aseptisé, maintenant les expériences que Clarke traversait avaient une tout autre ampleur. Ca l’affectait beaucoup plus, et elle ignorait si elle aurait tout échangé, par le passé, pour vivre les mêmes évènements. Elle était dans ces moments de doutes, où son cœur était partagé entre l’envie de s’aventurer dans des hypothèses qui ne verraient jamais le jour, et la douce mélancolie de ce qu’elle ne retrouverait jamais, de ces âmes qui étaient définitivement perdues, et pleurées. « Comment tu vas ? » Elle haussa un peu les épaules (le gauche moins fort que le droit), à la question de Valera. Était-ce vraiment une question à poser, le lendemain d’une bataille ? Elle ne savait pas, Clarke. Elle ne savait plus. Mais elle ne mentirait certainement pas, c’était une chose dont elle était certaine. « J’ai connu mieux. » C’était une maigre réponse et elle grimaça à nouveau, la blonde. Son regard bleu glissa jusqu’à sa propre boisson chaude et elle observa les feuilles tourner pendant de longues secondes. « Ce qui m’évite de m’effondrer est l’idée que dans quelques jours, la douleur sera moindre. » C’était une bien triste motivation, mais c’était la vérité. Tout serait plus diffus, dans les jours à venir. La tristesse ne serait plus qu’un souvenir et connaissant les tendances de la Terre, un autre évènement surviendrait, forçant Clarke à se concentrer sur le présent et non plus regretter le passé.

Des deux tendances, Clarke ne savait pas ce qu’elle préférait. Elle n’était pas du genre à fuir ce qui arrivait. Non, c’était le contraire même. Elle les affrontait et donnait tout ce qui était nécessaire pour arriver à ses fins. Ca ne voulait pas dire qu’elle ne ressentait pas le prix et finalement, cette douleur était la dernière chose qui la persuadait qu’elle avait encore une âme. « Toi, comment tu te sens ? Tu n’as pas l’air d’avoir dormi… » Ce qui était un peu le lot de nombre d’entre eux ici. Clarke avait grappillé quelques minutes de sommeil, notamment grâce à l’exténuation. Sinon, elle était persuadée qu’elle ne connaitrait pas de réel repos avant encore un long moment…